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ITW Mathias Lessort : « Plus de respect et d’honnêteté de Monaco aurait été la moindre des choses »

Le Maccabi Tel-Aviv nous avait d’abord prévenus qu’il serait impossible de rencontrer Mathias Lessort au cours de leur séjour français de la semaine dernière, entre l’Astroballe et leur hôtel de la zone industrielle de Saint-Priest. Mais l’intérieur martiniquais avait envie de parler. Silencieux depuis la fin de la saison dernière, le pigiste médical d’Ante Zizic tenait à s’exprimer sur les incompréhensions qui ont entouré le terme de son aventure monégasque.

Car Mathias Lessort allait forcément poursuivre l’aventure avec le club de la Principauté, accompagner la Roca Team à l’étage supérieur, lui qui fut le moteur du sacre en EuroCup… « Pour moi, c’est le MVP de notre campagne d’EuroCup », nous disait Will Yeguete. « Il a marché sur la compétition. Le match qu’il sort contre Buducnost… Il a le niveau EuroLeague sans aucun problème. C’est un compétiteur, c’est un mort de faim. Il dégage une énergie assez impressionnante, il est toujours à fond et toujours présent au rebond. J’ai rarement vu un joueur aussi constant et énergique tout au long de la saison. Il n’a pas été stoppé une seule fois de l’EuroCup. »

Alors oui, comment imaginer son départ ? Une prolongation pour le seul Monégasque élu dans le meilleur cinq de la compétition était le sens de l’histoire… Et une volonté partagée puisque l’enfant de l’Élan Chalon  faisait savoir à ses autres courtisants qu’il privilégiait Monaco tandis que le club lui transmettait l’offre tant attendue. Et pourtant, les jours ont passé, les semaines estivales ont défilé et rien ne s’est concrétisé, l’ASM finissant par signer Jerry Boutsiele puis Donta Hall sans communiquer sur la situation de Lessort.

De fait, il était temps pour l’international tricolore de livrer sa version des faits. S’il assure que « la page est tournée », l’émotion reste perceptible dans ses propos. La cicatrice Monaco n’est peut-être toujours pas refermée, la blessure fut réelle mais l’identité de son nouvel employeur aidera sûrement à réellement refermer le chapitre. Fin septembre, après avoir repoussé de nombreuses propositions (dont l’Étoile Rouge et le Partizan Belgrade, malgré un accord), après avoir changé de représentants, Mathias Lessort a fini par refaire surface au Maccabi Tel-Aviv, le club le plus titré du monde tous sports confondus (108 trophées), avec un contrat de deux mois à la clé afin de disputer l’EuroLeague (surnuméraire au niveau du quota des joueurs étrangers en Winner League). Suffisant pour déjà se rappeler au bon souvenir du basket français, lui qui fut l’un des détonateurs de la victoire israélienne à Villeurbanne jeudi dernier avec un troisième quart-temps formidable (9 points à 100% et 5 rebonds en 15 minutes au final). Dans la lignée de ce qu’il produit depuis son arrivée en Israël (11,7 points à 87%, 4 rebonds et 1 passe décisive en 16 minutes de moyenne). 

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Signé le 27 septembre par le Maccabi, Mathias Lessort est déjà bien intégré dans sa nouvelle équipe
(photo : Elad Goldstein / Maccabi Playtika Tel-Aviv)

Mathias, cela fait deux semaines que tu es avec le Maccabi Tel-Aviv… Comment ça se passe pour l’instant ?

Très bien ! Ça va, l’intégration se déroule bien. Maintenant, ce serait bien de commencer à gagner des matchs… (entretien réalisé à la veille de la victoire à Villeurbanne, ndlr)

Si l’on parle directement des choses qui fâchent, comment cela se fait-il qu’un joueur comme toi, international français, vainqueur de l’EuroCup et élu dans le meilleur cinq de la compétition, n’ait rien pu trouver d’autre qu’un contrat de pigiste médical ? Même si le Maccabi est un très grand club, c’était une surprise de te voir sur la touche jusqu’à fin septembre.

