Logo Bebasket
Recherche
Recherche
Logo Bebasket
  • À la une
  • Betclic Élite
  • Pro b
  • National
  • Coupes d'Europe
  • Équipe de France
  • Jeunes
  • Féminines
  • Interviews
  • Hooper
  • Joueurs

Entretien avec Yann Casseville, auteur du livre « 2001, l’Odyssée d’Allen Iverson »

Yann Casseville, rédacteur en chef du célèbre mensuel Basket Le Mag, a réalisé un livre qui se penche sur sa gloire de jeunesse, Allen Iverson. A travers la saison 2000-2001, pour laquelle AI3 a terminé MVP de la saison régulière et surtout finaliste des playoffs NBA avec une équipe pourtant très limitée sur le papier. Il a répondu à nos questions.

D’où t’es venu l’idée d’écrire ce livre ?

2000-2001, Allen Iverson MVP de NBA, son équipe de Philadelphie en finale, c’est ma Madeleine de Proust. À l’époque, j’étais adolescent, déjà amateur de basket, mais c’est clairement cette période, cette saison, ces playoffs, qui m’ont rendu mordu de ce sport. Et par la suite, même après être devenu journaliste basket, et tout en prenant un plaisir immense à faire ce boulot, j’ai continué à garder au fond de moi une affection pour Iverson et 2001. Et il y a un an, en renvoyant un match de la finale Lakers-Sixers diffusé sur beIN pendant l’interruption de la saison NBA, ça m’a repiqué. Dans la foulée, j’ai passé la nuit à lire des articles à ce sujet, pour me replonger dans l’époque, le contexte. Je n’avais pas encore l’idée d’un livre. C’est venu petit à petit, au fil des recherches, en me rendant compte qu’il y avait tant d’anecdotes dingues et de destins improbables qui entouraient Iverson et cette épopée.

C’est un livre qui parle d’Allen Iverson à travers la saison 2001. Mais cela semble un angle d’attaque qui permet finalement de parler de la vie et de l’œuvre d’Allen Iverson ainsi que de son entourage sur cette saison spéciale ?

La saison 2000-2001 sert de fil rouge. Je n’avais pas envie d’une biographie. Parce qu’il en existe déjà une, très bonne, « Not a game » de Kent Babb, et surtout parce que ça ne m’intéressait pas. Je voulais me concentrer sur la saison 2000-2001 pour raconter pourquoi cela m’a touché, personnellement, en me disant que j’étais loin d’être le seul. À l’époque, il y avait une véritable « Iverson-mania », pas seulement aux Etats-Unis mais sur toute la planète basket. Et au-delà de cette génération, l’idée du livre, bien plus axé sur les relations humaines que les matches, est d’essayer de toucher chaque amateur de basket en racontant une histoire faite d’émotions. Iverson est bien sûr le personnage principal, à travers sa double-métamorphose – sur le terrain, l’individualiste qui devient capitaine, et en dehors, le paria qui devient une icône mondiale -, mais cette histoire m’a passionné parce qu’elle est pleine de personnages secondaires qui vivent eux aussi une aventure très intense. S’il fallait expliquer en une phrase que ce livre n’est pas une biographie, c’est très simple : le plus long chapitre est consacré à Pat Croce (le président de l’époque des Sixers). C’est un personnage absolument fascinant. Le premier kiné à devenir patron d’une franchise NBA, un enfant de Philadelphie, fan d’arts martiaux, charismatique, doux dingue, un homme qui refuse d’offrir des places à l’ancien président des Etats-Unis Bill Clinton, un homme qui se prend, littéralement, pour un pirate… Sa relation avec Iverson est forte, comme l’est celle entre Iverson et le coach Larry Brown, là encore un personnage charismatique. Cette odyssée, d’Iverson et des Sixers, s’est faite en permanence sur un fil, menaçant à tout moment de craquer. Et en décor, il y a la ville et le public de Philadelphie. Idem, c’est une histoire dans l’histoire. C’est une ville de passionnés, très exigeants, et l’engouement autour des Sixers en 2001 est carrément dément. Toute une ville s’unit autour d’une équipe de cols bleus et de son leader.

