« J’ai appris que le bonheur d’un jour pouvait ne pas passer la nuit. » Ce tweet rédigé par Frédéric Forte à 16h23 le 31 décembre 2017 était tristement prémonitoire et raisonne encore dans nos têtes. Quelques heures plus tard, l’ancien président du Limoges CSP s’en allait à 47 ans d’une crise cardiaque au moment d’aller réveillonner avec sa famille. Ce qui raisonne aussi dans nos têtes c’est son interception sur l’ultime tentative de tir de Toni Kukoč, la star européenne d’alors, envoyant alors Limoges dans une autre sphère en glanant la Coupe d’Europe des Clubs le 15 avril 1993 face à Trévise. Dans les tribunes de la salle d’Athènes, il tombera dans les bras de sa femme, Céline, après le coup de buzzer final.
En sa compagnie, en 2004, il reprendra « son » club, rétrogradé administrativement en Nationale 1. Grâce à sa passion, son amour inconditionnel envers le CSP, il réussira à rapidement faire remonter Limoges au sein de l’élite du basket français. Puis, enfin, de le stabiliser et de réaliser le doublé en 2014 et 2015. Joueur de Caen, Gravelines, du PSG Racing, d’Irakleio (Grèce), de Strasbourg, d’Avelino et Scafati (Italie), son image reste pourtant indissociable à celle de Limoges, où il fût donc joueur (1987-88, 1991-97) entraîneur (2006-2008) et président (2004-2017). Son visage incrusté à même les murs du palais des sports de Beaublanc où son portrait géant s’affiche face à l’entrée ainsi que son maillot accroché et surplombant la salle, font que Frédéric Forte garde toujours un oeil sur son club ainsi que sur Vittoria, Angiolina, Josépha, ses trois filles, et Céline.
Quatre ans après sa disparition, le CSP entretien toujours le souvenir de Frédéric Forte et poursuit son oeuvre (photo : Sébastien Grasset)
« Le meilleur formateur français de tous les temps »
Sa disparition a été aussi une véritable onde de choc dans le basket français et surtout dans le département de l’Ain. Mais après des mois de lutte contre une grave maladie, Pierre Murtin (66 ans) a déposé les armes le 31 décembre 2020. Au-delà de la JL Bourg et l’ASVEL, les deux clubs de haut-niveau qui ont marqué son parcours de formateur, c’est tout le monde de la balle orange qui avait perdu un être cher, voilà un an. En premier lieu, les innombrabables basketteurs – filles, garçons, jeunes, séniors – qui ont eu la chance d’être entraîné par ses soins.
Mais avant de délivrer ses précieux conseils, cet homme apprécié de tout le monde, a d’abord été joueur. Licencié au SLUC Nancy de 1974 à 1976, après avoir validé son diplôme de professeur d’EPS au CREPS de Nancy, il était ensuite revenu dans son club de toujours, celui de la JL Bourg, jusqu’en 1991 dans les petites divisions du basket français, tout en entraînant des jeunes et l’équipe féminine du club. Troquant définitivement son short pour le costume de coach, il prendra les rênes de l’équipe fanion. De 1991 à 1997, il mènera la Jeu de la Nationale 4 aux playoffs de la Pro B pour sa première saison LNB. Non prolongé, il allait continuer l’aventure à… Bourg. Il entraîna alors toutes les catégories aussi bien chez les filles que chez les garçons.
Pierre Murtin était apprécié de tout le monde (photo : C. Aulaz)
Cet amoureux du beau jeu, dont se sont inspirés de nombreux autres éducateurs, attirait les spectateurs en nombre partout où il coachait. « Pierrot » avait notamment mené les U18 de la JL Bourg au titre de champion de France à l’issue de la saison 2018-2019 et d’une finale magistrale contre Nanterre. Alain Thinet, son successeur en 1997 et actuel doyen des coachs LNB à Saint-Chamond, l’avait qualifié de « meilleur formateur français de tous les temps » il y a quelques mois. C’est pour vous dire à quel point ce personnage n’avait laissé personne indifférent. D’ailleurs les qualificatifs n’en finissaient pas à l’annonce de sa disparition : « ambassadeur », « monument », « totem »… « Une personne entière et passionnée », avait tweeté Léo Westermann, « un Monsieur du basket français » selon Charles-Henri Bronchard, « un mec qui donnait tout et ne demandait rien » disait Crawford Palmer, parmi les multiples hommages… Sa dernière expérience remontait à mars 2020, juste avant le premier confinement, où il avait pris les rênes de la CTC JL Bourg-Viriat pendant deux semaines en Nationale 3 féminine. Jusqu’au bout, il avait voulu coacher.
En ce 31 décembre, date maudite du basketball français, la rédaction de BeBasket pense à ces deux hommes et à leurs familles.
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