Logo Bebasket
Recherche
Recherche
Logo Bebasket
  • À la une
  • Coupe de France
  • Betclic Élite
  • Pro b
  • Coupes d'Europe
  • Équipe de France
  • Jeunes
  • Féminines
  • Interviews
  • Hooper
  • Joueurs

Alain Digbeu, la nouvelle voix de l’EuroLeague : « Je ne m’attendais pas du tout à revenir en France »

Grand nom du basket français pendant dix ans, parti vivre à Istanbul en 2011 à l'orée de sa retraite sportive, Alain Digbeu (47 ans) a soudainement réapparu dans l'actualité hexagonale en fin d'année 2022 grâce à son nouveau rôle de consultant sur SKWEEK, où il n'a pas tardé à faire l'unanimité. Air France nous conte les 1 000 vies vécues depuis son dernier match avec la SIG Strasbourg et évoque son arrivée dans le paysage médiatique tricolore.
Alain Digbeu, la nouvelle voix de l’EuroLeague : « Je ne m’attendais pas du tout à revenir en France »
Crédit photo : Sébastien Grasset

Alain, votre vie professionnelle a pris un tournant inattendu depuis la fin d’année 2022 avec ce retour en France grâce à ce rôle de consultant sur SKWEEK ?

Complètement. Je ne m’y attendais pas du tout. J’étais en construction de projet, notamment sur du scouting en Turquie, du développement individuel et du consulting. David (Cozette) m’a contacté, m’a demandé ce que je faisais et si ça m’intéresserait d’avoir une conversation avec Cyril Méjane (responsable éditorial). Ça s’est bouclé très vite. Je suis content.

Est-ce que cela signifie un retour en France dans la vie quotidienne ?

À petites doses, et cela me va très bien comme ça. Cela me permet de revenir régulièrement à Lyon et de découvrir Monaco, qui était une terre inconnue pour moi. J’ai pris mes repères et mes habitudes en Principauté depuis, je tisse des liens et forge des relations avec des gens. Monaco – Lyon – Paris, c’est le triangle d’activité cette année et c’est super. Mais je reste basé à Istanbul.

« Le directeur de la chaîne m’a dit :
Si si, tu dois parler Turc maintenant »

Depuis la fin de votre carrière de joueur en 2011, vous avez vécu 1 000 vies différentes…

J’ai fait quatre ans de centre de formation à Galatasaray en tant que responsable de la technique individuelle. À ce moment-là, je me suis lancé dans le coaching car j’avais la fibre et j’essayais de jouer ma carte au maximum grâce à la connexion avec Ergin Ataman qui était à la tête de l’équipe première. Ça n’a pas abouti pour X raisons, notamment car c’est un peu compliqué de faire rentrer des étrangers dans des staffs turcs. Ensuite, j’ai commencé avec Atlanta puis Houston en tant que scout, j’ai fait de la télé en même temps. Je combinais mon émission YouTube avec mon ami Ibrahim Kutluay, qui continue tous les lundi depuis cinq ans, avec le scouting NBA, le scouting local et quelques petites interventions sur des chaînes turques. Les médias représentent mon quotidien depuis 7-8 ans.

Il y a une anecdote cocasse dans votre parcours d’entraîneur : vous avez contribué à priver la génération 1995 de l’équipe de France d’une médaille de bronze lors de la petite finale de l’EuroBasket U20 2015…

Avec les U20 turcs médaillés de bronze en 2015 (photo : FIBA Europe)

Bon, ma part de responsabilité était petite, je n’étais pas head coach. C’était un moment assez particulier et bizarre en effet. En même temps, j’avais postulé plusieurs fois pour rentrer dans les équipes de France jeunes… J’attends toujours des réponses d’ailleurs (il rit). J’avais une très bonne relation avec Harun Erdenay, le président de la fédération turque à l’époque. Je suis allé le voir comme un grand garçon en lui disant que je voulais être entraîneur et que je voyais du bon matos sur la génération 1995 : Okben Ulubay (désormais au Besiktas), Berk Ugurlu (Tofas Bursa), Ege Arar (Anadolu Efes) qui était mon joueur à Galatasaray, beaucoup de talents intéressants. C’était une bonne petite aventure qui nous a permis de décrocher une médaille de bronze face à l’équipe de France de Guerschon (Yabusele) et TLC (ainsi que Mathias Lessort, Alpha Kaba, Axel Bouteille, etc). C’étaient les deux leaders, ils avaient eu beaucoup d’impact sur ce tournoi. C’était marrant d’entendre la Marseillaise et d’être en face. Je ne faisais que mon job, j’étais fier d’avoir aidé une équipe de gamins à décrocher une médaille.

Pour en revenir aux médias, comment a-t-il pu être possible de vous retrouver sur la télévision turque sans vraiment maîtriser la langue au début ?

