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ITW Siriman Kanouté, un vice-champion du monde à Nancy

Il y a presque un an, les Aiglons du Mali devenaient la première équipe africaine à atteindre la finale d’une compétition mondiale FIBA ! Les U19 entraient définitivement dans l’histoire, le Mali devenant le premier pays africain à atteindre ce niveau, toutes catégories confondues. Nous avons retrouvé leur meneur de jeu, Siriman Kanoute (1,80 m, 18 ans), qui évolue aujourd’hui du côté de Nancy. De nouveau sur pied après avoir été victime d’une rupture des ligaments croisés du genou, la nouvelle pépite du basket africain revient sur cet incroyable exploit et se projette aussi sur son avenir que l’on prédit très prometteur… L’Aiglon veut prendre son envol, essayons de le suivre !

Juillet 2019, le Mali crée la sensation de la Coupe du Monde FIBA des moins de 19 ans en affrontant les Etats-Unis en finale. Quels souvenirs gardes-tu de cette compétition qui t’a révélé au monde entier ?

S.K.: Ce que je retiens surtout c’est qu’un pays africain, en l’occurrence le Mali, arrive à battre le Canada, le champion du monde en titre. Ça se passe au premier tour, on gagne d’un point (71-70). C’est vraiment mon meilleur souvenir.

Le Mali, champion d’Afrique en U16 et U18 (avec un titre de MVP à chaque fois pour Siriman), et donc vice-champion du monde FIBA U19 l’an passé, possède une fabuleuse génération. Comment l’expliques-tu ?

S.K.: Notre génération a eu beaucoup de chance. Nous avions chacun des expériences différentes, tous répartis aux quatre coins du globe dans des compétitions différentes elles aussi. Notre force a consisté à partager ensemble et former un groupe très solidaire. N’oublions pas cependant que nous avons aussi commencé presque tous ensemble le basket à la même période. Cela offre de nombreux acquis.

« Je pense que je possède des qualités plutôt rares chez les jeunes »

La France en demi (11 points et 6 passes décisives), les Etats-Unis en finale (16 points), toi le meneur titulaire, tu devais être très ciblé. Comment as-tu géré cette pression, sachant que tu avais un an de moins que la majorité des joueurs de cette compétition (il est né en 2001) ?

S.K.: Je me suis toujours senti prêt à affronter la pression. Je me suis toujours persuadé que si je voulais atteindre un certain niveau, il fallait que je sois toujours le plus fort mentalement, physiquement et psychologiquement. Du coup, je n’avais aucune pression, la compétition restait du basket.

Tu as été élu dans le meilleur cinq de la compétition avec ton compatriote Oumar Ballo, aux côtés des Américains Reggie Perry (MVP), Tyrese Haliburton et du Français Joel Ayayi. Tous ces joueurs sont de potentiels premiers tours de Draft NBA. Comment te situes-tu par rapport aux meilleurs meneurs de ta génération ?

S.K.: Il est difficile de parler de soi et de se comparer… En toute humilité, je pense que je possède des qualités plutôt rares chez les jeunes de mon âge. Ce sont ces qualités que j’essaye de mettre en valeur. Quant à mes défauts, je les travaille depuis longtemps, histoire de les gommer un maximum, comme mon tir longue distance.

Un an auparavant, tu t’étais déjà fait repérer en enchainant le titre Africain U18 où tu finis MVP et une première Coupe du Monde U17 où tu marques 37 points (accompagnés de 6 rebonds et 5 passes), et deviens le 4e meilleur marqueur sur un match de l’histoire de cette compétition, lors de la défaite contre la Serbie (89–77). Etait-ce l’année du déclic pour toi ?

S.K.: Oui, je finis d’ailleurs meilleur scoreur de la compétition mondiale (24,6 points de moyenne) et deuxième intercepteur avec 3,9 ballons volés par match. On retient effectivement mes 37 points marqués contre la Serbie, mais je m’en veux. D’abord parce qu’on a perdu et surtout parce que je me sens comme celui qui a « trahi » ses coéquipiers, sa sélection. C’est une performance individuelle historique, mais je suis sorti pour cinq fautes en fin de troisième quart-temps, début de quatrième. Et ça, je suis impardonnable, parce que je sentais que je pouvais encore bien plus apporter à l’équipe…

Es-tu en contacts réguliers avec les joueurs de cette équipe historique, même si vous êtes tous plus ou moins éparpillés à travers la planète ? Quelle est la prochaine compétition que vous allez jouer ensemble ?

S.K.: Oui bien sûr on reste en contact le plus souvent possible. La prochaine compétition se jouera avec l’équipe première. Avec les séniors, nous voulons une fois encore, entrer dans l’histoire du basketball africain, et pourquoi pas réaliser de nouveaux exploits au niveau mondial.

Quand tu débarques à Nancy après cet exploit, comment as-tu perçu le regard du club à ton égard ? T’étais une star, un jeune comme les autres, un potentiel plus qu’interessant ? Le contraste n’est-il pas trop difficile à vivre entre ton pays où tu es adulé et la France où tu es anonyme ?

S.K.:  C’est ce qui a été le plus frustrant pour moi, car je suis revenu blessé. Je voulais absolument apporter quelque chose à mon équipe qui a fait beaucoup d’efforts pour moi et mon compatriote Mohamed Sidibe. Malheureusement, je n’ai pas pu jouer cette année.

