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Les chantiers du président Philippe Ausseur : « Je veux que la LNB soit perçue comme la meilleure ligue européenne »

LNB - Président de la Ligue Nationale de Basket, Philippe Ausseur nous a accordé un entretien afin d'exposer sa vision du basket français. Son plan pour les quatre prochaines années, la situation des Metropolitans 92, la relation avec l'AS Monaco, le nouveau contrat télévision, l'avenir de la Pro B ou de la Leaders Cup, un éventuel accord avec la NBA pour garder les jeunes en France : le nouveau dirigeant fait le tour des sujets chauds du moment.
Les chantiers du président Philippe Ausseur : « Je veux que la LNB soit perçue comme la meilleure ligue européenne »
Crédit photo : Lilian Bordron

Après douze ans d’ère Alain Béral, le plus long mandat de l’histoire de la LNB, la Ligue Nationale de Basket est entre les mains d’un sixième président depuis le 28 juin : Philippe Ausseur (58 ans), l’ancien patron de la DNCCG. Très méconnu du grand public, il a été plébiscité lors de l’élection, obtenant 80% des voix de l’assemblée générale, grâce notamment à son indépendance, lui qui n’est pas étiqueté par son passé dans un club.

Après sa conférence de presse d’introduction à Paris fin juin, où il avait notamment scellé le principe du passage à 16 clubs, Philippe Ausseur nous a accordé un entretien en forme de feuille de route des quatre prochaines années. Outre l’actualité brûlante du moment, avec la fin de l’encombrant suspense autour de l’avenir de Boulogne-Levallois ou la nouvelle programmation des journées de Betclic ÉLITE due au contrat télévision, le natif de la Nièvre (mais qui a grandi au sein de la cité jurassienne de Dole) a abordé les questions relatives à l’exposition du championnat de France ou à l’avenir de la Pro B, révélant les futures grandes lignes de sa présidence. Où le maintien des jeunes prospects en France, à l’heure d’une concurrence mondialisée, sera une priorité stratégique, peut-être via un partenariat avec la NBA…

Pourquoi être devenu président de la LNB ?
« L’aboutissement
d’une vraie passion »

Philippe Ausseur, si l’on excepte votre passé de président de la DNCCG, vous êtes assez peu connu du grand public. Qui êtes-vous ? 

La caricature, c’est que je suis l’ancien gendarme financier du basket français. C’est vrai, on ne va pas l’enlever, mais je suis avec la ligue depuis deux décennies, j’ai participé à d’autres choses que la seule DNCCG. J’ai été impliqué sur des groupes de réflexion au moment du plan stratégique, très présent au niveau de la Commission Label. Oui, je n’ai jamais été entraîneur ou joueur, je n’ai jamais été non plus président mais en l’occurrence, je crois que c’est plutôt une bonne chose. C’est une garantie d’indépendance. Autrement, je suis un expert-comptable mais j’ai surtout été un consultant et un dirigeant chez EY, par ailleurs un créateur et un dirigeant dans le monde du conseil avec Abington, repris maintenant chez In Extenso. Expert-comptable et gendarme financier, c’est un peu réducteur. Je dirais que la LNB est l’aboutissement d’une vraie passion et d’un attachement très fort pour le basket professionnel.

Justement, quel est votre lien avec le basket ? Est-ce une passion d’enfance ?

Oui. J’adore le sport en général et le basket est un sport que j’ai toujours aimé. Je ne l’ai pas vraiment pratiqué en équipe, si ce n’est au collège et au lycée. Ensuite, les études m’ont attrapé. Je suis dans le monde du basket depuis longtemps : mes premières interventions pour la LNB doivent remonter à 1990-1991 au travers de missions autour de la gestion, des réflexions sur le modèle économique, etc. J’aime le basket, et pas seulement sa version outre-Atlantique en NBA, même si j’ai pu y voir un certain nombre de choses. C’est une passion, une pratique très amateure mais c’est d’abord un vrai attachement à ce sport.

« Continuer à affirmer le basket comme un sport majeur »

D’où est née cette envie de devenir président de la LNB ?

