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Premier Français dans un staff WNBA, « le défi » de Yoann Cabioc’h

À 30 ans, Yoann Cabioc’h est devenu le premier Français de l’histoire à intégrer le staff d’une franchise WNBA, en l’occurence celle du Chicago Sky. Le nouvel entraîneur de La Glacerie (NF1), sur place depuis fin avril, nous livre ses premières impressions sur son aventure outre-Atlantique, alors que le Sky joue son premier match (de présaison) ce mardi contre Indiana.

Yoann, voir un coach français être recruté en WNBA, c’est du jamais vu. Peux-tu nous raconter comment tu as été recruté dans le staff du Chicago Sky ?

Le coach et manager général, James Wade, a été nommé en novembre dernier. Par l’intermédiaire d’Edwige Lawson-Wade, sa femme, je le connais depuis plus de dix ans. Elle vient de Pacé (en Ille-et-Vilaine) comme moi donc on faisait des basket ensemble l’été et à Noël. Quand il avait été assistant à San Antonio et à Minnesota, on avait été le voir avec Stéphane Leite (coach de Landerneau en LFB). Je l’ai félicité pour sa nomination tout en lui disant que j’étais intéressé pour intégrer le staff et lui m’a dit qu’il cherchait un coordinateur vidéo et qu’il voulait s’appuyer sur moi. On s’est vu à Noël, on en a parlé et il devait voir si c’était faisable au niveau de la franchise. J’ai appris ça début janvier.

Tu entraînes par ailleurs en NF1 (il passe du Poinçonnet à La Glacerie durant l’intersaison française). Quelle a été ton premier sentiment quand tu as reçu la proposition pour intégrer le staff ?


La première fois qu’il m’en a parlé c’était à Noël mais à ce moment-là je ne savais pas ce qu’il avait dans la tête. J’étais un peu choqué ou plutôt excité au départ. Quand il m’a annoncé que c’était officiel, que j’étais vraiment dans le staff, je me suis posé dans mon canapé. Pendant deux minutes, j’étais un peu dans le vide, il n’y avait plus rien qui tournait dans ma tête. Il fallait que j’arrive à analyser ce qu’il se passait. C’était beaucoup de plaisir mais très vite j’ai senti un sentiment de défi, de challenge et de mission plutôt que d’excitation. On ne se dit pas « c’est un rêve qui se réalise » mais « il faut que je sois à la hauteur de la mission ». Il faut que ce que je dise et ce que je fasse ne soient pas de la merde. Il faut que je rende la confiance que James (Wade) m’a donnée.

Tu es le premier Français à intégrer un staff de WNBA. Est-ce une fierté pour toi ?


C’est plus une responsabilité qu’une fierté. Je veux qu’à la fin de la saison, quand les Américains du staff discuteront avec d’autres coachs, d’autres staffs, etc, qu’ils puissent dire qu’il y avait un Français dans leur staff, que ça l’a fait et qu’il était à la hauteur des attentes. Il y en aura d’autres par la suite, je l’espère en tout cas, donc il faut qu’ils savent que les Français peuvent faire le taff’ (travail) même à un poste plus haut que le mien. 

Quel était ton rapport à la WNBA ? Des Françaises y jouent presque tous les étés, mais cette ligue reste peu médiatique encore en Europe.

Oui, je la suivais. Pas forcément en détails mais j’ai toujours gardé un oeil dessus : les équipes en forme, les joueuses en forme, les coachs, le style de jeu… En plus, en France, la WNBA est hyper accessible car le WNBA League Pass est à 14 dollars (16,99 dollars en réalité) la saison.

Les staffs américains sont souvent composés de nombreux spécialistes. Combien êtes-vous dans le staff ?

Dans le staff basket on est six auquel il faut ajouter les deux kinés, la préparatrice physique, deux assistantes managers et quatre personnes sur la communication donc on est une quinzaine autour du terrain sur chaque entraînement mais seulement six à vraiment intervenir sur les séances basket.

Toi, tu es coordinateur vidéo. Concrètement, quelles sont tes missions ?

