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ITW Simon Darnauzan, le défi de la crise du coronavirus : « On va se battre et rester optimiste »

Ancien meneur de jeu charismatique, ayant connu une ascension linéaire au point de démarrer sa carrière en troisième division (Lourdes) pour la terminer en Pro A avec Bourg-en-Bresse, Simon Darnauzan (1,77 m, 39 ans) fut une figure de la Pro B des années 2000. Champion de la division en 2008 avec Besançon, également passé par Orléans, Aix-Maurienne et Saint-Quentin, l’enfant de l’Élan Béarnais est retourné dans le Sud-Ouest une fois les sneakers raccrochées.

Retiré des parquets depuis 2015, l’ex-joueur de Saint-Vallier et Boulazac s’est installé à Bordeaux où il a lancé un an plus tard le restaurant « Maison Darnauzan » qui jouit d’une bonne réputation dans la cité girondine. Nous l’avons contacté afin de savoir comment il traverse la crise économique et sanitaire actuelle. Il en a profité pour nous révéler qu’il se préparait à retrouver le monde de la balle orange…

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Simon Darnauzan honoré par la JL Bourg le soir de son dernier match en mai 2015
(photo : Sébastien Grasset)

En tant que patron du restaurant « Maison Darnauzan » à Bordeaux, êtes-vous touché durement par la crise sanitaire actuelle ? 

Oui. C’est très compliqué car nous avons une dizaine de salariés. Comme tout le monde, l’activité a dû s’arrêter net et donc il faut s’organiser. Nous avons eu un problème de denrées alimentaires que nous avions en stock et qu’il a fallu redistribuer à des gens, des voisins, qui étaient dans le quartier car il était inconcevable de perdre cette marchandise. Après c’est du chômage partiel pour tous nos salariés, ce sont des démarches pour bénéficier du report de mensualité des prêts, la bataille avec les assurances qui ne va pas aboutir pour la perte d’exploitation. Il n’y a plus rien qui rentre dans les caisses donc le but est de pouvoir mettre la société en stand-by et essayer d’attendre que la situation évolue. C’est un peu le cas et c’est plutôt positif car on commence à voir le bout du tunnel avec la date du 11 mai. Alors, oui nous n’allons pas rouvrir le 11 mai, mais la vie va recommencer petit à petit et car l’économie du pays doit se relancer. 

Vous êtes de nature positive. Est-ce qu’on arrive dans ce genre de période à le rester ? 

Je suis positif dans le sens où de toute façon on ne retrouvera pas ce que l’on a connu, c’est certain. Il va falloir changer notre monde de fonctionnement et s’adapter, l’État va devoir nous imposer des règles, mais on va devoir nous dans notre business s’adapter. Je suis positif car je pense que nous n’avons pas le choix. La machine doit repartir. Après il y a aura toujours dans l’air ce stress de coronavirus. Mais j’espère que dans quelques temps, il y aura un vaccin ou un remède qui nous permettra de vivre en toute sécurité et de travailler afin que tout le monde retrouve le sourire. Même si les frontières ferment cet été, les gens vont avoir besoin de ressortir, de retrouver leurs amis, que la sociabilité soit le leitmotiv de chacun. On voit bien que tout le monde commence en avoir ral le bol, ce n’est pas humain de rester enfermé à la maison, sans voir personne. Sortir de chez soi, aller dans les bars et les restaurants, prendre le transport en commun pour aller en ville, toutes ces petites choses qui permettent aux gens d’être heureux reviendront au goût du jour. On ne pourra pas l’enlever ça.

« Nettement plus compliqué que tout ce que j’ai connu dans ma carrière »

Dans de nombreuses villes en France, beaucoup de restaurants vont mettre la clef sous la porte… 

J’en connais qui étaient déjà avant la crise du Covid dans une situation à flux tendu. Il ne faut pas oublier que beaucoup de commerçants ont été impactés depuis un 1 an et demi sur plein de choses : la crise des gilets jaunes (j’ai dû fermer un samedi soir parce il y avait des bagarres dans la rue à cause des manifestations), la grève des transports. Si tu veux, nous l’hyper-centre de Bordeaux a été comme Toulouse ou quelques villes du Sud-Ouest et je ne te parle pas de Paris où ça été une catastrophe, déjà très impacté. Puis là arrive le Corona. Donc ça fait beaucoup et certains malheureusement n’ont pas l’envergure ni les structures pour s’en relever. 

