ITW Vincent Sanford, Palois revanchard : « J’ai déjà entouré la date de mon retour à Limoges dans le calendrier »
Pas simple de trouver une place de parking en plein mois d’août dans le centre-ville de Cannes ! Tout régional de l’étape qu’il est devenu, Vincent Sanford (1,93 m, 29 ans) subit, comme chaque Azuréen, l’afflux estival des touristes sur les bords de la Méditerranée. C’est que le natif de Lexington (Kentucky) est rapidement devenu l’un des Américains de Jeep ÉLITE les mieux intégrés à notre pays.
Tombé amoureux d’une Française, il se mariera dans quelques jours à Nice, là où il réside désormais. Là où il a passé tout le confinement et l’intersaison, améliorant encore un peu sa belle maîtrise du Français, découvrant surtout les joies de la paternité en pouponnant son petit Noah. Loin, très loin, du tumulte de Beaublanc où il a été chahuté toute la saison dernière. Des critiques à la hauteur de la déception suscitée par ses performances sous le maillot limougeaud (9,9 points à 43%, 2,5 rebonds et 2,7 passes décisives), lui qui avait été si brillant auparavant avec Antibes ou Chalon-sur-Saône (15,3 points à 56% en 2018/19). Débarassé de sa deuxième année de contrat avec le CSP, il rebondira du côté de… l’Élan Béarnais. Une signature chez l’éternel rival qui n’a pas manqué de susciter de nouvelles railleries dans le Limousin.
Limoges ou Pau-Lacq-Orthez, cela semblait complètement hors d’atteinte pour Vincent Sanford il y a un peu moins de quatre ans. À l’époque, il sortait de deux années d’inactivité et, après avoir contacté des centaines d’entraîneurs à travers la planète pour décrocher un emploi, ses seuls passages à Thor Thorl (Islande) et Barrancabermeja (Colombie) ne lui permettaient pas d’être en mesure de trouver mieux qu’un contrat à 700 € par mois en troisième division allemande avec l’équipe réserve de Würzburg. Désormais devenu un joueur capable de tirer son épingle du jeu en EuroCup (14 points à 51%, 3,1 rebonds et 2 passes décisives), Vee Sanford a réussi son pari, lui qui avait été obligé d’officier comme professeur ou arbitre entre 2015 et 2016 pour survivre financièrement. Enfin garé, il nous a conté son odyssée, installé sur un banc du boulevard de la Croisette, face au bleu scintillant de la mer Méditerranée…
Après avoir contribué à la victoire du CSP dans le 107e Clasico, Sanford prendra désormais place de l’autre côté
(photo : Limoges CSP)
Vincent, tu es maintenant un joueur référencé de Jeep ÉLITE. Il y a cinq ans, lorsque tu passais plus d’une année complète chez toi sans jouer après deux premières saisons professionnelles en Islande et en Colombie, cela semblait une perspective assez utopique…
Oui, je ne pensais pas que je pourrais être en mesure de jouer en France. Ça ressemble un peu à un rêve mais je n’ai jamais cessé de travailler pour en arriver là. J’ai encore beaucoup de chemin devant moi mais je me sens vraiment chanceux de pouvoir être dans cette position. À l’époque, entre 2015 et 2016, j’ai même été obligé de prendre un vrai travail pour gagner ma vie, de 9h à 17h chaque jour.
Que faisais-tu exactement ?
J’étais enseignant. J’ai été diplômé d’histoire donc je donnais des cours de soutien scolaire à des enfants dans cette matière, je les aidais aussi à améliorer leur écriture. Et le week-end, j’arbitrais des matchs. Je sais ce qu’est la vie professionnelle et ça me permet d’apprécier encore plus le fait de jouer au basket aujourd’hui.
Si l’on revient sur ta carrière, ton cursus universitaire ressemble un peu à ton parcours professionnel. Tu as d’abord galéré à Georgetown avant de t’épanouir à Dayton…
J’ai beaucoup appris à Georgetown. J’ai côtoyé de très bons joueurs, un excellent entraîneur. En dehors du basket, ce n’était pas simple d’être aussi loin de chez moi. La fac est à Washington, à peu près à 8 heures de route de là où j’ai grandi. J’ai grandi là-bas mais c’est sûr que c’était mieux d’aller à Dayton. C’est beaucoup plus proche de Lexington et tout le monde m’a accueilli à bras ouverts, c’était l’endroit parfait pour moi.