À 58 ans, Philippe Ausseur est devenu le 6e président de l’histoire de la LNB (photo : BeBasket)

Je pense que c’est un aboutissement de tout ce qui a été fait. Je suis convaincu d’avoir un certain nombre de projets à pousser. Je suis très proche de toutes les équipes de la ligue. C’est aussi la rencontre d’un moment, d’un projet et le sentiment, qui s’est traduit par le vote, d’une majorité de gens souhaitant vous voir y aller qui fait que je me suis lancé à un moment donné. On ne va pas se mentir, c’est aussi un peu un sacerdoce donc il faut de la passion, de l’envie. Ces aspects sont présents. Il faut aussi un maximum de consensus avec les gens que vous aurez à accompagner, à guider.

Quel serait un mandat réussi selon vous ? Quelle est votre vision pour les quatre prochaines années ? 

Il est clair qu’il faut que l’on continue à affirmer le basket comme un sport majeur au niveau de nos clubs. Nous avons une belle fondation avec l’exposition médiatique qui découlera du contrat avec La Chaîne L’Équipe et SKWEEK. Il faut que l’on continue à travailler avec ça. Les ressources générées à la ligue doivent augmenter : j’aimerais que la LNB puisse retrouver 25% de recettes de plus. Nos clubs doivent continuer à se structurer. Nous avons deux très belles locomotives maintenant, même si l’une a tendance à tirer un peu plus devant, Monaco (il sourit). Nous avons vocation à être l’une des meilleures ligues en Europe mais je veux qu’on soit perçu comme la meilleure dans quatre ans. Que ce soit sur l’ensemble des revenus générés, de la solidité de l’économie des clubs et que cela se retraduise évidemment sur le terrain, notamment en Coupe d’Europe.

Le feuilleton malsain des Metropolitans 92 :
« Cela aurait été complètement incompréhensible »

Partons sur des sujets plus spécifiques, en commençant par l’actualité immédiate. Les Metropolitans 92 ont finalement décidé de repartir le 19 juillet après quatre semaines de doute. Est-ce un soulagement ? 

Oui mais je pense d’abord que cela aurait été complètement incompréhensible s’ils n’étaient pas repartis. C’était le sens du dialogue qui s’était établi entre eux et nous. Pour le moment, ils ne repartent pas avec le même format, avec un budget de cinq millions d’euros. Il faut parfois décorréler le domaine sportif du domaine financier, je ne dis pas qu’un budget à cinq millions les mettra dans le haut du panier mais on a vu Le Portel se maintenir avec 3,2 millions. Je pense qu’il y a quand même de quoi faire pour préparer une saison. Ça leur laisse le temps de se structurer, d’ouvrir peut-être le capital à des investisseurs.

« Ils auraient dû faire mieux en terme de communication »

Comment interprétez vous ce qui s’est passé cet été ?

Au 31 juillet, Lahaou Konaté est toujours le seul joueur sous contrat chez les Mets, mais le club survivra au moins une saison de plus (photo : Sébastien Grasset)

Je crois qu’ils ont un petit peu rêvé sur le temps nécessaire pour faire rentrer des investisseurs. Ils ont été très accaparés par la fin de saison, la gestion du cas Victor Wembanyama, la finale. Mais je pense que c’était un peu illusoire de croire qu’ils auraient finalisé des dossiers de reprise au 15 juillet, pour reprendre leur date. Je pense qu’il faut qu’ils se donnent le temps, qu’ils peuvent effectivement trouver des repreneurs, qui se substitueraient à la présence des actuels et aussi aux collectivités locales, que les municipalités de Boulogne-Billancourt et Levallois soient moins impliquées. Il faut qu’ils travaillent là-dessus. C’est un club qui doit continuer à se structurer : sur les aspects de communication, ils pourraient faire mieux, ils auraient dû faire mieux. Je crois qu’il est possible de voir émerger un bon projet autour des Metropolitans 92.

« Ce serait la plus grande supercherie de l’histoire du basket français » : que se passe-t-il aux Metropolitans 92 ?

