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Paul Rigot, un rebond de Normand

S’il existait un titre de meilleure progression en LNB cette saison, nul doute que Paul Rigot (2,01 m, 25 ans) serait un très sérieux candidat pour décrocher la timbale. Dans un tout petit rôle dans le marasme antibois en Jeep ELITE la saison dernière (3 d’évaluation en 14 minutes de jeu), le Manceau a tout simplement explosé les compteurs statistiques à Évreux cette saison, certes en Pro B, mais tout de même (12,2 points à 55% aux tirs, 6,3 rebonds, 2,1 passes pour 16,6 d’évaluation en 32 minutes). Pourtant, l’affaire était loin d’être conclue avec l’ALM au moment de la signature puisque l’ailier français « n’avait pas trop envie de venir en Pro B ». Mi-juillet, le club eurois officialisait sa venue alors que quelques temps plus tôt, Fabrice Lefrançois essuyait un refus en raison d’un tarif trop élevé pour les finances du club. Trois semaines s’écoulaient alors, et les prétentions salariales du joueur baissaient. La patience avait été de mise pour le désormais ex-entraîneur de l’ALM qui suivait depuis quelques années le jeune Sarthois dont la première rencontre avec la balle orange a lieu à l’âge de 8 ans du côté de Coulaines grâce à son beau-père, parti trop tôt. Pour Paul Rigot, c’était le moment, enfin, de réellement lancer sa carrière professionnelle. « À un moment donné je me suis dit : ‘Paul t’as pas de statistiques, que même si tu connais ta valeur mais que tu n’as rien de concret à présenter à un coach, à un recruteur, tu ne seras pas crédible.’ Donc j’ai pris la décision de partir dans un club où j’avais l’assurance d’avoir du temps de jeu et d’être un joueur important, sur qui on peut compter. Là, à Évreux, j’avais l’occasion de montrer mon niveau. »

À Antibes, « la dernière roue du carrosse »

Deux ans plus tôt, les Sharks d’Antibes saisissaient l’opportunité en enrôlant l’ancien pensionnaire de l’INSEP pour deux saisons. L’occasion est belle pour lui de justement montrer son niveau. Car jusqu’à cet instant, son début de carrière était loin d’être un long fleuve tranquille, lui à qui l’étiquette de « prospect » avait été rapidement accolée à son nom. Il y aura eu Limoges comme rampe de lancement partagé entre le championnat Espoirs – où il était un élément majeur – et le bout du banc des pros dans un rôle de 10e ou 11e homme avec un titre de champion de France à la clé (Jeep ELITE, 2013/15). Puis sa tentative de rebond la saison suivante à Orchies (Pro B), dans un projet pourtant séduisant eu égard des moyens du club, fût un échec assez cuisant : « le club ne faisait pas confiance aux jeunes », ce qui se traduisait avec les chiffres : 2 d’évaluation en 9 minutes. Bien que sous contrat encore une année dans le Nord, il quitte le navire pour se retrouver… à Monaco (2016/17, Jeep ELITE) qu’il décrit comme « un véritable arsenal ». L’ASM cherchait un dernier joueur pour compléter son effectif en vue de la pré-saison à Bormio, charmante station de Lombardie. Son agent avait glissé son nom dans les oreilles du staff monégasque. Une opportunité qu’il saisissait, sa période d’essai d’un mois se transformait alors en contrat ferme d’un an dans un des effectifs les plus clinquants du championnat. Inimaginable après une saison sans temps de jeu chez le dernier de la classe de l’antichambre. Sur de courtes séquences (11 minutes), Rigot répondait présent aux missions données par Zvezdan Mitrovic. Pas assez cependant pour se faire une idée réelle de son niveau de jeu. Direction alors Antibes, à quelques encablures du Rocher, tout juste promu dans l’élite.