C’est un défi nettement plus compliqué que ceux qui vous ont été proposés dans votre carrière de basketteur ?

Totalement, car déjà tu ne contrôles rien du tout. Tu as beau espérer, mettre des choses en place, rassurer tes salariés, on se doit de les protéger au maximum parce que on crée de l’emploi et donc, on ne peut pas mettre tout le monde au chômage et mettre la clef sous la porte. Et puis ce n’est pas dans mon habitude. De toute façon on va se battre, rester optimiste. Et puis l’État va devoir prendre ses responsabilités et rouvrir les vannes pour que le pays reparte. Ils ne vont pas pouvoir payer pendant des années ou pendant des mois le chômage des gens, ce n’est pas possible.

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De nombreux acteurs du basket français ont défilé chez la Maison Darnauzan, comme ici Antoine Michon

Pourquoi avez-vous choisi la restauration pour votre reconversion et la ville de Bordeaux ?

Tout simplement parce que mes frères sont à Bordeaux, mes parents sont à Bordeaux et ma belle-famille est aussi à Bordeaux. C’était logique pour nous de repartir sur Bordeaux. Quand j’ai décidé de me lancer et que j’ai arrêté le basket il y a qutre ans, la ville était en plein expansion. Après, pourquoi la restauration ? J’avais besoin de faire un break après ma carrière. Je suis un grand fan de basket, je mangeais et je dormais basket et j’avais besoin professionnellement d’aller chercher autre chose, un nouveau challenge. La restauration me permet de retrouver les valeurs que j’avais dans le sport c’est-à-dire, le management avec la notion de gérer une équipe, il y a aussi le contact avec les clients qui viennent parce que tu es le patron mais surtout parce il y a un échange chaleureux entre eux et moi. C’est comme quand j’étais sur les terrains et qu’il y avait un contact entre les fans et moi. Il y avait pas mal de similitudes et maintenant ça fait quatre ans. 

Manager une équipe, c’est l’équivalent d’un meneur de jeu sur un terrain de basket ? 

Tout à fait, j’ai toujours eu cette notion de leadership. J’ai souvent été capitaine dans mes équipes donc j’aime bien m’exprimer et être au cœur des projets. Quand j’ai fait le pour et le contre à la fin de ma carrière, savoir ce que je voulais ou pas faire, beaucoup de choses se sont tournées vers la restauration. Parce je retrouvais ces valeurs qui me faisaient avancer. Je ne me voyais pas travailler pour un partenaire dans un club, on m’a proposé d’être dans un bureau ou commercial mais moi ce n’était pas mon souhait. J’ai toujours eu cette âme d’entrepreneur. J’avais envie de créer mon entreprise, bon j’avoue il y a des choses que j’ai sous-estimé mais ça fait partie des choses que tu apprends au quotidien. 

« Je vais revenir dans le basket »

Pourquoi cette envie à la fin de votre carrière de vous détacher du monde du basket ?  

J’avais besoin de faire ce break-là. Ce milieu je le connais par cœur, j’avais besoin de m’en écarter. Non pas que je ne le supportais plus, mais j’avais besoin je pense de grandir et de prendre de l’expérience ailleurs. Le monde des affaires, la restauration je ne le connaissais pas trop. J’ai plein d’amis qui ont des bars et des restaurants et donc je me suis lancé dedans. J’ai appris énormément de choses en 4 ans, aujourd’hui je suis un vrai chef d’entreprise, je sais manager jusqu’à 17 salariés. C’est ce qui m’a fait grandir et maintenant, je veux revenir dans le basket. D’ailleurs, je reviens dans le basket parce que j’ai d’autres projets à très court terme qui vont me ramener près des terrains (qui ne peuvent être publiquement dévoilés pour le moment, ndlr). 

Est-ce que votre souhait serait d’un jour d’être à la tête de plusieurs restaurants en France ?