Le mot « pression » n’est peut-être pas adapté, mais disons qu’il y a eu un fort lobbying de la ligue auprès du club ces dernières semaines pour ne pas jeter l’éponge…

Oui, et on pourrait utiliser le mot « pression ». S’il n’y avait pas eu des éléments positifs, on n’aurait pas fait pression. Au contraire, on aurait poursuivi un autre plan. Nous avons été présents pour leur dire que ça n’aurait eu aucun sens que le club ne reparte pas. Ça aurait fait terriblement désordre. La saison qu’ils venaient d’achever ne pouvait justifier, en aucun cas, qu’ils ne repartent pas. Les questions qui se sont posées étaient plus autour de la structuration d’un projet, de faire rentrer des investisseurs, etc. Ce sont des sujets de moyen terme qu’on ne peut pas régler en deux mois.

Le contrat télévision avec L’Équipe et SKWEEK :
« Nous voulions un partenaire,
pas simplement un diffuseur »

La signature du nouveau contrat audiovisuel avec La Chaîne L’Équipe et SKWEEK a été annoncé très rapidement après votre élection donc il est très vraisemblable que vous ayez hérité cela du mandat précédent. Mais il s’agit d’un premier élément capital pour l’exposition du championnat ? 

Oui et non. J’étais très au courant, grâce à Fabrice Jouhaud, de tout ce qui se passait. Nous étions en phase sur le fait de rechercher un partenaire, pas simplement un diffuseur. Je n’ai pas été surpris par l’accord révélé effectivement (il sourit). Maintenant, on doit le mettre en musique. On sait que c’est une formidable opportunité mais que cela génère un certain nombre de contrainte pour nos clubs. On n’a rien sans rien, on le sait, on essaye de trouver les meilleures solutions. Le fait de rechercher un partenariat, c’est pour cela qu’on a mis en place une durée longue. Le 5+2 va dans ce sens. On doit prendre en compte les contraintes des clubs et les obligations des diffuseurs. C’est tout le travail que l’on mène, il a pu y avoir quelques crispations mais globalement, ça se passe bien car la ligue est à l’écoute et fait son maximum pour trouver des solutions.

Ce contrat télévision marque la fin du sacro-saint samedi 20h pour le basket français avec des journées morcelées sur six horaires différents entre le samedi et le dimanche. Cela ne fait effectivement pas, comme vous l’avez déjà évoqué, que des heureux parmi les clubs…

Effectivement mais lorsqu’on a réuni les clubs de Betclic ÉLITE pour présenter les différents créneaux, on n’a pas masqué les difficultés et les contraintes, qui sont une évidence. L’immense majorité nous a dit qu’il fallait tenter ces nouveaux horaires. Nous avons des retours de la part de nos partenaires ligues qui nous disent que ce n’est peut-être pas si mal. J’en ai rencontré un certain nombre me disant qu’il est intéressant d’avoir une palette d’horaires plus larges que le samedi 20h, qu’il y a des gens qu’on ne pouvait pas toucher, et même pourquoi pas pour le samedi 16h. Sur certains matchs, la fréquentation des salles, ou la clientèle, sera différente du samedi 20h. Il faut aussi savoir raison garder : le nombre de matchs pour un club du samedi 16h ne va pas être excessif. Nous avons absolument tenu à rappeler à SKWEEK qu’on ne voulait pas que ce soient toujours les mêmes clubs qui héritent de la case du samedi 16h. Ou d’autres selon les cas, car tout le monde ne voit pas la même chose, les mêmes contraintes. Dans un certain nombre de cas, le match du dimanche n’est pas non plus forcément idéal, selon le bassin dans lequel vous êtes, la typologie de ville. Pour être très direct, on veut que l’ASVEL ou Monaco aient aussi des matchs le samedi à 16h.

La nouvelle programmation de la Betclic ELITE a été dévoilée par Skweek

Pourquoi avoir voulu prendre l’option d’une journée en éventail ? Avec l’idée de création d’un feuilleton sur le week-end ? 

La Betclic ÉLITE sera visible tous les dimanche sur La Chaîne L’Équipe (photo : Jacques Cormarèche)

Le créneau important pour nous, c’est le dimanche 19h. C’est un très bon horaire pour la famille, pour les pratiquants, etc. C’est aussi un créneau où il y a très peu de concurrence sur les autres sports. Pour le reste, il faut tenir compte des contraintes de production. SKWEEK ne peut pas se démultiplier ou ne faire qu’un match par ci, par là. Il y avait cette nécessité de regrouper, d’optimiser les frais de production et, effectivement, de créer un feuilleton où les gens se retrouvent. Vous le voyez aussi bien dans le football que dans le rugby, il n’y a plus que très peu de sports qui ont un seul et unique rendez-vous de nos jours, le but étant toujours d’élargir la clientèle touchée. Je reste persuadé que l’on aura des gens le samedi à 16h qu’on n’aurait pas eu le samedi à 20h.

