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Un parcours sinueux mais une passion intacte : Seidou Njoya à l’aube de sa nouvelle carrière

Ancien espoir du basket français et camerounais, Seidou Njoya éblouissait les parquets français par son talent. Pour autant, il n’a jamais réellement su confirmer toutes les attentes placées en lui. Entre mauvais choix et injustices, il est revenu avec nous sur les raisons de sa reconversion en tant qu’entraîneur et préparateur physique.

Seidou Njoya (1,88 m, 31 ans) reste surement l’un des plus gros points d’interrogation du basket français de ces dernières années. Toutefois, au départ l’histoire était difficile à imaginer. Né à Yaoundé au Cameroun, Seidou n’aurait pas pu laisser entrevoir une carrière aussi garnie. Après avoir tripoté quelque peu les ballons de football, c’est à ses 8 ans, alors au CE2, que Seidou a commencé par être attiré par le basket. Fan d’Allen Iverson, il a commencé à répéter inlassablement les moves du meneur américain dans la cours de l’école primaire qui appartenait à sa grand-mère, où se trouvait un panier de basket. Au début rien de sérieux, le rêve de devenir professionnel semblait bien loin pour lui. Mais en grandissant aux côtés de son entraîneur de l’époque Louis Tsoungi, il s’est petit à petit fait connaitre dans son pays : « Louis était un des premiers entraîneurs qui commençait à avoir une approche différente du basket. Grâce à lui j’ai changé. Pendant cette période je faisais partie des 100 meilleurs africains de ma génération. » Seidou ne vivait déjà alors que pour le basket, et un beau jour un de ses oncles est venu le voir pour lui faire une proposition : « J’ai un oncle qui vit à Dallas et quand il m’a vu avec toutes mes tresses et mes moves à la Iverson il m’a proposé de venir vivre chez lui aux Etats-Unis. Il trouvait que j’avais déjà quelque chose. » Cependant, alors que le jeune Seidou avait déjà en tête le rêve américain, il a appris quelques jours après que sa maman était atteinte de l’Hépatite C : « Fils unique, j’avais toujours vécu seul avec ma mère, donc la laisser dans cette situation n’était pas possible. Au Cameroun, les médecins lui laissaient 6 mois à vivre et en France 7 ans. Le choix était vite fait. Nous sommes allés dans l’appartement du mari de ma mère pour qu’elle puisse suivre des soins. Et aujourd’hui elle est encore de ce monde. Ma mèr est mon inspiration même si je suis souvent en contradiction avec elle, c’est mon exemple. Elle a toujours su se relever. »

Avec sa mère il a donc posé bagage dans la capitale française à l’été 2003. Toutefois, Seidou n’est resté que très peu de temps dans le VIIIe arrondissement de Paris, avant de se diriger vers la ville de Tain-Tournon : « Lorsqu’on est arrivé en France ma mère ne voulait pas que je reste à Paris à cause des mauvaises fréquentations et tout ce qu’il y avait autour. Elle a décidé de m’envoyer chez un de mes oncles à Tain-Tournon. Arrivé sur le tard on m’a inscrit au lycée de Saint-Vallier. » Dans la Drôme, le jeune Camerounais a tenté par tous les moyens de renouer des liens avec le basket. Son premier jour de classe restera gravé à jamais dans sa mémoire : « A Saint-Vallier, il y avait une classe basket, mais vu que j’étais arrivé sur le tard on m’avait dit qu’il n’y avait plus de place pour moi. Le jour de la rentrée j’ai essayé de trouver ceux qui jouaient au basket pour leur demander l’horaire de l’entraînement. Après les cours je suis donc resté pour y assister , et avant que ça commence je suis allé voir le coach qui était Yann Julien pour lui demander si je pouvais jouer. A l’issue de l’entraînement, il est venu me voir en me disant qu’il serait possible pour moi d’intégrer le club et la classe basket. J’étais super heureux c’était la seule chose qui m’importait. En y repensant, la première journée d’école j’ai fait du 7h à 23h (rires). » Avant d’ajouter : « Vraiment quand j’y pense, Yann m’a donné beaucoup… avec du recul c’était fou, il s’est énormément occupé de moi. »