Mon objectif premier était de créer un restaurant Maison Darnauzan, qui soit facilement reproductible pour pouvoir à terme faire des franchises. Mais aujourd’hui la complexité de la restauration m’a fait changer d’avis. Mon modèle économique aujourd’hui n’est pas duplicable car j’ai un très grand restaurant qui me coûte très cher en charges donc il faudrait que je change de modèle économique. Mais ce n’est pas mon intention. J’ai réussi à développer la marque, à faire une bonne réputation dans le monde de la restauration dans cette ville de Bordeaux face à des restaurants étoilés ou tout autre style de restauration. Ma naïveté et mon culot m’ont permis d’y aller et de tenter d’exister dans ce monde-là et quelque part je suis très content de ce que j’ai réussi à réaliser. Aujourd’hui, je suis en train de vendre au plus haut pour pouvoir me rapprocher de mon premier amour qui est la balle orange. 

Vous avez été formé à Pau. Quel est votre relation avec l’Élan Béarnais ? 

Pau, c’est ma ville. Je suis 100% Béarnais. D’ailleurs j’en ai encore des frissons quand j’en parle. Il y a 3 jours, je me suis fait la finale 96 (Pau vs Asvel) et après ça je me suis maté toutes les finales en cherchant sur tous les sites pour me regarder ces matchs mythiques avec Conrad McCrae, Ricky Winslow, Marcus Webb entourés de Freddy, des frères Gadou. Vu que nous sommes confinés, la nuit je me mate ces anciennes rencontres sous Fred Sarre, Michel Gomez, Claude Bergeaud et Jacques Monclar. Je suis un fan de Pau car j’ai été formé là-bas et ça reste mon club. J’ai toujours rêvé de rejouer à Pau, d’ailleurs j’ai failli y revenir mais ça ne l’a pas fait. Mais je suis fier d’avoir été Béarnais et d’avoir eu cette école de formation.

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En compagnie du Prési, Pierre Seillant

Malheureusement, vous avez explosé ailleurs qu’à Pau… 

J’ai fait toute ma formation à Pau. J’ai commencé à Pau Nord Est, puis à l’Élan avec les Espoirs et j’ai connu l’équipe de France jeunes pendant 4-5 grâce à Pau. Après c’est le choix des agents, à l’époque c’était mon père qui gérait mes affaires. Puis j’ai eu l’opportunité de partir à Lourdes à 17 ans et c’était une opportunité en or. Pau m’a prêté mais je ne suis jamais revenu. Ensuite j’ai fait de la ProB puis de la Pro A… Mais jamais à Pau.

Lancé dans le grand bain par… Jean-Pierre Siutat :
« C’était un très bon coach »

 

C’est un certain Jean Pierre Siutat qui vous a coaché à Lourdes à votre sortie du centre de Formation ?

À Lourdes, il y avait beaucoup d’anciens joueurs des Espoirs qui n’avaient pas eu la chance de signer un contrat pro. A l’époque, la Nationale 2 était la Nationale 1 d’aujourd’hui. Donc Jean-Pierre m’a fait venir et m’a fait jouer alors que je n’avais que 17 ans. C’est un super souvenir car humainement, c’est une très bonne personne et surtout, il m’a appris beaucoup de choses en me donnant des responsabilités. Alors, à l’époque, on ne pouvait pas deviner qu’il deviendrait une personne importante du basket français. Par contre, c’était une personne qui aimait profondément le basket et qui avait un réseau extraordinaire. D’ailleurs, ce qui m’impressionnait le plus, c’est que partout où on allait il connaissait quelqu’un. Mais c’était surtout un très bon tacticien, un très bon coach et une personne très intelligente. Je n’avais aucun doute sur sa réussite et d’ailleurs quand on se croise, on n’hésite pas à échanger. J’ai joué avec des mecs qui avaient 30 ans et c’est à ce moment-là que j’ai réellement commencé ma carrière. Parce que derrière, je signe à Saint-Vallier avec un certain Cyr G’Baguidi qui était un ancien très bon intérieur de Pro A du côté de Cholet et Villeurbanne.