« La ligue ne va pas emmener les clubs dans une impasse financière »

Pourtant, plusieurs clubs font remonter de grosses inquiétudes sur le taux de remplissage des salles à ces nouveaux horaires, sur les prestations pour les partenaires qui ne pourraient pas forcément se rendre disponibles le samedi après-midi. Ils craignent des pertes financières et que la compensation éventuelle née de la redistribution des droits télés ne soient pas à la hauteur…

On pourrait aussi prendre le contrepied de cela. J’ai entendu de la part de l’un de nos partenaires que le match du samedi 16h allait permettre de faire un réceptif plus long avec les VIP, où les gens sont moins tenus par les contraintes horaires que le samedi 20h. J’ai entendu un club dire lors de notre réunion : « Oui, peut-être que c’est compliqué mais évitons de crier avant d’avoir mal ». La phrase que j’ai retenu de nos partenaires diffuseurs est qu’eux-mêmes n’ont aucun intérêt à ce que les matchs se jouent dans des salles vides. Donc on va voir, on va regarder comment ça se passe, essayer de faire le maximum pour que les contraintes se transforment en opportunités, que tout le monde s’y retrouve d’un point de vue financier. Encore une fois, il faut savoir raison garder : la ligue est consciente du sujet et ne va pas emmener les clubs dans une impasse financière. Évidemment que l’ancien président de la DNCCG que je suis sera vigilant par rapport à cela.

Il n’y a rien à dire sur la visibilité grand public de La Chaîne L’Équipe, ni sur la qualité éditoriale et les moyens mis en place par SKWEEK. Mais est-ce vraiment avec une plateforme numérique réservée à la niche d’ultras-passionnés que l’on peut mieux exposer le basket français ?

Il faut être pragmatique ou réaliste. On a fait le choix d’avoir une exposition en clair, qu’il fallait financer, qui s’adresse au plus grand nombre. L’Équipe a beau être une chaîne sportive, elle est en clair et sur la TNT. C’est quelque chose que l’on recherchait et c’est une très belle fenêtre, surtout le dimanche à 19h, un horaire qui nous semble idéal. Mais on voulait également que l’ensemble des passionnés, qui ne représentent pas la même cible, puissent également accéder aux matchs, avec une qualité beaucoup plus élevée que ce que l’on avait les moyens de faire avec LNB TVSKWEEK nous amène cela. Ce que vous dites est tout à fait exact mais il faut regarder la présence de SKWEEK, c’est probablement la plateforme basket qui est en train de s’installer, celle qui aura l’offre la plus large possible pour les passionnés, et pas que. Cette combinaison entre La Chaîne L’Équipe, orientée très grand public pour faire en sorte que le basket soit de plus en plus connu, et SKWEEK, pour l’ensemble des passionnés que l’on espère de plus en plus nombreux, me semble aussi idéale.  

Luxury tax et AS Monaco :
« Après une phase d’irritation,
elle est acceptée et comprise »

Sans revenir sur le principe de la luxury tax, qui a déjà été explicité, cette taxe n’est-elle pas aussi le symbole d’une relation à fluidifier avec l’AS Monaco ?

J’ai tenu une réunion en début de semaine (entretien réalisé vendredi 28 juillet, ndlr) avec le club de l’AS Monaco, qui s’est très bien passée. Le président, Monsieur Fedorychev, était présent. J’ai expliqué la philosophie de la luxury tax, qui n’est pas un droit d’engagement différencié mais qui doit être une mesure de régulation. De la même manière que la programmation, nous avons traversé une première phrase où il y avait de l’irritation, où il a fallu réexpliquer, qu’on regarde ensemble pour que ça ne soit pas une entrave au développement du club. Ce n’est pas ce que la ligue veut. On souhaite simplement une équité financière et économique. Les derniers retours que j’ai sur cette luxury tax est qu’elle est acceptée, que ses principes sont compris. Sur cette saison, il n’y a pas de retour particulier. À l’avenir, on va étudier avec le club et les instances des possibilités d’amélioration à la marge pour que ça ne soit pas un frein au développement de l’AS Monaco. Bien entendu que nous sommes complètement ouverts et à l’écoute. Le principe est acté, la luxury tax est comprise, je suis plutôt optimiste sur le fait que ce sujet est derrière nous. Peut-être qu’un autre club sera un jour concerné par cette luxury tax aussi…

