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Amara Sy, 20e saison en LNB : les souvenirs de « l’Amiral »

Si la LNB souhaitait refaire son logo, il serait le candidat idéal pour prêter sa silhouette. Ce samedi (16h30), lors de la réception de Lille, Amara Sy, le capitaine du Paris Basket, va débuter sa 20 saison régulière en France. « L’Amiral », 39 ans, incarne le basket hexagonal depuis deux décennies. Il a porté les tuniques de l’ASVEL (1999-2002 ; 2005-2009 ; 2012-2015), du Mans (2002-2005), d’Orléans (2010-2012), de Monaco (2015-2019) et de Paris (en Pro B, depuis 2019), en plus de quelques expériences à l’étranger (Grèce, G-League, Espagne).

Une incroyable longévité pour cet ailier, reconverti au poste 4 au fil des ans, toujours très affûté, et une carrière riche de plusieurs titres : champion de France en 2002 et 2009, deux Coupes de France (2001 et 2004), trois Leaders Cup (de 2016 à 2018), sans compter le titre de champion du monde de un contre un (2004), celui de champion de France 3×3 (2017) ou encore les nombreuses victoires au Quai 54.

Le « logo » de la LNB

Mais, au-delà du palmarès, Amara Sy est surtout une personnalité marquante, rassembleuse, en témoignent sa présidence du syndicat des joueurs (depuis 2018) ou sa capacité à rameuter plusieurs gros noms pour organiser un tournoi cet été à Cergy-Pontoise, club dont il est aussi président. Dans notre top 30 des personnalités les plus influentes du basket français, il est le joueur hors NBA le mieux classé. En 20 ans de LNB, cet homme attachant et souriant a amassé de très nombreux souvenirs. Il a accepté d’en livrer une partie à BeBasket.

« Le titre le plus mémorable ?
Oh là là… Impossible de répondre, l’interview commence bien (rire). Ils ont tous leurs particularités, ils sont tous magnifiques : tu ne peux pas cracher sur un titre. Surtout qu’après 20 ans de carrière, je sais à quel point c’est dur de gagner des titres. Au début, je répondais à cette question assez facilement. J’ai gagné très rapidement, et naturellement je disais que c’était mon premier titre de champion avec les Espoirs (avec l’ASVEL, en 2000). Parce que c’était le tout premier et qu’on était une belle bande de potes. Et puis, dès 2002, on est champions de France Pro A avec l’ASVEL, donc j’avais l’impression que ça allait être comme ça toute ma carrière (rire). Mais tu t’aperçois rapidement que ce n’est pas le cas.

Une célébration excessive ?
Je suis pas trop un fêtard, mais c’est vrai qu’en 2002 c’était fort (victoire en deux manches face à Pau-Orthez). L’ASVEL n’avait pas gagné le titre de champion depuis plus de 20 ans (depuis 1981), et donc sur le terrain c’était la folie. Tout le public a envahi le parquet, on n’arrivait plus à respirer ! Après le match on a fêté le titre mais c’était assez modéré parce qu’il y avait des mecs carrés, en mission pour gagner, et à leur yeux, ils avaient juste fait leur taf (sourire). Mais à l’Astroballe, c’était la folie…  

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L’ASVEL, le club qui le plus marqué la carrière d’Amara Sy. (photo : @Sébastien Grasset)

La meilleure équipe où tu as évolué ?
Ça c’est facile. C’est l’ASVEL 2009 (qui a terminé championne de France). C’était vraiment une année où tu savais que si chacun faisait son taf, on allait gagner. Même si on n’était pas adroit, on avait une très très grosse défense qui faisait la différence. On avait Vincent Collet en chef d’orchestre ; beaucoup de joueurs de talent (J.R. Reynolds, Chevon Troutman, Ali Traoré, Benjamin Dewar, Eric Campbell), et des leaders avec un gros QI basket comme Aymeric Jeanneau et Laurent Foirest, ça aussi ça aide beaucoup.