Entouré de Yann Julien et Didier Clément, Seidou a connu ses premiers instants sur les parquets français. A 14 ans il joue concomitamment avec les U15 France et les cadets région de Saint-Vallier. Le reste s’est vite enchaîné. Après de superbes performances en championnat de France et pendant le TIL, Seidou a loupé de peu l’entrée au Centre Fédéral. Toutefois, il ne voyait pas du tout cela comme un échec, car d’où il partait le chemin était déjà remarquable. Après un an, bon nombre de centres de formation étaient prêts à accueillir le natif de Yaoundé : « A la fin de l’année, j’avais peut-être dix plaquettes de centres de formation. Mais sur les dix je n’ai visité que deux clubs : Chalon-sur-Saône et Nancy. » Accompagné de son oncle Ahmed Mbombo Njoya (assistant-coach de Lattes-Montpellier en LFB), il a choisi sans hésitation le club lorrain : « J’ai décidé d’aller à Nancy car c’était le seul centre de formation où je n’avais pas d’argent à débourser, et étant donné que ma mère ne pouvait pas travailler car elle devait se soigner c’était une question primordiale pour moi. » Il est donc parvenu à intégrer le centre de formation de Nancy où il est resté jusqu’en 2009. Choisi pour le côté financier dans un premier temps, Seidou ne s’attendait pas à la folle aventure qu’il allait suivre. Entre gloire et coup bas, le Camerounais aura tout connu à Nancy.

Nancy : une histoire d’amour volcanique

Comme dans chaque couple où l’amour prédomine, les disputes sont forcément présentes. Parti sur un goût d’inachevé, Seidou avait pourtant très bien commencé dans le club lorrain. Lorsqu’il y arrivé en cadet première année, l’adaptation s’est très bien passée et cela s’est ressenti sur les terrains. Drivé par son coach Didier Duvois, entre MVP de la coupe de France et vainqueur du championnat, Seidou a tout raflé sur son passage. Et ça n’a pas manqué d’attirer l’œil des recruteurs américains, qui l’ont invité cette année là à participer à la Adidas Nations, événement qui regroupait les meilleurs joueurs européens et américains. A lire les articles écrits à l’époque, Seidou Njoya était un sérieux candidat aux futures drafts NBA : « J’ai pu participer à l’Adidas Nation et à l’AUU. Sur les deux évènements, je me suis montré à mon avantage, puisque j’avais fini meilleur passeur du tournoi. Il ne savait pas vraiment d’où je sortais mais il me considérait comme un prospect NBA. Cet été-là j’avais même tapé dans l’œil de UCLA. Normalement ils n’ont pas le droit de t’approcher, mais Luc Mbah a Moute était venu me dire qu’ils étaient fortement intéressés. »