Pourquoi une luxury tax en Betclic ÉLITE ? « Un outil de régulation économique pour remettre en place un principe d’équité »

Quand des échos fuitent sur la réflexion potentielle du club sur deux équipes différentes entre l’EuroLeague et la Betclic ÉLITE, sur la possibilité de ne pas inscrire Kemba Walker en LNB, ne serait-ce pas aussi se tirer une balle de pied pour la ligue ? 

Depuis l’arrivée de Monaco en LNB en 2015, les relations entre les deux parties n’ont pas toujours été très fluides (photo : Sébastien Grasset)

Je n’ai pas entendu les menaces qui ont pu sortir dans la presse. Je rappelle que le principe de la luxury tax n’est pas de regarder l’équipe alignée dans le championnat mais la masse salariale comptabilisée dans les comptes du club. S’ils ne veulent pas faire jouer Kemba Walker en LNB, ce serait dommage. Je n’en vois pas l’intérêt. Au contraire, je pense que Monaco a tout intérêt à exposer sa meilleure équipe possible le dimanche à 19h sur La Chaîne L’Équipe. Un certain nombre de clubs voudront aussi faire le plein contre Monaco, je pense qu’on verra des délocalisations en région francilienne lorsque Monaco viendra. Il me semble que ce serait contre-productif pour le club lui-même de faire cela. Je rappelle surtout, ce que Monaco n’avait peut-être pas compris, que s’ils n’alignent pas Kemba Walker, ça ne changera rien au montant de la luxury tax.

« La luxury tax ne regarde pas l’équipe alignée en championnat »

Les liens très forts entre votre diffuseur, SKWEEK, et l’AS Monaco Basket suggèrent aussi l’intérêt pour la ligue d’avoir une relation stable avec le club monégasque, qui pourrait être un partenaire fort du basket français à terme…

Bien sûr. Je vais être clair : nous avons absolument souhaité faire le deal télé avec L’Équipe puis ils nous ont demandé l’autorisation de pouvoir sous-licencier les droits. On a donné notre accord et c’est SKWEEK qui est apparu. On ne va pas se mentir, SKWEEK et l’AS Monaco sont évidemment liés. C’est aussi la raison pour laquelle je ne vois pas l’intérêt pour Monaco et son écosystème de ne pas aligner sa meilleure équipe possible sur la plateforme SKWEEK et sur le match du dimanche 19h. Cela n’aurait aucun sens.

Jeunes prospects et fuite des talents :
« Peut-être bientôt une annonce avec la NBA… »

Vous prenez vos fonctions à un moment où le basket français arrive à un tournant. À part éventuellement l’interlude du lock-out en 2011, le championnat de France n’a certainement jamais été aussi suivi que la saison dernière. Comment faire pour capitaliser sur l’intérêt créé majoritairement par la présence de Victor Wembanyama en Betclic ÉLITE ? 

J’avais la chance d’être au cœur des chiffres, ce qui est un avantage (il rit). Je ne veux surtout pas nier l’effet Victor Wembanyama, qui est une évidence. Nous en sommes conscients, tout comme le fait que l’on ne l’aura plus dans le championnat cette année. Pour autant, quand vous regardez les affluences, les finances, tout ne se résume pas à l’effet Wembanyama. Par exemple, la meilleure affluence est celle du SLUC Nancy et ce n’est pas le match contre les Metropolitans 92 qui a changé cela. C’est ce qui nous rend assez confiants pour l’avenir. Ce qui a changé est que tous les matchs des Metropolitans 92 se sont joués à guichets-fermés, y compris à Marcel-Cerdan. On a vu défiler des célébrités qu’on n’aurait pas vu sans Victor Wembanyama. Pour autant, il faut faire la part des choses entre ce qui a été un booster extraordinaire et un mouvement de fond, néanmoins, qui fait que ça s’est accéléré grâce à lui, mais qui existe réellement. C’est là-dessus qu’il faut capitaliser.