Comment as-tu entrepris l’écriture de ce livre ? Tu as tout fait à partir des archives ? Ton ressenti ?

Clairement, ce sont les archives qui m’ont décidé à me lancer. Les bibliothèques publiques de la ville de Philadelphie m’ont ouvert un accès complet à toutes les archives, de 1990 à 2001, de plusieurs journaux. Pour le Philadelphia Inquirer et le Philadelphia Daily News, c’est un total de 5 421 articles entre 1996, date d’arrivée d’Iverson aux Sixers, et 2001 ! Et j’ai également eu accès aux archives d’autres quotidiens et magazines extérieurs à la Pennsylvanie (Newsweek, New York Times, Washington Times…). J’ai passé plusieurs mois à lire, à trier. À l’époque, je n’avais pas encore cette idée d’un ouvrage centré sur 2001. Mais plus je lisais, plus je découvrais des anecdotes, des éléments, des déclarations… Je me suis dit qu’il y avait une telle matière première, si riche, qu’on m’avait donné tellement d’informations, que ça serait bête de garder tout ça pour moi. Ensuite, pour appuyer sur l’effet rétro et Madeleine de Proust, j’ai décidé de jouer à fond la carte de 2001 : le livre est écrit comme si on est en 2001. La suite, on ne la connaît pas, parce qu’elle ne « compte pas ». Je pense que c’est en se jetant tête la première dans l’histoire qu’on se la prend de plein fouet et qu’on saisit à quel point elle est dingue, vibrante. Ce sont les archives qui permettent cette plongée vingt ans en arrière. On est au cœur du vestiaire des Sixers, dans une saison où un événement en chasse un autre : des vols d’argent dans le vestiaire, le scandale de l’album de rap d’Iverson, son transfert avorté à la dernière minute à Detroit, les playoffs mémorables, face à Reggie Miller, Vince Carter, Ray Allen, Kobe Bryant, Shaquille O’Neal… et bien sûr Tyronn Lue.

Selon toi, quelle trace laisse Allen Iverson dans l’histoire du basket et même du sport, voire de la société ?

Une trace très importante. J’entends et je lis souvent que seuls les titres comptent, que l’on ne retient que la victoire, etc. Il y a une part de vérité là-dedans, bien sûr. Mais une part seulement. L’histoire d’un sport ne s’écrit pas qu’avec un palmarès. Elle est aussi faite de personnages, d’anecdotes, d’émotions, de repères. Iverson, c’est tout ça à la fois. Dans une NBA qui redoutait l’après Michael Jordan à sa retraite des Bulls en 1998, il a été l’un des visages de la ligue, il lui a donné un nouveau souffle. Et il a été – j’insiste sur ce mot – une révolution. Pour ce qu’il apportait sur le terrain, cette abnégation inouïe, et pour ce qu’il était, lui. Il a débarqué en NBA avec ses tatouages, ses baggys, sa mauvaise réputation, et il est resté fidèle à lui-même. Il a pour ça été aussi adoré par ses fans que hué par les publics adverses, vilipendé par la presse et craint par les dirigeants de la ligue. Et vingt ans après qu’il ait été au centre de tant de scandales, les générations suivantes, de LeBron James à Stephen Curry, en passant par Chris Paul et Carmelo Anthony, ont rappelé à quel point Iverson avait compté pour eux. Parce qu’il était une inspiration. Et il a largement dépassé le cadre du basket, en devenant un élément majeur de débats sociétaux, une illustration des fractures de l’Amérique : fracture raciale, fracture générationnelle, fracture philosophique… Son odyssée, de la prison en 1993 au titre de MVP de NBA en 2001, va au-delà du sport.

Pour commander le livre, cliquez-ici

Commentaires


Veuillez vous connecter afin de pouvoir commenter ou aimer
Connexion