Avant Évreux, il y eut quatre maillots professionnels (photos : Sébastien Grasset)

Sur les bords de la Baie des Anges, le Français connaît deux saisons contrastées : « La première saison était correcte mais rythmée par des blessures ce qui m’a freiné dans mon élan. Donc j’avais à coeur de faire une belle deuxième saison, j’avais les crocs. Mais pour certaines raisons, je n’étais plus vraiment dans les plans du club. On était trois sur le poste d’ailier et moi j’étais la dernière roue du carrosse. J’étais encore sous contrat donc c’était compliqué de partir et comme j’avais les dents qui raillaient le parquet je voulais à tout prix m’imposer. La saison a été difficile collectivement (relégation en Pro B, ndlr). Il n’y a jamais eu de remise en cause de la part du staff à mon sujet… jusqu’à l’arrivée de Nikola Antic. Il a commencé à me faire jouer et à me donner un rôle plus important dans les derniers matchs de la saison. Il voulait un joueur qui soit dans l’effort, qui exécutait ce qu’on lui demandait tout simplement. Et c’est ce qui m’a permis de reprendre de la confiance et du plaisir en cette fin de saison. »

Parmi les 10 meilleurs joueurs de la Pro B

Le désormais ex-requin, en quête de plus grandes responsabilités, passe à l’offensive et largue les amarres pour la Pro B sous les couleurs de l’ALM Évreux avec la ferme intention de tout dévorer sur son passage. Si collectivement les débuts sont compliqués avec aucune victoire en préparation, une seule en Leaders Cup, l’ancien pensionnaire du Centre Fédéral pointe le bout de son nez à la fenêtre. Sur les quatre rencontres de cette compétition, l’ailier tourne à 19,5 d’évaluation (15,5 points à 61% aux tirs dont 63% à 3-points, 5,8 rebonds, 1,8 passe et 1,5 interception). De quoi déjà deviner dans quel état d’esprit est le joueur à l’aube du championnat. Dans la continuité de son excellent début de saison, l’ancien international tricolore (U16 à U18) va réaliser quelques cartons comme face à Poitiers lors de la 3e journée (20 points à 100% aux tirs pour 31 d’évaluation) ou encore contre Fos-sur-Mer lors de la 9e journée où il réalise la performance de la saison, à savoir un triple double (12 points à 80% aux tirs, 12 rebonds, 10 passes pour 35 d’évaluation). « Je ne m’y attendais pas du tout et personne ne m’a rien dit sur le banc en fin de match d’autant que la partie était super serrée. Mais à un moment en 2e mi-temps je me suis dit que j’avais pris beaucoup de rebonds déjà, limite j’en avais captés 15. En fin de match, lors du tour d’honneur, un supporter me félicite pour mon triple double mais j’y prête pas attention. Parce que pour moi un triple double ce ne sont que les gars en NBA qui font ça. En tout cas, cette ligne de statistique est à l’image de ma mentalité cette saison, à savoir être actif partout. »

paul-rigot---1587933214.jpeg Charles Abouo et les Provençaux n’avaient pu empêcher le triple double, un soir de décembre, du go-to-guy de l’ALM (photo : Sabine De Leest) 

Polyvalent justement, joueur « smart » préférant voir le jeu venir à lui et ainsi prendre les meilleures décisions possibles, Paul Rigot est en quelque sorte un Monsieur Propre, « ah j’aime beaucoup » en sourit-il, en témoigne son adresse cette saison (61% à 2-points et 47% à 3-points) et son évaluation (16,6) bien supérieure à sa moyenne de points (12,2), faisant de lui le 10e meilleur joueur du championnat, le 3e chez les Français (derrière Stéphane Gombaud et Jean-Victor Traoré). Il a su également élargir sa panoplie en se montrant décisif à plusieurs reprises dans les fins de matchs. Un défi supplémentaire qu’il n’avait pas eu la chance de connaître dans sa carrière professionnelle. « C’était naturel de prendre mes responsabilités car ça allait dans le sens du jeu. Être clutch en fin de match ce n’est pas forcément mettre des tirs, c’est aussi driver ou faire des actions qui amènent du positif. Par exemple à Saint-Quentin, j’ai réalisé un de mes plus mauvais matchs en terme d’adresse (33%, ndlr). Mais j’étais content de ma performance parce que j’ai servi ce jour-là à ce que Jerrold Brooks brille et nous fasse gagner aussi. »

Dans la lignée des Konaté, Pinault, Bouquet ?

