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Savo Vucevic, les six montées et le pêcheur d’Ernest Hemingway

Pro B - En permettant à l'Élan Chalon de retourner en Betclic ÉLITE, Savo Vucevic a validé la sixième montée de sa carrière. Pourtant, l'année dernière, l'entraîneur monténégrin s'était posé la question de la pertinence de ce dernier challenge, où il avait plus à perdre qu'à gagner.
Savo Vucevic, les six montées et le pêcheur d’Ernest Hemingway
Crédit photo : Enzo Geoffray

Plus jeune, lorsqu’il était lycéen à Bar (Monténégro), Savo Vucevic avait dû rendre un devoir concernant le chef-d’œuvre d’Ernest Hemingway, Le Vieil Homme et la Mer. L’adolescent avait alors été transporté, découvrant celui qui allait devenir son auteur préféré et avait signé une excellente copie, s’attirant les éloges de sa professeure de l’époque. 50 ans plus tard, au moment de s’interroger sur son avenir professionnel, c’est à Hemingway que l’entraîneur a repensé, et à la morale de son ouvrage : l’histoire d’un vieux pêcheur cubain, malchanceux, s’étant lancé un dernier défi, capable de livrer un combat homérique pour vaincre un gigantesque espadon mais revenu les filets vides au port, seulement avec le squelette du poisson, dévoré par les requins sur la route du retour. La preuve que l’homme qui a gagné peut aussi tout perdre…

« Je ne voulais pas me rater à ce moment-là de ma carrière »

Alors, lui qui se targuait d’avoir toujours laissé ses clubs dans de meilleures situations qu’au point de départ, lui qui a connu cinq montées avec quatre clubs, Savo Vucevic devait-il vraiment s’engager dans un ultime challenge, à plus de 65 ans ? Depuis son départ de la JL Bourg, le technicien avait connu un avant-goût de la retraite, entre Bar et Saint-Tropez, et avait déjà éconduit l’Élan Chalon à trois reprises. Mais Rémy Delpon, son ancien directeur à Cholet, est revenu à la charge, presque suppliant face à celui qu’il considérait comme le seul homme de la situation, qui a fini par accepter, de manière un peu impulsive. « À un moment donné, je me suis posé des questions », retraçait-il mardi, après le triomphe bourguignon en playoffs« J’ai toujours réussi sans faute et je ne voulais pas me rater à ce moment-là de ma carrière. Ça m’a traversé l’esprit. C’est l’esprit du livre : le marin a fait une belle pêche mais est revenu au port sans rien. C’est ce que je voulais éviter. Et je ne me suis pas raté ! Au final, c’est la plus belle et la plus joyeuse de mes montées ! Vous ne pouvez pas imaginer à quel point… » Car, vraiment, il avait beaucoup plus à perdre qu’à gagner.

Les mille et une vies du bâtisseur Savo Vucevic : « Mon bonheur a été d’aider mes clubs à se construire »

Engagé pour une mission courte durée (seulement un an de contrat), qu’il prolongera selon toute vraisemblance en 2023/24, Savo Vucevic a validé la sixième montée de sa carrière, après Bondy (à deux reprises), Antibes, Monaco et Bourg-en-Bresse. Un CV rare, pour quelqu’un qui est également double champion de Belgique (en 2003 et 2004 avec le Spirou Charleroi). « Six montées, peut-être que j’ai de la chance », soufflait-il. « Celle-ci, je veux la partager avec tous les gens extraordinaires de ce club. Après, je suis une locomotive : dès le départ, j’ai dit que je venais à Chalon pour monter, sans savoir comment allait être l’équipe. Je sortais d’une année sabbatique, je ne connaissais plus beaucoup de choses sur la Pro B mais j’ai annoncé haut et fort que l’on voulait monter, que l’on devait monter. Cependant, un coach seul ne peut rien faire. Oui, j’ai un peu d’expérience, sûrement la patte, le savoir-faire mais je n’aurais pas pu réussir si mes joueurs ne m’avaient pas suivi, s’ils n’avaient pas eu confiance en moi, s’ils n’avaient pas tout donné pour le maillot. Cette montée, c’est la leur. »

« Comme une voiture sans frein… »

En un an, Savo Vucevic a pourtant contribué à redonner le sourire à toute une ville qui vibre et vit pour son club. Au moment où il donnait son accord à Rémy Delpon, lors de la première semaine de mai 2022, l’Élan Chalon était engoncé dans une crise profonde, avec une grève des encouragements contre Nantes de la part d’un Colisée lassé par six ans de pente descendante depuis le titre de 2017. 13 mois après la défiance, l’ambiance fut absolument exceptionnelle face à Champagne Basket. « Ça se sentait qu’il y avait une énergie négative dans le club », note l’entraîneur. « Le fait de ne pas être monté l’an dernier a encore renforcé cela. Comment fait-on pour inverser cela ? Ah… Ça, c’est le plus difficile ! Il n’y a pas de secret, il faut de tout, un mélange de choses, parfois un peu de chance. Il a fallu amener du calme, éviter la nervosité et les décisions prématurées. Je pense avoir apporté un peu d’apaisement et de sérénité. Quand on commence à aller vers le bas, c’est compliqué de s’arrêter, comme si on avait une voiture sans frein… Mais tout le monde a fait son travail cette année à l’Élan ! On a créé une belle atmosphère de rebond car croyez-moi, ce n’est pas facile de monter en Betclic ÉLITE. La Pro B est un championnat extrêmement difficile et le fait de s’appeler Chalon ajoutait encore une petite pression. Il a fallu être costaud à tous les niveaux. Cette montée est le fruit du travail d’un club entier. » Mais c’est déjà un peu plus facile lorsque le guide connait le chemin et, surtout, sait comment ramener l’espadon au port…

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