A ce moment-là, Seidou devait faire un choix. Après de nombreuses apparitions avec les espoirs et des entraînements réguliers avec le groupe professionnel, il se sentait prêt à franchir un cap : « A l’époque je n’avais pas d’agent mais mon oncle était ami avec Kenny Grant Sénior qui lui était référencé dans le milieu. Pour lui, il fallait que je joue avec un groupe professionnel, mais vu qu’avec Nancy ce n’était pas possible étant donné que j’étais cotonou, il fallait donc trouver une solution. » La solution qui s’est présentée fut en Suède, dans le club de Norrköping Dolphins : « Après deux semaines d’essai, j’ai été pris. Au début tout se passait plutôt bien vu que je tournais à 8 points et 4 passes décisives mais l’équipe ne gagnait pas, donc je me suis fait couper rapidement. » A à peine 18 ans, Seidou a connu la première désillusion de sa jeune carrière. Ne sachant pas où aller, il a décidé de faire machine arrière et de revenir dans son club de cœur, Nancy : « J’appelle Pierre Verdière et c’est comme si je disais à papa que je veux rentrer à la maison (rires). Il a accepté directement et c’est la que j’ai compris que c’était vraiment ma famille. » A la suite de cet échec, il est revenu avec plus d’envie encore qu’auparavant, comme s’il voulait cette fois-ci ne pas décevoir ceux qui croyaient vraiment en lui : « Quand je suis revenu, je m’entraînais encore plus avec les pros. Tous les matins j’allais à la salle accompagné de Nicolas Meistelman. Il me faisait travailler comme un fou. En voyant ça, le coach, Jean-Luc Monschau, m’a expliqué qu’il y avait de fortes chances que je signe pro l’année suivante. Cette année là, vraiment, je travaillais comme un dingue, et j’ai été récompensé par une nomination dans le cinq majeur espoirs de la saison. »

Le contrat qui change la donne

Une fois la saison terminée, Nancy lui a proposé comme prévu un contrat professionnel. Cependant, il nous confie que ce contrat n’était pas à la hauteur des espoirs placés en lui : « A l’époque beaucoup de gens me sont tombés dessus. Personne ne comprenait le problème. A la fin de la saison, Nancy m’a proposé un contrat sur 3 ans, mais où le salaire n’évoluerait pas d’un centime entre les années. Pour être complétement transparent, il s’agissait d’une somme de 60 000 euros sur 3 ans. Mon agent à ce moment-là, Bouna Ndiaye, me répétait sans cesse de ne pas le signer. Donc je suis resté deux mois à m’entrainer à Nancy sans signer le contrat, mais un jour j’ai craqué. Il faut savoir que quand j’étais en Suède, j’ai rencontré ma copine et que nous avons fait un enfant ensemble, donc neuf mois plus tard j’avais un bébé. Donc entre nourrir mon enfant, s’occuper de ma mère qui ne pouvait pas travailler et vivre moi-même, ça devenait très short (court). J’ai craqué, je suis monté dans le bureau de Jean-Charles Bregeon et j’ai dit je signe. Et je peux te dire que je me suis fait engueuler par Bouna car il n’y avait pas de clause dans le contrat (rires). J’étais maintenant bloqué pendant trois ans. Avec du recul je me dis que n’aurais peut-être pas du le signer. Je n’ai rien contre eux, je comprends très bien pourquoi ils ont fait ça, le basket ça reste aussi du business, mais en y pensant c’était absurde. Ils ne voulaient pas réellement me faire confiance en fait. » Mais Seidou assure ne se rappeler que des bons souvenirs à Nancy. Dans le club lorrain, le meneur y aura appris la vie dans son ensemble, et n’oubliera pas les valeurs qu’on lui a transmises : « A Nancy, il y a des choses qui se sont passées qui sont un peu compliquées à avaler mais je tiens vraiment à dire que Nancy c’est ma deuxième maison, c’est tout pour moi. Entre les joueurs et les entraineurs, j’y ai appris les valeurs de la vie. J’aimerais vraiment remercier des gars comme Max Zianveni, Deron Hayes et Djordje Petrovic qui m’ont appris cette éthique de travail. Des mecs comme Michel Morandais, Lesly Bengager, John Linehan, Marques Green, John Cox, Victor Samnick, Stephen Brun ou encore Tariq Kirksay qui m’ont pris sous leurs ailes et m’ont aidé financièrement quand j’étais encore espoir. Puis, je n’oublierais jamais les frères Greer (Jeff et Ricardo) qui offraient des cadeaux à mon enfant. Et Christian Fra (paix à son âme) qui a permis ma naturalisation et m’a offert ma première voiture… ce contrat je ne leur en veux pas, c’est du business. Ces gens m’ont tellement développé dans ma vie et dans le basket, que je ne peux pas cracher sur tout ça. »