Vous avez un beau palmarès en ProB que ce soit sur un plan individuel ou collectif mais moins en ProA. Regrettez-vous aujourd’hui de ne pas avoir eu plus d’opportunités en Pro A ? 

Je ne regrette pas ma carrière car j’ai toujours fait des choix humains. J’ai des regrets sur le fait que j’aurais pu gagner plus d’argent si j’avais écouté parfois les conseils de mes agents, mais moi, pour exister, j’avais besoin d’un vrai projet sportif et surtout un vrai relationnel avec mes coachs, mes coéquipiers et mes dirigeants. J’ai toujours fait un choix de cœur plutôt que financier. Parfois j’ai refusé des offres de deuxième meneur en ProA où je savais que je n’allais pas trop jouer et j’ai préféré être en Pro B, avoir un rôle majeur et tenter de faire monter les équipes, plutôt que d’aller en Pro A pour juste dire « Je suis un joueur de Pro A ». 

En 2008, vous décrochez  le titre de champion de France Pro B à Bercy avec Besançon. Un super souvenir ? 

Nous avions commencé la saison avec Germain Castano. Malheureusement, nos résultats n’étaient ceux escomptés. Donc il s’est fait limoger un peu avant Noël et on récupère Sylvain Lautié. Il y a eu une modification de l’effectif et notamment Xavier Delarue, connu du grand public grâce à son passage sur Secret Story. A l’époque, c’était le buzz, car tous les gamins venaient le voir par rapport à l’émission. Mais attention c’était aussi un très bon basketteur. Il nous a amené beaucoup de choses, il était dans la rotation, défensivement, c’était un chien, il avait une « papate » gauche qui lui permettait de mettre de gros tirs. Il nous a fait de très bons matchs et il a été un des artisans principal de la montée en ProA. Une grosse saison à Besançon et ce titre de champion de France restera comme un moment magique.  

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La joie d’un titre en 2008 avec le feu Besançon Basket Comté Doubs
(photo : LNB)

Aix-Maurienne et Bourg-en-Bresse sont aussi deux clubs qui sont importants dans votre carrière ? 

Je suis resté assez longtemps dans ces clubs-là. J’ai toujours eu de très bons rapports et je discute encore avec les anciens coachs qui m’ont entrainé. Ça s’est toujours bien passé car j’étais entouré de bonnes personnes. À Maurienne, c’est vrai que c’est spécial car j’y fait 3 passages. Il y a eu toujours de bons projets. Nous avons commencé à Aiguebelle puis je suis parti. Ils ont fusionné avec Aix donc je suis revenu deux ans, avant de partir à Besançon. Puis Aix me rappelle pour essayer d’atteindre les playoffs et tenter d’accéder à la Pro A pendant quatre ans. En tout j’ai porté ce maillot pendant sept belles années. Puis il y a mes deux ans à Bourg. Il faut savoir qu’à la base, je dois rester à Aix. Ils m’avaient promis des choses, mais il y a eu un gros couac, donc ça ne s’est pas fait et j’ai profité de cela pour aller à Bourg qui me voulait. Je suis tombé sur un club fabuleux. Humainement, des personnes en or. Ce club est géré magnifiquement bien par des gens intelligents qui ont gardé cet esprit famille. On a réussi à faire de belles choses car après plusieurs années où ils essayaient de monter en ProA, nous l’avons réussi en 2013-2014. Ils ont monté une grosse équipe pour aller en Pro A et quand on voit leur parcours aujourd’hui, on ne peut que les féliciter.

