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Steed Tchicamboud, apprenti coach : « Laissez-moi faire tranquillement mes années dans les niveaux intermédiaires » (2/2)

Si vous n’êtes pas un assidû des salles de Nationale 2, vous n’avez pas encore pu vous habituer à la chose. Mais oui, depuis la fin de sa carrière de joueur, Steed Tchicamboud (39 ans) est devenu entraîneur. Une transition qui s’est très rapidement opérée : le jour de l’annonce de sa « retraite », le 11 octobre 2016, il était déjà indiqué que l’ancien meneur de l’Élan Chalon allait devenir assistant à l’INSEP. Une petite année d’observation plus tard − au contact des Maledon, Ayayi et autres Février −, l’oiseau prenait son envol, direction l’ESC Trappes-Saint-Quentin-en-Yvelines en Nationale 3. Passé entre-temps par Cergy-Pontoise (NM2) sous la houlette du président Amara Sy, il officie depuis l’été 2019 à Sorgues, toujours en Nationale 2, un club qui tente de se restructurer après pratiquement une décennie de bons résultats à l’échelon supérieur.

Partir du bas pour arriver en haut, Steed Tchicamboud n’a jamais caché qu’il espérait calquer sa trajectoire de coach sur son parcours de joueur. En attendant de peut-être retrouver un jour le haut niveau, l’ex-international français fourbit ses armes dans le Vaucluse, au cœur de l’anonymat de la quatrième division. Après deux saisons interrompues prématurément par la Covid-19 (12e en 2019/20 et 6e en 2020/21), il travaille à la constitution d’un effectif prometteur pour l’exercice 2021/22. Après nous avoir longuement conté sa première carrière, le patron des Underdogs s’est confié sur la vision de son nouveau métier et sur ses ambitions dans le coaching. À noter que cet entretien est la combinaison de deux discussions : une première, avant le début de la saison 2020/21 dans sa maison d’un village proche de Chalon-sur-Saône (évidemment), puis une deuxième la semaine dernière au téléphone afin d’actualiser ses propos.

La partie 1 :
Steed Tchicamboud, des titres et des polémiques : « Tout ce qui reste maintenant, c’est l’histoire »

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Parmi les écueils rencontrés par Tchicamboud dans sa nouvelle fonction : gérer un vestiaire en tant que coach
(photo : Christophe Canet)

Depuis la fin de ta carrière de joueur, tu as basculé dans le coaching. Était-ce une évidence pour toi ?

Oui. Vu mes dernières années de joueur, je me suis dit que j’allais arrêter d’emmerder mes entraîneurs et me tourner vers mon propre coaching. Par contre, je savais une chose depuis le début : je ne voulais pas démarrer directement en haut. Je veux suivre le même cheminement que ma carrière de joueur, qui a démarré en Nationale 1 pour aller jusqu’en EuroLeague et en équipe de France. Je préfère faire mes petites erreurs dans les niveaux intermédiaires afin de me préparer pour le professionnalisme ensuite. Franchement, j’ai connu de trop bonnes expériences jusque-là.

Tu peux les détailler ?

J’ai commencé par un stage à l’INSEP où j’ai appris comment programmer les entraînements, comment faire du travail individuel. J’étais sous la houlette de Lamine Kebe et Jean-Aimé Toupane, avec qui j’ai eu des conversations extrêmement intéressantes concernant son vécu. Ensuite, je suis allé en Nationale 3, à Trappes. C’était un laboratoire, j’essayais de voir comment j’allais construire mon basket. Après, j’ai eu la chance de coacher à Cergy-Pontoise où j’avais un gros budget et où l’on a loupé de peu la montée en NM1. Pour une première vraie saison, ça restait un bilan très positif.  Et là, je me retrouve à Sorgues, dans un club sans budget, mais où il faut quand même faire quelque chose. Je suis arrivé dans un climat délicat car le club venait d’être relégué administrativement en Nationale 2. Il fallait reconstruire toute l’équipe, j’ai signé en juillet alors que le recrutement se fait au printemps à ce niveau. Pour ne rien vous cacher, j’ai demandé à mes gars à Paris s’ils connaissaient des joueurs qui sortaient d’une saison blanche et j’ai un peu pris tous ceux qui voulaient venir, sans regarder. L’an dernier, j’ai grave appris mais il y a eu la Covid. Le premier confinement m’a quand même donné le temps de bien préparer l’équipe de cette saison. Malheureusement, ça s’est vite arrêté alors qu’on était parti pour jouer le haut de tableau (3v-3d), surtout que nos joueurs majeurs étaient blessés. À Sorgues, c’est moi qui fais tout pour structurer le club. C’est incroyablement enrichissant, je suis très content. J’ai eu quelques possibilités ailleurs mais je suis tellement bien à Sorgues que je ne vois pas pourquoi je partirais. Il faudrait vraiment un projet incroyablement attrayant. Avec les dirigeants Henri Devos et Daniel Secchiaroli, on essaye de rebâtir le club avec de nouvelles idées, la mairie nous soutient et c’est moi qui suis au centre du projet. C’est pour ça que c’est vraiment intéressant d’être ici.

