ITW Dylan Affo Mama : L’histoire d’un exil dans le Sud-Ouest qui a porté ses fruits
Pour Dylan Affo Mama (1,96 m, 20 ans) le parcours ne fut pas tracé d’avance, il revient de loin. C’est à ses huit ans, dans la région parisienne non loin de Noisy-Le-Grand, que Dylan réalise ses premiers pas sur les parquets. Il y restera jusqu’en benjamin dernière année (U13) pour ensuite s’envoler à Roissy-en-Brie afin de jouer en minime région et de vivre une première saison en championnat de France, au Paris-Levallois. Le cap étant encore trop grand pour intégrer le centre de formation du club du 92, Dylan est prêté à Marne-la-Vallée pour jouer en U17 France.
De la Seine-Saint-Denis au Périgord
Après un an dans le club du 77, il se retrouve à nouveau dans une situation délicate : « Quand je suis revenu au Paris-Levallois, le club ne voulait pas me prendre en charge dans les structures du centre de formation. C’est-à-dire qu’il voulait bien m’intégrer à l’équipe U18 France mais pas que je sois au centre. Pour moi, c’était vraiment compliqué car j’habitais loin, donc chaque jour je devais faire beaucoup de déplacements. Je leur ai dit que ça n’allait pas être possible comme ça, donc ils m’ont aidé à chercher un autre centre de formation. » Un club lui fait confiance de suite. Ce club, vous l’avez compris, il s’agit du Boulazac Basket Dordogne : « A l’époque, l’entraîneur des cadets Fred Castegnaro était venu me voir directement à Paris pour me voir jouer. Il a bien aimé comment ce qu’il a vu donc ils ont décidé de me proposer de signer chez eux. Dès le début, le club m’a montré de la confiance. Je n’ai pas réfléchi, mes parents et moi on a signé la convention et quelques semaines plus tard j’étais en route pour Boulazac. » Dans le Périgord, Dylan y restera de sa deuxième année cadet à sa deuxième année espoir, avant de connaître sa première vraie saison professionnelle (il avait déjà pris part à 10 matchs de Jeep ELITE entre 2017 et 2019) avec Tarbes-Lourdes. Dans les Hautes-Pyrénées, le poste 4 a confirmé toutes les attentes et espoirs placés en lui.
« J’ai pu passer un cap »
Après avoir dominé le championnat espoir durant l’exercice 2018/2019, en tournant à 20,8 points à 53,2% de réussite aux tirs, 5,9 rebonds, 1,6 passe décisive et 2,2 interceptions pour 18,5 d’évaluation en 30 minutes, Dylan est donc prêté un an à Tarbes-Lourdes pour connaitre une riche expérience. Contrairement à beaucoup de jeunes joueurs dans son cas, l’adaptation s’est faite rapidement et de la meilleure des manières puisque dès le départ il ne manque pas de se faire remarquer : « J’avais l’habitude de m’entraîner depuis ma troisième année cadet avec les pros de Boulazac donc je connaissais l’exigence du monde professionnel. Donc quand je suis arrivé en NM1 j’étais déjà prêt physiquement et mentalement. »
Une adaptation réussie puisqu’avant la fin de saison prématurée, le Francilien tournait à 9,7 points et 4,4 rebonds pour 10,2 d’évaluation : « Je dirais que je suis plutôt satisfait de ma saison sur le plan individuel. J’avais pas mal d’objectif, mais sincèrement je ne pensais pas faire une aussi bonne saison, je pensais que j’allais être considéré comme un jeune mais en fait cela n’a pas été le cas. Dès le début, j’ai été considéré comme un joueur professionnel, un membre à part entière de l’équipe. » Mais outre les statistiques, c’est tout ce qu’a appris Dylan qui le rend fier de sa saison : « Cette année m’a permis d’apprendre de mes erreurs. Il y a des choses qui passaient en espoir mais qui ne passent plus maintenant donc je bosse pour améliorer ces points-là. Et puis jouer en NM1 tu apprends beaucoup de choses. De toute façon, c’est simple : plus tu es sur le terrain, plus tu apprends et quand tu joues contre d’anciens joueurs de Pro A forcément que tu progresses. T’es directement dans le bain. » Avant de rebondir : « avec du recul j’ai pu passer un cap cette saison. »
La transition de poste 4 à 3
Dans les gros points positifs de la saison du jeune joueur français, il y a sa transition du poste 4 au poste 3. Dans sa formation au BBD, Dylan a toujours été habitué à jouer sur le poste d’ailier-fort, mais depuis peu il essaye de faire la bascule sur le poste 3 pour pouvoir y jouer dans le futur. Petit pour un poste 4, il a toujours compensé en jeune avec sa musculature. Mais pour jouer chez les professionnels que ce soit en NM1, Pro B ou Jeep ELITE, il a conscience qu’il devra évoluer sur ce poste d’ailier. C’est pour cela que depuis sa dernière année espoir à Boulazac, il s’efforce de changer ses habitudes sur les terrains. En arrivant à Tarbes, son objectif premier était bien entendu du temps de jeu et d’avoir un vrai rôle dans un groupe professionnel, tout en gardant en tête sa transition sur le poste 3 : « Je suis petit pour un 4 et j’ai plus le jeu d’un 3. Je joue beaucoup sur transition, 1 contre 1 en un dribble, donc oui j’ai plus le jeu d’un 3. Rester dans la raquette et jouer autour du 5, ce n’est pas trop mon style de jeu. Donc avec Boulazac on a commencé à faire cette transition depuis deux ans, car en Jeep ELITE ce n’était pas possible pour moi de jouer 4. » Dans le club de NM1, la transition a porté enfin ses fruits puisqu’en plus de jouer davantage sur le poste 3, il a réalisé de très bonnes performances sur ce poste : « Je suis venu en 4 mais avec la volonté de devenir un 3. La transition 4-3 s’est très bien passée. Quand j’ai joué 3, j’ai fait une meilleure deuxième partie (de saison). Et franchement, même physiquement, j’étais plus à l’aise. Rien que sur le tir extérieur je me suis amélioré, car en espoir je ne dépassais pas souvent les 20% mais là cette année j’étais à 31% à 3-points. Ce n’est pas encore parfait, il faut travailler pour être régulier mais c’est un bon début. »
