Fin de parcours pour Charles-Henri Bronchard, joueur symbole de la Pro B

L'élimination de Vichy-Clermont à Reims en quart de finale des playoffs de Pro B aura marqué le dernier match de la carrière de Charles-Henri Bronchard. Après un parcours d'une longévité remarquable, l'intérieur mâconnais a décidé de ranger les chaussures au placard, à l'âge de 40 ans.

Par@Alexandre Lacoste

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Fin de parcours pour Charles-Henri Bronchard, joueur symbole de la Pro B

Crédit photo : Laurent Staskiewicz

La dernière fois que le championnat de Pro B s’est ouvert sans Charles-Henri Bronchard (2,00 m, 40 ans), c’était pour une bonne raison. C’était en 2014/15 et c’était parce que l’intérieur avait choisi de tenter sa chance à l’étage supérieur, attiré par le clinquant des mythiques couleurs béarnaises. Mais à la rentrée, il va falloir s’y habituer : pour la première fois depuis 2005, sa barbe, sa sueur et ses fondamentaux ne feront plus partie du paysage de l’antichambre.

La discipline et la passion

Et pourtant, lorsqu’il fréquentait le centre de formation de la JL Bourg en 2000/01, personne n’aurait misé sur lui. Même son coach Gérald Simon ne croyait pas en un destin professionnel. Il faut dire, aussi, que le jeune Bronchard partait de loin. Petit, à Mâcon, son truc, c’était le foot. Avant le coup de foudre à l’âge de 14 ans avec la balle orange, initié à Prissé-Mâcon par Gilles Vechambre puis inspiré par les Américains de l’époque à l’ESPM, Marc Davidson et Eric Joldersma. Mais ce sentiment de partir avec du retard, d’être ignoré, presque rabaissé, l’a nourri et s’est transformé en un formidable facteur de motivation. De là à atteindre la barre des 630 matchs LNB et le statut de capitaine de l’équipe de France de 3×3 ? Non, évidemment que non. Mais Charles-Henri Bronchard s’est construit sur un mélange de discipline et de passion, ayant fragmenté une carrière en deux temps. D’abord, l’époque de l’ascension : la NM2 avec Prissé-Mâcon, la NM1 à Autun, l’arrivée en Pro B à Mulhouse. C’est aussi le moment où on le cantonne à l’étiquette, accolée lors de son retour à Bourg, de joueur de devoir, de soutier, de guerrier précieux dans une rotation. Ce qu’il est évidemment. Mais pas que…

Charles-Henri Bronchard a goûté à la Pro A avec Pau en 2014/15 (photo : Vincent Janiaud)

À l’orée de la trentaine débute une seconde carrière, où on le verra capable de tourner jusqu’à pratiquement 15 points de moyenne (en 2016/17). Toujours passé près de la montée sans jamais avoir réussi à décrocher le Graal, sa signature en Pro A avec Pau quelques années auparavant avait changé beaucoup de choses. « Arriver à 32 ans à la dernière marche que je m’étais fixé, c’était un aboutissement pour moi », disait-il en 2018. « À cet âge-là, et dans ce qui est peut-être le meilleur club de France, la saveur était encore plus forte. » Le fruit d’une vraie éthique de travail pour toujours s’adapter à l’évolution du jeu, à l’image de son tir à trois points développé sous l’égide de Jean-Michel Sénégal à la JL en 2007/08, et d’une attention accordée à tous les petits détails loin du parquet, comme la nourriture. Ainsi, avec une hygiène irréprochable, Charly dût attendre ses 39 ans (!) pour connaitre le premier vrai coup dur de sa carrière, avec une rupture des ligaments croisés en octobre 2021.

Séduit par le 3×3

Séduit par le 3×3, « une discipline beaucoup plus fun », Charles-Henri Bronchard y a agrémenté son palmarès d’une médaille de bronze lors de la Coupe du Monde 2017 et d’un Open de France en 2018. Bientôt membre du staff technique des Bleus, en plus d’un rôle dans le coaching staff à Vichy, L’Undertaker a vécu ses dernières émotions de basketteur lors de la campagne de playoffs de la JAVCM, un club auquel il voue une fidélité sans borne depuis sa création en 2015. « Connaitre ce type de parcours dans le monde professionnel était mon objectif depuis le plus jeune âge donc c’est une grosse satisfaction », reconnaissait-il en 2018, tout en soulignant qu’il souhaitait laisser l’image « d’un homme intègre, d’un battant qui ne lâche jamais rien et qui donne tout au basket, corps et âme, en respectant sa discipline. » Les paroles, c’est bien ; les actes, c’est mieux : nous revient alors le souvenir d’un Bronchard défait, dévasté par la déception d’une deuxième élimination de suite aux portes de la finale de Pro B par Poitiers avec Bourg-en-Bresse en 2009, mais pénétrant tout de même dans le vestiaire du PB86 pour aller saluer et féliciter ses bourreaux, semant un peu d’étonnement sur son passage, dans les regards de Kenny Younger et compagnie. Oui, ça, c’était vraiment respecter le basket.

L’œil de Guillaume Vizade, son coach

« Charles a été un joueur et un collaborateur précieux. Dans son rôle de capitaine, il a été un relais d’un point de vue technique, un relais plus particulier sur le secteur intérieur pour pousser ce que l’on voulait faire et un relais vis-à-vis de l’intégration des nouveaux, particulièrement des jeunes joueurs. C’est peu dire qu’il a été un capitaine, parfois même un autre assistant, et toujours une pierre importante du dispositif collectif. Il a été très important durant toutes ces années, suffisamment pour que l’on ait commencé à travailler sur son plan de reconversion depuis quatre – cinq ans. Il va rester au club dès la saison prochaine, tout d’abord en entraînant l’équipe des U18 puis en continuant à développer les jeunes joueurs intérieurs pour lesquels son expérience et son bagage technique seront précieux. En parallèle, il pourra poursuivre son aventure avec l’équipe de France 3×3, ce qui lui permettra de continuer à travailler autour de sa passion et à diffuser son amour du basket. Je suis très content de le compter en tant qu’ami au sein du club puisque cette relation s’est densifiée au fil des années, très content aussi qu’il reste avec nous. »

Son parcours :