Mais le hic, c’est que le club normand fait les montagnes russes sur le plan sportif avant de connaître une période délicate entre la mi-décembre et la mi-janvier ; un seul succès en six matchs. Puis un mois de février catastrophique toujours sur le plan comptable qui entraînera le renvoi de Fabrice Lefrançois qu’il avoue « avoir un peu mal vécu ». Deux facteurs expliquent ces séries négatives selon lui ; la défense tout d’abord, la plus perméable de la division avec 87 points encaissés en moyenne. « Quand on regarde certains résultats, on a prouvé qu’on était capable de défendre. On avait une équipe avec beaucoup de talent offensif mais on était focalisé dessus, peut être un peu trop. Et la défense c’est de l’envie, c’est se mettre le cul par terre. Il y a de la technique bien sûr mais si tu veux pas te faire passer, tu fais en sorte de pas l’être. On comptait un peu sur les autres pour combler les trous et ce n’était pas une bonne stratégie. Et certains ne se donnaient pas toujours à 100%, ne se remettaient pas en cause. » Ce qui se traduisait par une perte de confiance dans l’équipe, le second facteur. « À un moment c’était compliqué de trouver une solution pour remotiver les gars. Et je trouve que Neno Asceric a su remobiliser l’équipe. Il nous a remis la tête à l’endroit et ça été bénéfique. » Alors s’il est compliqué de juger sur la durée, les deux matchs du technicien serbo-autrichien arrivé fin février à la tête du club normand, avaient prouvé le fameux « choc psychologique » avec deux succès. Permettant à ce moment à Évreux de respirer un peu en bas de classement avant l’arrêt du championnat (15e). Côté positif, « Racks » reconnaît qu’il était « super agréable de jouer dans un système avec de l’intelligence de jeu. Et que pour Neno Asceric, on était la meilleure équipe offensive, et de loin, du championnat. »

paul-rigot---1587933441.jpeg À l’image de Grismay Paumier, en arrière plan, le Sarthois aspire à faire le grand saut pour la Jeep ELITE dès cet été (photo : Sabine De Leest)

La saison terminée, logiquement le Sarthois se tourne vers l’avenir. Un avenir qu’il voit en Jeep ELITE dès la saison prochaine après un one shot en Pro B. « De toute manière le club connaissait mes intentions dès le départ. J’ai essayé de leur rendre la pareille au maximum, tout en prenant beaucoup de plaisir à évoluer dans ce club. Même si Neno, un coach que j’apprécie, m’a proposé de prolonger, je ne me vois pas rester ici. Ma priorité c’est la Jeep ELITE. L’étranger plus tard ? Bien sûr comme tout compétiteur ! Mais j’ai vraiment envie de m’imposer d’abord à l’étage supérieur avant d’entrevoir plus. » L’ALM verrait ainsi un nouveau joueur français pousser les portes de l’élite du basket français à l’image dernièrement des Lahaou Konaté, Bastien Pinault, Damien Bouquet sans oublier non plus Steeve Ho You Fat ou Pierre-Etienne Drouault. « L’environnement est très appréciable avec un super public et une ville qui vit pour le basket bien qu’il n’y ait pas de gros moyens financiers ici. C’est bien pour un jeune basketteur de venir dans ce club, je le recommande. Quand je vois un gars comme Mathis Dossou-Yovo qui a quitté Chalon pour Évreux, il a fait le bon choix pour moi. » Bref, une belle liste de joueurs JFL qui commencerait à s’allonger sérieusement sur les bords de l’Iton. Alors Evreux, the place to be pour (re)lancer sa carrière de basketteur ?

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