« 700 € par mois et un colocataire en Allemagne »
Et vous avez presque atteint le Final Four de NCAA en 2014…
Eh oui ! Nous étions tout proches de le faire… Florida nous a battus de 10 points en quart de finale. Mais c’était un super parcours, une belle expérience. J’étais avec des mecs comme Devin Oliver, qui jouait à Nanterre cette saison, ou Alex Gavrilovic, Big A. C’était mon colocataire pendant trois ans ! C’est fou car je l’ai entendu parler Français pendant tout ce temps et j’étais à mille lieux de m’imaginer moi-même vivre en France quelques années plus tard. C’est mon gars, je lui envoie des messages en Français parfois sur Instagram. Il joue en VTB League maintenant. Son évolution ne me surprend pas du tout. C’est un stretch-forward, très technique. Le style de jeu en Russie lui convient beaucoup plus que le championnat français.
Comment se fait-il que tu n’ai pu trouver qu’un contrat en Islande pour tes premiers pas en pro, alors que tu étais un élément central d’une grosse équipe de NCAA ?
J’ai appris l’importance d’avoir un bon agent… Mais aussi cela veut dire que certains joueurs doivent cravacher plus que d’autres pour en arriver là où ils sont censés être. En me retrouvant en Islande, j’ai réalisé que je devais plus travailler que les autres. J’en suis sorti renforcé mentalement.
Découvrir l’Europe pour la première fois dans un village islandais, c’est assez atypique…
J’étais à Thorlakshofn, un village de 900 habitants seulement ! Pour un rookie, c’était vraiment dur, surtout quand il faisait nuit dès 15h en hiver. Mais cela m’a permis de devenir un meilleur professionnel. Après, l’Islande est vraiment une super destination pour passer ses vacances.
Sanford a tourné à 22,1 points avec Thor Thorl pour sa première expérience professionnelle
(photo : Thor Thorl)
Ensuite, tu es parti en Colombie, pas non plus la destination la plus courante dans le basket mondial. Comment était-ce là-bas ?
C’est un très bel endroit. J’étais à Barrancabermeja. La Colombie n’est pas un grand pays de basket mais ils ont quelques bons joueurs, comme Juan Palacios ou un qui était au Partizan l’année dernière (Braian Angola-Rodas). Malgré cela, le championnat n’est vraiment pas suivi là-bas.
Et après, tu as même passé une saison blanche, comme tu l’as déjà évoqué plus tôt…
Exact, presque deux ans sans jouer. Je n’arrivais pas à trouver un nouveau club. Je n’avais pas vraiment d’agent à l’époque. Au début, je soignais une petite blessure à mon pied mais ce n’est pas la raison de cette longue absence, c’est juste que personnne ne voulait me donner ma chance. Je me revois envoyer des tonnes de message à des coachs sur Facebook ou Instagram. Partout dans le monde, tous les championnats auxquels vous pouvez penser, je contactais les coachs. Puis un jour, un ami m’a appelé pour me proposer de venir en troisième division allemande. J’ai parlé à l’entraîneur m’a prévenu qu’ils n’avaient vraiment pas beaucoup d’argent à me proposer : 700 € par mois. Mais ce n’était pas une question financière, c’était l’occasion de me montrer. Alors j’ai dit oui et cela m’a pris dix matchs en troisième division allemande pour que j’obtienne une promotion vers l’équipe première.
Quand personne ne voulait de toi, as-tu pensé à abandonner et à mettre le basket derrière toi ?
Non, je n’y ai jamais pensé. Mes amis et ma famille ne m’auraient jamais autorisé à baisser les bras. Mon père et ma mère m’ont dit de continuer à me battre, que j’étais encore jeune. Ils me répétaient de trouver une solution, qu’il faut toujours savoir se sortir de chaque situation et de ne pas se trouver d’excuse.
« Limoges, une histoire de blessures »
700 € par mois en troisième division allemande, ce n’est vraiment pas grand chose… Mais j’imagine que tu étais prêt à accepter n’importe quelle proposition à l’époque ?
Oui, il fallait que je fasse un pas en arrière pour pouvoir ensuite en faire plusieurs en avant. Surtout que mon salaire en Islande n’était pas si mal pour un rookie, je gagnais à peu près 2 500 € par mois. Mais oui, j’étais prêt à dire oui à n’importe qui. Particulièrement en Allemagne car je savais que j’allais avoir beaucoup d’exposition là-bas. Y aller est l’une des meilleures décisions que j’ai prises pour ma carrière. En Allemagne, je devais même partager un appartement avec un jeune joueur de l’équipe. Ça ressemblait à un retour à l’université ! Ce n’était vraiment pas du tout le rêve du basket professionnel mais je savais là où je voulais aller. Je misais sur moi-même !