Oui, c’est vrai mais c’est simplement que je n’ai pas trouvé ce qui m’allait. Il y avait plein de choses que je ne pouvais pas contrôler. Nous les joueurs, notre destin est souvent dans les mains d’autres personnes, on ne peut pas faire grand chose par rapport à ça. On ne sait pas vraiment ce qui se dit avec les clubs, on ne leur parle pas directement, on ne peut qu’écouter ce qu’on vient nous relater ensuite. Du coup, on ne connait pas forcément les vraies raisons des choses. Tout ce que je savais, c’est que mon agent m’appelait et me proposait des possibilités qui ne me plaisaient pas plus que ça. Du coup, j’ai préféré attendre et prendre une offre qui m’attirait vraiment, quitte à ce que ça ne soit que pour deux mois, plutôt que de signer quelque part et d’y être malheureux pendant toute une saison.

« M’affirmer qu’ils ne pouvaient pas me donner plus alors que c’est faux,
c’est ça le problème »

Si l’on revient trois – quatre mois en arrière, te voir rester à l’AS Monaco était presque acquis pour tout le monde. Personne ne te voyait partir…

Y compris moi… Je comptais rester à Monaco, j’avais l’intention de prolonger. Ma famille et mon entourage se plaisaient bien là-bas. Ça se passait bien avec le coach, avec tout le monde. On a fait une bonne saison, je pensais vraiment que j’allais poursuivre l’aventure à Monaco et y retrouver l’EuroLeague. Après, comme je l’ai dit, il y a des choses qui se passent en coulisses qu’on ne maîtrise pas. Beaucoup de personnes parlent sans vraiment savoir ce qui se passe…

Du coup, qu’est ce qui s’est vraiment passé ?

(il rit) Même moi, je ne sais pas exactement. Tout ce que je sais, c’est qu’ils m’ont fait une proposition. J’ai demandé quelque chose de différent car je m’étais dit que ce n’était pas possible que le club n’ait pas assez d’argent pour me donner plus que ça. Au final, il s’avère qu’ils pouvaient me donner plus car ils ont signé des très gros contrats après. Je ne me compare pas à Mike James ou qui que ce soit, je n’ai pas demandé le salaire d’un autre. C’est plus une histoire de respect que d’orgueil : j’aurais préféré qu’on vienne directement me dire qu’ils ne pensaient pas que je valais autant. Ça, je l’aurais respecté, peut-être même accepté. Je suis un sportif professionnel, la critique fait partie de mon métier, il faut savoir l’accepter. Je n’ai jamais vu un sportif qui plaisait à tout le monde. Par rapport à ce qui s’est passé, à ce que j’ai fait pour le club, plus de respect et d’honnêteté aurait été la moindre des choses. J’ai appris à passer outre l’avis des gens. Par contre, les mensonges et le manque de respect, je n’aime pas trop…

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Au-dessus du lot : l’image symbole de la saison monégasque de Lessort
(photo : Sébastien Grasset)

Qu’une aussi belle histoire se termine comme ça, sur des considérations financières, c’est assez blessant j’imagine ? Tout le monde a vu ton tweet au moment de la signature de Mike James…

Justement, ce n’est pas qu’une histoire d’argent. Si le club m’avait dit qu’ils pensaient que j’étais bien pour l’EuroCup mais que je ne valais pas autant pour l’EuroLeague, je l’aurais respecté. Ils ont le droit de prendre une autre décision, de penser qu’ils pouvaient trouver un meilleur joueur que moi avec le salaire que je demandais. Je n’ai rien à dire par rapport à ça. En revanche, m’affirmer qu’ils ne pouvaient pas me donner plus alors qu’au final ils pouvaient, c’est ça le problème… C’est une histoire de respect et d’honnêteté. Surtout au vu de notre histoire commune. Et si l’on ne parle que de l’aspect financier, si l’argent était ma seule motivation, je ne serais jamais venu jouer à Monaco tout court car j’avais des meilleures propositions ailleurs. Sans compter le fait que je dois payer des impôts en France, contrairement à l’étranger. Après, je n’ai pas envie de cracher dans la soupe, de tordre la main qui m’a nourrie. Mais ceux qui me critiquent sont les mêmes qui étaient ravis de ma signature. Cet orgueil que j’ai, celui qui fait que je demande du respect, c’est le même qui m’a poussé à refuser de perdre après avoir raté le panier de la gagne en quart de finale contre Buducnost. C’est ce même orgueil, ce même respect, qui a fait que je me suis surmotivé pour les deux matchs suivants face à Podgorica parce que je n’avais pas le droit d’encore laisser tomber mon équipe. Je m’en voulais énormément, je me sentais redevable envers mes coéquipiers. À ce moment-là, mon caractère ne dérangeait personne, au contraire. Tout le monde était content que je sois ce genre de personne-là. Et maintenant, j’entends l’inverse…

Si ça prend une telle tournure, c’est surtout que l’histoire a été formidable avec l’AS Monaco avec notamment le triomphe en EuroCup. As-tu eu le temps de réaliser la portée de ce titre avec quelques mois de recul ?

