ITW Romain Hilotte (Tarbes-Lourdes) : « Je suis passé par tous les états »
C’est le genre de soirée que l’on n’oublie pas. Le 8 novembre 2019, alors que l’Union Tarbes-Lourdes Pyrénées Basket (UTLPB) s’inclinait lourdement sur le parquet des JSA Bordeaux (défaite 93-75), l’équipe de Laure Savasta venait surtout de perdre son capitaine pour le reste de la saison. Romain Hilotte (1,95 m, 29 ans) devait en effet quitter ses partenaires dès le premier quart temps suite à une rupture des ligaments croisés. Une défaite qui aura d’ailleurs déclenché le départ de l’ancienne internationale française, alors coach de l’UTLPB, alors que les Tarbais n’avaient remporté qu’un seul succès en 9 rencontres de championnat et étaient englué dans les bas-fonds de la poule A de Nationale 1 Masculine (NM1).
Une blessure sur laquelle le Landais est revenu avec son franc-parler habituel. « Je suis passé par tous les états ! J’ai même ressenti de la culpabilité de laisser ton équipe, de ne pas respecter tes engagements vis à vis de ton club. Et puis tu vois des mecs comme Memphis Depay (attaquant néerlandais de l’Olympique lyonnais victime de la même blessure) qui se blesse le lundi, qui se font opérer le jeudi, et qui recourt le dimanche, donc tu ne comprends pas ». Avant d’ajouter. « Sérieusement, ça met à rude épreuve ton mental, Mais on s’accroche, beaucoup de sportifs passent par là. » Une force de caractère qui caractérise bien cet ailier, connu pour sa combativité sur le terrain.
La médaille d’argent avec la génération U20, le titre de champion de NM1 avec Gries
Originaire de Fargues dans les Landes, il a été formé du coté de l’Elan Béarnais où il a découvert la Pro A lors de la saison 2010/11. L’une de ses premiers fait d’arme a été de décrocher une médaille d’argent avec l’équipe de France U20 lors des Championnats d’Europe de 2012 en Slovénie (défaite en finale d’un point contre la Lituanie), un an après le bronze sur la même compétition, en étant surclassé cette fois. « C’était une génération d’un niveau exceptionnel, avec des joueurs qui sont aujourd’hui au plus haut niveau mondial tels que (Evan) Fournier, (Rudy) Gobert, pour ne citer qu’eux ». Après avoir terminé sa formation dans le Béarn en 2012, il est resté quatre saisons en Nationale 1, en passant notamment deux saisons à Cognac, pour Rueil et Angers.
En 2016, alors qu’il est âgé de 25 ans, il a décidé de quitter le monde du basket professionnel afin de tenter l’aventure d’une reconversion. Une expérience d’une année hors des terrains qui n’aura pas eu l’effet escompté puisque nous l’avons retrouvé du coté de Gries-Oberhoffen (NM1) lors de la saison 2017/18. Bien lui en a pris, puisqu’il fut champion de France de Nationale 1 avec le club du Bas-Rhin, avec un bilan impressionnant de 31 victoires pour seulement 3 défaites, déjouant tous les pronostics. Dans le jeu « à l’espagnole » du coach Ludovic Pouillart, il s’est épanoui en se fondant dans le collectif. « On a bien démarré la saison, on a emmagasiné beaucoup de confiance et on avait un super groupe. Et chacun a mis ses intérêts personnels de côté pour ne penser qu’à gagner ».
Lors de la saison 2018/19, il a poursuivi l’aventure en Alsace en Pro B ou là encore, il ont crée la surprise, allant jusqu’en demi-finale des playoffs d’accession à la Jeep ELITE et marquant la fin d’une très belle expérience pour le Landais. L’été dernier, désireux de retourner dans le Sud-Ouest, il a donc rejoint le club de Tarbes (NM1), ou avant sa blessure, il tournait à 10,9 points à 48,5% de réussite aux tirs, 3,9 rebonds et 3,3 passes décisives pour 12 d’évaluation en 28 minutes de moyenne. Un choix sur lequel il revient. « Je suis du Sud-Ouest, les gens qui dirigent et qui entourent ce club le sont, on a le même langage, les mêmes valeurs et je m’y sens bien. Le club vient de connaître plusieurs saisons difficiles mais a déjà connu le succès en NM1 en atteignant les demi-finales du championnat. Le club souhaite revenir à ce niveau. C’est un club sérieux, qui souhaite avancer et progresser. »
« Tant que je prends du plaisir et que mon corps me permet de jouer, je jouerais »
Connu pour son franc-parler, il n’a pas forcément eu le temps de tirer profit du rôle de capitaine qui aurait dû être le sien cette saison. « C’est vrai, je n’hésite pas à prendre la parole ou à dire ce que je pense. Ici (à Tarbes), je n’ai pas pu exprimer tout ça cette saison. Je me suis blessé très tôt alors que je venais d’arriver. J’ai essayé de tenir ce rôle quand même mais quand tu es sur le côté ou pas au contact du groupe tous les jours ce n’est pas évident ». Des qualités hors du terrain qui sont toujours importantes dans un groupe, lui qui est également réputé pour son altruisme et sa polyvalence lorsqu’il est sur les parquets. Une polyvalence qui pourrait le desservir parfois selon lui. « Mon plus gros défaut, c’est que je n’ai pas une super qualité sur laquelle je peux tout le temps m’appuyer. »
Opéré il y a maintenant 3 mois, il a fait le point sur sa rééducation tout en souhaitant se projeter sur l’avenir. « J’ai repris la course, ce n’est pas évident avec le confinement car je n’ai pas de kiné, pas accès à de salle de musculation. Je suis censé faire un passage au CERS à Capbreton à partir de mi-mai mais actuellement il est fermé ». Un léger contretemps qui ne devrait pas l’empêcher d’être de retour pour la saison prochaine où il portera toujours les couleurs de l’UTLPB. « J’espère être opérationnel en août », nous précise-t-il. Une carrière de basketteur qui est loin d’être terminée, si l’on en croit ses dires. « Tant que je prends du plaisir et que mon corps me permet de jouer, je jouerais ». Nous espérons en tout cas qu’il pourra retrouver les parquets le plus rapidement possible.
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