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La comète Bilal Coulibaly, aux origines du nouveau phénomène

Betclic ÉLITE - Encore totalement inconnu du grand public début 2022, jamais apparu sur la scène professionnelle avant cette saison, Bilal Coulibaly sera pourtant l'une des attractions de la finale du championnat de France avec les Metropolitans 92. Le Francilien apparaît même dans le Top 15 des prévisions de la future draft NBA. Ceux qui l'ont côtoyé, depuis ses débuts à Courbevoie, retracent son ascension.
La comète Bilal Coulibaly, aux origines du nouveau phénomène
Crédit photo : Laurent Staskiewicz

Bilal Coulibaly sort-il de nulle part ? Si l’on se fie à la jurisprudence Twitter, oui. À l’heure des compilations vidéos incessantes, parfois dès le plus jeune âge, le Fancilien a dû attendre octobre 2021 avant d’être mentionné pour la première fois sur le réseau social. Et encore, c’était par le compte officiel des Metropolitans 92, tout ça parce qu’il avait marqué 12 points en Espoirs contre… Monaco. À titre de comparaison, le nom de son coéquipier Victor Wembanyama est apparu dans la presse dès avril 2014, lors de ses premiers exploits au Mondial mini-basket de Bourbourg. L’ailier de 18 ans a ainsi longtemps été un secret d’initiés, le best kept secret du championnat de France. « On ne pouvait pas le rater, son talent sautait aux yeux », clame pourtant son mentor, Manuel de Carvalho, directeur technique du club de Courbevoie, là où le minot a démarré le basket à l’âge de 10 ans, d’abord en loisirs. « Il n’était pas grand donc il est passé sous les radars. Mais il suffisait juste d’ouvrir les yeux… »

Bilal Coulibaly, à l’extrémité gauche, avec Courbevoie en mars 2017 (photo : Manu de Carvalho)

« En U15 Région, il a failli arrêter le basket »

Baby face Bilal

Loin des regards, pendant trois saisons, de ses 11 à 13 ans, le coach francilien façonne le petit Bilal. « Il y avait tout à construire chez lui », se souvient-il. « Après, il avait un vrai profil : des grands pieds et des grands bras. Il était très fin mais tellement talentueux, le prototype du joueur easy, fluide. » À tel point que le natif de Saint-Cloud, meneur de jeu à l’époque, se fait rapidement un nom dans les Hauts-de-Seine. « En U13, on a gagné tous nos matchs haut la main et c’était trop facile pour lui », ressasse De Carvalho. « Il tournait entre 20 et 30 points de moyenne et il aurait pu en mettre 50 si je ne le challengeais pas à faire un quart-temps complet en dribblant main gauche ou à ne faire que des passes. » Ce qui pourrait être une vraie frustration pour n’importe quel jeune de 13 ans, avant tout désireux de briller… « Mais pas pour lui. Il est très intelligent, il comprend très vite les choses. Il est très rapidement capable de s’adapter. On avait une forme de pédagogie qui amène de la maturité, qui pousse à réfléchir. En plus, il savait que sa faiblesse était sa main gauche. » Maintenant, allez-voir ses trois départs en drive main gauche dimanche à l’Astroballe…

Quand Victor Wembanyama et Bilal Coulibaly étaient champions de France U13 ensemble…

Devenu trop fort pour Courbevoie, Bilal Coulibaly souhaite rejoindre Nanterre en 2017, afin de se rapprocher de Victor Wembanyama et de ses autres amis de la sélection départementale, avec qui il a remporté le TIC U13. Mais le courant passe mal avec le coach lors de son essai. Au contraire de Levallois, ce qui ne l’empêchera pas de traverser des moments très sombres avec les Metropolitans 92, notamment la première année où il ne doit se contenter que des U15 Région, ou la deuxième, qu’il traverse comme une ombre U15 France (4,6 points de moyenne)… « Il a failli arrêter le basket », révèle Manu de Carvalho. « Levallois n’a pas été loin de le perdre. Il a très mal vécu son année en région, où on ne lui faisait faire que des passes. Il s’est accroché mais en U17, il s’est de nouveau posé des questions sur son envie de continuer car il n’était pas assez exploité. » Il ne faut pas non plus s’imaginer le Bilal Coulibaly d’aujourd’hui, avec ses 200 centimètres de qualités athlétiques. À l’époque, « c’était une crevette », sourit Philippe Sudre, le responsable du centre de formation de Boulogne-Levallois, arrivé au club lorsqu’il est passé U18. « Il a eu des soucis pour s’imposer physiquement, c’était difficile pour lui de s’exprimer. Il avait loupé les tests pour rentrer au Pôle, je pense qu’il était déçu de son truc. »