Oui ! Les gens ont critiqué car on a eu soi-disant un parcours facile mais on s’en bat les couilles. On a gagné l’EuroCup, c’était une histoire incroyable. Ce qui m’étonne, c’est aussi surtout qu’il n’y ait qu’un seul joueur vainqueur de l’EuroCup qui ait été conservé dans l’équipe de cette année (deux en réalité avec Rob Gray et Rudy Demahis-Ballou, avec Ibrahima Fall Faye qui n’a participé à la campagne européenne, ndlr). Mais je n’ai pas envie de critiquer, j’ai envie de rester sur des sentiments positifs avec Monaco. La dernière chose que j’y ai fait, c’est remporter un titre européen. Cela représente l’une des plus belles pages de ma carrière. Je suis content d’y avoir participé, reconnaissant envers le club de m’avoir donné l’opportunité de venir. Mais nous sommes des êtres humains : quand on est droit envers quelqu’un, on a envie de recevoir la même chose en retour. C’est juste ça qui est dommage.

« L’EuroCup, un chapitre exceptionnel de ma carrière »

La page est-elle tournée quand même ?

La page est tournée, oui. Il n’y a pas le choix de toute façon. Je suis au Maccabi maintenant, j’ai envie de gagner des matchs avec eux. Il n’y a pas de rancœur ou d’animosité. C’est juste que c’est dommage que ça se termine comme ça car j’étais bien à Monaco, bien avec tout le monde. Je pense que les gens étaient satisfaits de ma saison. Mais c’est comme ça…

Toi, tu as participé aux derniers sacres continentaux du basket français : la FIBA Europe Cup 2017 avec Nanterre et l’EuroCup 2021 avec Monaco. Est-ce une vraie fierté personnelle ?

Forcément, oui. C’est quelque chose de grand. Après Limoges, on a été l’an dernier le deuxième club français à remporter une coupe aussi prestigieuse (la C2, avec la Coupe des vainqueurs de Coupe glanée par le CSP en 1988, ndlr). Avec Nanterre, ça n’avait peut-être pas le même prestige mais on est allé la chercher aussi, surtout qu’on n’était pas considéré comme favoris avant la compétition, je reste très fier de ce que l’on a fait. Et remettre le couvert avec Monaco, remporter une deuxième Coupe d’Europe, c’était extraordinaire.

Surtout que tu as sacrifié beaucoup de choses pour ce trophée, notamment d’un point de vue familial, en ne te rendant pas aux obsèques de ta grand-mère, décédée le 19 avril, juste avant le début de la finale contre Kazan…

Exactement. S’il n’y avait pas eu un tel enjeu, je serais certainement rentré en Martinique pour assister aux obsèques. Le basket m’a aussi permis de penser à autre chose, de faire le vide dans ma tête, de m’évader et d’éviter de penser à des choses négatives. Gagner l’EuroCup, c’était spécial, c’était plus qu’une Coupe d’Europe par rapport à ma famille, à ma grand-mère, à plein de choses… Ça reste un chapitre exceptionnel de ma carrière.

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L’émotion du Martiniquais, pointant le ciel en larmes, au moment du sacre à Kazan
(photo : Manuel Vitali)

Cet été, après la fin des négociations avec Monaco, tu as été annoncé un peu partout sans jamais signer nulle part. Peux-tu nous raconter le déroulement de ton intersaison ?

(il rit) Un peu, oui. À vrai dire, je ne maîtrise pas cela, je ne sais pas à quel club j’ai été proposé, avec qui mon ancien agent discutait. Il m’a fait des propositions qui ne me disaient rien donc j’ai préféré attendre. Une année, j’ai fait l’erreur de signer quelque part par dépit, entre guillemets. Au Bayern Munich (en 2019), en l’occurrence. J’ai dit oui car on m’a dit que c’est ce qu’il y avait de mieux, pas parce que j’étais convaincu pour le projet. Et au final, j’y ai passé la pire saison de ma vie. Mentalement, je n’étais pas bien. Au niveau basket, c’était ma plus mauvaise année. Au niveau collectif, c’était une catastrophe : on a perdu en quart de finale du championnat d’Allemagne, on était dans les deux derniers en EuroLeague… J’ai appris cette saison-là que la santé mentale était au dessus de tout le reste. Je ne veux plus me mettre en danger par rapport à ça. Et vous voyez, même à Monaco, j’ai signé super tard (le 18 septembre 2020). J’avais refusé plein de propositions avant où j’avais des doutes quant à mon épanouissement. Plus que l’argent, j’ai pris en compte plein de facteurs pour penser que ce serait l’endroit où je pourrais être le plus heureux.