« Les mecs de NM2 sont à un niveau grave en dessous de toi,
il faut tout simplifier à l’extrême »

Avoir un nom comme Steed Tchicamboud quand tu es coach, est-ce que ça aide auprès des joueurs ?

On ne va pas se mentir : oui, ça aide. Après, ils apprécient beaucoup ma sincérité. Je n’ai pas changé par rapport à quand j’étais joueur : je leur dis des choses de manière crue, que ce soit positif ou non. Ils aiment énormément cela. Ils me disent que la connaissance basket est là mais le problème est de manager les individualités. Personnellement, quand on me rentre dedans, je réagis. Pour moi, tout compétiteur doit être comme ça. Or, avec la nouvelle génération, ce n’est pas comme ça. J’ai passé le DES (Diplôme d’État Supérieur, ndlr) proposé par la FFBB et c’était une aubaine au niveau management. Maintenant, je me rends compte que j’ai fait quelques erreurs à Cergy. Je vais prendre l’exemple de Raphaël Wilson. Je voulais lui rentrer dedans pour le faire réagir mais tout ce que j’ai fait, c’est l’enfoncer. Je ne m’en rendais pas compte sur le moment ! Je coachais comme on m’a coaché à l’époque. Depuis que j’ai passé le DES, j’ai une autre approche. Il n’y a pas de problème au niveau basket, je connais le jeu, mais j’ai dû apprendre à manager un groupe en tant que boss et non pas en tant que joueur. C’est beaucoup plus facile quand tu es joueur car tu es à l’intérieur du groupe.

Tu apprends à mettre plus de rondeurs dans ton management ?

Grave ! Maintenant, je manage par rapport au caractère individuel de certains joueurs. Je suis plus lisse. Après, si un jour je coache à un niveau professionnel, peut-être que je changerai, ce sera à moi de juger. Quand on voit Zeljko Obradovic ou Zvezdan Mitrovic, si tu ne réagis pas face à eux… (il sourit) Ce qui est très difficile pour moi maintenant aussi, c’est que je donne les cartes mais que je dois laisser les autres faire. Quand j’étais meneur, j’étais acteur. Maintenant, je dis ce qu’il faut faire mais les gars le font ou ne le font pas. Quand c’est chaud, dans les fins de match, il y a des situations qui me rendent fou. Je me dis « Putain mais moi j’aurais fait ça plutôt ! ». Ça, c’est vraiment difficile.

Ça ne te démange pas… ?

(il coupe) Ah si, de fou ! On me dit souvent que je fais beaucoup de gestes quand je coache. Mais c’est que ce sont des choses évidentes pour moi et pour ces gens-là, ça l’est moins. En fait, il faut tout reprendre à zéro, tout (il le répète une dizaine de fois). Quand les mecs sortent de centre de formation, ils savent mais les autres, il faut tout recommencer. Par exemple, même les couloirs de course en contre-attaque ! Pour moi, ça devait être quelque chose d’acquis, on apprend ça en benjamins. Mais non ! Récemment, je lisais une interview de Thierry Henry qui disait la même chose, qu’il reprenait toutes les bases à Montréal. Il ne comprenait pas comment c’est possible. Mais en fait, il faut partie du principe que si toi tu sais, les autres ne savent pas.