Un match que tu aimerais oublier ?
(il réfléchit quelques secondes) Ah, comment je peux oublier ça ? C’était en 2013, un match d’EuroCup à Ljubljana (avec l’ASVEL), on perd de 38 points (48-86). C’est la plus grande rouste que j’ai mangée de ma vie. 38. J’avais honte À la fin du match, je me disais ce n’était pas possible, jamais j’avais pris un truc pareil. Ils n’étaient pas si fort que ça en plus, on leur en avait mis 20 chez nous (64-56 en réalité). Mais chez eux, personne n’arrivait à mettre un pied devant l’autre, on n’arrivait pas se faire une passe, tous les tirs étaient largement à côté : c’était ca-ta-stro-phique. -38. Je m’en rappellerais.

« J’ai eu la chance d’avoir de gros mentors à mes débuts. C’est plus facile d’écouter des gars comme Sciarra, Bilba, Sonko ou Bonato.« 

Le coéquipier le plus marrant ?
Je dirais que c’est Yohann Sangaré. Je suis tombé avec des sacrés clowns tout au long de ma carrière (il rit). Sangaré, il est trop marrant, je ne sais pas si ça se voit, parce que de l’extérieur les gens peuvent se dire que c’est un mec sérieux, mais il vanne tout le temps. On est tous les deux moqueurs donc quand on se retrouve ensemble, en général on rigole bien. Tous ceux qui ont joué avec lui ont vécu des saisons assez sympas.

Le DJ qui met le mieux l’ambiance dans les vestiaires ?
(sans hésiter) Georgi Joseph ! On a joué ensemble à l’ASVEL, à Orléans, à Monaco… il met souvent du hip-hop, forcément, mais aussi de la musique des îles parce qu’il est Haïtien. Et puis Edwin Jackson qui mettait de la variété française dans le vestiaire de l’ASVEL.

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Il a évolué deux saisons sous les couleurs d’Orléans. (photo : @Olivier Fusy)

Le meilleur leader ?
Laurent Sciarra ! Sciarra, c’était vraiment tout pour l’équipe, alors qu’il avait des capacités pour scorer. Quand on avait besoin qu’il mette 20 points, il les mettait. Je me souviens d’une série de 3-4 matchs où il n’avait pris qu’un tir à chaque fois mais il était à 20 d’évaluation parce qu’il faisait des passes, prenait des rebonds… Tout le monde l’écoutait Lolo, t’es obligé. J’ai eu la chance d’avoir de gros mentors à mes débuts. C’est plus facile d’écouter des gars qui ont fait leurs preuves et qui donnent des bons conseils comme Jim Bilba, Moustapha Sonko ou Yann Bonato. Ils m’ont permis de prendre le bon chemin.

Le joueur le plus dur à défendre ?
Ça, c’est Danny Strong, sans hésiter. Peu de gens se souviennent de lui mais il jouait à Gravelines (de 2000 à 2004, 18,9 points de moyenne en 2001). C’était un ailier costaud… Bon, si je l’avais rejoué plus tard dans ma carrière, ça aurait été différent hein (rire). Mais au début de ma carrière je jouais poste 3, et il n’y avait pas beaucoup d’ailier grands et costauds. Habituellement, j’avais toujours l’avantage sur mon matchup. C’était peut-être psychologique, parce que je n’avais pas l’habitude de tomber sur des mecs aussi physiques que lui, mais j’avais du mal, vraiment.

« Mitrovic, c’est un coach exceptionnel, avec un grand coeur.« 

Le coach avec lequel tu t’es le mieux entendu ?
Ça se joue entre Vincent Collet et Zvezdan Mitrovic. Vincent Collet, il m’a eu dans une période où je n’étais pas facile à gérer (au Mans entre 2002 et 2005, avant de le retrouver à l’ASVEL en 2008-2009) et il m’a compris. Il a su comment me prendre, comment exploiter mon potentiel et faire en sorte que j’aide l’équipe. Avec du recul, je sais que si j’étais tombé sur un autre coach, ça se serait mal passé.