Et au final, cette saison monégasque a remis ta carrière sur les rails…

C’est ça. Ça m’a permis de me relancer, de montrer aux gens que ma saison en Allemagne ne reflétait pas mon vrai niveau. Ce n’était que du positif.

« Un caractère de merde, un sale comportement, ne pense qu’à l’argent…
Je n’entendais rien de tout ça l’année dernière »

Tu parles de ton ancienne agence, BeoBasket. Tu as changé de représentants fin septembre, passant chez Octagon Europe…

Oui car ce qui se passait ne me plaisait pas trop. Si ça se trouve, ce n’est pas de la faute de mon ancien agent, juste que les clubs considéraient que je n’étais pas assez bon. J’ai considéré qu’un changement était la meilleure chose pour moi. Et quelques jours après, j’ai eu la proposition du Maccabi… (il rit)

Qui, elle, remplissait tes critères ?

Exactement. Personnellement, j’ai l’impression d’avoir pris la bonne décision pour le moment, tout se passe bien. Maintenant, il faut juste se mettre à gagner car un club comme le Maccabi ne peut pas enchaîner plusieurs mauvaises saisons d’affilée.

As-tu vraiment le sentiment d’avoir mis les pieds dans un club mythique ?

Ah oui ! On comprend vraiment directement où l’on a signé. On voit le prestige du club, son histoire, l’engouement des supporters… Quand je suis arrivé, j’ai vu les bannières. Il y a celles pour les titres de champion d’Europe, celle de la Ligue Adriatique et pour le championnat d’Israël, il y a une grande bannière où il y a écrit 55 (il rit). Comme le nombre de fois où ils ont remporté le titre de champion national. Voir cette bannière avec le chiffre 55 et toutes les dates où ils ont gagné, c’est assez impressionnant. Idem pour les six titres de champion d’Europe, la liste des joueurs qui sont passés par là… On sent de suite que l’on est dans un club carré, une organisation de très haut standing. On voit directement où l’on met les pieds.

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La Menora Mivtachim Arena avec les fameuses bannières
(photo : Elad Goldstein)

Et sens-tu que le Maccabi veut retrouver son prestige d’antan ?

Clairement. Gagner, c’est vraiment important pour un club comme le Maccabi. Les saisons passées étaient des accidents pour beaucoup de gens. Ils ont envie de montrer que le Maccabi vaut mieux que ça. L’équipe prend cela à cœur : on n’est pas venu ici juste pour être dans une belle ville, avec de bons salaires et une belle salle. On est ici parce qu’on a envie de se battre pour ce maillot-là, gagner des matchs et des titres.

Pour l’instant, tu n’as joué que deux matchs mais tu sembles avoir déjà un vrai rôle dans cette équipe. Le coach Ioannis Sfairopoulos compte sur toi ?

Oui, c’est ce qu’il m’avait dit avant que je signe. Cette perspective d’avoir des responsabilités a été l’une des raisons de ma signature au Maccabi. Mais après, tu ne peux jamais vraiment avoir d’assurance car si tu es nul, évidemment que le coach ne va pas te faire jouer malgré tout ce qu’il a pu dire avant. Si tu n’as pas le niveau, il faut l’accepter. Comme en équipe de France l’été dernier avec le choix du sélectionneur de ne pas me mettre dans la liste des 12. Après, il y a des gens qui critiquent ma façon de faire les choses, etc. Le fait que les gens pensent qu’on n’est pas assez bon, c’est comme ça, on ne peut pas plaire à tout le monde et contrôler ce que tout le monde pense. Pour le cas du Maccabi, le coach m’a appelé pour me dire que j’aurai un vrai rôle dans l’équipe, que je ne serai pas juste là pour faire le nombre. Je n’ai pas hésité une seule seconde à accepter l’offre. Tout me correspond ici : la ville est agréable, j’adore l’ambiance qui règne dans la salle.