« Tu sais Simon, ici, ça va être compliqué car les gens te détestent »

Pourtant au départ, ce n’était pas le grand amour entre vous et les fans de Bourg-en-Bresse ? Vous êtes le seul joueur qui s’est fait siffler avant même le début d’un match dans l’ancienne salle de la JL, souvenir de derbys et d’une série houleuse de playoffs en 2010…

Le jour où j’ai dit à mon agent que Aix était en train de me la faire à l’envers, et lui depuis des années, il m’encourageait à partir. Cette fois, je lui ai dit « Ok, cherche-moi un club, je suis prêt à partir avec ma famille ». J’avais deux clubs : Monaco qui me proposait un gros projet, et Bourg-en Bresse. Moi je voulais aller parler à Fred Sarre car c’est une personne que je connaissais très bien. J’avais besoin de rencontrer les dirigeants et de savoir le projet car à 32 ans, je ne voulais pas aller n’importe où. J’y vais, il m’invite dans un restaurant à Bourg très connu. On passe 4 heures à table, je vois que c’est des bons vivants. Il y avait le président, Jean Luc Tissot qui était le GM à l’époque et Fred le coach. Les deux me souhaitaient absolument. Et ils m’ont dit lors de ce repas :  « Tu sais Simon, ici, ça va être compliqué car les gens te détestent. » Et, ils me détestaient vraiment car on se foutait sur la gueule à chaque fois qu’il y avait les Aix-Maurienne – Bourg-en Bresse. Moi, je n’étais pas le dernier à vouloir les taper et en quart de finale en 2010, quand on les sort, c’était une vraie bataille. Donc je signe, présentation des équipes au public et aux partenaires et Fred Sarre prend le micro pour me présenter. Il dit « Je vais vous donner la dernière opportunité de siffler Simon Darnauzan ». Et là, toute une tribune remplie en train de me huer et de me siffler comme rarement dans ma carrière. Et la Fred a dit « Maintenant, vous avez su le détester car c’était un bon joueur et qu’il défendait les couleurs de l’adversaire avec hargne et fierté. Aujourd’hui il est chez nous. » Ensuite, ça a été une histoire parfaite à Bourg et c’est l’un de mes clubs de cœur.   


Les duels acharnés contre Jesse Delhomme lui ont longtemps valu une vraie inimitié à Bourg
(photo : Vincent Janiaud)

« Je n’avais pas joué en sifflant ! »

Et justement, puisqu’on parle de la série contre Bourg, 2010 c’est aussi l’année où vous affrontez l’Élan Béarnais en demi-finale des playoffs avec Aix-Maurienne…

Cette année-là avec Aix, on fait de très gros playoffs, une très belle saison et on doit jouer Pau en demi-finale. On perd le premier match de six pts là-bas au Palais. On se disait que nous n’étions pas très loin mais nous n’avions pas été très bons. Lors du retour, on les explose. On gagne de 14 points. Je me souviens de ce match, c’était particulier car il y avait eu le décès de Bruno Tarricq qui était mon président à Pau-Nord-Est et tout le monde était un peu ému. Je voulais lui rendre hommage en faisant gros match et aidant mon équipe à aller chercher une belle au Palais des Sports et c’est ce que j’avais réussi à faire. Puis lors de la belle à Pau, c’était trop dur. On n’avait pas existé, on joue à 7. Je crois que Moussa Badiane par exemple ne joue pas, on a trop de blessés. C’est là que j’ai vu les limites d’Aix (avant-dernier budget du championnat). On avait une grosse équipe mais c’était quand même un exploit. C’est compliqué pour les clubs comme ça de se pérenniser en ProA. J’ai donné plein d’années à Aix, mais je ne le regrette pas, comme j’ai bien terminé à Bourg où j’ai eu le droit à une fin magnifique. Ils ont respecté ma carrière alors que ça ne faisait que deux ans que j’étais là. Le club, le public, mes coéquipiers, le président tout le monde a été incroyable. Je souhaite à tous les joueurs de finir comme j’ai pu finir ma carrière.

En février 2012, vous vous imposez avec Aix-Maurienne sur le parquet de la JA Vichy, lanterne rouge. Il s’en suit une conférence de presse légendaire du coach de l’époque, Laurent Sciarra, où il déclare notamment : « C’était marqué en gros : Darnauzan, respectez, dangereux ! Darnauzan… Mais Darnauzan, il a joué en sifflant ce soir. En sifflant ! Il n’y en a pas un qui l’assommait, grand comme petit, peur de lui faire mal. Mais mets lui une grosse patate dans sa bouche, tu vas voir après comme il va se calmer […] Le petit Darnauzan, à un moment donné, il passe à travers la trappe. Comment il ne peut pas ou recevoir une béquille ou prendre un coup dans sa tête ? J’ai du respect pour Darnauzan, ce n’est pas ça que je veux dire. Mais il rentre dans la raquette, il fait son petit shoot devant les mecs et t’as pas envie de lui coller une tartine ? Eh ben donc on est à notre place ! » Comment aviez-vous réagi, vous n’aviez pas mal pris ses paroles ?

