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Bastien Vautier, l’éclosion au pays des Red Giants

Betclic ELITE - Au sortir de sa meilleure saison en carrière avec Lille, Bastien Vautier s’apprête à franchir le cap de la Betclic ÉLITE avec Le Portel. Une ascension logique pourtant retardée par une lourde blessure au printemps 2021. De ses premières années de basket à l’apogée de sa jeune carrière, en passant par sa formation à Nancy : retour sur le parcours d’un géant apprécié partout où il passe.
Bastien Vautier, l’éclosion au pays des Red Giants
Crédit photo : Antoine Bodelet

Lundi 5 avril 2021, le SLUC Nancy reçoit Évreux. À 22 ans, Bastien Vautier fait forte impression, dans une équipe qui ne manque pas de concurrence. Il en vient même à faire un peu d’ombre à Tyran de Lattibeaudiere, Ron Lewis ou Enzo Goudou-Sinha pourtant en pleine ascension. Face aux Normands, Vautier réalise une entame de match parfaite, en étant le meilleur marqueur des siens sans le moindre déchet à la mi-temps. Mais quatre minutes après le retour des vestiaires, tout s’arrête brusquement pour le jeune pivot. Sur un contact anodin, il s’écroule dans la raquette en se tenant le genou gauche. Les clameurs du public laissent place à un silence pesant à Gentilly. Lorsqu’il quitte le parquet, Bastien Vautier sait que « ce n’est pas une petite blessure ». Verdict : rupture des ligaments croisés du genou gauche. « Ça fait peur, se remémore-t-il. On entend beaucoup d’histoires où les joueurs ne se remettent jamais de cette blessure, alors sur le coup, la seule chose que tu te demandes, c’est si tu vas revenir un jour ». 27 mois plus tard, les doutes semblent effacés. Récit.

La naissance d’un géant

Football, natation, tennis, badminton… Bastien Vautier a visité tous les clubs de sport près de chez lui. Ce n’est qu’à 13 ans qu’il tombe dans le basket « un peu par hasard », à Rozay-en-Brie, en région parisienne. Tout s’enchaîne alors très vite : après avoir joué à Marne-la-Vallée, le jeune homme pose ses valises à Nancy, à l’âge de 16 ans. « J’ai testé plusieurs centres de formation, mais c’est à Nancy que je me suis senti le mieux, ça faisait vraiment l’esprit famille. » Le natif de Noisy-le-Sec se plaît dans cet « univers à part » où il s’intègre facilement : « j’y ai rencontré mes meilleurs potes, à l’image d’Enzo Goudou-Sinha avec qui j’ai fait toutes mes années là-bas ». Une alchimie qui se retranscrit progressivement sur le terrain, et qui contribue à la montée en puissance du SLUC dans les catégories jeunes.

En 2016, les poupons nancéiens, soigneusement mis en couveuse par Pierre Verdière, raflent tout sur leur passage : championnat Espoirs, Trophée du Futur et multiples convocations en Équipes de France, rien ne résiste au SLUC pourtant si juvénile – puisqu’aucun joueur de cette génération ne disputait sa dernière année U21. « On était une bande de potes et on gagnait tout, c’était fou… C’est même compliqué à décrire », raconte l’un des leaders de cette génération, grand sourire aux lèvres. L’année civile 2016 se termine dans la même lignée : un sacre de champion d’Europe avec l’équipe de France U18 de Frank Ntilikina et Sekou Doumbouya. Lorsqu’il capte 13 rebonds en finale face à la Lituanie, la scène internationale assiste aux prémices de celui qui se fera surnommer « Biggy Bast ».

Un premier panier pro sur Moustapha Fall

« Mes premiers points en Pro A ? Bien sûr que je m’en souviens, c’était contre Moustapha Fall ! », s’exclame Bastien Vautier, avant de poursuivre : « Je crois qu’il m’avait mis 3 ou 4 contres avant quand même, ça ne s’était pas super bien passé (rires) ».

Bastien Vautier à l’Eurobasket U20 en Crète, entouré par Digué Diawara et Enzo Goudou-Sinha (crédit photo : FIBA)

Cette saison-là, si les Espoirs du SLUC cartonnaient et se révélaient au fil des mois, le groupe professionnel peinait dans l’élite du basket français. À tel point que la descente était la seule issue possible au terme d’un exercice 2016-2017 pour le peu compliqué, avec 8 victoires au compteur. Pour Vautier, cette saison était malgré tout synonyme d’accomplissements : dominant avec les U21, auteur de ses premiers points en pro, et surtout médaillé de bronze avec l’équipe de France U20 à l’Euro en Crète, quelques jours seulement après avoir terminé le Mondial U19 en Égypte. « À cet âge-là, on me propose d’enchaîner les deux, je me sentais bien physiquement alors je n’ai pas tergiversé », raconte l’infatigable tricolore. Un été au rythme effréné qui lui a permis « d’engranger toute l’expérience qui [lui] manquait en ayant commencé le basket assez tard ».