Et comment as-tu été promu de la réserve de Würzburg jusqu’à leur équipe de BBL ?
C’est une succession d’évènements. Je voulais rentrer à la maison pour les vacances de Noël mais je n’avais pas assez d’argent pour me payer le billet d’avion donc je suis resté en Allemagne. Un nouvel entraîneur est arrivé à la tête du club et il a vu à quel point j’étais efficace en troisième division. Alors il m’a proposé de venir m’entraîner avec eux. Il a apprécié mon jeu et m’a permis d’intégrer l’équipe. Ce coach, c’était Dirk Bauermann, l’un des plus renommés en Allemagne, aussi l’un de mes entraîneurs préférés. J’ai saisi ma chance et depuis, tout s’est enchaîné. Ça a été le tournant de ma carrière. Je me suis notamment retrouvé avec LaMonte Ulmer dans l’équipe, on partageait la chambre d’hôtel en déplacement. Il fait partie de ceux qui m’ont le plus aidé.
Depuis, tu as aussi presque trouvé une seconde maison en France ?
Tout à fait ! Je suis heureux d’avoir démarré mon parcours en France à Antibes. Je suis tombé amoureux du Sud de la France, j’ai rencontré ma femme ici. Cela fait partie de moi maintenant, c’est génial.
Würzburg, le tournant
(photo : Beko BBL)
Qu’est ce que cela te dit de toi, cette faculté d’avoir pu te sortir des bas-fonds du basket mondial pour te hisser jusqu’en EuroCup ?
Que j’aime ce jeu ! Le basket est ma passion. J’aime jouer. Pour moi, ça ne ressemble pas à un métier, c’est juste quelque chose que j’adore faire. Ça reflète mon amour pour ce sport.
Si l’on revient un peu sur ton parcours en Jeep ÉLITE, tes deux premières saisons avec Antibes puis l’Élan Chalon ont été plutôt réussies non ?
D’un point de vue individuel, oui. Antibes était une super opportunité, je suis reconnaissant au coach Espinosa de m’avoir donné ma chance. Pareil pour Jean-Denys Choulet à Chalon. J’ai adoré ces deux clubs, j’aurais aimé participer aux playoffs avec eux mais j’ai beaucoup appris lors de ces deux saisons.
En revanche, tu sors d’un exercice beaucoup moins réussi à Limoges où tu es considéré comme la déception de la saison. Que s’est-il passé au CSP ?
En fait, l’été dernier, je me suis entraîné extrêmement dur. Tous les jours. Je n’ai pas donné à mon corps l’occasion de se reposer et je suis arrivé fatigué à Limoges. Résultat, je me suis blessé dès le premier entraînement et j’ai raté un mois de présaison. Quand je suis revenu, on m’a directement fait jouer 30 minutes en Jeep ÉLITE et en EuroCup. Toute la saison, j’essayais de rattraper le rythme des autres. Malheureusement, je me suis reblessé en novembre et j’ai dû refaire tout le chemin de nouveau. Statistiquement, je me suis plutôt bien débrouillé en EuroCup mais je n’ai tourné qu’à 10 points en France, ce n’est pas ce à quoi je m’attendais. C’est une histoire de blessures. C’est pour ça que cet été, j’ai surtout pensé à me reposer et à écouter mon corps.
« La rivalité Limoges – Pau, cela ne me concerne pas »
Le public de Beaublanc t’a parfois sifflé, te reprochant de ne pas tout donner sur le terrain…
Oui. Ça ne me dérange pas. C’est un peu décevant de voir que tes propres supporters te sifflent mais au final, ils ne savent pas exactement ce que tu traverses. Ils n’étaient pas au courant de la gravité réelle de mes blessures. Je jouais aussi dur que je pouvais mais tu ne peux pas trop te sacrifier non plus. Je l’ai fait avant et je me suis blessé. Je ne suis pas vexé car je sais que j’ai tout donné sur le terrain, c’est juste que je n’étais pas à 100% car je revenais de blessure.
Le contexte limougeaud est assez spécial en France. La passion peut être exaltante quand tout va bien mais cela peut aussi vite devenir pesant, comme dans ton cas ?
