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[Reportage] « Une équipe de G-League » : au coeur de LyonSO, le club satellite de l’ASVEL

Promu en Nationale 1 cet été, LyonSO est devenu le « club satellite » de l’ASVEL. Un partenariat multiforme, qui va au-delà du sportif mais qui, pour l'instant, n'est pas de nature économique. BeBasket est s'est rendu à Pierre-Bénite, où est hébergé LyonSO, à la découverte de ce nouveau club désireux d'avoir un rayonnement régional.
Crédit photo : LyonSO

Depuis que Tony Parker est le président et actionnaire majoritaire de l’ASVEL, en 2014, la formation est devenue un enjeu central du projet ASVEL. Avec les schémas de formation des pays d’Europe de l’Est comme modèle, Lyon-Villeurbanne a ouvert la Tony Parker Adéquat Academy en octobre 2019, dans le quartier de Gerland à Lyon. Une sorte de campus américain où le basket est l’une des disciplines pratiquées parmi tant d’autres. La musique, le e-sport et les échecs y sont aussi proposés. Fabrique de talents, référence en Seine-et-Marne, le club de basketball de Marne-la-Vallée a noué un partenariat avec l’ASVEL, en pré-formation. Matthew Strazel et Killian Malwaya, par exemple, ont fait la navette entre l’Île-de-France et le Rhône. Basé à trois kilomètres à vol d’oiseau de l’académie, LyonSO est récemment devenu le « club satellite » de l’ASVEL. Présentée par TP comme une équipe de « G-League », elle permet notamment aux Espoirs de l’ASVEL de faire leurs premiers pas chez les professionnels.

Il est à peine 17 h 30, en cette soirée du samedi 8 avril. Le speaker n’est pas encore en place, le réceptif VIP est peine installé mais eux, sont là. Les écouteurs vissés sur les oreilles, Elwin Ndjock et Victor Diallo – deux des trois anciens Espoirs de l’ASVEL -, ont déjà commencé à tâter le ballon. Sans Kévin Kokila, blessé à la cheville pour la réception du CEP Lorient, ils ont enchaîné fade away, tirs après sortie d’écran, lancers francs, catch and shoot… Quand sous les coups de 18 h 30, les Lorientais sortaient du bus, Anthony Brossard, l’assistant coach, débarquait des vestiaires pour aller prendre les rebonds de ses deux protégés. Une ambiance studieuse à la Canopée qui n’est pas sans rappeler la Tony Parker Adéquat Académy dans laquelle ils ont tous les quatre évolués ces dernières années. « Elwin, Victor, Kévin et Anthony sont la face immergée de l’iceberg », résume l’actuel general manager de LyonSO, Sami Driss, à propos du partenariat avec l’ASVEL.

Comme ici face à Caen en playoffs, la Canopée est très souvent remplie. (photo : Hugo Charles / LyonSO)

En quête d’une première expérience professionnelle après leur doublé championnat – Trophée du Futur, Ndjock, Kokila et Diallo ont été les premiers à faire la navette entre l’ASVEL et LyonSO. Toujours salarié à l’ASVEL, en charge du développement individuel à LyonSO, Anthony Brossard est l’intermédiaire idéal entre les deux structures. Il aide les « ASVELliens » mais aussi Théo Rey, sorti de la JL Bourg, ou Hugo Colas, produit de la formation lyonnaise, à poursuivre leur développement.

« Je les encadre individuellement sur les séances du matin et sur les séances collectives, j’ai un rôle d’assistant coach », précise Anthony Brossard.« Il y a pas mal de points communs avec le métier d’entraîneur en centre de formation et c’est ce qui rend ce projet passionnant. Bosser à LyonSO m’apporte aussi un recul d’expérience sur ce qu’est un jeune à sa sortie de centre de formation. Je garde en tête mon vécu ici et je l’utiliserai pour le futur. » Il pourra d’ailleurs le mettre en application à la rentrée prochaine car il coachera de nouveau les U21 de l’ASVEL, suite au départ de Pierre Parker pour les États-Unis.

