Injouable à Bourg, Cholet poursuit sa course effrénée vers les playoffs

« C’est comme dans un rêve », est venu glisser le directeur Thierry Chevrier à l’oreille du président Jérôme Mérignac à l’issue de la première mi-temps. Difficile effectivement de trouver un meilleur mot pour caractériser la première période choletaise, bouclée avec un écart hallucinant de 26 points (57-31). « C’était notre meilleure mi-temps de la saison », a certifié Boris Dallo. « Nous avons joué merveilleusement bien », a renchéri Laurent Vila. « Notre défense était très consistante, nous avons été conquérants aux rebonds, notre jeu d’attaque était exceptionnel. C’était la première fois que l’on jouait comme cela. » Comme dans un rêve, pour de vrai.

« Ce que l’on a produit en première mi-temps était irrespectueux »

Alors que ce duel avait tout du match bascule en vue de la qualification pour les playoffs, seul Cholet est venu pour jouer au basket. La première période fut presque gênante à observer tant les Bressans se sont fait marcher dessus, subissant ainsi ce qu’ils ont infligé mardi à Gravelines (92-55). Dans les cordes dès la fin du premier quart-temps (17-35), transpercée par l’adresse choletaise (6/9 à trois points) et complètement dominée à l’intérieur (14 rebonds à 3), la JL est restée apathique, tutoyant le -30 (29-57, 20e minute), avant de sortir sous quelques sifflets de ses supporters, une rareté à Ékinox avec un public souvent jugé très clément. « Ce que l’on a produit en première mi-temps était horrible, irrespectueux vis-à-vis des gens dans la salle, des partenaires et de tout le club », convenait Laurent Legname. « Je pensais qu’il y aurait un minimum d’engagement, d’agressivité, d’envie de faire les choses ensemble, toutes ces bases posées depuis un mois. Force est de constater qu’on a tout oublié dans le premier quart-temps. »

Performant et spectaculaire : Makoundou a incarné la soirée parfaite de Cholet Basket
(photo : Jacques Cormarèche)

Ne restait alors plus que la solution de l’orgueil pour tenter de ne pas finir ridicules. « Dans les vestiaires, on ne parle plus de basket, juste de fierté », soufflait Maxime Roos. Cela passa par une zone-press et une séquence intéressante d’Alexandre Chassang pour raviver légèrement la flamme (54-69, 27e minute), vite éteinte par l’excellent Dominic Artis (23 points à 6/13, 6 rebonds et 3 passes décisives). Cela passa aussi par une énorme colère de JaCorey Williams, hors de lui pendant plus d’une minute à l’issue d’une troisième quart-temps (56-81). « Il est entier, il dit ce qu’il pense », dédramatisait son coach. « Ce n’était ni contre les joueurs, ni contre le staff, il a juste explosé de frustration et n’a pas su contrôler ses émotions. » La fierté passa aussi, enfin, par le talent de Norris Cole, à la hauteur de sa réputation (30 points à 8/12 et 6 passes décisives) afin d’adoucir la note (86-94, 40e minute puis 86-100, score final). Trop peu, trop tard…

« Le momentum » avec Cholet en vue des playoffs

Certes dans des proportions extrêmes, d’un +37 à Sportica jusqu’à un -26 à la mi-temps à domicile, ces quatre jours résument parfaitement l’inconstance de la JL Bourg sur l’ensemble de la saison. Sans éléments justificatifs viables… « Ça ne s’explique pas, je n’ai pas la réponse », murmurait Maxime Roos. « On était vraiment mieux, sur une bonne lignée, et il n’y a pas d’explication rationnelle », embrayait Laurent Legname, presque fataliste. « Je ne tombe pas des nues mais je ne m’attendais pas à cet ampleur-là. Je ne m’énerve pas, c’est la réalité de cette équipe. »

D’un extrême à l’autre, une semaine incompréhensible pour la JL Bourg
(photo : Jacques Cormarèche)

Celle de Cholet Basket est tout autre… De fait, l’équipe des Mauges est en passe de signer l’une des plus belles histoires de la saison. Un peu à l’image de ce que fait Évreux en Pro B, CB a troqué son statut de relégable pour le costume de l’équipe en forme du moment, fort de ses 10 victoires en 12 rencontres. « Il faut profiter de ce que l’on vit en ce moment », savourait Boris Dallo. « Passer de la zone rouge aux playoffs, cela n’arrive peut-être qu’une fois dans une carrière. » Désormais dixièmes, la JL Bourg pratiquement mise hors jeu, les coéquipiers de Yoan Makoundou (17 points à 5/8, 6 rebonds et 2 interceptions pour 23 d’évaluation en 20 minutes) toquent avec de plus en plus d’insistance à la porte du Top 8. « On a le momentum avec nous », lançait Boris Dallo. « On se fait tous confiance, on se fait plaisir et ça se voit sur le terrain. » Au vu du récital livré en première période se pose dorénavant une question qui aurait semblée complètement incongrue cet hiver : qui pour arrêter Cholet Basket ? Le Portel aura certainement du mal mardi, mais le groupe de Laurent Vila terminera ensuite en croisant le fer avec les quatre premiers de Betclic ÉLITE : Pau-Lacq-Orthez, Boulogne-Levallois, ASVEL et Monaco. De quoi jauger de son véritable potentiel. « Il faut rester stable mentalement », tentait déjà de calmer Boris Dallo. Mais d’ici là, avec le Top 8 en vue plutôt que les affres du purgatoire de la Pro B, tout se passe vraiment comme dans un rêve pour Cholet Basket…

À Bourg-en-Bresse,