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Les coulisses de la venue de Giannis Antetokounmpo à Feurs : « Vous avez votre pass sanitaire ? »

Les coulisses de la venue de Giannis Antetokounmpo à Feurs : « Vous avez votre pass sanitaire ? »

« Quel coup médiatique génial : la preuve, c’est que vous m’appelez », savourait le président forézien Samuel Tillon samedi après-midi, à peine remis de ses émotions de la veille. « Toute la semaine, on m’a demandé si Tony Parker allait venir et finalement, on a eu Giannis Antetokounmpo. C’était complètement improbable. » Alors comment le double MVP de NBA s’est-il retrouvé à passer son vendredi soir dans cette commune de 8 000 âmes du nord de la Loire ?

La genèse de cet évènement remonte à plus de vingt ans, à ces étés où l’actuel entraîneur de Feurs (NM2), Romain Tillon, côtoyait Tony Parker et Gaëtan Muller (vu aux EFF en 2004/05) avec les Bleuets. Un réseau mis à contribution par le nouveau président Samuel Tillon (une autre famille), lui-même bien connu dans le milieu pour avoir créé les Crazy Dunkers, afin de convaincre le grand voisin villeurbannais de venir disputer un match de gala au Forézium.

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Le Forézium de Feurs plein à craquer vendredi soir pour l’affiche entre l’ASVEL et Fos
(photo : François Perrot)

Mais non, évidemment, même suite à la signature à l’ASVEL de son jeune frère Kostas, la présence de Giannis Antetokounmpo, deux mois après sa performance légendaire en finale NBA (50 points, 14 rebonds et 5 contres lors du Match 6 contre Phoenix), n’avait aucunement été négocié en amont. « C’était un moment incroyable, rendu encore plus magique par le fait que c’était complètement imprévu. » Comme tout le monde, jusqu’à vendredi matin, Samuel Tillon ignorait la présence du Greek Freak en France, avant que les premières photos de ses déambulations dans les rues lyonnaises ne commencent à circuler sur les réseaux sociaux. Ainsi, dans la journée, le dirigeant a appelé Frédéric Fauthoux, son coach en a fait de même avec T.J. Parker et les deux Villeurbannais leur ont confirmé la nouvelle : oui, Giannis Antetokounmpo est bien en France et a priori, il a prévu de venir à Feurs. « Et du coup, on avait plein de questions », embraye Sam Tillon. « Est-ce qu’il arrivera avec le bus du club, est-ce qu’il vient seul, est-ce qu’il sera avec un garde du corps ? » Des interrogations restées sans réponse : « Aucune idée », répondent en substance les deux techniciens de l’ASVEL.

Trois minutes après l’entre-deux, la surprise :
« Je le vois arriver à l’extérieur de la salle »

Il est 19h35 à l’accueil du Forézium : le match vient tout juste de démarrer, Samuel Tillon attend encore quelques partenaires retardataires. Et là, le coup de chaud… « Je le vois arriver à l’extérieur de la salle avec son épouse et son bébé dans un landeau. Il se repère de loin forcément. Je peux vous dire que ça se bouscule dans la tête : « maîtrise bien ton anglais, est-ce que tu vas comprendre l’anglais parlé par un Grec ? » », rigole-t-il. « Quand il entre dans la salle, on fait le contrôle du pass sanitaire comme pour tout le monde. C’était improbable, très bizarre, il aurait fallu filmer ce moment-là. » Le quadragénaire lui demande alors s’il veut s’installer derrière le banc de l’ASVEL, s’il veut être en tribunes, s’il veut essayer de passer incognito… L’international hellène lui répond qu’il ne tient pas spécialement à être près des Villeurbannais, qu’il veut simplement regarder tranquillement le match. Avec une seule requête : que sa famille présente à ses côtés ne soit pas photographiée. Une dizaine de VIP d’une entreprise partenaire de l’EFF s’étant décommandés, les Antetokounmpo se voient attribuer leurs places, au beau milieu d’une salle à guichets fermés qui manque de tomber des nues au moment de l’entrée du phénomène dans le gymnase. « Quand je l’ai fait faire le demi-tour de la salle pour l’installer dans l’espace VIP, les gens se demandaient si c’était la réalité », glisse Samuel Tillon.