« LyonSO et l’ASVEL, c’est finalement le même club »

« Le but, c’est que nos jeunes soient concentrés sur leur progression, que les structures soient des lieux d’accueil, d’entraînements, de perfectionnement », énumère Pierre Grall, président de l’association de l’ASVEL depuis 2019, et directeur des opérations basket du club rhodanien entre 2005 et 2011. « LyonSO et l’ASVEL, c’est finalement le même club. Tony Parker est intervenu auprès de l’équipe professionnelle pour expliquer que LyonSO était une équipe de type G-League. Ça été compris de tout le monde. »

Elwin Ndjock en est la parfaite illustration : l’arrière / ailier lyonnais bénéficie d’une licence AS, qui lui permet d’évoluer à la fois avec les professionnels de l’ASVEL et LyonSO. Un peu comme la connexion entre la franchise NBA et son équipe de G-League. On y revient. Concernant Ndjock, il a d’abord fait l’ensemble de la préparation avec le groupe de T.J. Parker, avant de faire trois apparitions en Betclic ÉLITE. « C’est une continuité avec nos années à l’ASVEL », explique Victor Diallo qui est prêté à LyonSO, contrairement à Kévin Kokila qui y a signé son premier contrat professionnel. « On est encore dans le cocon, toujours dans la même ville. » Enfin, pas vraiment… Même quelques mois après, l’anecdote fait encore sourire dans les bureaux : quand Tony Parker a commencé à s’investir dans le projet, il se demandait dans quel arrondissement était basé LyonSO… Raté !

Un rayonnement sur le sud-ouest lyonnais

Ne cherchez pas du côté de Lyon, ni à Villleurbanne mais bien à Pierre-Bénite. Une commune de plus de 10 000 habitants qui abrite le nouveau club satellite de l’ASVEL. C’est au milieu d’habitations, dans un gymnase municipal, niché entre un collège et un centre hospitalier, que LyonSO s’est établi. Enceinte avec parquet reluisant, terrain annexe, salle de musculation bien équipée, vestiaires flambant neufs… Peu de promus peuvent se targuer d’avoir de telles infrastructures en NM1. Les bureaux, juxtaposés à l’entrée joueurs, sont encore en préfabriqués. Comme si LyonSO avait grandi un peu trop vite… Sortie de terre en 2020 mais déjà trop petite, La Canopée ne peut accueillir que 1 200 personnes. De cette salle, justement, s’y dégage une ambiance jeune et familiale. Des bénévoles au public en passant par la musique. Un univers différent, plus décomplexé qu’à l’ASVEL, qui fait l’identité de LyonSO.

Passés par l’ASVEL, Victor Diallo, Anthony Brossard, Elwin Ndjock et Kévin Kokila sont la « face immergé de l’iceberg » (photo : Hugo Charles / LyonSO).

Ce club 100% masculin a longtemps voulu proposer un modèle alternatif pour coexister avec la locomotive villeurbannaise. Présenté comme un club d’élite dans le sud-ouest lyonnais, LyonSO est le fruit d’une mutualisation des moyens de cinq clubs (Oullins Sainte Foy Basket, l’USM Pierre Bénite, Saint Genis Oullins Sainte Foy Féminin, Bale Saint Genis Laval et Tassin-Ecully), initiée en 2015-2016. Il s’agit là d’une coopération territoriale de clubs (CTC) de 1 300 licenciés et non d’une fusion. Dit autrement, chacune des entités garde une certaine autonomie. En plus de Sami Driss en qualité des general manager, LyonSO peut compter sur Karim Zaza comme directeur sportif.

« On ne deviendra jamais l’ASVEL »

« On n’a pas peur de se faire avaler par l’ASVEL », indique Sami Driss, par ailleurs ancien joueur professionnel entre 2000 et 2016 et reconverti dans l’ingénierie d’affaires puis chasseur de tête dans un cabinet de recrutement, avant de revenir au basket. « On est indépendants, on fonctionne bien avec l’ASVEL, qui est contente « un club à disposition ». Les dirigeants ont suffisamment à faire avec l’EuroLeague. Il n’y a pas de volonté d’être intrusif dans un club de NM1 : la relation est saine. Lyon-Villeurbanne nous apporte une vraie dimension mais on ne deviendra jamais l’ASVEL. » Avant d’évoquer la dimension régionale, fondamentale pour Lyon SO : « On veut proposer aux jeunes du sud-ouest lyonnais et de la région la possibilité de faire du basket au meilleur niveau possible. On fait participer les communes à notre projet, on souhaite devenir un acteur majeur du basket lyonnais. Et du basket français, avec notre équipe professionnelle. »

Ancien joueur professionnel, passé par LyonSO, Sami Driss est l’une des têtes pensantes du projet lyonnais (photo : Théo Quintard / BeBasket).