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En 53 matchs de NM2 avec Cergy-Pontoise et Sorgues,
Tchicamboud affiche un bilan de 30 victoires et 23 défaites (photo : Christophe Canet)

C’est ce qui a rendu fou Laurent Sciarra par exemple, même à un plus haut niveau…

Mais c’est sûr ! Moi, le premier à l’époque, je me disais « Mais Laurent Sciarra, c’est un ouf ! ». Et maintenant, je comprends… Tu vois des choses qui te rendent dingue, des trucs qui me paraissent invraisemblables. Mais les mecs, ils sont à un niveau grave en dessous de toi. C’est strictement impossible de mettre en place ce que j’ai connu en Pro A, il faut tout simplifier à l’extrême. Par exemple, tu ne peux pas demander à ton équipe de changer défensivement, de t’adapter par rapport aux adversaires. Au niveau défensif, j’ai tenté des trucs, ça a été une catastrophe. Finalement, en début de saison, on est reparti sur du basique et ça a fonctionné direct. À ce niveau-là, il ne faut pas en demander beaucoup, rester sur ce qu’ils connaissent et mettre beaucoup d’intensité. J’ai trouvé mon credo sur la défense, l’attaque vient plus facilement car je comprends le basket mais j’essaye de faire en sorte que mes joueurs deviennent de meilleurs basketteurs après leur passage avec moi. Ma plus grosse fierté, c’est Pierrick Moukenga. Ça faisait un nombre incalculable d’années qu’il essayait de monter en Nationale 1 et il n’y arrivait pas. Je lui ai dit de baisser son salaire, de venir avec moi à Cergy et qu’il allait apprendre. Résultat : il est venu, il a fait un an de sacrifices et il était censé jouer à Saint-Vallier cette saison (performant avec Andrézieux-Bouthéon l’an dernier, il avait signé avec le SVBD mais s’est rompu les ligaments croisés au cours de l’été, ndlr). Je vous promets que l’année dernière, il m’appelait pour me remercier ! D’ailleurs, pendant le premier confinement, il a fait une interview avec BeBasket où il a cité mon nom mais vous ne l’avez pas écrit (il rit). Pareil pour Guy-Marc Michel dont plus personne ne voulait et qui a retrouvé la NM1 après son passage avec moi (à Vitré), ou le petit Kiady Razanamahenina qui est maintenant l’un des meilleurs meneurs français de Nationale 1 (avec le GET Vosges). Pour moi, c’est ça la fierté ! Ou même un Grégory Filet ou un Raphaël Wilson, que j’ai pourtant mal managé à l’époque à Cergy, qui choisissent de revenir avec moi à Sorgues car ils ont apprécié mon coaching. Ils pleuraient car j’étais dur, mais je suis persuadé que je suis juste.

« Laurent Legname est un modèle à suivre »

Être coach, c’est beaucoup plus difficile que joueur non ? Il y a beaucoup plus de paramètres à prendre en compte ?

Oui, surtout que je n’ai pas d’assistant. Mais c’est ce que j’ai voulu faire ! J’ai la chance d’être à Sorgues dans un club qui me fait confiance et où je touche à tout, de l’administratif au sportif. Je mets les mains dans le cambouis et ce sont des choses dont tu n’as même pas conscience quand tu es joueur professionnel. Comme aller voir les sponsors à la fin des matchs par exemple, je vois vraiment maintenant à quel point c’est beaucoup trop important.

Qu’est-ce que tu as pris des coachs que tu as eu ?

Bonne question… Je me suis inspiré de Greg Beugnot, évidemment, de Vincent Collet et de Erman Kunter. D’Erman, j’ai pris le mérite : si tu n’es pas bon, quelqu’un d’autre viendra à ta place et si tu es bon, tu joueras, peu importe qui tu sois. Erman, merci infiniment de m’avoir mis la pression comme tu me l’as mis ! Après, Erman, il fonctionne à la menace mais je ne peux pas le faire à mon niveau car il n’y a pas la même notion de concurrence en NM2. Après, je me suis inspiré de Vincent Collet sur les déplacements dans le jeu à cinq, ce que chacun doit faire quand il y a une action. Et de Greg Beugnot, j’ai pris le management. Quand j’ai fait la formation l’année dernière, je me suis rendu compte à quel point Greg m’a eu (il rit). J’aurais pu sauter d’un immeuble pour lui s’il me l’avait demandé. Et outre sa façon de gérer un groupe, quelques systèmes aussi car notre basket était huilé de ouf. Ah, et puis Jean-Luc Monschau sur le pick and roll ! À l’époque, je ne comprenais pas trop mais il est fort là-dessus, vraiment.

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À Sorgues, sans assistant-coach, Steed Tchicamboud est seul en charge du sportif
(photo : Christophe Canet)

D’ailleurs, tu as coaché face à Jean-Luc Monschau en demi-finale du Trophée Coupe de France en 2019. Au moins, le scouting devait être facilité non ?