Et Mitrovic ?
Avec lui, c’était beaucoup plus facile, parce que je suis arrivé à Monaco en 2015 avec déjà beaucoup d’expérience, j’avais un rôle de leader, de grand frère… et on s’est super bien entendu. D’ailleurs, on s’échange encore des SMS de temps en temps. C’est un coach exceptionnel, avec un grand cœur. Quand on le voit de l’extérieur, on peut croire que c’est quelqu’un de froid mais c’est tout le contraire : j’ai tellement rigolé avec lui ! Et c’est un coach qui me correspond parfaitement. Il est dur quand il faut être dur, capable de dire les choses, qui est juste, mais qui va aussi déconner de temps en temps, lâcher la pression. Avec lui, j’ai beaucoup appris dans tout ce qui est hors du parquet, préparation de match, gestion d’un groupe en tant que capitaine.

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À Monaco, il a notamment joué avec Georgi Joseph, comme à l’ASVEL et à Orléans. (photo : @Sébastien Grasset)

« Le public faisait tellement de bruit, le parquet tremblait »

La salle avec la meilleure ambiance ?
En France, c’est Limoges. Quand ils perdent, y’a pas d’ambiance – désolé les Limougeauds (rires) –, mais quand ils gagnent, il y a une ambiance extraordinaire. Je me rappelle notamment de la finale de Pro A, en 2000 : c’était abusé. J’étais espoir à l’époque, on avait joué la finale du Trophée du Futur en lever de rideau (défaite 63-65 contre Cholet) et puis, j’avais fait le banc avec les pros. La finale de Pro A se jouait en deux manches gagnantes. L’ASVEL avait l’avantage du terrain mais on avait perdu le match aller à l’Astroballe donc il fallait absolument gagner à Beaublanc. Et le match était fou ! Moustapha Sonko nous a fait un match de malade mental… Le public faisait tellement de bruit, le parquet tremblait ! Je me disais « oh là la, si je rentre je vais me faire pipi dessus » (il éclate de rire). Le match était incroyable, et heureusement pour l’ASVEL, je ne suis pas entré en jeu (victoire de l’ASVEL 69-58 mais Limoges a ensuite remporté le match décisif et le titre).

La ville où tu as préféré vivre ?
(Il coupe) C’est Lyon et je ne te laisse même pas finir la question. Lyon : incroyable. C’était la première fois que je partais de chez moi. Je suis arrivé au centre de formation de l’ASVEL et c’était comme Paris mais en plus petit. Il y a le métro, c’est cosmopolite, ça me parlait. En plus, l’Astroballe était récente (1995) et c’était une salle incroyable pour l’époque. Je me suis fait des amis au centre de formation, au sein du club ou même à l’école, et je suis encore en contact avec eux. Ce sont d’excellents souvenirs, au basket ou en dehors. Lyon c’est une belle ville, une superbe architecture, la gastronomie… J’ai appris trop de choses là-bas. J’ai évolué. Avant j’étais dans mon truc : basket, quartier… pour te dire, je ne savais même pas où était situé Lyon sur la carte quand je suis arrivé, tu imagines un peu ?! (il rit) J’ai appris à m’ouvrir aux autres et à échanger.

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Amara Sy est un habitué du All-Star Game (ici en 2011), où il brille souvent. (photo : @Olivier Fusy)

Ton meilleur souvenir du All-Star Game (recordman du nombre de MVP, 3 en 7 participations) ?
Le All-Star Game qui m’a le plus marqué, c’est mon premier, en 2004, où j’ai été MVP. J’en avais parlé avec Vincent Collet (son coach au Mans à l’époque) car je trouvais que je ne méritais pas cette sélection par rapport à mes objectifs. J’étais très exigeant avec moi-même. Vincent m’a dit : « Tu vas là-bas et tu honores ta sélection du mieux possible ». C’est ce que j’ai fait et ça s’est super bien passé. En plus on fait un come-back extraordinaire, je fais un grand match (26 points et 6 rebonds) et on me décerne le titre de MVP donc c’était une grosse fierté. Et puis à l’époque, ça jouait beaucoup plus dur ! C’était beaucoup plus plaisant pour les joueurs et pour le public. Maintenant, c’est n’importe quoi, ça ne joue plus. Mon dernier, en 2017, je fais triple-double (20 points, 15 rebonds, 12 passes décisives) mais personne n’était à fond donc pour moi c’est anecdotique. »