Promu en NM1 grâce à une wildcard l’été dernier, LyonSO réalise une saison de très bonne facture. Qualifiés pour la poule haute de Nationale 1, les hommes de Moat Rhennam ont toutefois vécu une deuxième phase plus compliquée, avant d’arracher le match aller des 1/8e de finale de playoffs contre Caen (81-77), dimanche. « On sait qu’il n’y aura pas la même énergie, ni le même effet de nouveauté la saison prochaine. On y sera vigilant », promet le président de LyonSO, Hervé Piquet-Gauthier, qui n’a pas ménagé ses efforts pour structurer son club à l’intersaison. « De tout ce que j’ai vu, on est dans le top 5 des structures de NM1 hors basket car en dehors du staff sportif, on a huit personnes salariées à temps plein. »

Accélérateur de croissance, ce partenariat avec l’ASVEL permet à LyonSO d’ambitionner rejoindre la Pro B à moyen terme. Aucun cap n’est fixé par la direction mais l’envie de monter le plus vite possible est bel et bien présente. « On a une structure lourde financièrement mais à partir d’1,3 million d’euros, on pourra commencer à discuter de montée », expose Hervé Piquet-Gauthier, qui a vu le budget pour son équipe professionnelle passer de 500 000 euros au million à l’inter-saison. « On a de l’avance car on est à 90% sur fonds privés, soit plus de 800 000 euros mais il faut continuer à capitaliser dessus. »

Attaché à son indépendance, désireux d’avancer, LyonSO aurait bien besoin d’un petit coup de pouce financier de l’ASVEL. Tony Parker avait d’ailleurs annoncé en juin 2021, dans les colonnes du Progrès, qu’il voulait intégrer le capital de LyonSO à hauteur de 30%. Problème : l’ancien meneur des Bleus ne peut pas avoir des parts dans les deux clubs. C’est juridiquement impossible. Avec Tony Parker à la baguette, même les mariages a priori proscrits deviennent possibles.

Pour l’heure, ce partenariat entre grand européen et petit du sud-ouest lyonnais se résume donc un transfert de compétences, à une simple mutualisation des moyens. Signataires d’une convention de trois ans (la durée maximale), les deux entités ont mis en place un comité de pilotage en septembre où se réunissent une fois par mois Nordine Ghrib, Pierre Grall et Anthony Brossard côté ASVEL et Hervé Piquet-Gauthier, Sami Driss et Karim Zaza côté LyonSO.

Des Espoirs de l’ASVEL déjà impliqués à LyonSO :
« Un bel argument de vente pour notre projet »

Un travail de collaboration mené dans les bureaux mais également sur les terrains. « Depuis janvier, on fait des entraînements en commun entre LyonSO et l’Académie, ici ou là-bas », explique Sami Driss, présent dès les fondations du projet, quand François Lamy était GM de l’ASVEL. « C’est un bel argument de vente pour notre projet. Les Espoirs de l’ASVEL viennent à la Canopée une fois par semaine et quand on a des difficultés de créneaux, notamment le dimanche, on va à l’Académie où on a tout ce qu’il faut pour s’entraîner et faire de la récupération. »

Si le partenariat purement sportif à Saint-Chamond n’a jamais été arrêté, l’ASVEL devrait intensifier ses relations avec son club satellite. D’autant que le coach, Moat Rhennam, était déjà désireux d’avoir un à deux jeunes de plus issus de l’ASVEL dès cette année. La réflexion, concernant les futurs académiciens accueillis à LyonSO, est en cours. Des profils comme Killian Malwaya ou Romain Parmentelot sont des possibilités parmi d’autres.

Des joueurs, oui, mais pas seulement… Fabrique de talents, l’Académie forme aussi des coachs en formation BPJEPS. De là à imaginer à ce que l’un d’eux passés par la TPAA prenne un jour la relève ? « Tout est envisageable, il n’y a pas de limite », glisse Sami Driss, même si Moat Rhennam est assuré de continuer l’aventure au moins jusqu’en juin 2023. « La différence entre le monde Espoirs et le monde professionnel en termes d’enjeu, d’implication, de niveau est quand même colossale. Ça n’a rien à voir mais sait-on jamais. »

De notre envoyé spécial, à Pierre-Bénite,

Une identité propre et un public au rendez-vous : LyonSO a réussi sa première en NM1 (photo : Hugo Charles / LyonSO).

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