Ah mais il n’a pas du tout changé dans son coaching (il rit). Il prend toujours un poste 3 qui peut poster, un meneur qui peut jouer les pick and rolls, et des intérieurs athlétiques. Je retrouvais les mêmes systèmes qu’à Nancy, les mêmes formes de jeu que pour Cyril Julian. J’ai bien aimé car il m’a complimenté sur mes choix de carrière. Il m’a dit que c’était intelligent de venir en NM2 et que le basket que je proposais l’avait surpris. Bon, il a gagné le match quand même et il a terminé premier de la poule alors que nous deuxièmes (il rit).

Et parmi les coachs que tu n’as pas eu, t’inspires-tu de quelqu’un en particulier ?

Laurent Legname. Selon moi, il est le meilleur entraîneur français du moment. C’est un modèle à suivre, notamment concernant la qualité défensive de son équipe. C’est vraiment lui que je regarde beaucoup. J’aime énormément la JDA Dijon, c’est une équipe disciplinée avec le meilleur meneur français du championnat, Axel Julien, qui joue dur et juste, avec quand même une forme de fantaisie. Après, j’aime bien Zvezdan Mitrovic et l’intensité défensive qu’il arrive à imposer avec son équipe. Concernant Monaco, j’ai aussi eu la chance de rencontrer Sasa Obradovic lorsque je passais mon DES. Il se souvenait qu’on s’était affronté en EuroLeague à l’époque (Chalon – ALBA Berlin). J’ai beaucoup appris de lui, de ses méthodes d’entraînement. La première question que je lui ai posé, c’est comment il a su changer le style de jeu de Dee Bost, comment il a réussi à le canaliser. C’était un meneur fou-fou, je pensais qu’il ne savait que scorer et on voit bien maintenant qu’il arrive à organiser des gros effectifs. On avait beaucoup échangé dessus.

« On ne perd pas un match parce qu’on fait jouer des jeunes »

Vu qu’il y a ton fils Jayson dans l’effectif professionnel, j’imagine que tu observes aussi ce que fait Lassi Tuovi à Strasbourg ?

Alors je ne vais pas dire ça particulièrement parce que c’est mon fils mais ce qui m’a plu avec coach Tuovi, c’est qu’il n’a pas peur de faire jouer les jeunes alors qu’il vient d’arriver. Je remarque que c’est une constante avec les coachs étrangers, comme Mitrovic ou Obradovic d’ailleurs. Lassi Tuovi a donné des minutes à mon fils en début de saison, ça se passait bien mais ils ne gagnaient pas les matchs. Or, malgré les résultats, il n’a jamais caché que Jayson était une priorité pour lui et ce qu’il dit, il le fait. Les coachs comme ça, ça n’a pas de prix. Malheureusement, en France, la plupart des entraîneurs ont peur de faire jouer les jeunes. Alors que pourtant, il y a énormément de potentiel. Quand tu vois le petit Strazel à Villeurbanne ou Demahis-Ballou à Monaco… Ça m’attriste. Ce sont les entraîneurs étrangers qui viennent en France et qui font jouer les jeunes, c’est vraiment quelque chose que j’apprécie chez eux. Car je suis passé par là en fait. Et si un jour j’entraîne à haut-niveau, si un jeune est bon, je le ferais jouer. Il ne faut pas se mentir : ce n’est pas ça qui va te faire perdre ta place, ce n’est pas ça qui va te faire perdre des matchs. Regardez le petit Demahis-Ballou qui est dans le cinq de tous les matchs d’EuroCup en ce moment ! Après, il faut avoir les joueurs à côté qui peuvent équilibrer les manques, notamment en attaque, mais on ne perd pas un match parce qu’on fait jouer des jeunes. Et plus ils seront sur le terrain, plus ils prendront de l’assurance, plus ils pourront jouer. Et après, potentiellement, c’est un vrai gain financier pour le club ! Pour en revenir à la SIG, quand tu voyais leur début de la saison, tu pouvais légitimement te poser des questions. Et voilà, il fallait juste laisser la mayonnaise prendre et on voit dorénavant que c’est une vraie équipe. Il y a aussi l’arrivée de Nicola Alberani, le directeur sportif, qui connait le basket. C’est primordial. Actuellement, tous les clubs français qui ont un bon directeur sportif, qui ont mis une vraie politique en place, sont dans le haut de tableau. Pour tous ceux qui n’en ont pas, c’est beaucoup plus dur. Ils pourront espérer faire un gros coup une fois sur quatre mais sinon, ce sera le bas de tableau ou le ventre mou dans le meilleur des cas.

