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Un début d’année en quatre actes : les montagnes russes de C.J. Harris

Si Rasheed Sulaimon s’impose de plus en plus comme le véritable leader de la JL Bourg, tant sportif qu’émotionnel, l’arrière texan laisse souvent les responsabilités à C.J. Harris dans le final. Avec réussite puisque son coéquipier vient d’inscrire trois shoots victorieux de suite. Après Venise, après Cholet, Gran Canaria figure désormais sur son tableau de chasse. Une invraisemblable série rendue encore plus étonnante par le contexte de son début d’année : démarrée en errant comme une âme en peine puis pourrie par le Covid et ses complications. Récit de six semaines marquantes pour le combo-guard burgien.

Acte 1 :
L’indigence

Recruté avec le costume de futur leader de la JL Bourg, C.J. Harris avait déjà vécu une fin d’année 2021 délicate, entre deux blessures (entorse de la cheville, lésion musculaire à la cuisse) et performances décevantes. Mais à l’heure d’entamer 2022, le natif de Winston-Salem touche véritablement le fond : 4 points à 1/5 et 5 balles perdues à Fos le 8 janvier, 3 points à 1/3 et 3 balles perdues à Bologne le 12 janvier où il avait été lancé directement à la mène, 0 point à 0/2 contre Champagne Basket le 15 janvier…

Particulièrement ennuyeux pour un joueur arraché à prix d’or à Holon et arrivé auréolé d’une saison fantastique en BCL, récompensée d’une place dans le cinq idéal de la compétition. De fait, son siège est de plus en plus éjectable et Laurent Legname ne cache plus son impatience. « C’est très compliqué pour lui, c’est inexplicable », soupirait-il en Provence. « C.J., on n’en parle même pas », lâchait-il une semaine plus tard après la déroute contre Châlons-Reims. 

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-1,3 d’évaluation sur les trois premiers matchs de 2022 pour C.J. Harris
(photo : Sébastien Grasset)

Acte 2 :
La renaissance

Venise, le soir qui change tout ? Dans l’œil du cyclone pour avoir traversé les trois derniers matchs comme un fantôme, le champion de Lettonie 2015 ne se contente pas de performer dans la Sérénissime (19 points à 6/11, 4 rebonds, 2 passes décisives et 4 interceptions). Au buzzer, alors qu’il était l’une des trois options pour le dernier système avec Rasheed Sulaimon et Maxime Roos, il offre une victoire tournant à la JL Bourg (81-78) dans sa campagne européenne. Bien lui en a pris car son temps commençait à être sérieusement compté dans l’Ain… « Si on le reverra lors du prochain match ? On verra, il y a des chances », évacuait alors Laurent Legname. « Mais là, il a joué comme tout le club aurait aimé qu’il joue depuis le début de saison. »

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Le shoot qui a tout changé ?
(photo : Reyer Venezia)

Quatre jours plus tard (le 22 janvier), dans les Mauges, C.J. Harris est encore là, et mieux, il récidive. À 79-79, la dernière balle se retrouve une nouvelle fois dans ses mains et comme en Italie, l’ancien Palois (19 points à 8/11, 3 rebonds et 4 passes décisives) délivre son club. Un dénouement inattendu pour une équipe burgienne qui était encore menée de huit points à deux minutes de la fin (69-77). « Le coach a demandé un temps-mort à ce moment-là et on s’est dit qu’il fallait continuer à se battre, qu’on allait gagner le match en défense et c’est ce que l’on a fait », savourait le double héros, sans tirer la couverture à lui.

Acte 3 :
La patience

En pleine montée en puissance, C.J. Harris est fauché dans son élan le 24 janvier. Un test positif au Covid le contraint à se placer à l’isolement et à manquer les matchs contre Ljubljana, Dijon et Patras. Le 5 février, il réapparaît à Ékinox contre Pau-Lacq-Orthez, mais en civil. Le joueur n’ayant pas satisfait aux tests d’usage (d’ordre cardiaque notamment) post-Covid, il ne peut avoir le feu vert médical pour reprendre l’entraînement. Après avoir encore raté la double confrontation contre Limoges, celui-ci ne tombera que jeudi matin pour participer au shooting.

