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[Portrait] Marcus Ginyard, M. « le maire » du Limoges CSP

« Bonjour, ça va bien ? Un café s’il te plait. » La phrase est simple, mais elle claque avec l’intonation d’un habitué des lieux, et surtout dans un Français étonnamment impeccable pour un joueur étranger. Marcus Ginyard (1,96m, 33 ans) est comme chez lui à La Fabrique du Café, atelier de torréfaction artisanale situé au coeur de Limoges. Il plaisante avec les patrons, prend son espresso serré et règle sa note une fois par mois. Sur les bords de la Vienne, l’ailier américain a trouvé le cadre qu’il cherchait : après 10 ans de carrière à écumer l’Europe, il va pour la première fois passer une deuxième saison dans la même équipe. 

Quand il déambule dans Limoges, on l’appelle même « le maire ». Un surnom lancé par ses coéquipiers et vite adopté par les supporters du CSP tant son sourire et son côté affable font l’unanimité. « J’adore échanger avec les fans », explique ce diplômé en communication. « Pour moi, c’est une manière importante de gagner leur confiance et de montrer que le basket, ce n’est pas juste un an de travail ici et je m’en vais. » « Sur ses stories Instagram, on le voit tout le temps dans les petis commerces du centre-ville, aux halles, dans les restos : tu as l’impression qu’il est en campagne électorale », se marre son coéquipier Nicolas Lang, l’un des facétieux à l’origine du surnom. « Il est très gentil, s’intéresse aux autres et à plein de choses, tu peux avoir des conversations très variées avec lui », complète l’arrière.

marcus-ginyard----le-maire--de-limoges-repart-en-campagne-avec-le-csp1598969276.jpegMarcus Ginyard devant La Fabrique du Café, son QG au coeur de Limoges, fin août 2020. (photo : @Gaëtan Delafolie)

Modèle d’intégration à la ville, Marcus Ginyard l’est aussi lorsqu’il enfile les baskets. L’an passé, malgré un début d’exercice ralenti par une blessure au psoas, il tournait à 9,8 points (dont 48,4% à 3 points), 2,8 rebonds, 1,1 passe décisive et 1,3 interception pour 10,3 d’évaluation en 26 minutes de moyenne en Jeep Élite. Et le CSP, dans la foulée du remplacement d’Alfred Julbe par Mehdy Mary début décembre, réalisait une deuxième partie de saison encourageante avant l’arrêt dû au Covid-19.

« Marcus est dévoué à l’équipe », loue son entraîneur. « C’est un joueur de coach : quand on l’a, on a envie de le garder. C’est un très fort défenseur sur les postes 3-2 grâce à sa grosse compréhension du jeu, combinée à ses aptitudes défensives. Offensivement, ce n’est pas un créateur mais il joue toujours juste et il est très adroit. Quand on lui donne la balle avec un temps d’avance, il sait faire. Je lui dit souvent d’oser un peu plus. Mais son influence va au-delà des chiffres. » Mehdy Mary avait fait de sa prolongation une priorité, poussant « le maire » à poursuivre son mandat dans le Limousin jusqu’en 2023.

 

« Ramener l’équipe vers les sommets »

« Je ne voulais pas passer à côté de l’opportunité de rester dans un endroit où je me sens bien », développe le joueur en savourant son café. « Et sportivement, on peut construire quelque chose tous ensemble et ramener l’équipe vers les sommets. » Pour cela, Limoges peut compter un groupe stable, où les prolongations se sont enchaînées cet été – « comme des dominos » selon Ginyard -, dans la foulée de l’engagement sur le long terme de Mehdy Mary. « Quand j’ai su que le coach restait, je savais que j’allais prolonger » embraye l’ailier, qui se félicite de l’alchimie créée entre ce groupe de cadres (Lang, Invernizzi, Boutsiele, Nelson) et un entraîneur jeune (40 ans) mais qui a la pleine adhésion de son effectif.