Oui, ça peut être génial comme difficile. Mais à mes yeux, les supporters de Limoges ne sont pas aussi effrayants que pouvaient l’être les supporters universitaires. Je me rappelle de 20 000 supporters à Syracuse, 20 000 supporters à Villanova, qui insultent ta mère, ton père, ta sœur. Le bon point, c’est que je ne comprenais pas toujours ce que les gens à Limoges disaient (il rit). Mais je sais qu’ils sont vraiment passionnés par le CSP, c’est vraiment super quand tu joues à la maison et que tout va bien. Cela peut effectivement être délicat pour les adversaires mais ce n’est vraiment pas l’ambiance la plus intimidante que j’ai vu dans ma vie, j’ai connu bien pire.
Et tu risques de te faire siffler encore plus la saison prochaine puisque tu as rejoint l’Élan Béarnais…
Sauf que là, j’accepterai les huées à bras ouverts ! Plus vous doutez de moi, plus vous me sifflez, plus ça me motive pour exceller. Je joue vraiment bien quand on me remet en cause. Si on me dit que je ne peux pas faire quelque chose, je vais tout faire pour vous prouver le contraire. Je suis impatient d’aller affronter Limoges. Après, attention, il faut vraiment cantonner cela au strict domaine sportif. Je m’entends très bien avec tous les joueurs de l’équipe, Jerry (Boutsiele) était chez moi à Nice le week-end dernier par exemple. Je parle régulièrement à Crawford (Palmer). Cela ne va pas plus loin que le basket. Quand Beaublanc va me siffler, je vais l’accepter, ça va me transcender encore plus. J’ai travaillé tout l’été pour cela, pour montrer à la Jeep ÉLITE que je suis toujours un fort joueur de ce championnat. Maintenant, j’ai même un fils. Accompagner ma femme pendant sa grossesse a été l’une des étapes les plus compliquées de ma vie. Depuis qu’il est arrivé parmi nous, au printemps, il y a beaucoup moins de stress, plus de concentration sur le basket. Je suis prêt et je pense que Pau est un super endroit pour moi.
Avec Chalon, Sanford est monté jusqu’ 31 points en avril 2019 contre les Metropolitans
(photo : Sébastien Grasset)
Il y a une grosse rivalité entre Limoges et Pau. Tu as écrit sur Twitter que cela n’avait aucune importance pour toi. Peux-tu étayer ton point de vue ?
Le truc, c’est qu’il n’y a pas une rivalité plus forte qu’une autre à mes yeux en France. Si vous n’avez pas le même maillot que moi, vous êtes mon rival. Je me fous que vous soyez Limoges, Gravelines, Cholet, Villeurbanne… Pour moi, tout le monde est un adversaire. Je ne vais pas accorder plus d’importance à un match qu’un autre. Bon ok, cette saison, je vais mettre un point d’honneur à jouer Limoges avec plus de dureté car j’ai quelque chose à prouver mais sinon, l’histoire ne me touche pas. Cela ne me concerne pas. Il faut bien que je signe quelque part pour nourrir ma famille. La rivalité qui me parle, c’est Louisville – Kentucky. Ça, c’est chez moi et c’est quelque chose d’énorme. Mais pour vous, Français, ce n’est pas vraiment important pour vous et c’est normal. En France, je ne fais pas de différence entre les équipes. Mais j’ai déjà entouré la date de mon retour à Limoges dans le calendrier.
Qu’est ce qui t’a fait choisir Pau cet été ?
Honnêtement, au début, je pensais vraiment quitter la France. Je pensais partir à l’étranger. Mais plus les jours passaient, plus je me disais que rester ici serait l’option la plus sûre avec les incertitudes liées au coronavirus. On ne sait même pas si les compétitions européennes pourront avoir lieu l’année prochaine donc ce n’est pas vraiment un problème de ne pas rejoindre un club européen. Pau est un peu sorti de nulle part, je ne m’attendais pas à signer là-bas. Je connais le coach, leur style de jeu et ils me voulaient vraiment, comparé aux autres équipes qui m’ont contacté. Ça a facilité ma décision. Je sais que Laurent Vila laisse de la liberté à ses arrières : C.J. Harris, Tyrus McGee ou Elie Okobo sont là pour le prouver. Je pense que c’est une bonne situation pour moi et je suis impatient de démarrer.
Tu avais d’autres possibilités ailleurs ?