Des responsabilités en tant que rookie

Nul doute qu’au sortir d’une telle saison, Bastien Vautier attisait déjà les convoitises. Si le SLUC Nancy souhaite retrouver la Pro A immédiatement, en misant sur des joueurs déjà affirmés au niveau professionnel, le club, conscient du potentiel du Francilien, tient à garder la mainmise sur son joueur. Pour sa première expérience professionnelle, le rookie est donc envoyé en prêt à Caen, tout juste promu, où il retrouve son coach de l’équipe de France U19, Hervé Coudray. Un coach qui lui permet de s’exprimer dès ses débuts, d’autant que Vautier se retrouve seul pivot d’un groupe amputé de Marc-Eddy Norelia très tôt dans la saison. « L’une des marches les plus dures à franchir dans une carrière, c’est de se faire respecter en étant jeune, en sortant du championnat Espoirs. Au CBC, pendant 6 à 7 mois, j’ai eu l’occasion de prouver que j’avais ma place. » Bastien Vautier grappille de la confiance à mesure qu’il gagne du temps de jeu. Comme un scénario bien ficelé, il réalise sa meilleure sortie de la saison face à son club formateur, Nancy : 12 points, 14 rebonds et la victoire du David caennais face au Goliath nancéien. L’une des raisons pour lesquelles le SLUC le rappelle pour jouer les playoffs en mai 2018, alors que Caen a terminé sa saison sans se maintenir en Pro B. « Je n’ai pas hésité une seule seconde, je suis là pour me battre et Nancy est mon club de cœur ».

Nancy, la ville sainte

« Aujourd’hui, je considère presque que je viens plus de Nancy que de Paris », déclare Bastien Vautier. Dans la foulée de cette première campagne de playoffs, rapidement avortée par Fos Provence, le Noiséen reste à Nancy afin de travailler la saison à venir. Après un nouvel été chargé, il s’apprête à rejoindre les rangs du SLUC pour y disputer son deuxième exercice professionnel.

Bastien Vautier monte au dunk avec Nancy, le 17 novembre 2020, lors de la demi-finale de Leaders Cup Pro B contre Fos Provence (crédit photo : Sébastien Grasset)

« C’était déjà une année importante pour moi. Les objectifs étaient complètement différents, le club voulait remonter donc je me devais de donner le meilleur de moi-même », se livre Bastien Vautier. Et si l’objectif de l’accession n’a pas été atteint, « à chaque fois d’un rien », le colosse relate avec une pointe de nostalgie cette « très bonne période » dans un groupe qui le comblait. Confortablement installé dans la rotation en Lorraine, il ne quitte plus sa terre d’adoption hormis pour un camp NBA à Dallas, en marge de la Draft 2019. Encore aujourd’hui, il y garde de fortes attaches : « J’ai beaucoup de potes à Nancy, je suis toujours leurs résultats et regarde les matchs quand c’est possible ». La saison 2019-2020 écourtée par le Covid, Vautier prend une autre dimension dès le coup d’envoi de l’exercice 2020-2021. « J’ai réussi à gagner beaucoup de maturité ces années-là. Je me sentais bien physiquement et j’obtenais de plus en plus de responsabilités ». Parmi les meilleurs rebondeurs de Pro B, Bastien Vautier est redoutable d’efficacité. Jusqu’à la mi-temps de la 10e journée du championnat, face à Évreux. Ce match où il se rompt les ligaments croisés du genou gauche, « la première grosse blessure de [sa] carrière ».

« Aujourd’hui, c’est comme une deuxième vie »

Pour autant, l’intérieur ne compte pas broyer du noir longtemps : « Plus tu travailles tôt, plus tu reviens vite et fort, je n’avais que cet objectif en tête ». Sans pour autant brûler les étapes d’une rééducation fondamentale. « Le SLUC m’a beaucoup aidé au début, je suis resté au contact de l’équipe et du staff, le kiné venait me voir presque tous les jours. Quelques mois après ma blessure, j’ai fait un stage à Capbreton, où j’étais avec des rugbymen. Ça m’a fait du bien, j’ai pu m’aérer la tête après un début de carrière sans le moindre temps de répit. Je suis fier de moi car je n’ai jamais douté de mes capacités et j’ai bossé comme un fou pour revenir où je suis. Mentalement, ça m’a renforcé, je prends ça comme du bonus. Aujourd’hui, c’est comme une deuxième vie. Quand ça t’arrive, tu apprends à vivre ton aventure à fond parce que tu n’as plus rien à perdre, tu sais que tu n’aurais même peut-être pas dû être là. » Un choix s’offrait alors à Bastien Vautier : revenir en scène « en deux temps ou encore plus fort ».