« Ce n’est jamais évident de faire jouer un jeune comme étranger »

L’acclimatation à l’Europe s’est-elle déroulée en douceur pour toi ? Qui t’entoure aujourd’hui, qui te conseille ?

S.K.: Depuis que je suis arrivé en France, j’ai la chance d’être conseillé par des personnes expérimentées dans le monde du sport. Je pense particulièrement à Sylvain Lautié (directeur technique national du Mali, NDLR) qui me suis depuis que j’ai onze ans. Il m’a beaucoup aidé à m’adapter, à me cultiver et à travailler (surtout mes défauts !) Je viens aussi de signer avec l’agence AK Sports Management qui va gérer ma carrière. J’aime leur façon de travailler, très proche des joueurs et joueuses, leur motivation et leur vision sur des projets à longs termes.

Tu as délibérément choisi une progression « step by step » et on te retrouve aujourd’hui à Nancy. Comment envisages-tu la prochaine saison avec le SLUC, entrainement avec les pros + l’équipe Espoirs évoluant en Nationale 3… Quels sont tes objectifs à court terme ?

S.K.: La saison prochaine va être une saison un peu particulière. Comme vous le savez, ce n’est jamais évident de faire jouer un jeune comme étranger. Il me reste un an avant d’être JFL (Joueur Formé Localement). Je vais donc m’entraîner avec les pros et jouer avec les espoirs l’année prochaine. Même si je ne joue pas avec les pros, croyez-moi, chaque entrainement, je le considèrerai comme un match !

Contre l’Australie à la Coupe du Monde U19 2019, il avait cumulé 22 points et 10 passes décisives mais le Mali s’était incliné 82-79 (photo : FIBA)

Le fait que tu sois joueur JFL en 2021/22, change-t-il ta manière d’appréhender ta carrière ? T’es-tu fixé de jouer très vite en Pro B voire Jeep Elite ?

S.K.: Oui, bien sûr, être JFL sera un avantage. Jusqu’à aujourd’hui, comme tous les jeunes performants, je pensais pouvoir jouer. Il est hors de question que je baisse les bras, ça devrait bien se passer cette saison.

Parmi tes qualités, on peut citer ta vitesse et ta percussion qui te permettent, entre autre, d’être un fort scoreur. Tu as aussi des fondamentaux solides et une grande confiance pour ton âge, sans oublier ta lecture de jeu et ton talent de passeur… Mais quels domaines dois-tu travailler pour passer le cap du niveau professionnel ?

S.K.:  Même si tu as de nombreuses qualités, il est fondamental de les travailler sans cesse pour les améliorer. Je dois encore beaucoup m’améliorer sur mon tir extérieur. J’y travaille quotidiennement.

« Beaucoup d’universités américaines m’ont sollicité »

As-tu des modèles, des joueurs qui t’inspirent, lesquels et pourquoi ? As-tu visionné The Last Dance ?

S.K.: Oui, j’ai regardé The Last Dance. Jordan est le meilleur. Mais je ne peux pas dire que j’ai vraiment un modèle. Ma meilleure inspiration, c’est moi-même ! Il faut croire en toi, c’est comme cela que tu progresses. Du moins, c’est ma façon de voir…

Es-tu régulièrement observé et sollicité par des scouts américains du fait de tes performances au niveau international ?

S.K.: Oui, bien sûr. Beaucoup de « colleges » (universités) américains m’ont sollicité, d’autres ligues, d’autres pays aussi. Je garde cela pour moi, je me concentre sur Nancy.

La NBA est-elle un objectif pour toi ? Quels moyens te donnes-tu de pouvoir l’atteindre sachant que tu es éligible jusqu’en 2023 ?

S.K.: Comme pour de nombreux jeunes joueurs, la NBA est évidemment un objectif. Je ferai tout pour y arriver. Je suis bien conscient que les places y sont très chères, et qu’il y a très peu de choix de Draft. Si tu n’es pas pris, cela ne signifie pas que tu es nul. Il existe de nombreux pays où le championnat est performant, en France, en Europe…

Et aussi potentiellement la Basketball Africa League qui devait lancer sa saison inaugurale cette année. Aimerais-tu y jouer un jour ?

S.K.: C’est une excellente initiative. J’étais, sincèrement et du fond du coeur, très heureux de l’ouverture de cette ligue. Pourquoi pas y jouer un jour pour le développement de mon continent, aider à développer encore plus le basketball africain. Avec l’ouverture à quelques joueurs étrangers, ce sera une ligue très compétitive !

Ton père Séga, membre de la fédération malienne et entraineur, te laisse-t-il carte blanche dans le choix de diriger ta carrière ? Que te conseille-t-il ?

S.K.: Mon père possède beaucoup d’expérience. Il fut l’un des meilleurs joueurs africains pendant longtemps, disputant de nombreuses compétitions internationales. Il est dirigeant, entraineur, il détient un maximum de connaissances basket même s’il maîtrise moins l’Europe. Nous échangeons beaucoup et son expérience m’est très précieuse. Il me conseille dans mes choix et si à la fin, ce n’est pas forcément lui qui choisit, au moins on aura peser le pour et le contre ensemble.

En dehors du basket, quelles sont tes passions ? T’en es-tu trouvé de nouvelles pendant le confinement ?

S.K.: En dehors du basket, j’aime surtout passer du temps en famille, être tous ensemble quand cela est possible. J’adore la musique, les vêtements, les voitures et la bonne nourriture. Je kiffe trop la vie ! (éclats de rires) 

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