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[Les pires records de Pro A] Le jour où… Chalon a perdu de 51 points à domicile (2/5)

Le 11 octobre 1997, l’Élan Chalon de Duane Simpkins (photo de une) subissait la plus grosse défaite de son histoire en Pro A contre l’ASVEL. 38-89, soit 51 points d’écart à domicile ! Malgré les efforts répétés de Hyères-Toulon (-47 en 2002 et -48 en 2012), jamais une équipe ne s’était si lourdement inclinée dans son antre de toute l’histoire de la Ligue Nationale de Basket (soit depuis 1987). 

Même si Villeurbanne avait effectué le court déplacement jusqu’en Saône-et-Loire sans sa star de l’époque, le légendaire Delaney Rudd, l’affiche restait déséquilibrée sur le papier. Le club bourguignon ne vivait que sa deuxième saison dans l’élite tandis que l’ASVEL avait participé au Final Four de l’EuroLeague la même année ! De fait, c’est bien une équipe de top niveau européenne qui s’est présentée à la Maison des Sports. Sur un nuage toute la soirée, les hommes de Gregor Beugnot ont joué comme dans un rêve. Avec une preuve que le basket a bien changé au cours des 22 dernières années : avec une telle adresse en 2020, les Rhôdaniens auraient sûrement tenté plus d’une vingtaine de tirs primés. Mais ils se sont contentés de cinq shoots derrière la ligne des 6,25 mètres, tous réussis (3 pour Alain Digbeu, 1 pour Georgy Adams et 1 pour Frédéric Miguel). Inversement, l’Élan n’arrivait à rien (13/43 aux tirs et 22 balles perdues). En dehors de David Robinson, auteur de 16 points, seul Kent Hill a terminé avec une évaluation positive : 3. Pire, les sept autres joueurs ont cumulé un terrible -11 d’évaluation (la feuille de statistiques est disponible ici). Sauf que paradoxalement, et vous le comprendrez à la lecture de cet article, ce match-là ne constitue pas un traumatisme pour l’Élan Chalon.

Afin de revenir sur cette soirée, nous avons interrogé trois témoins privilégiés : les deux entraîneurs (Philippe Hervé côté Chalon et Gregor Beugnot côté ASVEL), ainsi qu’un joueur, le meneur bourguignon Emmanuel Schmitt, qui, ce jour-là, disputa 22 minutes à l’image de la prestation collective (0 point à 0/3, 2 passes décisives et 1 interception).

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Sous le regard désabusé de Philippe Hervé, Casey Schmidt cherche une solution face à Alain Digbeu
(photo : Jean-Paul Gollin)

Philippe Hervé :
« J’ai bâti mon système défensif sur ce match-là »

« Comme souvent à l’époque, on s’était vu le matin avec Greg Beugnot et l’apéro se poursuivait longtemps… Celui-là s’était même sacrément étiré. Je savais que Delaney Rudd n’allait pas jouer et je lui disais : « Tu vas voir, on va vous battre ce soir » (il rit). Bon, n’importe quoi ! Derrière, ils nous font un match exceptionnel. De mémoire, on avait bien entamé la rencontre et pourtant, on était déjà 15 points derrière après dix minutes. On n’avait pas le sentiment d’être à la ramasse mais eux étaient à un niveau… (il souffle) À juste titre, quand il a compris ce qu’il se passait, Greg a appuyé là où ça faisait mal. Personne n’a lâché de leur côté, ils jouaient sur un nuage. D’habitude, quand tout va mal, on n’a qu’une hâte, c’est de rentrer chez soi mais là, je n’ai plus en mémoire le fait d’être sur le banc, à me demander quand ça s’arrêtera.

En fait, cette rencontre représente la défaite qui m’a le plus apporté au final. Je me suis remis la cassette du match, sitôt celui-ci terminé. […] Je me souviendrai toujours de cette soirée car j’ai beaucoup appris. Cela reste comme une référence dans mon parcours puisque c’est à ce moment-là que j’ai bâti mon système défensif, tel qu’il a été dans les années 2000. Donc oui, c’est une grosse défaite mais je ne l’ai pas vraiment vécu comme un traumatisme car j’ai su en retirer quelque chose. Je m’en rappellerai toujours : j’avais reconvoqué l’équipe le dimanche matin, soit le lendemain. Je pense qu’ils attendaient toujours à se faire fracasser et ça a été tout l’inverse puisque je leur ai dit : « Écoutez, ça y est, j’ai compris, on va mettre en place quelque chose ». Deux jours après, on jouait le derby à Dijon et qu’on gagne sur un petit score (61-65). Cette défaite ne m’a pas traumatisé, c’est même plutôt finalement un bon souvenir puisque cela m’a beaucoup apporté (il rit). J’ai vite basculé et le fait que ce match m’a tellement servi pour la suite de mon parcours a effacé tout le côté négatif. »

Manu Schmitt :
« Une équipe normale contre une équipe d’extraterrestres »

« Ce n’est absolument pas comparable avec la défaite d’Avignon à Cholet (55-114, cf l’article de lundi). Ça avait été très dur, car c’était à la maison, mais Villeurbanne était tellement fort à ce moment-là. Ils avaient une équipe monstrueuse, l’une des meilleures en Europe. De ce match-là, je me rappelle surtout que l’ASVEL avait été tellement impressionnante. Ils avaient une telle puissance dans le jeu, ce qu’ils ont produit ce jour-là était clairement beau à voir. Nous, on n’était pas spécialement mauvais mais c’était simplement une équipe normale face à une équipe d’extraterrestres. Ils avaient shooté à 71% je crois (67%, ndlr), ils ne rataient rien. Même leur jeune meneur, Frédéric Miguel, était rentré en fin de match pour nous mettre un panier de dix mètres avec la planche. C’était comme s’ils n’avaient qu’à fermer les yeux et jeter la balle. 50 points à domicile, c’est évidemment très lourd mais je crois que tout le monde a réalisé qu’il n’y avait rien à faire. Leur adresse a donné un écart colossal : s’ils avaient eu un pourcentage normal, on en aurait peut-être pris « que » 25 ou 30. De toute façon, on ne pouvait pas être au niveau de Villeurbanne.