Tu fais souvent référence à « l’opinion des gens ». Est-ce vraiment quelque chose qui compte pour toi ? Ça a l’air de particulièrement te toucher…

Non mais c’est juste qu’il y a eu beaucoup de critiques par rapport à Monaco. C’est les mêmes supporters qui étaient heureux de me voir signer, de me voir jouer pour leur club qui disent maintenant un peu partout que j’ai un caractère de merde, un sale comportement, que je ne pense qu’à l’argent (ému). Je n’entendais rien de tout ça la saison dernière… Quand des joueurs qui se donnent à fond pour ramener un titre inédit à ton équipe, je trouve ça surprenant de le critiquer quand il fait un choix qui ne te plait pas. Je ne vais pas cacher que ça m’a fait chier de voir comment certains supporters de Monaco ont parlé de moi sur les réseaux sociaux, ont réagi par rapport à ma décision. Ils ont juste pensé à critiquer les joueurs, les gens qui se donnés à 100% sur le terrain pour leur club, sans jamais remettre en question d’autres personnes comme les dirigeants et les choix qu’ils ont pu faire…

Quel avenir après le 30 novembre ?
« C’est sûr que j’aimerais bien rester au Maccabi »

Sais-tu ce qu’il y a le 17 novembre ?

Oui, je sais…

Maccabi Tel-Aviv – AS Monaco, ça va être un match particulier ?

Affronter son ancienne équipe, c’est toujours spécial. Donc oui, ça va l’être, bien sûr. Mais la page est tournée. J’accepte le fait qu’ils ont pensé que je n’étais pas assez bon pour ce que je demandais financièrement ou le rôle que je demandais. Ou que je n’étais pas assez bon, tout court, je ne sais pas… Depuis, j’ai trouvé autre choix qui me plait, je suis heureux au Maccabi. Mon objectif n°1 est de rentabiliser au mieux mes deux mois à Tel-Aviv, de remporter le plus de matchs possibles, d’aider ma nouvelle équipe et de briller du mieux que je peux. Le match de Monaco est simplement l’une des douze rencontres d’EuroLeague que je dois jouer avec le Maccabi. Je serai content de revoir des gens. Enfin, quoique, il ne reste plus grand monde de l’année dernière : Rob, Ibou (Fall Faye), le staff et c’est tout (il rit). Je n’ai pas d’amertume envers l’équipe même si sur le coup, ça m’a fait un peu mal, ça m’a fait chier. Les gens à qui l’on ment, c’est les gens qu’on prend pour des cons car tu considères qu’il est assez bête pour te croire. Les personnes qu’on respecte, on leur dit la vérité car ils méritent de la connaître. C’est ma vision des choses. C’est juste ça qui m’a un peu cassé les couilles mais c’est du passé.

Est-ce que tu te projettes au-delà du 30 novembre avec le Maccabi ?

Ça ne me dérangeait pas de ne signer que pour deux mois car j’ai des contraintes personnelles qui font que je vais devoir en France à la fin de l’année. Mais si, rester sera une possibilité si je m’en donne les moyens. Si je montre au club que j’ai ma place, que j’aide l’équipe à gagner et que je suis bon, cela pourrait se faire… Je ne sais pas du tout ce qu’il en sera dans un mois et demi. Pour l’instant, j’ai passé deux super semaines donc c’est sûr que j’aimerais bien rester. Je n’ai joué que deux matchs sur douze là, on verra bien sur quoi ça débouchera à la fin.

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Finir la saison à Tel-Aviv, une envie mais loin d’être une certitude
(photo : Seffi Magrisoc / Maccabi Playtika Tel-Aviv)

Que ce soit à Tel-Aviv ou non, aspires-tu à un peu de stabilité ? Si l’on regarde ton parcours, on se rend compte que tu n’as jamais fait deux années de suite dans le même club depuis ton départ de l’Élan Chalon en 2016…