Malgré ça, il est vrai que Seidou Njoya n’a jamais réussi à occuper un vrai rôle chez le pros du SLUC. Peu utilisé en 2009/10 (7 minutes par match), il n’a pas réussi à obtenir un temps de jeu plus conséquent en 2010/11 : « La deuxième saison je ne jouais pas beaucoup car on avait une grosse équipe. Cette année-là on finit champion de France. » Même avec un manque de temps de jeu, la précocité de Seidou crevait tout de même l’écran. Jean-Luc Monschau lui a proposé alors qu’il aille faire ses gammes dans l’antichambre de la Pro A. Fort logiquement, beaucoup de clubs de Pro B souhaitaient recruter ce jeune joueur à potentiel, et parmi eux, deux clubs se détachaient sérieusement : « L’agence Comsport dont fait partie Bouna me répétait qu’il fallait que j’aille à Evreux. Le projet était intéressant donc j’étais sur le point de signer là-bas. Mais dans un concours de circonstances, j’ai rencontré le président de Boulazac qui me demande pourquoi je ne répondais pas à leur offre. Je discute avec eux et je me rends compte que le projet me correspond beaucoup plus donc je décide de signer à Boulazac. Par la même occasion, j’ai préféré changer d’agent et rejoindre Christophe Bergez Au Maire. » Avec Boulazac, Seidou a vécu la meilleure saison de sa carrière professionnelle.

Boulazac : entre confirmation et insouciance

A Boulazac, le jeune meneur franco-camerounais était attendu comme un leader. Un statut qu’il a confirmé en répondant aux attentes placées en lui, en amenant l’équipe du Périgord jusqu’à la montée en Pro A. Certes, blessé pendant les playoffs, Seidou a occupé le rôle de meneur titulaire toute la saison. : « Avec Boulazac c’était super, Sylvain (Lautié) me manageait très bien. J’étais dans un rôle qui me correspondait parfaitement, et on a réalisé une saison magnifique puisqu’on est monté. A la fin de l’année, on a célébré ça et c’était vraiment super. » Puis, comme à Nancy, est arrivé le moment de prolonger. Alors que Seidou était dans l’attente de la décision de ses dirigeants, il a appris une nouvelle qui le met hors de lui : «  Un jour je suis allé à la boulangerie et la boulangère que je connaissais bien m’a demandé pourquoi je faisais le difficile en rigolant. Moi, étonné, je ne comprenais pas et elle m’a expliqué que la presse disait que j’étais en négociations avec Boulazac mais que je mettais du temps à resigner. Je suis sorti énervé de la boulangerie et j’ai décidé en tant que jeune inconscient de prendre mon téléphone et de parler sur Twitter. Encore une fois, avec le temps, je n’aurais pas fait ça. Dans mon message, j’avais expliqué que pour être en négociation, il fallait avoir reçu une offre. »

Après une belle saison à Boulazac, il n’a pas trouvé sa place à Nanterre (photo : Claire Macel)

A la suite de cette nouvelle turbulence, l’histoire a encore duré et Seidou assure finalement ne pas avoir eu d’offre. Après un été passé aux Etats-Unis à s’entrainer, Seidou est rentré en France pour effectuer des essais à Nanterre. Un mois d’essai plus tard, il a débarqué dans le 92 sous les couleurs de la JSF. Une expérience qui a marqué le début de ses difficultés sportives.