Une alchimie dans laquelle Ginyard occupe déjà un rôle central. « Il a des compétences sociales au-dessus de la norme », constate Mary. « Il n’est pas dans la gouaille mails il est très rassembleur. Il est dans la finesse, la relation à deux. Il prend la parole quand il le faut, mais sans hausser le ton, ce qui est rarement le meilleure moyen de se faire entendre dans le sport. » Le coach de Limoges vient de le nommer co-capitaine de l’équipe avec son comparse Nicolas Lang. « Unir les gens, c’est quelque chose d’extrêmement important pour moi », clame l’Américain. « je vois qu’on a toutes les pièces du puzzle, et s’il y a une chose que je peux faire pour cette équipe, c’est d’aider à assembler ces pièces ». 

marcus-ginyard----le-maire--de-limoges-prolonge-avec-plaisir-son-mandat-au-csp1599142983.jpegMarcus Ginyard a joué sous les mythiques couleurs de North Carolina de 2005 à 2010. (photo : @UNC Basketball)

Ce rôle de leader, il l’a développé très tôt, puisqu’il était déjà capitaine d’une génération exceptionnelle à l’Université de North Carolina. Ginyard était celui qui parlait aux Ty Lawson, Danny Green, Wayne Ellington et Tyler Hansbrough, contribuant à faire des Tar Heels l’une des toutes meilleures équipes de NCAA à la fin des années 2000. Malheureusement, une opération du pied le priva de la saison 2008-2009, conclue par un titre national. Qu’importe, Marcus Ginyard a fait de ce malheur une force. 

« Ça a été une année très difficile, mais j’ai grandi en tant que joueur et en tant que personne », souffle le Limougeaud. « J’ai utilisé cette période pour apprendre d’autres manières d’être un leader dans l’équipe. Par exemple, si tu perds l’audition, tous tes autres sens vont être décuplés : tu vas mieux voir, ton odorat sera plus fin… c’est un peu ce qui m’est arrivé. Je ne pouvais pas jouer, mais j’ai commencé à voir plein de petits détails, à comprendre comment je pouvais rendre l’équipe meilleure sans être sur le terrain ». 

« Façonné » à North Carolina

Ginyard est resté très attaché à sa fac. Il échange sur des groupes de chat avec d’anciens coéquipiers, possède une maison à Chapel Hill, organise deux camps d’été en Caroline du Nord (avec sa mère, « la boss », ancienne basketteuse qui l’a initié au sport) et tient régulièrement une chronique sur chapelboro.com, le site internet d’une radio locale. Bref, « le maire », prend soin des siens. « C’est important de rendre, et au-delà du basket, à une communauté qui m’a tant donné. Mon passage à North Carolina m’a façonné en tant que joueur et en tant qu’homme. Ce sont des souvenirs inscrits dans mon coeur. »

Après ces cinq saisons (cursus complet + son année blanche) dans la fac six fois championne, celle de Michael Jordan, James Worthy et Vince Carter, Marcus Ginyard a pris la route. Non retenu à la draft NBA, il s’est mis à parcourir l’Europe. Après l’Allemagne, Israël, la Pologne à plusieurs reprises, l’Ukraine, une expérience en  G-league et la Grèce, il effectue un premier passage en France, en Pro B, avec Nantes en 2015-2016. Il espère alors se faire remarquer pour signer en Pro A, sans succès. Retour ensuite en Pologne, puis la Macédoine (où il sera champion), la Roumanie et enfin Gdynia, encore en Pologne, où il était « à quelques minutes de resigner » avant de finalement rejoindre Limoges.

marcus-ginyard----le-maire--de-limoges-prolonge-avec-plaisir-son-mandat-au-csp1599143758.jpegGros défenseur, adroit au tir, Ginyard amène surtout beaucoup de lian au Limoges CSP. (photo : @Limoges CSP)

La transition de la NCAA au monde professionnel n’a pas été simple. Passer des installations exceptionnelles, des voyages en avion privé et des matchs télévisés avec les Tar Heels aux interminables trajets en bus à travers le continent. Quitter des amis proches pour découvrir un nouveau groupe chaque saison, avec des joueurs qui parfois ne finissent pas l’année. Mais curieux, intéressé par tout ce qui l’entoure, Ginyard a fait de cette carrière de journeyman une sacrée force.

« L’expérience accumulée est quelque chose de difficilement quantifiable », pose-t-il. « Mais j’ai fait partie de tellement d’équipes, je sais ce qui manque à une bonne équipe pour devenir une grande équipe et gagner un titre ». « De toutes ces expériences, on sent qu’il a essayé à chaque fois d’apprendre des choses, qu’il en a tiré quelque chose », salue Mehdy Mary. « Il est extrêmement intelligent et curieux. Il a 33 ans mais il n’est pas du tout en fin de carrière, au contraire : il est encore frais, il a de l’énergie. » Son mandat au CSP ne fait que débuter.     

 À Limoges,

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