Le cinq de ses meilleurs coéquipiers d’Amara Sy par Amara Sy

« Mais la question est folle (rire) ! J’ai joué avec trop de gros joueurs, c’est impossible. Bon, je vais en prendre deux par poste en essayant de mixer ancienne et nouvelle génération à chaque fois. »

Meneurs :

  • Laurent Sciarra (à l’ASVEL, en 2000-2001, vainqueurs ensemble de la Coupe de France 2001)
    9,7 points, 4,2 rebonds, 7,9 passes, 17 d’évaluation en 2000-2001
  • DJ Cooper (à Monaco, en 2016 puis en 2017-2018, vainqueurs ensemble des Leaders Cup 2016 et 2018)
    7,2 points, 3,4 rebonds, 6,8 passes, 13,1 d’évaluation en 2016

Arrières :

  • Cedrick Banks (à Orléans, en 2011-2012)
    13,9 points, 3,1 rebonds, 2,9 passes, 12,4 d’évaluation en 2011-2012
  • Gerald Robinson (à Monaco, de 2017 à 2019, vainqueurs ensemble la Leaders Cup 2018)
    15,9 points (45% à 3 points), 3,2 passes, 15,8 d’évaluation en 2017-2018

Ailiers :

  • Bill Edwards (à l’ASVEL, en 2000-2001, vainqueurs ensemble de la Coupe de France 2001)
    19 points, 5,2 rebonds, 2 passes, 16,8 d’évaluation en 2000-2001 (MVP étranger de Pro A)
  • Rico Hill (au Mans, en 2002-2003)
    19,2 points (44% à 3 points), 7,8 rebonds, 20,9 d’évaluation en 2002-2003 (MVP de Pro A)

Ailiers-forts :

  • Jim Bilba (à l’ASVEL, de 1999 à 2001, vainqueurs ensemble de la Coupe de France 2001)
    10,9 points (43,5% à 3 points), 6,3 rebonds, 3 passes, 16,3 d’évaluation en 2000-2001 (MVP français de Pro A)
  • Nikola Vujcic (à l’ASVEL, en 2001-2002, champions de France 2002 ensemble)
    13,8 points, 7,1 rebonds, 1 contre, 15,1 d’évaluation en 2001-2002

Pivots :

  • Sandro Nicevic (au Mans, de 2002 à 2004, vainqueur ensemble de la Coupe de France 2004)
    14,1 points, 6,2 rebonds, 1,1 contre, 17,3 d’évaluation en 2002-2003
  • Ali Traoré (à l’ASVEL, en 2001-2002, puis en 2008-2009, champions de France ensemble en 2002 et 2009)
    11,9 points (60% au tir), 5,4 rebonds, 13,6 d’évaluation en 2008-2009

Le meilleur : « Bill Edwards, c’est incroyable, le meilleur joueur avec qui j’ai joué. Il était trop fort. Il jouait poste 3-4 et d’ailleurs il a fini MVP de la saison… mais c’était un joueur NBA, je ne sais même pas ce qu’il faisait avec nous. On perd en finale mais parce qu’il avait mal au dos et qu’il ne pouvait pas jouer. Il ne s’entraînait pas pendant la semaine et arrivait pour les matchs mais ne pouvait rien faire, c’était trop douloureux (défaite 1-2 contre Pau-Orthez). Franchement elle est pas mal mon équipe non ? (rire) Et je me mets en tant que général manager. »

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À Paris, qu’il a rejoint en 2019 et dont il est désormais le capitaine, Amara Sy va disputer une 20e saison en LNB. (photo : @Lilian Bordron)

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