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« Je l’ai forcée à aller le chercher » : Emma Meesseman, un triple-double désintéressé et historique

EuroBasket 2023 - Dans l'histoire du championnat d'Europe féminin, jamais une joueuse n'était parvenue à cumuler un triple-double au cours des 38 éditions précédentes. Certes quelque peu forcée par ses coéquipières, Julie Allemand en tête, la Belge Emma Meesseman a mis fin à cette anomalie avec une démonstration contre la Serbie.
« Je l’ai forcée à aller le chercher » : Emma Meesseman, un triple-double désintéressé et historique
Crédit photo : FIBA

Ancienne adversaire directe d’Emma Meesseman lors des entraînements de Villeneuve-d’Ascq en 2013/14, désormais salariée de la FIBA, Chloé Westelynck s’est approchée de son ex-coéquipière, un feutre à la main, afin de créer ce qui pourrait déjà être une pièce de collection : la feuille de statistiques du premier triple-double de l’histoire de l’EuroBasket féminin dédicacée par celle qui a mis fin à 38 éditions de disette. Alors l’intérieure belge s’est exécutée tout sourire, venant apposer sa signature sur le box-score. En dessous pouvait-on lire les chiffres qui donnent le tournis : 15 points à 7/13, 13 rebonds, 10 passes décisives et 5 interceptions pour 38 d’évaluation en 30 minutes.

Déjà un objet historique

Un trophée de MVP cédé à Kyara Linskens

Pourtant, au bout du compte, il a bien failli manquer la cerise sur le gâteau : à six minutes de la fin, Rachid Meziane avait logiquement décidé de sortir sa star pour la préserver, le boulot étant déjà fait (79-45). Problème, il ne lui manquait alors qu’une petite passe décisive pour écrire l’histoire. Et lorsque ses coéquipières s’en sont rendues compte, la MVP de l’EuroLeague n’était pas spécialement encline à retourner sur le parquet. « Quand on est allé dire au coach qu’Emma était à une passe du triple-double, elle a d’abord refusé d’y retourner », sourit sa coéquipière Julie Allemand. « Elle ne voulait pas y aller mais je l’ai forcée, je lui ai dit que c’était important, qu’il fallait qu’elle le fasse. » De fait, à 123 secondes du buzzer final, l’ancienne star d’Ekaterinbourg a enlevé le surmaillot avec une seule mission : offrir un dernier panier à l’une de ses coéquipières. Quand Maxuella Lisowa-Mbaka a vu sa tentative ressortir du cercle, tout le banc belge était déjà debout, prêt à exulter. Mais les remplaçantes n’ont pas eu le loisir de se rasseoir : la jeune ailière a piqué le rebond arraché par Ivana Raca, a redonné la gonfle à sa capitaine qui a cette fois décalé Billie Massey pour un petit shoot à trois mètres, qui a fait exploser toutes les Cats (92-50, 39e minute). Le dernier frisson d’une rencontre sans suspense. « Je n’accorde pas trop d’importance à ce que j’accomplis individuellement mais ça me fait plaisir de voir toute mon équipe heureuse pour moi », souffle l’héroïne de l’après-midi. « C’est grâce à mes coéquipières, je ne voulais pas retourner sur le terrain quand le coach me l’a dit mais elles m’ont poussé et c’était fun, je suis contente de l’avoir fait au final. »

Une magnifique Belgique détrône la Serbie et attend peut-être les Bleues

En arrière-plan, les remplaçantes exultent : Emma Meesseman vient de valider son triple-double et demande à retourner sur le banc (photo : FIBA)

Logiquement, Emma Meesseman a été désignée MVP de la rencontre. Mais le trophée ne trônera pas fièrement sur sa cheminée. Non, la Stambouliote l’a donné à sa coéquipière Kyara Linskens, l’intérieure de Lattes-Montpellier, très précieuse dans l’entame parfaite des Belges (14 points à 6/9, 8 rebonds, 4 passes décisives, 5 contres et 2 interceptions). « C’est un geste exceptionnel comme on en voir rarement dans le sport », souligne son entraîneur Rachid Meziane. « Je trouve ça formidable mais je ne suis même pas surpris, cela confirme simplement la personne qu’elle est. Elle a le cœur sur la main. » Un parfait symbole de l’altruisme de cette sélection belge, épatante collectivement avec 35 passes décisives ce jeudi pour éparpiller façon puzzle les championnes d’Europe en titre (93-53). « Ce cadeau d’Emma, c’est ce qui la rend si spéciale », applaudit Linskens. « Elle est unique en son genre, si facile sur un parquet. » Des mots également employés par Julie Vanloo, l’une des autres stars des Cats. « Je n’ai pas de mots pour la décrire, elle est extraordinaire ! C’est sa saison ! C’est génial de jouer à ses côtés, elle attire tellement les défenses que nous sommes toutes beaucoup plus ouvertes. Elle est si facile et nous rend aussi la vie beaucoup plus facile. Je suis heureuse qu’elle n’ait pas à scorer tous les points (elle rit) et qu’on puisse l’aider dans la colonne passe décisives. » Un récital qui donne évidemment beaucoup d’espoirs à la Belgique, souvent frustrée lors des derniers championnats d’Europe, éliminée aux portes de la finale en 2017 et 2021. « J’espère que cet accomplissement historique va nous pousser à écrire encore plus l’histoire », glisse Meesseman. « Après ce que l’on a fait cet après-midi, ce serait dommage de s’arrêter maintenant… » Histoire d’ajouter encore un peu plus de valeur à la feuille de statistiques dédicacée pour le futur jeu concours de la FIBA…

À Ljubljana,

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