Pas du tout, au contraire. J’étais prévu pour passer en conférence de presse après le match et Laurent Sciarra était avant moi. Autant te dire que la conférence, je ne l’ai jamais faite. Lolo a parlé pendant 1h30, il a pété les plombs, il s’est étendu sur la situation de son club et de son équipe comme on connait l’interview. Son équipe était dernière et nous sommes arrivés et nous les avons battus. Il n’y a pas eu de réaction de leur part et je mets 19 pions. Bon, je n’avais pas joué en sifflant, mais je mettais des paniers sur les grands et ça l’énervait au possible et c’est pour ça qu’il dit « Mais il n’y a pas un mec qui lui a mis une tarte dans sa gueule ou une béquille ». Il ne comprenait pas comment je pouvais m’amuser autant avec sa défense. Après, il y a eu différents sons de cloche. Les gens qui m’appelaient et qui me disaient : « Mais mec tu ne devrais pas te laisser parler comme ça, porte plainte ». Mais pas du tout, Lolo je le connais, je sais qu’il ne disait pas ça méchamment, il était vexé et en colère par rapport à la non-réaction de son équipe. Ce n’était pas contre Darnauzan c’était juste un exemple. Ils font une zone qui leur permet de revenir un peu et je les termine avec 2-3 tirs sur ses pivots. Venant de sa bouche, c’était plus une reconnaissance qu’une méchanceté.

« On se foutait de Tony Parker quand il nous disait qu’il irait en NBA »

En 1998, vous êtes sélectionné en équipe de France U18 pour un championnat d’Europe. C’est un certain Tony Parker qui partage le poste de meneur de jeu avec vous. Ce dernier était-il déjà au-dessus de tout le monde ? 

Tony, il est de la génération 82. Nous la génération 1980. Donc il avait deux ans de moins et il était déjà avec nous. J’étais plus âgé donc j’étais le 1er meneur, mais Tony poussait derrière et nous a amené des choses extraordinaires. Sa fougue, sa vitesse, son leadership, peu de gens avaient tout ça, moi en tout cas je ne l’avais pas. On savait tous qu’il deviendrait un grand joueur. De là à dire qu’il irait en NBA… D’ailleurs à l’époque, on se foutait de lui, parce on lui disait « mais mec, il n’y a personne qui est allé en NBA ». Il n’y avait pas un français, 1-2 Européens dans des petits rôles. Et il a réussi. D’ailleurs j’en discutais avec lui lors de la dernière Leaders Cup car on a mangé ensemble, avec Boris Diaw aussi. On se rappelait ces époques là, il m’a dit dit « Mais moi j’étais persuadé que j’y arriverais. » Et aujourd’hui on a tous fermé nos gueules (rires).


Les reconnaissez-vous tous ?

Oui, vous êtes d’ailleurs proche de Boris Diaw… 

Oui, nous sommes amis. On s’est connu en sports études à Mont de Marsan, donc très jeunes. Puis il est allé à l’Élan. Je pense que tout le monde connait son parcours, donc on s’est suivi. Il a fait sa carrière, j’ai fait la mienne. Et on s’est retrouvé sur Bordeaux ces dernières années car lui a une maison sur Bordeaux et moi sur le bassin d’Arcachon. On est une petite bande où tous les soirs, on se fait un apéro Facetime, on discute, lui est à Utah d’ailleurs. C’est une personne qui a le cœur sur la main. C’est quelqu’un qui partage énormément, il aime être entouré de ses meilleurs amis, c’est toujours les mêmes. Il a toujours eu le même cercle d’amis et il n’a jamais changé. Et je trouve ça très beau, c’est une personne honnête en amitié. Et puis c’est un super gars surtout. 