Nanterre le début de l’instabilité

A Nanterre les choses se sont sérieusement compliquées. Entre l’arrivée de plusieurs meneurs et le manque de confiance du coach Pascal Donnadieu, Seidou n’est jamais arrivé à s’imposer sous les couleurs de la JSF : « Au début, tout allait bien, puis ensuite Chris Warren et Trenton Meacham sont arrivés. Je ne jouais quasiment plus, mais je n’en veux pas du tout à Pascal car finalement si tu regardes ils ont fini champion cette année-là, donc il a bien fait (rires). Mais psychologiquement à Nanterre c’était très dur, je ne jouais plus mon jeu… ça m’a vraiment cassé. » Une cassure qui s’est ressentie lors de son passage à Bourg-en-Bresse, quelques mois plus tard. Arrivé sur place en décembre 2012, Seidou se sentait à son aise dans le club de l’Ain. Pourtant, ses prestations sur le terrain n’ont pas suivi : « A Bourg, ma seule déception c’est que je n’ai pas pu redonner la pareille à Frédéric Sarre. Il s’est tellement occupé de moi en développant mon jeu sur demi-terrain, mais je n’y étais pas mentalement… j’aurais voulu être bon pour lui. C’est con parce que physiquement j’étais en pleine bourre mais mentalement je n’étais plus là.»

Avec la JL Bourg, en 2012/13 (photo : Vincent Janiaud)

Ensuite, les bouts de saison se sont suivies. Il est finalement retourné à Boulazac pour être le back-up d’Arnaud Kerckhof, avant d’être coupé. Pour la première fois, il a connu le chômage dans sa vie. La saison suivante (2014/15), il a passé trois mois à Aix-Maurienne et un à Tarbes-Lourdes, avant de finir au CEP Fleurus en deuxième division Belge. Après quelques mois à s’entrainer à la Hoop Factory, Seidou a finalement essayé de rebondir au STB Le Havre, mais en vain : « Quand je suis arrivé au Havre j’avais l’impression que les dés étaient déjà jetés quoique je fasse. J’étais le back-up et rien de plus. Pourtant je faisais la misère chaque jour à l’entrainement au meneur titulaire mais le coach ne m’a jamais donné ma chance. Frustré, j’ai commencé la boxe en parallèle des entrainements pour me canaliser. » A la suite de cette saison encore une fois compliquée, Seidou a compris le basket professionnel commençait à lui échapper et a décidé de se tourner vers d’autres horizons.

« J’ai commencé à comprendre qu’il fallait que je gagne ma vie autrement. »

Entre blessures et manque de temps de jeu, Seidou n’a jamais réussi à trouver l’opportunité pour s’imposer. Il a pris la décision, pour la première fois de sa vie, de vivre autrement que par le basket : « Toute ma vie je n’avais fait que du basket mais j’ai commencé à comprendre qu’il fallait que je gagne ma vie autrement. » Le Camerounais a alors commencé à faire le taxi avant d’intégrer une conciergerie de luxe à Paris : « Le matin, j’allais à la Hoop Factory et après à 11h je consultais des profils à la conciergerie, avant de finir ma journée par la boxe. Je me rémunérais différemment pour continuer à aider ma mère et élever mon fils, mais je gardais aussi la forme pour l’AfroBasket qui allait arriver. »

Une blessure lors la préparation de l’AfroBasket a fini lui ouvrir les yeux sur son avenir : « Je suis revenu à Nancy pour me remettre sur pied. J’ai tellement travaillé sur ma remise en forme que m’est venu l’idée de partager mes expériences. C’est ainsi que j’ai voulu devenir préparateur physique et mental. » Avant de se laisser tenter par un nouveau et dernier chalenge chez les Spartiates de Cergy-Pontoise, en NM2.