Le tournant Bronny James

Bilal Coulibaly en janvier 2022 avec les Espoirs des Metropolitans 92 (photo : Lilian Bordron)

Le tournant intervient à l’époque du Covid. À partir de son 16e anniversaire, Bilal Coulibaly subit une forte poussée de croissance, gagnant 16 centimètres pour pratiquement atteindre les 2 mètres, devenant de fait beaucoup mieux armé pour les joutes franciliennes et bascule à l’aile. Mais cela ne va pas sans certains tracas : des douleurs récurrentes au dos, des problèmes de vitamine avec une carence en fer, etc. Par conséquent, avec le coronavirus en plus, entre 2019 et 2021, le futur NBAer ne dispute que trois matchs en U18. « On a pris notre temps, on n’a rien forcé », retrace Philippe Sudre. « Il avait des protocoles à suivre. Il a tellement grandi d’un coup que c’était difficile de le faire jouer. » Mais quand il obtient le feu vert, l’Altoséquanais libère ses frustrations : 23,9 points de moyenne avec les cadets l’an dernier et des premiers pas intéressants avec les Espoirs (11,8 points à 45%, 4,7 rebonds et 1,8 passe décisive).

Pour la révélation au grand public, il faudra attendre l’été 2022. D’abord MVP du tournoi international de Bellegarde-sur-Valserine, puis appelé pour la première fois en équipe de France juniors, Bilal Coulibaly explose véritablement le 15 août. Ce jour-là, les caméras d’ESPN sont à Nanterre pour ne rien rater des exploits de Bronny James. Mais au lieu du fils de LeBron, c’est le jeune tricolore qui crève l’écran en mondovision, auteur de 26 points et élu MVP de la rencontre. « C’est là où tout a explosé, où la hype a démarré », pointe Manu de Carvalho, qui officiait sur le banc de l’équipe Comsport à Maurice-Thorez. « Et encore, nous n’étions pas prêts du tout : un seul entraînement, pas de meneur de jeu, il aurait pu mettre 35 points dans de meilleures conditions. »

Vincent Collet : « Je suis impressionné »

23 septembre 2022 : son premier match en pro à Gravelines ; c’est avec sa défense qu’il gagnera ses premières minutes (photo : Julie Dumélié)

Tout bénéf’ pour l’équipe Espoirs de Boulogne-Levallois, pense-t-on alors… D’autant plus que le club craint qu’il ne soit un peu trop fragile pour le niveau professionnel. « Au début, il était encore tendre », disait Vincent Collet en janvier à Marseille. « Les deux premiers mois, il était sur la retenue, peut-être un peu trop respectueux. Mais depuis début décembre, ce n’est plus un gamin qui s’entraîne avec les pros, il est devenu un vrai joueur. «  Dominant avec les Espoirs (meilleur marqueur du championnat), l’ancien de Courbevoie pointe le bout de son nez en Betclic ÉLITE, mais sans faire de bruit : 4 minutes à Gravelines, 6 contre Blois, 7 à Nancy, 3 face à Fos, un seul panier marqué… « Il était un peu frustré, on lui donnait sa chance sans vraiment lui faire confiance », se rappelle Ho You Fat. « Il était limite le 12e homme », sourit Lahaou Konaté. Le 17 décembre, à Paris, Vincent Collet le responsabilise (19 minutes) et il assume (4 points, 7 rebonds et 2 interceptions pour 11 d’évaluation). L’art de savoir répondre présent au bon moment… « C’est une éponge qui progresse à chaque sortie donc on était tous persuadé qu’il pouvait avoir un rôle dans l’équipe professionnelle très rapidement », souligne Philippe Sudre, qui perdra son leader Espoirs mi-janvier après deux prestations géantes : 71 points, 20 rebonds et 9 passes décisives pour 81 d’évaluation en cumulé (à Dijon et Fos). « Il a saisi sa chance avec les blessures et c’est là où l’on s’est rendu compte que l’on avait une pépite entre nos mains », se réjouit Konaté.

Qui est Bilal Coulibaly, l’autre pépite des Metropolitans 92 ?