Je suis un globe-trotter (il rit). Apparemment, ça aussi, ce n’est pas une bonne chose. Ça me fait de l’expérience ! Mais toutes les raisons des changements de club ont été différentes. Il y a des endroits où j’avais envie de rester mais où ça ne s’est pas fait car ce n’était pas la meilleure chose pour moi. Il y a des clubs avec qui je suis resté en très bon terme. Je suis parti de Nanterre mais ça reste la maison. Je nne retourne pas souvent à Chalon mais c’est comme la maison aussi. J’ai toujours eu de bons échanges avec les dirigeants et les gens du club lors de mes venues au Colisée. Avec l’Étoile Rouge, ça s’est fini en dents de scie mais ils voulaient que je revienne cet été, ça veut dire qu’ils ont quand même gardé un bon souvenir de moi. Il y a plein d’endroits que j’ai quitté sans que cela ne soit dû à de mauvaises raisons, c’est juste qu’il y avait toujours une meilleure option pour la suite de ma carrière. On verra à la fin novembre avec le Maccabi. S’ils veulent que je reste, on discutera. S’ils ne sont pas satisfaits ou qu’on ne trouve pas de terrain d’entente, on se tournera vers la suite.

L’EuroBasket 2022 dans le viseur

Pour parler un peu de l’équipe de France, qu’est ce que le parcours olympique de cet été t’a inspiré ?

J’étais content pour eux. J’ai beaucoup d’amis dans l’équipe. J’aurais peut-être eu une possibilité d’y aller. Enfin, en vrai, je n’en sais rien… Je n’ai pas pu participer à la préparation pour des raisons personnelles, les mêmes qui font que je vais devoir rentrer en France dans deux mois. C’est sûr que j’avais un petit pincement au cœur de ne pas pouvoir participer à ça mais je suis resté en contact avec eux tout au long des JO. J’en ai vu plein lors de leur retour en France, j’ai pu les féliciter de vive voix, fêter la médaille avec eux. Cette finale olympique était une grande chose pour le basket français. Les voir performer comme cela et ramener l’argent, c’était beau. Cela a permis de montrer à l’international que l’on est présent et que l’on pouvait jouer les yeux dans les yeux avec les Américains, les battre même. La France est actuellement la deuxième nation mondiale, c’est quelque chose de grand. Surtout qu’il y a beaucoup de joueurs qui peuvent poursuivre quelques années. Notre groupe va encore se consolider sur la durée. Il y a une échéance l’été prochain avec l’EuroBasket 2022, je vais essayer de me faire ma place et montrer que j’ai une carte à jouer en équipe de France. On verra les choix de Vincent. J’espère que je saurai le convaincre.

En effet, avec le jeu des blessures, ton remplaçant Petr Cornelie est finalement parti à Tokyo donc on aurait pu penser que cela aurait été toi si tu avais pu assumer ton rôle de suppléant… Comment vit-on un tel tournoi en sachant que l’on avait sûrement une possibilité d’y être ? Est-ce une joie sincère ou y-a-t-il le « syndrôme Koscielny » qui avouait sa détresse de voir l’équipe de France de foot gagner la Coupe du Monde 2018 sans lui ?

Ben si, je suis content et triste. Après, j’ai tellement de proches dans l’équipe de France que j’étais vraiment heureux pour eux. C’était le destin. Il y a des choses qui ont fait que je n’ai pas pu rejoindre les Bleus, on ne peut rien y faire. De la tristesse ou de l’amertume ne changera rien. J’ai regardé tous les matchs, peu importe les horaires. J’étais content pour eux, content de voir certains joueurs s’exprimer, montrer l’étendue de leur talent et prouver que nos résultats de la Coupe du Monde n’étaient pas un coup de chance. C’était la première pierre. On a fait médaille de bronze, ensuite il y a eu l’argent. Maintenant, la prochaine, c’est l’or !

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Avec Andrew Albicy, l’un de ses compagnons de route du bronze mondial de 2019
(photo : Sébastien Grasset)

Le droit de réponse d’Oleksiy Yefimov, manager général de l’AS Monaco Basket : « Nous avons toujours été transparents sur le fait que nous voulions parvenir à un accord avec Mathias afin de prolonger l’aventure ensemble et démarrer l’EuroLeague avec lui. Il est le premier joueur à qui nous avons fait une offre (sans mentionner Rob Gray dont le contrat avait été prolongé au cours de la saison). Ceci étant dit, nous avions aussi comme objectif de renforcer notre effectif, et notamment dans le secteur intérieur, afin d’être compétitifs en EuroLeague. C’est dans cet esprit que nous avons conduit nos discussions avec Mathias et tous les joueurs avec qui nous avons parlé. Mais je doute que notre offre puisse être considérée comme un manque de respect… »

 

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