Ah oui, je ne parlais pas du tout turc au début (il rit). Mais j’ai une passion, c’est parler les langues étrangères. J’ai beaucoup de chance d’en parler six aujourd’hui. Le Turc, ça a été une apprentissage assez difficile. Quand j’ai commencé la télé, je faisais une émission où je parlais en Anglais et mes propos étaient traduits simultanément en Turc. Ensuite, au bout d’un mois, le directeur de la chaîne, Lig TV, qui est d’ailleurs devenue beIN Turquie par la suite, est venu me voir pour me dire qu’il aimerait bien que je parle Turc. J’ai dit que je le ferai mais pas dans l’immédiat. Il a répondu : « Si si, maintenant. Les gens t’aiment bien. Même si tu te plantes, ce ne sera pas grave. Ça va passer comme une lettre à la poste. » Mais pas du tout en fait (il rit). Mes premières émissions étaient catastrophiques. Le Turc, ce n’est pas comme l’Italien ou l’Espagnol où tu peux avoir tes repères en tant que Français. C’était très compliqué au début. Je brodais pas mal. Ma chance est que celui avec qui je faisais l’émission, un peu le George Eddy de Turquie, est Anglophone et il m’a énormément aidé. J’avais des notes à côté de moi, des astuces pour me rappeler du vocabulaire, etc. C’était vraiment super difficile mais j’ai passé le cap très vite : je regardais la télévision, je prenais des notes, des cours en ligne et ma curiosité a fait le reste. Au bout de deux ans, je commençais à m’exprimer correctement et aujourd’hui, je suis bilingue en Turc.

« SKWEEK, ça prend bien »

En dix ans sur place, vous avez pu être un témoin privilégié au véritable essor du basket turc…

Ah oui ! Déjà, le Mondial 2010 à Istanbul, c’était quelque chose. Mais je crois que c’est l’arrivée de Zeljko Obradovic (en 2013 au Fenerbahçe) qui a changé plein de choses. Les entraîneurs ont commencé à faire pipi dans leurs slips car ils ont compris qu’il allait falloir se mettre à la page. Tous les coachs, des plus bas niveaux jusqu’à l’élite, ont essayé de faire du Obradovic. Une concurrence acharnée est née entre Zeljko et Ergin Ataman. Tout cela a fait du bien au basket turc car au bout, il y a eu trois EuroLeague (une pour le Fenerbahçe et deux pour l’Efes) et de multiples Final Four. Galatasaray a également remporté l’EuroCup contre Strasbourg, Bursaspor a échoué de peu en finale contre la Virtus Bologne l’année dernière. Le basket turc est effectivement en plein essor mais il faut que ça se répercute sur les jeunes générations maintenant. Il y a du potentiel. Quand j’étais avec les Rockets, j’ai drafté Alperen Sengun et on voit ce qu’il est capable de faire aujourd’hui en NBA. Il n’y a pas beaucoup d’Alperen en Turquie mais c’est déjà bien d’en avoir un. Il faut continuer à bosser car il y a vraiment des choses intéressantes.

Parlons de SKWEEK. Vous y officiez depuis le mois de décembre. Tout se passe bien ?

Alain Digbeu lors du match entre la JL Bourg et Ulm le 22 mars (photo : Jacques Cormarèche)

Ça va hein ! C’est facile de se fondre dans le truc : on ne présente plus David (Cozette), Stephen (Brun) est impressionnant de polyvalence sur tous les sports, ça se passe bien avec Ali (Traoré) le boute-en-train. L’équipe est dynamique, la chaîne est en plein développement. Ça prend bien, tout est parfait pour continuer à bosser, à grandir et à s’éclater. J’ai de la chance d’avoir cette expérience des médias turcs, qui m’a permis d’être vite à l’aise avec eux. Surtout, ça fait beaucoup de bien de parler français (il rit). C’est cool !

David Cozette nous disait en février qu’il vous avait testé sur Sport+ sur un Cholet – Le Mans en janvier 2012. Et il parait que vous n’avez pas été bon…

(il rit) Ce n’était pas joli en effet. On en rigole encore aujourd’hui avec David. Il faut en parler car nous joueurs, on pense bêtement que c’est très facile de parler basket. Oui, on y a joué mais expliquer, commenter, analyser, ce n’est pas si facile que ça. Ce match-là, c’était David qui avait orchestré l’essai mais j’étais avec Nicolas Baillou au micro. Je l’ai croisé d’ailleurs récemment à Monaco et on en a reparlé, on était morts de rire. Aujourd’hui, je reste à l’aise sur l’avant-match et l’après-match. Je pense que je m’en sortirais mieux sur le fait de commenter le match en lui-même mais au micro, il faut être actif – réactif, il faut avoir des notes prêtes, il faut avoir des stats, il faut suivre le flow du game, il faut mettre de l’anecdote de temps en temps pour remplir, il faut déconner aussi pour embellir. Toutes ces petites astuces, je ne les avais pas. Donc essai mal négocié et je suis passé à la trappe (il rit). Ça me fait rire aujourd’hui, je n’en ai pas honte du tout, c’était un apprentissage. La télé, ce n’est pas si facile que ça et les gens ne s’en rendent pas assez compte.