Oui, j’aurais pu aller en Israël, en Italie, en Turquie. J’avais également des contacts en Ukraine, mais je ne voulais pas y aller. J’ai longtemps discuté avec Manresa, en Espagne, mais ça ne s’est pas fait. Au final, pour ma famille, rester en France était la meilleure solution : si l’on se retrouve dans la même situation qu’au printemps, au moins, je serai à la maison.
Peut-on s’attendre à un Vincent Sanford totalement différent la saison prochaine ?
Non, je ne dirai pas totalement différent. Mais j’ai beaucoup grandi en tant qu’homme récemment. Depuis que je suis papa, j’ai évidemment beaucoup plus de responsabilités. Je sais ce que je dois faire. Je veux qu’il voit son père réussir et c’est une motivation complètement nouvelle pour moi. Mais surtout, je suis prêt à contredire tous ceux qui doutent de moi en France cette saison. Maintenant, je suis en parfaite santé. J’ai pris 8 kilos, je suis plus costaud. Mon corps s’est transformé, je suis prêt à retourner au travail.
« Le Sud de la France, c’est chez moi maintenant ! »
Difficile à dire sans que le recrutement ne soit terminé, encore moins sans avoir vu le groupe en vrai, mais que penses-tu de l’équipe de Pau sur le papier ?
Je pense qu’on a un groupe de qualité ! Je connais bien Rémi Lesca, Jérémy Leloup, Nicolas de Jong… Ce sont tous des bons joueurs. Le meneur qu’ils ont signé a l’air pas mal aussi. La sœur de Petr Cornelie était avec moi à Dayton sinon ! Mais vous savez, il n’y a que l’alchimie collective qui m’intéresse et c’est impossible à dire pour l’instant. Les noms n’importent pas, on verra sur le terrain.
La Jeep ÉLITE est un championnat qui convient à tes qualités non ?
Tout à fait ! C’est un championnat rapide, athlétique. Maintenant, j’ai l’impression que le championnat devient de plus en plus technique. Les équipes ont des systèmes collectifs bien plus élaborés, elles ne se reposent pas sur les qualités physiques de leurs joueurs. C’est peut-être dû à l’arrivée de coachs venus de Serbie, sachant que les entraîneurs français progressent aussi. Le fait que beaucoup de clubs jouent des compétitions européennes aide aussi. Je crois que le championnat est en pleine progression.
En dehors du terrain, tu es l’un des Américains les plus intégrés en France. Tu vas épouser une Française, tu vis à Nice…
(il coupe) Je parle Français aussi ! Je suis comme un acteur, je peux m’adapter à tous les endroits où je vis. Mais oui, je me sens comme chez moi en France. J’aime particulièrement le Sud. J’ai beaucoup grandi en France, rencontré des personnes formidables et je dois encore continuer à me faire une place dans cette société. J’ai encore pas mal de progrès à faire avec la langue, mon fils va vite être bilingue. J’écris beaucoup en Anglais mais c’est encore trop dur en Français. D’ailleurs, j’ai réalisé que beaucoup de Français avaient du mal avec ça aussi (il rit). Pour l’instant, je vais me concentrer sur l’oral, ça va prendre beaucoup plus de temps pour être à l’aise à l’écrit.
Vee Sanford, désormais régional de l’étape sur la Côte d’Azur
(photo : Alexandre Lacoste)
Depuis combien de temps n’es-tu pas rentré aux États-Unis ? Tu as passé tout le confinement en France non ?
La dernière fois, c’était en juillet 2019. Nous avons passé le confinement à Nice. Nous avons quitté Limoges le jour précédant l’annonce du confinement, ma femme était enceinte de neuf mois ! Il y avait sept heures de route jusqu’ici. Elle a accouché à Grasse. Je suis resté en France tout ce temps, je suis juste retourné un peu à Limoges et j’ai passé une semaine à Rouen car ma femme est d’origine normande.
C’était sûrement la meilleure période pour avoir un enfant…
Tout à fait ! J’avais tout le temps du monde pour être avec ma femme et mon fils. C’était parfait !
Au final, vivre à Nice est plus facile qu’à Thorlakshofn ?
(il rit) Ah, c’est sûr ! Il fait beau, il y a la mer à côté, on y mange très bien. Le soleil joue beaucoup sur mon moral, c’est super d’être à un endroit où il est souvent présent. Ça change des longues nuits islandaises. J’adore vivre dans le Sud, c’est chez moi ici maintenant.
Propos receuillis à Cannes,
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