Alors comment faire en sorte que ce supposé mouvement de fond ne soit pas en réalité simplement un feu de paille ?

Jamais le basket français n’a autant suscité d’intérêt qu’en 2022/23, l’ère Wembanyama (photo : Lilian Bordron)

Je crois que c’est surtout tout ce qui a été fait pour la structuration dans les clubs, continuer à mettre en avant de très gros prospects. On travaille avec la NBA, d’ailleurs, pour faire en sorte que des choses se mettent en place. Le label LNB sur les clubs est reconnu comme l’un des meilleurs et c’est toute cette structuration là, avec des fondations beaucoup plus solides qu’avant, qui fait qu’on peut espérer faire mieux. On annoncera peut-être des choses au cours des prochains mois mais on essaye de collaborer avec la NBA. Ils nous disent qu’on est la ligue européenne qui les intéresse le plus. Ce n’est pas seulement l’effet Victor : il a été un projecteur ou un accélérateur, mais ils voient le potentiel de la France. Ils reviennent avec un match à l’Accor Arena la saison prochaine (Cleveland – Brooklyn), le marché français les intéresse beaucoup et on peut essayer de bénéficier d’un apport NBA, dont il faudrait dessiner les contours. Il y a des discussions intéressantes entre la NBA et la LNB. On s’est vu cette semaine, on va continuer à se rencontrer et je suis optimiste sur les choses à faire avec eux.

« Mettre en place et financer un programme
pour que les meilleurs prospects restent en France »

Pour éventuellement lancer quelque chose qui pourrait se rapprocher du programme Next Stars mis en place par le championnat australien par exemple ? 

On ne sera jamais comme les Australiens car c’est un autre marché. Il faut aussi voir que nous avons au-dessus de nous des compétitions européennes, qui n’existent pas en Australie, avec les particularités spécifiques de chacun. Ce que l’on vise, c’est une meilleure valorisation de nos prospects NBA. L’exposition passe par le fait de les faire jouer. On veut voir comment accompagner ça, dans un format qui sera sûrement différent de celui de l’Australie. Mais oui, on réfléchit et on travaille sur cela.

Car en effet, la fuite des talents devient un sujet majeur. La concurrence est mondiale avec l’Australie mais aussi d’autres pays européens, à l’image des contrats signés par Pacôme Dadiet ou Noa Essengue avec le club allemand d’Ulm. On a aussi entendu Chalon-sur-Saône se plaindre de ne pas toucher un centime après le départ de Kyshawn George en NCAA…

On partage tous ce constat. Il faut tout faire pour éviter que nos meilleurs jeunes aillent à l’étranger, que ce soit en Europe, en Amérique ou en Océanie. Maintenant, il faut mettre en place un programme, qu’on le finance, pour faire en sorte que les prospects français restent dans le championnat de France, avant de viser plus haut. Le rêve ultime restera toujours la NBA mais si l’on peut faire passer l’idée que l’un des meilleurs championnats avant d’aller en NBA est la Betclic ÉLITE, c’est là-dessus qu’il faut qu’on travaille…

La Pro B, intérêts, enjeux et avenir :
« Elle est au cœur de la LNB et elle y restera »

Parlons de la Pro B. On la présente souvent comme la meilleure seconde division d’Europe mais elle manque d’exposition, forcément dans l’ombre de la Betclic ÉLITE. Comment faire pour mieux valoriser ce championnat ? Est-il toujours au cœur des priorités stratégiques de la ligue ?

Bien sûr. Nous avons effectivement des choses à travailler sur la mise en valeur de la Pro B. On a bon espoir qu’il y ait une couverture télévisuelle de la Pro B (avec France 3 Régions, ndlr). Là aussi, nous voulons faire en sorte que nos jeunes aient de la place pour s’exprimer et se développer en Pro B. La présenter comme l’une des meilleures secondes divisions d’Europe n’est pas un terme galvaudé. On voit qu’on a maintenant, en plus, des structures de club et des équipements qui sont d’un haut niveau. Je ne parle pas que du CO’Met à Orléans ou de la salle de Reims par exemple. Il y a une base de travail qui est excellente, il faut désormais trouver tous les moyens pour continuer à développer cette division. Mais pour vous répondre très clairement, la Pro B est au cœur de la LNB et y restera. C’est une priorité, on croit énormément dans le fait d’avoir ces deux divisions.