Avez-vous eu la chance d’être invité chez lui aux États Unis ou même d’aller assister à l’unes de ses finales NBA ? 

J’ai toujours refusé d’aller aux États-Unis. Souvent mes coéquipiers m’invitaient l’été à venir chez eux, même pour m’entrainer. Moi, l’été je n’avais qu’une hâte, c’était de retrouver ma famille sur le bassin d’Arcachon. Mais aujourd’hui j’ai des regrets j’avoue. D’ailleurs, je devais partir chez Boris à Utah avec notre groupe de potes. Chaque hiver, on part au ski tous ensemble, on choisit un endroit et on part une semaine passer des moments incroyables. Et là il nous a dit, « venez chez moi à Utah, on va se faire un vrai truc ». On devait aller à Las Vegas, Aspen, quelques matchs NBA, un super voyage de dix jours. Mais leprésident Trump annonce qu’il ferme les frontières, donc voyage annulé… Faut savoir que Boris adore tout organiser. Il ne te dit rien, il te fait des surprises, la seule chose que tu sais, c’est que ça va bien se passer. Ce n’est que partie remise. 

« Le basket français devient beaucoup moins technique ou tactique »

 Quel est votre regard sur le basket Français ? 

Moi, je ne vais pas te mentir que j’avais un peu coupé ces dernières saisons. Je ne regardais que les matchs d’EuroLeague sur RMC car j’ai mes potes David Cozette et Stephen Brun qui commentent. Le basket a beaucoup changé. Il est devenu très athlétique, déjà à mon époque c’était le cas. Je l’avais déjà senti. C’est beaucoup moins technique ou tactique que ce que j’ai connu et que la génération avant moi avait connu. Ce n’est plus le même basket. Mais c’est attractif. Quand on voit les équipes comme l’ASVEL, Monaco, Dijon et même Bourg… Ces équipes jouent au basket et elles apportent de la densité physique et athlétique, avec cette notion de spectacle. C’est bien mais c’est encore mieux si on peut garder aussi le côté tactique. Il y a de très bons coachs dans le championnat. Laurent Legname ce qu’il fait avec Dijon, c’est grandiose. C’est impressionnant à l’image du basket que les Dijonnais ont proposé à la Leaders Cup. 

Petit, vous rêviez de plein de choses. Les avez-vous réalisées ?  

Le rêve, c’est ce qui te fait avancer, donc j’en ai encore. Il fallait amorcer cette reconversion. C’est ce que j’ai essayé de faire du mieux possible. Je pense que c’est très important pour un sportif de haut niveau et notamment les basketteurs. Nous ne sommes pas des footeux, on ne peut pas tranquillement regarder ce qui se passe. Il faut aller chercher de l’argent pour faire vivre nos familles. Je suis marié, j’ai quatre enfants, j’ai des responsabilités donc il faut aller au charbon. Et un de mes rêves était de bien négocier ma reconversion. Je l’ai bien faite avec mon agent de l’époque, Miloud Dahine. C’est important pour les joueurs de discuter avec leur agent, des opportunités d’après carrière. Mais ça ne veut pas dire que tu dois stopper, ça fait partie de l’accompagnement, tout simplement. Beaucoup de joueur ne savent pas ce qu’ils vont faire demain. Aujourd’hui, le syndicat des joueurs propose des formations donc il faut en profiter. Moi, lors des déplacements en bus sur la fin, je ne jouais pas toujours à la console. J’essayais de lire des livres sur le management, sur comment gérer une entreprise. Des informations qui m’ont permis d’être prêt quand j’ai stoppé. Une fin de carrière peut arriver très vite à cause d’une blessure ou parce que l’âge avance. Donc il faut être préparé à ça. Aujourd’hui, je vends mon restaurant, donc je vais être à l’abri financièrement, mais je ne veux pas me reposer dessus car je veux mener d’autres projets qui me tiennent à cœur. Les rêves, ils arrivent par  la force des choses et c’est ce qui fait la beauté de la vie. 

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Sous les couleurs de l’AMSB, le club qui a marqué sa carrière professionnelle, même si l’histoire s’est mal terminée
(photo : François Pietrzak) 

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