Pour en revenir à toi, si l’on synthéthise tout cela, quel type de coach est Steed Tchicamboud ?

Authentique. Généreux. Honnête. Compétiteur. De tout ça, l’honnêteté est mon principe numéro un. Je suis honnête avec mes joueurs et j’attends que mes joueurs soient honnêtes avec moi, ça veut dire qu’on peut tout se dire et que je ne vais pas me braquer si un joueur vient me faire une remarque négative. Et j’aime trop le jeu aussi, tout simplement.

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Steed Tchicamboud, un coach à vocation défensive
(photo : Christophe Canet)

Quels sont tes principes de jeu en tant que coach ?

Je suis un entraîneur qui aime bien la défense car c’est ça qui fait gagner des matchs. Après, on en revient au même problème : en Nationale 2, je ne peux pas produire le basket que je voudrais développer. J’en discute beaucoup avec mes joueurs, ils me disent que je veux mettre en place des choses trop élevées pour eux. C’est aussi pour cela que j’ai commencé dans les championnats intermédiaires : si j’arrive à appliquer ici le basket que j’ai en tête, ce sera beaucoup plus facile à des niveaux supérieurs. Mais je m’adapte. S’adapter, c’est manager.

Es-tu aussi exigeant avec tes joueurs à Sorgues que tu ne l’as été avec Jayson quand il était petit ?

Oh Jayson, je l’ai tué. Je ne vais pas vous mentir, je l’ai tué. Je me rappelle que même la femme du président venait me voir pour me dire de le laisser un peu tranquille. Mais non non, on avait eu cette conversation avant. Je lui avais demandé s’il voulait faire du basket pour s’amuser ou s’il voulait devenir pro. Il m’a répondu qu’il voulait être pro, je lui ai dit que dans ce cas-là, je n’allais pas le lâcher et il était d’accord. Donc je ne l’ai pas lâché. Et pour répondre à la question, oui, je suis plus soft avec mes joueurs à Sorgues…

« Je veux arriver au plus haut niveau »

D’ailleurs, quand tu vois Jayson jouer dix minutes au Colisée (le 7 mars 2020), qu’est-ce que ça fait ?

Ah là, c’est… (il s’interrompt) Même lui est venu me dire qu’il avait eu la pression. Il sait ce que cette salle représente pour moi, il m’a vu avoir mes meilleures années ici. Il est bien à Strasbourg mais Jayson, ça reste l’enfant de la salle, le petit qui criait « allez Papa ! » quand j’étais sur la ligne des lancers-francs. Ça m’a aussi fait plaisir de voir Jayson affronter Alade Aminu, en Coupe d’Europe, ou Blake Schilb, quand il était à Châlons-en-Champagne. Vous vous rendez compte ? Il était tout petit, à les regarder avec des grands yeux, et là, il se retrouve sur le même parquet qu’eux… Ça me touche grave que Jayson puisse jouer contre ces mecs-là, avec qui j’ai remporté des titres. Ils sont allés lui parler. Blake a même voulu lui donner une paire de baskets sauf que Jayson est sponsorisé par Nike (il rit).

Tu l’as déjà un peu évoqué mais est-ce que tu as un plan de carrière en tant que coach ?

Je veux terminer en haut du panier, c’est sûr. Je veux arriver au plus haut niveau. Mais pour l’instant, je ne suis pas pressé, laissez-moi faire tranquillement mes années dans les niveaux intermédiaires. C’est dommage car j’avais peut-être la possibilité de coacher en Nationale 1 mais ça ne s’est pas fait à cause du Covid. De toute façon, je suis très bien à Sorgues et le but, c’est de monter avec Sorgues. Mais je prends ça tranquillement, je ne me prends pas la tête. Après, il peut y avoir d’autres possibilités pour arriver en Jeep ÉLITE, je garde la porte ouverte à tout.

Tu apprends à tes joueurs à partir à gauche un peu ?

(il rit) Ah, s’il y en a un qui est fort de la main droite, je fais tout pour qu’il fasse la différence dessus. Non après, que les joueurs partent à gauche ou à droite, peu importe.

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Sous contrat avec Sorgues jusqu’en 2022, « L’Escroc » bientôt sur un banc de LNB ?
(photo : Christophe Canet)

 La partie 1 :
Steed Tchicamboud, des titres et des polémiques : « Tout ce qui reste maintenant, c’est l’histoire »

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