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Contre Pau le 5 février, Harris assiste impuissant à la défaite des siens
(photo : Christelle Gouttefarde)

Au total, Harris a donc fait défaut à son équipe pendant six rencontres. « Ce dernier mois a été très difficile », racontait-il jeudi soir. « Tout ce que j’ai fait, c’est rester chez moi et jouer aux jeux vidéos. »

Acte 4 :
La confiance

Absent de l’entraînement depuis le 24 janvier, C.J. Harris a donc retouché à un ballon pour la première fois lors du shooting matinal d’avant-match jeudi. Logiquement à court de forme après trois semaines et demie sans faire de sport… « On avait un deal entre lui et moi, c’est qu’il joue dix minutes, cinq par mi-temps », révèle Laurent Legname.

Cela sera finalement quatre en première, et cinq en deuxième. Pour aucun impact notable, jusqu’à la 40e minute… À ce moment-là, alors que Rasheed Sulaimon s’essoufflait considérablement (0/4 dans le money-time) alors qu’il avait permis à la JL de faire l’écart face au leader Gran Canaria (76-72, 37e minute), Laurent Legname choisit de relancer C.J. Harris pour la dernière possession. À 76-76, lors du temps-mort à 22,5 secondes du buzzer, on l’entend clairement demander à ce que le ballon arrive dans les mains de son combo-guard. Option gagnante. Alors qu’Andrew Albicy tente de provoquer un passage en force à mi-terrain, l’international français s se retrouve emmené au large par un écran d’Alexandre Chassang. Débarassé de la sangsue de Sèvres, Harris se joue facilement du vétéran serbe Oliver Stevic et crucifie Gran Canaria d’un tir fluide à mi-distance à trois secondes de la sirène (78-76). « Ça a marché, c’est super, je suis content pour lui », sourit son coach. « Sheed était fatigué, C.J. était frais. Il y avait juste une attaque à faire. Il l’avait déjà fait en janvier. Au temps-mort, j’ai pris la décision de lui donner la balle et il a effectué le reste. »

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Contre Gran Canaria, C.J. Harris a encore enfilé le costume de héros
(photo : Jacques Cormarèche)

Soit, au cours de ses trois derniers matchs, un incroyable 3/3 dans les cinq dernières secondes pour l’ancien arrière du Ratiopharm Ulm. « Je n’ai rien à dire à ce propos, c’est la première fois que je réalise quelque chose comme ça dans ma carrière », soufflait-il. « Mais je suis là pour ça, pour prendre et rentrer ces gros tirs. » Même muet et sans aucun rythme… Il avait effectivement été signé pour cela. « On voulait un joueur clutch et on attend de lui qu’il prenne ses responsabilités, j’espère qu’il saura le faire », disait Laurent Legname il y a six mois, au moment de présenter sa recrue majeure.

Trois victoires offertes lors de ses trois dernières sorties, ou la récompense d’un joueur qui a su rester impliqué au plus fort de la tempête, et d’un management destiné à lui maintenir la tête hors de l’eau tant bien que mal. « Il faut l’aider et c’est ce que je fais au quotidien », expliquait ainsi Laurent Legname début janvier à Parsemain. « On essaye tout : le mettre au poste 2, au poste 1, des systèmes pour lui, qu’il ait la balle dans les mains… » Des paroles à mettre en écho avec celles tenues par le principal intéressé jeudi soir, cinq minutes après son nouveau game-winner. « C’est à mes coéquipiers et mes coachs que je dois toute la confiance que j’ai pour réussir ces gros tirs. Je dois vraiment les remercier. » L’avènement de l’homme le plus clutch du basket français ?

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