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Malik Hairston, l’histoire d’un revenant

Lorsque l’on a connu l’AT&T Center de San Antonio, l’Abdi Ipekci Arena d’Istanbul ou l’OAKA Arena d’Athènes, se retrouver dans l’atmosphère feutrée des 1700 places de la Halle Parsemain de Fos-sur-Mer peut surprendre. Et inversement, il y a de quoi être étonné de voir Malik Hairston (1,98 m, 32 ans) défendre les couleurs des BYers lorsque l’on se souvient du joueur qu’il fut sur la scène continentale (10,1 points à 46%, 2,8 rebonds et 1,5 passe décisive en 59 matchs d’EuroLeague), maillon essentiel du plus beau parcours européen de l’histoire de Sienne (31 d’évaluation lors du match de la qualification pour le Final Four en 2011, 3e de la compétition), souvent courtisé par certains des clubs les plus prestigieux de l’EuroLeague comme le CSKA Moscou en 2012.

Oui mais voilà, avant de poser ses valises en Provence, le natif de Detroit n’avait plus été aperçu sur la scène européenne depuis janvier 2017. La faute à un échec aux tests médicaux de l’AEK Athènes en août 2016 et surtout à un choix personnel, résultant des problèmes de santé d’un proche. Seulement cinq matchs disputés en deux saisons et une cote qui dégringole soudainement ? Rémi Giuitta flaire la bonne pioche du mercato, le contexte idéal pour que Fos-Provence, novice en Jeep ÉLITE, tente sa chance et le potentiel gros coup qui va avec. Pour l’instant, malgré la suspension de trois matchs au début de l’année suite à un début de bagarre avec Cameron Clark le 27 décembre,  l’union improbable entre Malik Hairston et le club méditerranéen est une réussite : le 48e choix de la Draft 2008 est productif (14,1 points à 44%, 4 rebonds et 3,1 passes décisives pour 12,9 d’évaluation en 16 rencontres) et le promu n’est pas enterré dans la course au maintien (16e à égalité, avec 6 victoires et 14 défaites). S’il sait déjà qu’il pourra ambitionner retrouver de plus hautes sphères dès la saison prochaine, le barbu du Michigan est également conscient que son passage dans les Bouches-du-Rhône ne sera couronné de succès que si Fos-Provence parvient à sauver sa tête en Jeep ÉLITE. En attendant, que ce soit la période dorée précédant son arrêt ou le nouveau chapitre qui vient de démarrer, Malik Hairston nous raconte sa carrière.

Malik Hairston, avant…
Des Spurs au Final Four de l’EuroLeague : les années de gloire

« Je suis issu d’une famille de basket donc la balle orange est venue à moi très tôt dans ma vie. J’ai toujours eu l’ambition de devenir professionnel, j’ai beaucoup travaillé pour cela. Lors de mes années au lycée, je faisais partie des meilleurs joueurs de ma classe d’âge aux États-Unis. J’ai pu participer au Mc Donald’s All-America, porter les couleurs de Team USA en U18, participer au Hoop Summit.. Ce sont vraiment de belles expériences pour un jeune.

J’ai commencé ma carrière professionnelle avec les San Antonio Spurs (en 2008, ndlr). C’était une expérience incroyable, j’ai appris des tas de petites choses qui me servent encore aujourd’hui. J’étais sous les ordres de celui que l’on peut qualifier de meilleur coach de l’histoire, Gregg Popovich, et aux côtés de l’ailier-fort le plus dominant de l’histoire, Tim Duncan… C’était un honneur d’être avec eux et avec d’autres comme Manu Ginobili, Michael Finley ou Tony Parker. TP était d’une importance fondamentale dans notre équipe, il m’avait un peu pris sous son aile. J’aurais pu rester plus longtemps avec les Spurs. Si ça ne s’est pas fait, c’est parce que j’avais une option pour partir au terme de ma deuxième année et j’ai reçu une superbe offre de Sienne au même moment. Une proposition beaucoup plus attrayante d’un point de vue financier. Sienne me proposait tellement d’argent que c’était difficile de refuser. J’en ai parlé avec coach Popovich qui a compris, qui m’a même encouragé à y aller plutôt que de devoir de nouveau me battre pendant le training camp afin de décrocher une place dans le roster final.