Si cette deuxième partie de saison a été plus à l’avantage de Dylan, ce n’est pas seulement dû à son repositionnement sur le terrain. Le changement d’entraîneur y est également pour quelque chose : « Avec Laure Savasta, ça se passait bien mais sa vision du jeu ne matchait pas forcément (avec notre équipe). Quand le nouveau coach (le Grec Chris Chougaz) est arrivé, il a changé notre façon de jouer. Etant donné qu’on est un groupe de jeunes, il nous a fait jouer comme on le devait (courir, jouer les contre-attaques etc. ). Et personnellement, il m’a donné les clés de l’équipe, avec lui je suis passé de 15/20 minutes par match à 35/38 minutes. Dès le départ, il a aimé l’énergie que j’apportais sur le terrain et il m’a donc fait confiance. Et moi c’était ma première fois que j’étais coaché par un étranger donc j’étais beaucoup à l’écoute. »
« Après toutes ces années, ce serait l’occasion de leur rendre la pareille. »
Après avoir réalisé de très bonnes performances individuelles à Tarbes-Lourdes, Dylan est dans les discussions de transfert actuelles. Son club formateur Boulazac serait sur le point de le signer en tant que joueur professionnel. Mais reste à savoir s’il intégrera l’effectif du BBD dès l’année prochaine ou s’il continuera de progresser en division inférieure : « Oui je vais signer mon premier contrat professionnel à Boulazac, mais pour l’instant on ne sait pas si je vais rester ou si je vais être encore une fois prêté, en Pro B cette fois-ci. Il se pourrait que je reste, mais rien n’est encore acté. » Le récent départ de Jérôme Sanchez, annoncé lundi 18 mai par le club, pourrait permettre toutefois à Dylan de connaître davantage de minutes s’il était amené à rester : « Si Jérôme Sanchez part et que je reste ça pourrait faciliter mon temps de jeu et je pourrais mieux m’exprimer. Mais je ne sais pas si ça va me permettre vraiment de rester. Pour l’instant, je n’ai pas eu d’appel. La seule chose que je sais c’est que je vais signer après si c’est pour un prêt ou pas, je ne sais pas encore. »
Toutefois, dans les deux cas, le joueur périgourdin n’a pas l’air de se faire de soucis, même si rester à Boulazac l’année prochaine serait la situation idéale : « Moi je veux le meilleur projet possible, celui qui me donnera du temps de jeu, car c’est en jouant qu’on s’améliore, après que ça soit en Pro B ou Jeep Elite les deux sont bien pour moi puisque dans tous les cas j’aurais des minutes. A Boulazac j’en aurais forcément moins mais j’aurais l’occasion de prouver de quoi je suis capable. A Boulazac j’aurais le petit plus de me battre pour jouer en Jeep ELITE. C’est un beau chalenge si je reste, car tout le monde n’a pas la chance d’évoluer à ce niveau-là. Et puis, ça serait un bel aboutissement pour ce club qui a cru en moi depuis le début. Après toutes ces années ce serait l’occasion de leur rendre la pareille. »
Ne pas avoir de regret
Après s’être dévoilé aux yeux du grand public au championnat du monde d’Europe U20 l’été dernier (11,4 points à 59,6%, 3,4 rebonds et 1,7 interception pour 12,3 d’évaluation en 19 minutes) chez une équipe demi-finaliste), Dylan entretient une relation particulière avec les équipes de France jeune : « J’ai fait les pré-sélections U17 et j’ai également gagné le bronze 3×3 avec l’équipe de France U18. L’équipe de France, c’est partager de bons moments avec les potes et vivre de belles expériences. L’équipe de France c’est une belle bande d’amis qui rêve de choses ensemble, et avec du recul ce championnat du monde U20 c’était surement l’une des meilleures expériences de ma jeune carrière… c’était ouf. A l’avenir j’espère continuer à porter le maillot bleu, c’est une fierté donc je bosse pour ça. »
En parlant d’avenir, Dylan est presque sûr de signer son premier contrat professionnel cet été, mais pour le reste il ne veut simplement rien avoir à regretter : « Mon avenir ? Je dirais que c’est surtout le fait de ne pas avoir de regret, aller le plus haut possible sans avoir de regret. Je ne veux pas me dire plus tard que j’aurais pu faire ci ou ça. Je ne me refuse rien, je préfère garder les pieds sur terre et ne pas avoir de regret. » Une belle preuve de lucidité et de maturité pour ce jeune joueur, qui, contrairement à certains, préfère travailler plutôt que rêver : « Et pour ne rien regretter, il faut que je bosse. Si je veux devenir un poste 3 à terme, il faut que je sois plus fiable sur mon shoot et que je travaille ma technique et mon dribble. Je pense qu’il me manque de la technique car physiquement je suis prêt. Mais bien sûr, il faut même bosser les points forts car les points forts peuvent devenir tes points faibles. Je veux avancer étape par étape et montrer à chaque niveau de quoi je suis capable… Ne pas aller trop vite, bosser et le reste viendra avec le temps. »
Un discours cohérent qui pourrait lui permettre d’exploser en LNB comme il a l’habitude d’exploser les paniers.
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