Vous avez évoqué les jeunes : quand on parle de retenir les prospects en France, et quand on voit le sacre des U20 mi-juillet avec huit joueurs sur douze qui devraient évoluer en Pro B à la rentrée, dont le MVP Ilias Kamardine, elle peut servir de formidable plateforme pour tous ces jeunes, qui ne sont pas forcément des prospects de premier plan mais de bons professionnels en puissance..

Noah Penda, 17 minutes de moyenne en pro à 18 ans ; le symbole de ce que devrait être la Pro B ? (photo : Laurent Staskiewicz)

Totalement. Vous avez raison : on aura sûrement le haut du panier des meilleurs U18 – U20 en Betclic ÉLITE, qui iront ensuite en NBA ou en EuroLeague, espérons dans nos clubs européens à nous, et il y a tous les autres, qu’il faut que la Pro B continue à former, à polir. Ceux-là pourront passer demain soit sur la Betclic ÉLITE, soient sur de beaux championnats européens, même si l’on préfèrerait en France bien sûr. Nous avons un vivier de talents extraordinaire en France et la Pro B doit participer à le faire vivre et à le le faire grandir surtout. Cela veut dire faire jouer tous ces beaux et jeunes talents.

Dans une Pro B qui comprendra 20 clubs à partir de 2024, la disparition de la Leaders Cup Pro B est-elle une éventualité ? Depuis sa création en 2013, ce n’est pas la compétition qui déchaîne le plus les foules…

Il n’y a pas de tabou (il sourit). Nous devons mettre les sujets sur la table et instaurer un vrai dialogue, sans blocage ou arrière-pensée. En l’occurrence, si la meilleure solution est d’arrêter la Leaders Cup Pro B dans ce format à 20 clubs, pourquoi pas. On réfléchit effectivement à ce que va devenir cette compétition.

Le 15e de Betclic ÉLITE en playoffs de Pro B,
« pour mettre du piment et maintenir de la stabilité sur l’élite » 

La Pro B va passer à 20 clubs et il sera peut-être encore plus difficile de monter en Betclic ÉLITE, puisque l’avant-dernier du championnat sera intégré aux playoffs d’accession avec le statut de tête de série. Quel est l’intérêt de ce retour à une formule déjà vue entre 2000 et 2003 ?

Ce qu’on voulait, c’est créer des matchs à enjeu. Il est vrai, aussi, qu’amener un peu plus de stabilité sur l’élite n’est pas inintéressant. Ça ne vous a pas échappé que d’autres sports ont recours à la méthode : le rugby est allé là-dessus, le football aussi, à la fois pour créer un peu l’évènement et maintenir de la stabilité sur l’élite. Ça va dans ce sens-là. Sera-ce définitivement la meilleure formule ? Je ne sais pas. Il ne faut pas qu’on s’interdise de tester des choses, et c’est un peu parfois le malheur de cette époque. Si ce n’est bon, on amendera le système mis en place. Très objectivement, je ne sais pas si ce sera un avantage pour le 15e de Betclic ÉLITE de jouer les playoffs de Pro B. Je n’en suis pas certain.

L’avant-dernier de Betclic ÉLITE intégré aux playoffs de Pro B à partir de 2025

Entre 2000 et 2003, il n’y avait eu qu’un seul maintien sportif pour trois éliminations en demi-finale…

Voilà. Ça ne veut dire que je ne suis pas sûr qu’on ferme tant que ça l’accès de la Pro B à la Betclic ÉLITE, au contraire. Ça met un peu de piment, on aura des matchs à enjeu. Et ça fait un brassage, quelque part, entre la Betclic ÉLITE et la Pro B.