2,4 points de moyenne en 62 matchs NBA
(photo : NBA)

Je n’ai aucun regret d’avoir choisi l’Europe plutôt que la NBA. J’ai défendu les couleurs de très grands clubs comme Sienne, Milan, Galatasaray et l’AEK Athènes. J’ai pu voir le monde en jouant dans des villes incroyables pour des coachs renommés. Le jeu européen est différent de la NBA. Il y a beaucoup plus d’intensité ici, surtout si l’on compare aux défenses laxistes que l’on peut parfois voir en NBA. J’ai également disputé de très grands matchs ici. Sienne fut la première étape de ma carrière européenne (2010/11), l’équipe était très forte puisque l’on a remporté le titre en Italie et atteint le Final Four de l’EuroLeague, sans le gagner malheureusement (défaite en demi-finale contre le futur champion, le Panathinaïkos Athènes, ndlr).


Lors du Final Four 2011 avec Sienne, Hairston est le joueur le plus utilisé par son coach
(photo : EuroLeague)

 Je suis ensuite parti à Milan (2011/13) où, ironie du sort, nous avons perdu en finale contre Sienne en 2012 (mais le club toscan a été déchu de son titre quatre ans plus tard pour fraude comptable et fiscale, ndlr). De même, lors de mon expérience suivante en Turquie (2013/14), nous sommes allés jusqu’au match 7 de la finale avec Galatasaray mais celui-ci n’a pas pu se jouer. Les supporters du Fenerbahçe avaient craché sur notre coach, Ergin Ataman, mais ce sont les nôtres qui ont été suspendus. Du coup, notre entraîneur a décidé de nous retirer de la finale à 3-3 (le Fenerbahçe a été déclaré champion sur tapis vert, ndlr). J’ai joué dans de grandes équipes mais gagner des titres n’est pas quelque chose de certain, tu ne peux pas t’attendre à ce que cela arrive à chaque saison. J’en ai conquis un en Italie, j’aurais pu en avoir un autre en Israël en 2017 puisque l’Hapoel Jérusalem a remporté le championnat après mon départ mais cela ne me déçoit pas. »


De l’Abdi Ipekci à Parsemain…
(photo : EuroLeague)

Malik Hairston, après…
« Un second souffle » à Fos-Provence 

« Il y a eu beaucoup de rumeurs sur moi pour justifier cette absence du circuit professionnel. On a parlé de multiples blessures. La vérité est que quelqu’un de mon cercle familial est tombé gravement malade et je n’ai rien de plus important que ma famille. Je n’ai peut-être disputé que cinq matchs en deux saisons mais pourquoi aurais-je pensé que ma carrière aurait pu se terminer là ? Je savais que je pourrais revenir et performer. Bien sûr, je ne peux nier que cela a refroidi beaucoup d’équipes, que cela a pu faire peur sur le marché des transferts. Mais pas à tous les clubs visiblement puisque j’ai eu d’autres offres que Fos-Provence l’été dernier. Cependant, j’avais entendu de bonnes choses sur l’équipe, sur Rémi Giuitta, sur le sud de la France… Je connaissais également déjà Marcus Dove. Tout cela a pesé dans la balance.