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Giannis, avec le président Tillon, l’équipe des enfants du Forez et le maire de Feurs 
(photo : François Perrot)

Mais il faut croire que les 2,11 mètres du leader des Bucks peuvent se révéler moins visibles que prévu. Sur le parquet, Allan Dokossi n’a rien vu de l’arrivée de Giannis Antetokounmpo dans les gradins. « Je l’ai simplement aperçu en sortant du terrain lors d’un changement », indique l’ailier fosséen. « Personne ne s’attendait à le voir, j’avais du mal à le croire au début, c’était une surprise totale. » Et un petit stress supplémentaire ? « Ah, on ne va pas se mentir : il y avait une petite pression car on voulait bien faire devant lui, ça impacte un peu. »

Le déclic pour Kostas Antetokounmpo ?

Du côté de l’ASVEL, un autre joueur a sûrement été boosté par la présence du quintuple All-Star : son frère Kostas, évidemment. Champion NBA en 2020 avec les Los Angeles Lakers dans un rôle négligeable, l’ex-Angelino vit sa première expérience en Europe et ses premiers pas n’ont pas forcément été des plus convaincants jusque-là. D’ailleurs, Giannis a dû craindre un instant de venir pour rien puisque son cadet n’est pas entré avant la 25e minute de jeu. Mais il a disputé l’intégralité de la fin de la rencontre, livrant sa première performance de marque (10 points, 6 rebonds et 1 contre), multipliant les alley-oops sous les vivats de son aîné, qui a ensuite avoué à Rémi Giuitta qu’il le trouvait encore plus athlétique que lui. « Il s’est levé pour l’encourager, il était debout sur ses actions, il était presque cheerleader pour son frère », raconte Samuel Tillon. Un quart d’heure fondateur pour Kostas ? « Il est extrêmement athlétique, bon dans son registre, il peut faire quelque chose dans ce championnat », veut croire Allan Dokossi.

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Sous les yeux de son frère, Kostas Antetokounmpo a effectué une entrée fracassante
(photo : François Perrot)

Plein à craquer avec 1 300 spectateurs, le Forézium prêtait autant d’attention aux réactions de Giannis qu’aux actions sur le parquet. Et si l’entrée surprise du champion NBA aurait pu virer à l’émeute ailleurs, il a pu regarder assez tranquillement la rencontre. « Personne n’est venu l’embêter pendant le match », tient à souligner Samuel Tillon. « À Feurs, les gens adorent le basket mais sont bien éduqués. À la mi-temps, il ne voulait pas bouger donc j’ai placé les gars de mon équipe de Nationale 2 autour de lui pour que ce ne soit pas trop la cohue. »

Giannis, leader syndical des BYers ?
« Il nous a dit qu’il fallait donner une prime aux joueurs »

Pour la folie, il aura fallu attendre la fin de la rencontre. « Là où je l’ai trouvé génial, c’est qu’il m’a dit qu’il allait mettre sa femme et son fils dans la voiture et qu’il était d’accord pour revenir faire des photos. » Il y eut d’abord un cliché « officiel » avec les joueurs des Enfants du Forez, « qui étaient comme des gosses », dans le rond central, avant la course aux selfies à l’extérieur de la salle.  « Il a fait une séance de 45 minutes pour faire des selfies avec tous les gamins du club. Malgré la cohue, il est resté disponible pour tous ceux qui voulaient le voir, et il n’y avait pas que des enfants ! Il a été d’une humilité extraordinaire : il est venu sans chauffeur ni garde du corps, en t-shirt – short et il était à l’écoute de tout le monde… »

feurs1632650874.jpegUn selfie parmi des centaines d’autres pour Giannis sur le parking du Forézium
(photo : François Perrot)

Une fois toutes les demandes satisfaites, l’ancien sans-papier des rues d’Athènes regagne sa Volvo XC90, garée juste derrière le bus de Fos-Provence, et tombe sur le duo Rémi Giuitta – Mohamed Sy qui attendait le retour des joueurs. L’occasion d’une discussion plus privilégiée d’une dizaine de minutes… « On a d’abord échangé sur sa saison NBA », relate le manager des BYers, encore « halluciné » par la taille de ses mains. « Il nous a expliqué qu’il reprenait mardi à Milwaukee. Je pensais qu’il allait démarrer tranquillement pour monter en puissance mais il nous a dit que ce n’était pas son style, qu’il était toujours à fond. Quand il reprend l’entraînement, c’est à 100% ou rien. » Puis la conversation dévie sur Fos-sur-Mer. « Il rigolait en nous disant qu’il fallait donner une prime aux joueurs pour avoir battu l’ASVEL (80-73). » Plus sérieusement, les deux Provençaux lui expliquent la situation du club : un promu en Betclic ÉLITE, futur Petit Poucet du championnat, dont le projet de développement commence à porter ses fruits. « Il trouvait que ce que l’on faisait était bien et intéressant, surtout par rapport aux jeunes que l’on avait dans l’effectif. Il insistait sur le fait de s’y prendre « step by step », de continuer à bosser avec eux afin de les faire progresser au fil du temps. »