Mais cela pose des questions d’équité avec les six étrangers autorisés en Betclic ÉLITE et les quatre en Pro B…

Oui. C’est un sujet qu’il faudra mettre sur la table. Encore une fois, on ne peut pas tout vouloir : on ne peut pas demander à la Pro B d’essayer de polir nos jeunes talents en ouvrant complètement les vannes sur les non-JFL. Pour autant, j’entends le fait qu’il y aurait un club qui jouerait avec six non-JFL et que les sept autres n’en auraient droit qu’à quatre. Avec les techniciens du basket, nous allons regarder ce sujet. Je le redis : est-ce totalement un avantage d’avoir six contre quatre ? Ça peut se discuter. On verra, je ne suis pas certain que les faits donnent complètement raison à ceux qui disent qu’il n’y aucune chance que la Pro B s’impose avec seulement quatre étrangers. Moi, je ne le crois pas.

Leaders Cup, mercato et Europe :
« L’une des faiblesses du basket européen
est son système de Coupe d’Europe »

Y a-t-il d’autres prochains dossiers à court terme pour la ligue, comme la clarification du marché des transferts ou la pérennité de la Leaders Cup ?

La LNB veut renforcer la Leaders Cup (photo : Jacques Cormarèche)

On va réfléchir à tout cela, oui. On aura un séminaire avec l’ensemble des clubs à Saint-Chamond lors de la prochaine Leaders Cup. C’est un vrai sujet, on veut la pérenniser et on ne s’interdit pas de faire en sorte qu’un titre en Leaders Cup amène quelque chose. Pourquoi pas une place en Coupe d’Europe, ce n’est pas tabou. On en discutera avec l’ensemble des parties prenantes. Nous aurons aussi à réfléchir sur la répartition des Coupes d’Europe. Ce n’est pas un sujet qui est simplement l’apanage de la LNB et des clubs, mais c’est une réflexion que l’on doit engager. Je pense que l’une des faiblesses du basket européen est son système de Coupe d’Europe qui est peu compréhensible, peu lisible. Tout n’est pas entre nos mains mais il y au moins des choses que l’on peut suggérer. Vous avez également évoqué le mercato : oui, c’est un sujet. Et il n’est pas simple. On voudrait évidemment une meilleure identification du grand public auprès des équipes. Cela voudrait dire un nombre réduit de mouvements d’une saison à l’autre. Mais d’un autre côté, nous sommes dans un monde sportif concurrentiel avec les autres pays d’Europe. C’est entre ces deux bornes qu’il faut évoluer et trouver le meilleur système. Il est évident qu’il faut qu’on arrive à une meilleure stabilité des effectifs, que ça ne soit pas simplement l’histoire d’une saison. Je distingue quand même un petit changement, une forme de stabilité dans plusieurs clubs cet été, et pas que à Monaco ou Villeurbanne. Je trouve ça bien. Il y a un certain nombre de sujets sur la table : ceux-là sont d’importance et je pense qu’il faut se concentrer sur des priorités. C’est déjà beaucoup, il ne faut pas en faire trop. J’ajouterai le sujet du revenu des clubs, sur lequel on s’attelle : comment faire en sorte que le budget moyen des clubs, outre celui de Monaco, continue à progresser ? Cela passera par un vrai travail en équipe auprès de la ligue et ses clubs, c’est ce qu’il faut qu’on mène. Mais vous avez abordé tous les sujets chauds.

Le retour de la Leaders Cup : entre renaissance réussie, déception sportive et réflexion sur l’avenir

« Pas encore la puissance économique suffisante
pour qu’une société commerciale soit envisageable »

Fabrice Jouhaud restera-t-il le directeur général de la LNB ?

Oui, tout à fait. Notre binôme se passe très bien.

L’an dernier, Alain Béral évoquait la réflexion autour de la création commerciale. Qu’en est-il désormais ? 

C’est effectivement ce qui a été envisagé, avec la création d’une société commerciale, dans laquelle la ligue serait majoritaire, selon le schéma du foot. Elle aurait tenu un certain nombre de choses, comme les droits marketing. Il y a eu une étude de faisabilité menée mais l’état de l’économie du basket professionnel, notamment au regard des droits TV et marketing, ne peut pas justifier la création d’une société commerciale. Nous n’avons pas encore la puissance économique suffisante pour qu’une société commerciale soit envisageable. Le sujet a été étudié, beaucoup de travail a été mené en collaboration avec la fédération. Il était important de voir ce qui était faisable mais la ligue va continuer à être la ligue.

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