Ici, c’est un nouveau challenge dans ma carrière, une belle opportunité pour prouver à tout le monde que je suis toujours un très bon joueur malgré cette longue absence. C’est un joli défi à Fos. J’apprécie être ici : j’adore mes coéquipiers, j’aime bien le coach. On peut effectivement parler de second souffle pour ma carrière. Le plan était de démontrer que je suis en bonne santé et que j’aime toujours autant ce sport. Je savais que je pourrais revenir à un aussi bon niveau car je ne me suis jamais arrêté de m’entraîner lors de ma période d’inactivité aux États-Unis. J’étais conscient que retrouver le rythme des matchs pourrait prendre un peu de temps mais j’avais confiance en mes capacités. La Jeep ÉLITE est un championnat atypique, avec de fortes spécificités. C’est très athlétique, mais un peu moins tactique de ce que j’ai pu connaître. Cela dit, il y a de très bonnes équipes et des forts joueurs, ce qui rend le niveau très compétitif.


Malik Hairston présente l’un des plus beaux CV de Jeep ÉLITE
(photo : Sébastien Grasset)

Malgré mon passé, je ne me sens pas comme appartenant à une autre galaxie en étant à Fos-Provence. La preuve, c’est que je suis vraiment heureux ici et je vais tout faire pour que la deuxième partie de saison se déroule bien, pour que l’équipe puisse accrocher son maintien en Jeep ÉLITE. La seule différence est de jouer un match par semaine. Lors de mes précédentes expériences en Europe, j’ai toujours joué l’EuroLeague ou l’EuroCup, soit au moins deux matchs par semaine. Ce n’est vraiment pas facile de jouer si peu (il sourit). Cela veut dire que l’on s’entraîne beaucoup alors que n’importe quel joueur préfère la compétition.

J’ai beau avoir 31 ans, je me sens un peu comme un petit jeune comme dans cette équipe. Par exemple, Tariq Kirksay a une carrière européenne longue comme le bras, c’est très intéressant de le côtoyer. Cela me montre que je peux encore ambitionner de belles choses. Je suis très content de ma carrière mais je ne peux pas dire que cela me satisfait car il faut toujours en vouloir plus. Pour l’instant, je suis uniquement concentré sur Fos-Provence mais j’espère que cette saison me permettra de repartir de l’avant et que je pourrais aller loin. Je pense avoir encore de belles années devant moi. »


L’avis de Rémi Giuitta :
« Que des bons échos sur lui »

Malgré tous les accomplissements antérieurs de Malik Hairston, le fait qu’il n’ait disputé que cinq matchs en deux saisons ne vous a pas effrayé au moment de le recruter ?

Oui mais après, quand on est Fos-sur-Mer, il faut aussi faire des coups. Cela fait quinze ans que l’on essaye de relancer des joueurs qui ont vécu des périodes délicates avec des retours de blessure ou des arrêts comme lui. Malik est un joueur de très haut niveau, d’EuroLeague au vu de sa carrière. Forcément, s’il était au sommet de ses capacités, il ne serait pas avec nous. Par contre, je n’avais eu que des bons échos sur lui, également une longue discussion tous les deux qui m’avait rassuré sur son état physique. Sa culture basket compensait aussi car, que ce soit en NBA avec les Spurs ou en EuroLeague, il a toujours évolué dans des équipes où le jeu collectif prime. On lui a laissé le temps de monter en régime et il nous l’a bien rendu jusque-là.

Justement, quel bilan tirez-vous de sa première partie de saison ?

Très positif, si l’on excepte cet incident au Mans qui l’a suspendu trois matchs. Il est monté en puissance progressivement. Il est très bon des deux côtés du terrain et complémentaire de Ron Lewis, plus porté sur le tir. Malik a également trouvé des affinités avec Édouard (Choquet) notamment. C’est un joueur important dans notre effectif : on l’a bien vu lors de son retour contre Limoges début février, nous étions content de le retrouver. Pour nous, c’est bien entendu un gros recrutement.


Battu par tous ses concurrents au maintien, comme Cholet, sur la phase aller,
Fos-Provence devra inverser cette tendance lors des matchs retours pour se maintenir
(photo : Sébastien Grasset)

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