Je me souviens très bien que Philippe Hervé avait été très positif malgré tout. Je me revois arriver dans la salle le lendemain matin, on s’attendait clairement à prendre une volée et le discours de Philippe m’avait marqué. Ça a été un déclic. Ce jour-là, j’ai pris conscience de plusieurs choses et cela m’inspire encore aujourd’hui dans ma carrière d’entraîneur : il faut toujours faire attention à l’analyse que l’on fait, par rapport au résultat ou par rapport au contenu. Même avec -51, il avait réussi à trouver des choses positives dans le contenu et à tirer des enseignements du système défensif de l’ASVEL. Quand on analyse de manière brut un match comme ça, on peut se dire que rien n’a été mais je crois que c’est important de toujours retirer quelque chose de positif. La preuve, trois jours après, nous sommes allés gagner à Dijon, ce qui était une vraie performance pour nous. »

Gregor Beugnot :
« C’est toujours gênant de gagner avec un tel écart »

« 22 ans après, il me reste énormément de souvenirs. Pas trop au niveau terrain cela dit, parce que c’est le jour où tout vous réussit. On craignait un peu Chalon qui commençait à monter en puissance, on avait bien préparé notre match. On le démarre super bien et chaque fois qu’ils tentent de s’adapter à quelque chose, on est comme dans un rêve. On annihile tout ce qu’ils essayent de faire, le ballon circule magnifiquement bien, notre adresse est insolente. Tout marchait comme si on était à 5 contre 0. J’ouvre mon banc et même le 9e ou 10e joueur mettent des paniers, toutes mes rotations marchent bien. Ils n’arrivent jamais à trouver une solution. Par exemple, on met nos cinq 3-points sur leur défense de zone. Bref, c’est ingérable pour Chalon.

Par contre, c’est surtout de l’avant-match dont je me souviens. Je suis bien pote avec Philippe Hervé et le matin, au shooting, il y a quelques partenaires qui sont là, Noël Ramonet qui est venu avec quelques bouteilles de Chassagne-Montrachet. On boit un coup de Montrachet et Philippe me dit : « Ce soir, je gagne ». On se taille un peu et je lui réponds : « Impossible que tu gagnes. Ce soir, celui qui l’emporte payera la bière à l’autre. » Et puis tout le long du match, je le regarde en haussant les épaules car vraiment, on était intenables. Après coup, il va en conférence de presse et déclare : « Avant ce match, je pensais connaitre le basket mais ce soir, j’ai tout compris au basket. J’ai vu ce qu’était l’intensité, le haut niveau, les rotations… J’ai appris beaucoup de choses ce soir, merci Greg de nous en avoir mis une bonne. » (il rit) Et il m’a toujours dit que ça lui avait servi de leçon. C’est ensuite qu’il a commencé à nous piquer les joueurs qui étaient en fin de cycle chez nous : les Jimmy Nebot, Andre Owens, Laurent Pluvy, Corey Crowder… (il rit) Mais vous savez, à l’époque, il commence à y avoir une grosse solidarité entre les coachs. C’est toujours gênant de gagner avec un tel écart, d’autant plus face à l’un de mes potes. Surtout que j’ai ouvert mon banc assez rapidement mais ça ne changeait rien. »

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Kent Hill pris dans la nasse villeurbannaise
(photo : Jean-Paul Gollin)

Le Top 10 des plus grosses défaites de l’histoire de la LNB à domicile (soit depuis 1987) :

  • 51 points d’écart (Chalon 38 – 89 ASVEL, le 11 octobre 1997)
  • 48 points d’écart (Hyères-Toulon 57 -105 Cholet, le 21 janvier 2012)
  • 47 points d’écart (Hyères-Toulon 61 – 108 Pau-Orthez, le 27 avril 2002)
  • 46 points d’écart (Roanne 66 – 112 Saint-Quentin, le 20 octobre 1990)
  • 44 points d’écart, à trois reprises (Avignon 81 – 125 Monaco, le 19 septembre 1987 ; Besançon 66 – 110 Pau-Orthez, le 9 mai 2001 ; Pau-Orthez 60 – 104 ASVEL, le 26 octobre 2007)
  • 42 points d’écart (Montpellier 59 – 101 ASVEL, le 4 avril 2000)
  • 40 points, à trois reprises (Levallois 68 – 108 Chalon, le 5 décembre 1998 ; Montpellier 44 – 84 Paris, le 13 novembre 1999 ; Orléans 50 – 90 Le Mans, le 16 avril 2011)

Les contreperformances historiques de Pro A :

  1. Lundi : Le jour où… Avignon est reparti de Cholet avec 59 points dans ses bagages (55-114)
  2. Mardi : Le jour où… Chalon a perdu de 51 points à domicile (38-89)
  3. Mercredi : Le jour où… Toulouse est resté scotché à 32 points (32-67)
  4. Jeudi : Le jour où… Roanne a démarré par un 28-0 à Bourg-en-Bresse
  5. Vendredi : Le jour où… Strasbourg a pris 37-0 en un quart-temps

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Le bien-nommé David Robinson, seule satisfaction chalonnaise,
contre l’ASVEL de Crawford Palmer dans l’antique Maison des Sports
(photo : Jean-Paul Gollin)

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