La dernière avant la suite

Pendant cette saison, le meneur a eu un rôle complétement différent de ceux qu’il a pu connaitre dans sa carrière. Leader du vestiaire avec la possibilité de venir débloquer les situations quand les matchs sont tendus, Seidou avait les clés du collectif : « Je jouais sur un tout autre style de jeu, avec beaucoup plus de touchés et de QI basket. En fait je rentrais jusqu’à que mon genou n’en puisse plus, mais je n’ai raté aucun match. En gros, je faisais le boulot et j’allais m’assoir. » Mais réellement impacté par ses problèmes de genou, il a été contraint de définitivement tirer sa révérence à la fin de la saison 2018/19 : « Ma condition physique était très compliquée, j’étais à sept infiltrations  sur mon genou sur l’ensemble de la saison. Donc même si actuellement je suis capable de jouer un peu, je pense que c’était la meilleure solution est de s’arrêter. » Ce n’est pas pour autant que Seidou a dit son dernier mot avec le basket et le sport en général. Au contraire, il continuera de garder un contact avec ce sport qui lui a tant donné, et le coaching semble être le bon compromis : « J’avais déjà commencé à coacher les séniors filles à Cergy, mais pour continuer sur ma lancée, Amara Sy, Manu et moi-même avons décidé que je serais à partir de cette année assistant des U15 France, mais également entraîneur principal des U15 et sénior régions. »

En parallèle, Seidou continue son apprentissage de préparateur physique et mental en réalisant de nombreux stages à l’INSEP. Le but ? Utiliser son parcours semé d’embuches pour le mettre au profit des autres : « Mon sujet de mémoire, c’est la protection du genou. Je veux me servir de ma carrière pour mon futur métier, et c’est pour cette raison que je suis préparateur physique. Je suis le cobaye de mes athlètes. J’ai fait des expériences physiques sur mon corps lors de ma carrière et quand je vois des résultats je les enseigne ensuite. »

Un avenir plus que jamais proche des terrains

Fou encore et pour toujours de balle orange, Seidou ne voit son avenir qu’auprès des terrains de basket. Dans l’avenir, il aimerait continuer à transmettre son savoir et ses expériences aux jeunes joueurs qu’il aura l’occasion de côtoyer. Pour cela, il souhaite continuer dans le coaching pour garder un contact avec le basket, tout en effectuant son métier de préparateur physique : « On me demande souvent d’où je tire cette force de travail et cette passion pour le sport, et je réponds sans cesse que c’est parce que je sors de l’école de basket de Nancy. J’ai appris toute cette bienveillance avec des joueurs qui ont évolué à Nancy et maintenant je pense que c’est à moi de faire la même chose à Cergy. C’est le passage d’une génération à une autre. Du lundi au dimanche je n’ai pas de jour sans basket ou sans sport, je ne vis que pour ça. Même actuellement pendant le confinement j’anime à distance des séances physiques pour les jeunes que j’entraîne. » Avant d’ajouter : « Donc j’ai pu passer cette année mon CQP pour me permettre d’entrainer les jeunes et en parallèle mon diplôme de préparateur physique et mental. A l’avenir, j’aimerais bien être coach de développement personnel pour les joueurs, c’est-à-dire être dans la préparation des joueurs de haut-niveau. A Cergy j’ai eu la possibilité de m’occuper de plusieurs joueurs de NM2, donc j’espère continuer dans cette lancée. »

Après une carrière sportive qui a connu des hauts et des bas, Seidou « n’a jamais été aussi heureux dans sa vie qu’aujourd’hui ». Entre échecs et parcours hors du commun, le natif de Yaoundé revient de loin, mais pour lui, le basket restera sa marque de fabrique et plus généralement sa façon de vivre. Alors, même si dans le meilleur des mondes il aurait sans doute pu connaitre une toute autre carrière professionnelle, couronnée de multiples succès, il retient surtout le parcours qu’il aura accompli depuis son départ du Cameroun en 2003 : « Dans ma carrière rien n’a été parfait, j’ai eu des moments de doutes et de frustrations, mais si c’était à refaire je signerais direct. Avec du recul, je comprends ce que le basket m’a appris. C’est grâce à tout ce qui s’est passé avant, toutes les heures à m’entrainer que je suis devenu l’homme que je suis maintenant. Pour moi, on est sur un terrain comme dans la vie… et moi j’ai toujours travaillé pour être le meilleur dans ce sport. »

 

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