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[L’œil de coach Soares] Comment le Brésil a réussi l’exploit contre le Canada

Coupe du Monde 2023 - Ancien assistant-coach à Andrézieux-Bouthéon, Pont-de-Chéruy et Vichy, Guillaume Soares décrypte pour nous les moments forts de ce Mondial. Nouveau volet avec un gros plan sur l'incroyable gestion tactique du staff brésilien lors de l'exploit contre le Canada.
[L’œil de coach Soares] Comment le Brésil a réussi l’exploit contre le Canada
Crédit photo : FIBA

Alors que le Brésil est passé tout proche de la correctionnelle au premier tour face à la Côte d’Ivoire, ne menant que de trois points à cinq minutes de la fin du match, personne ne pensait les voir accrocher le Canada. Et pourtant, l’équipe sud-américaine a réussi le hold-up de ce second tour (69-65). Après le chef-d’œuvre de Luca Banchi, retour sur un deuxième coup de cœur : le coaching incroyable de Gustavo Di Conti et son staff.

  • La gestion merveilleuse du chrono

14. C’est le nombre de possessions donné aux Canadiens au cours du premier quart-temps. Aucun tir pris avant que l’horloge n’indique sept secondes ou moins. On avait évoqué avant France-Canada la nécessité de gérer le rythme du match (Vincent Collet l’a d’ailleurs de nouveau évoqué samedi soir, ndlr). Les Brésiliens ont poussé cette règle à l’extrême, ne laissant que 72 possessions aux Canadiens sur l’ensemble du match, eux qui tournent en moyenne à 89 sur les trois premiers matchs.

2. C’est le nombre de contre-attaques joués par les Auriverde au cours de la soirée. Une interception de l’ancien limougeaud Bruno Caboclo qui se permet de finir en coast to coast son action et un trois-contre-un terminé par un lay-up de Vitor Benite, les deux au cours du deuxième quart temps. Tout le reste du match, les Brésiliens ont maîtrisé leur volonté de se projeter vers l’avant.

Gustavo De Conti, le cerveau de l’exploit auriverde (photo : FIBA)

40 minutes sans doute frustrante pour Yago, le meneur de poche, habitué à donner du rythme au match et qui n’a cessé de faire signe à ses partenaires de temporiser. Avec 8 points à 30% au tirs et 0/6 à trois points, il a tout de même distillé 10 passes décisives, son meilleur total sur la compétition et a fini par faire tourner le match à l’avantage de sa sélection.

Mais que dire de la frustration canadienne ? Incapables de trouver du rythme, aucun joueur n’a vraiment semblé à l’aise sur le match. Même Shai Gilgeous-Alexander, MVP potentiel de ce début de Coupe du Monde, qui termine la rencontre avec 23 points à 44,4% aux tirs seulement, dont 2/7 à trois points pour 4 rebonds et seulement 2 passes décisives. Et que penser de la soirée de R.J. Barrett, la deuxième star de l’équipe, qui finit le match à seulement 1/8 aux tirs (le seul panier en toute fin de match). En l’absence de jeu de transition, il est apparu sans solution. Alors que cette même équipe venait de réaliser il y a quelques jours un record du nombre de passes décisives avec 44 face au Liban, elle en a réalisé seulement 10 au cours de la soirée, sans doute un record aussi pour un favori de la compétition.

  • Un ciblage des joueurs poussé à l’extrême

Le staff brésilien savait qu’il fallait prendre des choix radicaux pour réussir à vaincre l’ogre canadien. En utilisant le même système pour du post-up pour Tim Soares tout le premier quart-temps, le Brésil a cassé les velléités d’agressivité défensive du Canada.

Tim Soares en post-up tout le début de match

Ensuite, avec 17 isolations sur le seul Kelly Olynyk, le ciblage en attaque était très clair. Et malgré une défense plutôt correcte (seulement 11 points encaissés sur les 17 possessions), cela a poussé le coach du Canada a finir en very small-ball (5 extérieurs sur le terrain), ce qui a permis à Caboclo (1 post up) et surtout Yago (2 drives) de conclure le match avec brio.

17 possessions en isolation jouées sur Olynyk, faible défenseur
Quelques secondes après, Yago Santos ira marquer le panier de la victoire

Enfin, il fallait tenir le potentiel meilleur joueur de cette Coupe du Monde, Shai Gilgeous-Alexander. Pour cela, le Brésil n’a pas hésité à utiliser tous les joueurs non porteurs pour limiter les couloirs de drive et le forcer à passer la balle ou tirer dans le « mid range » (à deux points en périphérie de la raquette).

La défense sur SGA a été efficace
  • Une cohésion d’équipe

Nous avons évoqué la rupture entre le staff et les joueurs de l’équipe de France qui pourrait sans doute expliquer le manque de structure du jeu de notre équipe. C’est tout le contraire que nous avons vu vendredi soir. Malgré des choix tactiques forts et quelques unités de retard presque tout le long du match, les Brésiliens sont restés solidaires et appliqués sur la stratégie (aucune contre-attaque tentée en deuxième mi-temps !!). Yago a dû freiner ses intentions de jeu, Soares n’a pas eu ses tirs habituels, et Caboclo est resté sur le banc pendant une longue période au quatrième quart-temps. On a même pu voir l’assistant-coach mettre en place une remise en jeu à 10 secondes de la fin du match. Tout un ensemble d’individus ayant le même objectif collectif.

  • La gestion de l’arbitrage

Enfin, coup de chapeau au staff brésilien pour son incroyable sans froid face à deux décisions dans la dernière minute. Alors que Bruno Caboclo avait écopé d’une anti-sportive sévère au cours du deuxième quart temps pour un coup involontaire sur le visage de Kelly Olynyk, il n’a lui obtenu qu’une faute simple alors que Dillon Brooks semblait l’avoir percuté au visage, en retard.

De même, lors d’un changement de décision suite à l’utilisation de la vidéo : sur une bataille au rebond défensif à moins de deux minutes de la fin du match, la balle est donnée aux Brésiliens. Et malgré la fin de l’horloge des 24 secondes, le ballon va revenir après l’usage de la vidéo aux Canadiens, mais en plus avec 14 secondes au chrono, l’arbitre ayant estimé que le Brésilien avait contrôlé le rebond défensif en l’air (??!). Beaucoup de staffs auraient sans doute craqué et subi une faute technique, mais pas eux.

Alors que l’on semblait assister à un non-match en première mi-temps, le Brésil a fini par faire plier l’ogre canadien petit à petit, et a réalisé un hold-up incroyable. Et bien que les Indonésiens semblaient conquis au départ par les stars NBA du Canada, ils ont été enchantés par cette équipe solidaire et appliquée, et ont fini par encourager les dernières défenses des héros du soir. C’était sans doute le plus beau clin d’œil à la devise de ce mondial « Win for all ». Magique.

Les précédentes chroniques tactiques de Guillaume Soares :

  1. Pourquoi l’équipe de France est-elle défaillante aux rebonds défensifs ?
  2. Les clés du choc face au Canada
  3. Comment la France a explosé face au Canada
  4. Les clés du match couperet face à la Lettonie
  5. Comment expliquer l’effondrement des Bleus face à la Lettonie ?
  6. Le chef-d’oeuvre de Luca Banchi face à l’Espagne

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