La relance à Quimper

Janvier 2022. Quimper réalise un début de saison en demi-teinte, et vient de perdre son joueur majeur, David Jackson. Laurent Foirest cherche à renforcer un secteur intérieur qui ne le satisfait pas pleinement. Il contacte Bastien Vautier, et « tout de suite, ça a matché ». « Je connaissais déjà son mode de fonctionnement. Je ne voulais pas être l’élément principal de l’équipe, mais je souhaitais tout de même peser de façon importante sur le jeu. » Une manière de se relancer, et de regagner la confiance qui le fuyait après 281 jours loin des parquets. Le Francilien prend ses marques et parait métamorphosé pendant la fin de saison : 30 points face à Denain le 4 février, 21 points et 10 rebonds en 15 minutes (!) face à Lille le 8 avril, « Biggy Bast » empile les grosses sorties et permet aux Béliers de se maintenir. « Objectif réussi » pour l’intérieur, rapidement convoité par les clubs de l’antichambre à peine la saison achevée.

À Lille, l’heure de l’éclosion

L’énergie contagieuse de Bastien Vautier, en train de célébrer avec Lorenzo Thirouard-Samson sous le maillot lillois, lors du match contre Saint-Chamond le 21 octobre dernier (crédit photo : Antoine Bodelet)

« J’ai suivi mon cœur, les responsabilités et le temps de jeu », une façon de penser qui emmène Bastien Vautier à Lille. Arrivé très tôt chez les Red Giants à l’été 2022, le géant noiséen justifie pleinement la confiance placée en lui par son nouveau coach, Maxime Bézin : « On s’était mis d’accord que si j’étais tout de suite au niveau, je serai la première arme offensive de l’équipe. C’était ce que je voulais, alors je n’ai pas vraiment douté ». À sa place dans un groupe très jeune encadré par des vétérans côtés de la division, Vautier affole les compteurs lors de la saison 2022-2023 de Pro B : 1er du championnat à l’évaluation, 5e meilleur marqueur, 5e meilleur rebondeur et joueur le plus efficace aux tirs. Un impact massif qui l’emmène dans le cinq idéal de la saison, et qui montre la voie à une équipe de Lille 4e du classement final, déjouant les pronostics du mois de septembre. « Le basket, c’est 50% physique et 50% mental. En arrivant à bloc mentalement, grâce à la confiance du staff, de mes coéquipiers et des supporters qui nous ont portés, j’avais déjà fait la moitié du job. » Sans le moindre pépin physique cette année, le pivot a pu dérouler : « C’était une saison de rêve. Dans la vie d’un basketteur, c’est tellement rare de pouvoir autant s’exprimer sur le parquet, c’est une vraie chance. Je suis fier parce que je reviens de loin, j’ai travaillé pour ça ».

Prochaine étape : décollage ?

Une nouvelle marche est à franchir pour Bastien Vautier. Arrivé à l’ESSM Le Portel à l’ouverture de la période des transferts, le gamin de la Seine-et-Marne va découvrir la Betclic ÉLITE la saison prochaine, à 25 ans. Au cœur des attentes après son année à Lille, il apparaît serein : « Je n’ai pas réellement de pression, je suis surtout excité à l’idée de découvrir un nouveau challenge, c’est dans ma nature. Ça fait longtemps que j’attends cela, il me fallait une saison référence pour me faire respecter et franchir ce nouveau cap ».

Vautier n’arrivera pas réellement en terre inconnue, puisqu’il retrouvera Ivan Février et Digué Diawara, avec qui il a déjà évolué en équipe de France jeunes et aux Béliers de Kemper pour le second. « Maintenant, il va falloir se battre sur le terrain et faire le job. On aura un bon groupe, avec certains des meilleurs JFL (joueurs formés localement) de Pro B. Je trouve que cette division n’est pas respectée à sa juste valeur, on doit montrer qu’être un bon joueur de Pro B, ce n’est vraiment pas facile. À nous de prouver qu’on a notre place. » Une trajectoire à la Zachery Peacock, MVP de Pro B (sans le trophée officiel pour sa part) puis de Pro A l’année suivante ? « Je vais tout faire pour mais 21 d’évaluation en Betclic ÉLITE… (rires). Si j’en ai l’occasion, bien sûr que je le ferai mais le plus important, c’est que je me donne à 200% pour l’équipe. » Responsabilités et anciens coéquipiers, deux critères qui permettront sûrement à Bastien Vautier de s’exprimer. Lui qui a apprécié l’engouement des supporters à Lille la saison passée ne devrait pas être déçu au Chaudron dans les prochains mois.

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