« Extrêmement fier de ce que Tom a pu réaliser »

Quel est votre rôle exact à SKWEEK ? Celui de consultant un peu en recul sur le match ?

Exactement. Après, mon prédécesseur était un coach, Laurent Legname, qui était très assidu sur les aspects techniques, il pouvait rentrer beaucoup plus dans les détails. Moi, on ne m’a pas demandé de faire le coach : on m’a demandé d’être moi-même et surtout d’être pertinent. S’il y a des demandes précises auquel je peux répondre à un moment donné, je le fais mais je n’ai pas l’étiquette du coach, je suis ancien joueur. J’ai un gros vécu à l’international donc pratiquement à chaque visite d’une équipe européenne, il y a certainement des amis en face. J’ai un réseau large, ça pèse dans la balance, ça permet de sortir les infos à gauche et à droite. De par mon activité de scouting, j’ai la connaissance des joueurs. J’ai un profil différent de celui de Laurent Legname, que j’apprécie et respecte, je suis une autre ressource.

26 ans après, vous êtes toujours membre de la dernière équipe française vue au Final Four, l’ASVEL 1997. Pensez-vous possible d’avoir enfin vos successeurs cette saison ?

Complètement. J’ai annoncé Monaco au Final Four et je pense qu’ils en sont capables.

Pour terminer, avez-vous déjà inscrit 47 points dans un match officiel ?

(il rit) Eh non ! Je suis extrêmement fier de ce que mon fils (Tom) a pu réaliser. Il faut qu’il en soit fier aussi, qu’il en soit conscient et que ça l’aide à continuer de travailler. Il est en transit. C’est très bien pour lui tout ce qui se passe, ça va lui faire du bien à moyen et long terme.

Rejoindre l’Alliance Sport Alsace était un bon choix pour faire décoller sa carrière ?

Alain Digbeu, avec son fils Tom, après la victoire de l’ASA contre Orléans le 17 mars (photo : Tom Roeckel)

Oui, car il fallait revoir les ambitions à la baisse. C’est bien d’être dans des grosses structures mais il y aussi des entraîneurs qui jouent beaucoup de flûte. Au final, il n’y a pas de mélodie derrière, que des promesses en l’air. Je ne vais pas dire qu’il a perdu temps mais il a perdu beaucoup d’occasions. Il a un petit temps de retard mais parfois, c’est utile. Et pour lui, je pense même que c’est très utile. Quelque part, il se redécouvre. Il sait ce qu’il peut faire, il a une énorme confiance en lui quand il est sur le terrain. Là, il le démontre, il faut qu’il finisse le travail et on verra bien ce qui arrivera derrière.

La vision de David Cozette

« Je l’avais essayé sur la fin de sa carrière avec Canal+ et il n’était pas bon du tout (il rit). Il le sait car on en a reparlé, ça le faisait marrer. Mais sur chaque Final Four où l’on allait, on le voyait tenir ce rôle-là. Il était en plateau pour la télé turque. Alain, il présente bien, il a du charisme. Il faut que le fond soit aussi à la hauteur de ce qu’il dégage mais je suis ravi qu’il prenne la mesure du costume. On sentait qu’il était très tendu le premier soir mais il a vite pris de l’aisance. Je suis super content que ça marche. Dans son discours, on sent qu’il a été joueur mais il y a ses relations aussi. Quand le Barça est venu à l’Astroballe, il est tombé dans les bras de Sarunas Jasikevicius parce qu’ils ont joué ensemble. C’est quelque chose de super important, ça donne de la crédibilité à la plateforme. Un autre exemple : récemment, contre Milan, Ali (Traoré) a passé un quart d’heure à discuter avec Gigi Datome avec qui il a joué à Rome, avec Kyle Hines et avec DeShaun Thomas, son ancien coéquipier à Nanterre. Ça donne une richesse folle ! C’est pareil avec Alain mais si lui, c’est plus avec les coachs car il n’est pas de la même génération. En terme de consultants, on ne peut pas faire mieux. C’est une vraie fierté d’avoir choisi les bons hommes. »

ITW David Cozette : « La richesse éditoriale de Skweek, cela n’a jamais été vu avant »

Commentaires


Veuillez vous connecter afin de pouvoir commenter ou aimer
Connexion