Des compliments pour Dokossi et compagnie :
« Il voulait savoir si j’étais le gaucher de l’équipe »

S’il connaissait le nouveau meneur provençal D’Mitrik Trice, vu en Summer League avec les Bucks cet été, Giannis Antetokounmpo livre les noms des trois Fosséens qui lui ont particulièrement plu : Kevin McClain et Allan Dokossi,  « pour leur explosivité et intensité », et Bodian Massa, « pour son combat livré face aux intérieurs de l’ASVEL ». Le tout en demandant leurs âges. Des propos confirmés par l’un des principaux intéressés, Allan Dokossi, tout heureux d’avoir pu discuter avec l’une de ses idoles alors qu’il pensait l’avoir raté à cause de l’une de ses « rookie duties », porter le sac des maillots, qui l’a contraint à rester longtemps dans le vestiaire. « Il voulait savoir si j’étais le gaucher de l’équipe. Il m’a dit qu’il aimait bien vraiment bien mon jeu et qu’il ne me le disait pas juste comme ça. Il m’a conseillé de me donner à fond sur les trois prochaines années et que ça payera. Il a répété à mon coach qu’il fallait me faire bosser car je peux aller loin. » Des propos qui risquent de rester longtemps dans la tête du prospect, au style similaire à celui du Greek Freak, toutes proportions gardées, notamment au niveau du jeu en transition. « C’est tellement important pour des jeunes de voir un mec comme ça qui vient les encourager et leur dire qu’il a aimé ce qu’il a vu », apprécie Momo Sy. « Moi, à leur âge, si Jordan était venu me dire la même chose, je n’aurais pas dormi pendant plusieurs nuits. »

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Allan Dokossi avec un admirateur

En tête-à-tête avec un double MVP NBA :
« Il a enregistré une vidéo pour mon fils »

Après les photos de rigueur avec les Fosséens, tous sont unanimes : la simplicité de Giannis Antetokounmpo a été frappante pour une superstar. « Un gars spontané, agréable, intéressant, avec de l’humour », synthétise Mohamed Sy. « Ce n’est pas la vedette qui arrivait, signait ses autographes et repartait comme si de rien n’était. Il s’intéressait aux gens, posait des questions. » Ainsi, il lui a demandé s’il avait joué au basket et où il avait fait carrière. L’occasion pour l’ancien intérieur de Reims de détailler son parcours et de mettre en exergue une participation à la FIBA Europe Cup avec le RCB (en 2004/05). « Il voulait aussi savoir si j’avais des enfants qui faisaient du basket. Or, mon fils est en centre de formation à Roanne. Il m’a demandé s’il bossait bien. C’est con mais j’ai trouvé ça génial : il a enregistré une vidéo pour l’encourager, lui dire de continuer à travailler même si c’est dur et qu’il espérait le voir un jour au haut-niveau. »

Soit des étoiles dans les yeux pour le jeune Isaiah Sy, comme pour toutes les personnes présentes au cœur de la plaine du Forez vendredi soir. « On ne se rend pas compte », se pince encore Samuel Tillon. « Il vient d’être sacré champion NBA, MVP des Finals, et là, il était à Feurs. Selon les générations, c’est comme si Magic ou Dieu Jordan avaient été là, Messi ou Ronaldo en foot. C’est tombé sur nous, tant mieux. Quelle chance et quel bonheur dans cette époque post-Covid ! Même ce matin (samedi) en ville, les gens oscillaient entre le côté extraordinaire et le côté choquant : est-ce que c’est vrai, est-ce qu’on a bien vécu ce moment ? » Improbable, c’est le mot. Et si Kostas Antetokounmpo honore bien sa deuxième année de contrat à l’ASVEL, le club villeurbannais peut déjà se préparer à être contacté par toutes les bourgades du coin pour organiser un match de préparation en septembre 2022…

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