Je vais avoir du scouting des adversaires avec ce qu’on appelle les ATO (after time-out ou « après temps morts »), c’est à dire les situations spéciales après les temps morts, après les quart-temps ou en fin de match. Parce que ici, aux Etats-Unis, après les temps morts ils n’utilisent pas les formes de jeu habituels de leur playbook mais ce qu’ils appellent des ATO. Donc je vais devoir tous les scouter sur les quatre derniers matches de chaque adversaire. Ensuite, je vais coder en live avec le logiciel vidéo Sportcode de façon à comptabiliser les points par possession pour pouvoir déterminer la rentabilité de nos formes de jeu et analyser à la mi-temps quel système fonctionne bien ou lequel ne fonctionne pas. Grâce à ça, le coach a accès à des séquences vidéos dès la mi-temps pour les montrer aux joueuses. La troisième mission, à l’entraînement, c’est d’être-là pour conseiller, encourager, prendre des rebonds. Participer à la séance sans la diriger. Et là on filme le training camp donc je découpe les séances pour faire un playbook vidéo.

« A tous les niveau, c’est professionnel« 

Le training camp a commencé depuis le 5 mai. Comment s’est passé ton intégration dans le staff ?


Il faut d’abord manier la langue. J’arrive à parler et à comprendre mais ce n’est pas ma langue natale donc il faut déjà gérer ça. Il faut gérer l’adaptation au niveau de jeu car tout va plus vite, plus haut, c’est plus précis. Il faut gérer des nouvelles personnes parce que tu arrives dans un staff dans lequel tu es inconnu. J’ai dû apprendre à utiliser plein de logiciels très rapidement. Les trois, quatre premiers jours étaient compliqués parce qu’il faut aussi gérer la vie quotidienne, tout est différent. Mais le staff est génial et j’ai été super bien accueilli par tout le monde. On a un staff vraiment soudé et les filles sont très sympas, dans le bon état d’esprit.

Qu’est-ce qui t’as le plus impressionné depuis ton arrivée ?

Le professionnalisme. À tous les niveaux, c’est le professionnalisme. Dans tous les détails. Par exemple, j’avais un problème sur un logiciel hier (vendredi, entretien réalisé samedi), j’ai appelé notre informaticien et il m’avait réglé le problème en 30 minutes, il est disponible tout le temps. Dans le complexe d’entraînement, il y a tout à disposition. C’est idéal pour un coach. Je n’arrive pas à trouver de points faibles ou de me dire il manque un truc.

Comment se passe ta relation avec James Wade, qui t’a fait venir, au quotidien ?

Excellente. James (Wade) est vraiment un coach qui a envie de prouver qu’on lui a donné une place de head-coach pour une bonne raison et qui ne laisse pas ça intervenir sur sa façon d’être avec les gens. Dans le sens où il s’appuie beaucoup sur les gens du staff, il écoute les avis de tout le monde. On est six dans le bureau avant et après les entraînements. On peut tout lui dire et il prend sa décision mais par exemple il y a certaines choses que j’ai pu lui dire, sur le plan défensif notamment, qu’il a mis en application ensuite. Il fait confiance à tout son staff, ça se ressent et il le prouve. C’est quelqu’un de brillant intellectuellement et de très, très drôle. On se voit un peu en dehors aussi, c’est un mec en or. 

« Plus de fraternité entre staff et joueuses« 

Comment se passe ta relation avec les joueuses ? La WNBA concentre la plupart des meilleures joueuses du monde et à Chicago vous avez comme ailleurs de grosses individualités.

Les relations sont très bonnes. Les joueuses sont très accueillantes comme Stefanie Dolson ou Hind Ben Abdelkader qui parle français en plus. Les joueuses sont à l’écoute quand je leur donne un conseil alors qu’elles jouent depuis longtemps en WNBA. Katie Lou Samuelson par exemple est très à l’écoute alors qu’elle a été drafté en 4e position, tout le monde ne parle que d’elle. La relation entre le staff et les joueuses n’est pas la même qu’en Europe. Il y a plus de fraternité ici. 

Quelles sont les prochaines échéances du Sky ?

Pour l’instant on accueille encore des joueuses donc la premmière échéance sera d’avoir l’effectif au complet. On va aussi avoir des joueuses à couper parce qu’on on en a signé en contrat training camp donc il va falloir choisir celles qu’on va écarter. On a un premier match amical mardi 14 contre Indiana puis un deuxième toujours contre Indiana jeudi (le 16). On joue ensuite la sélection de Chine le lundi 20 puis le début du championnat sera le 25. Donc ça va aller très vite. On a déja mis douze systèmes de jeu en place plus notre stratégie défensive.

Yoann Cabioc’h va continuer à nous conter son expérience au sein du staff du Chicago Sky durant la saison WNBA.

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