La meilleure « recrue » de la saison pour les Metropolitans 92 ? Bilal Coulibaly joue juste, défend fort, met dedans (45% à trois points) alors que le tir extérieur est très clairement son axe de progression n°1. Très vite, profitant de la formidable plateforme offerte par Victor Wembanyama, il s’impose dans les prévisions de draft, double tous les prospects annoncés, jusqu’à devenir un potentiel lottery pick. « Quand il démarre vraiment avec nous en Betclic ÉLITE, je n’avais aucun doute sur le fait qu’il allait pouvoir gérer », assure Steeve Ho You Fat. « Vu qu’il est bien éduqué, qu’il n’allait pas mettre un coup de pied pour rentrer dans la pièce, il avait juste besoin qu’on lui ouvre la porte. Avec les anciens, on lui a dit de faire avec nous ce qu’il faisait en Espoirs : les mecs en face ne te connaissent pas, ne vont pas s’attendre à ce que tu vas proposer, profites-en ! » De là à adopter une courbe aussi météorique, à porter les Metropolitans 92 sur ses épaules lors de la première mi-temps d’un Match 4 de demi-finale (16 points à 7/12, 2 rebonds et 4 passes décisives à Villeurbanne), à prendre une dimension aussi phénoménale ? Non, évidemment que non… « Bien sûr que je suis surpris », admet Vincent Collet. « Je ne vais pas vous dire que j’attendais ça. Il progresse de semaine en semaine, notamment dans la prise de risque. C’est bluffant. Je ne le regarde pas avec les yeux de Chimène mais je suis impressionné. »

« Il y en a encore trop peu qui réalisent
qu’il mérite d’être dans le Top 5 à la Draft »

On en revient au début : si Victor Wembanyama était programmé pour vivre une telle exposition, Bilal Coulibaly ne l’était pas du tout, lui. Il y a cinq mois, il évoluait encore avec les U21 et n’importe quel individu affirmant qu’il serait une tête d’affiche de la finale du championnat serait certainement passé pour un charlatan. Une telle réussite pourrait faire tourner la tête de n’importe quel gamin de 18 ans. Pas lui, si l’on en croit tous nos interlocuteurs. « Je le vois prendre beaucoup de recul », observe Steeve Ho You Fat. « Il ne bouge pas d’un iota, garde la même attitude, continue de faire ce qu’on lui demande. Après, on s’assure qu’il garde les pieds sur terre. » Comme tous ceux qui le côtoient au quotidien : Vincent Collet a vu passer plus d’un jeune, Manu de Carvalho ne cesse de lui répéter « qu’il est personne et qu’il n’a encore rien fait », son cadre familial est propice avec deux parents éloignés du circuit sportif (un père dans le milieu bancaire et une mère dans le milieu scolaire), ses coéquipiers U13 qui restent ses amis les plus proches… « Il est intelligent, humble, volontaire, besogneux et travailleur : on peut le bousculer, il ne dira rien », résume De Carvalho.

En moins d’un an, Bilal Coulibaly s’est fait un nom (photo : Lilian Bordron)

De toute façon, Bilal Coulibaly se rend-il réellement compte de ce qu’il peut faire ? En février, Victor Wembanyama suggérait que non. « Il a un clairement un profil NBA. Nous, on sait très bien qui est Bilal, on connait presque plus son potentiel qu’il ne le connait lui-même. » Dans le train ramenant la délégation francilienne vers Paris dimanche soir, le futur Spur a même tweeté en anglais que son pote mériterait d’être dans le Top 5 de la future draft. Évoquant l’humilité de son jeune coéquipier, Steeve Ho You Fat rigole en racontant l’anecdote de son premier entraînement avec le groupe professionnel l’année dernière. « D’habitude, quand des Espoirs débarquent, on doit leur réexpliquer plusieurs fois les choses. Et cela ne les empêche pas de se tromper. Lui, on a tout montré une fois et il a appliqué les consignes à la perfection. Il a été tellement efficace qu’il a même fait galérer quelques pros. Ça m’a de suite surpris alors je suis allé le voir : « Tu sais que t’es fort ? » Il ne répond rien, mais rigole un peu. J’insiste : « Non mais tu te rends compte ? ». Il me dit qu’il n’a rien fait spécial. « Mais c’est encore plus fou du coup ! » Il m’avait choqué. » Plus tôt dans la saison, Ho You Fat était retourné discuter avec Bilal Coulibaly, évoquant la draft NBA. « On verra l’année prochaine », lui avait répondu le prospect. Récemment, le Guyanais a remis le sujet sur la table : « Du coup, c’est toujours l’année prochaine ? » S’en est suivi un sourire :« Je crois que les choses s’accélèrent », a glissé le jeune ailier. À une vitesse vertigineuse, même…

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