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Les souvenirs de Zack Wright : « Et là, 4000 supporters du Panathinaïkos nous attendaient devant l’hôtel »

« C’est un petit Terrell Everett, très agressif en 1 contre 1, avec une adresse un peu supérieure à Terrell à trois points. Il peut évoluer au poste 2, son poste de prédilection en NCAA, mais aujourd’hui est un véritable poste 1. Il vient d’un niveau inférieur mais avec une grosse envie de travailler et de prouver. » Par ces mots de Gregor Beugnot découvrait-on le nom de Zack Wright par un jour d’été en 2008, le 11 juillet. En quête d’un remplaçant suite au départ de Darrel Mitchell à Chypre, l’entraîneur chalonnais avait effectué un véritable pari, optant pour cet inconnu de 23 ans dont le seul fait d’arme européen était son trophée de meilleur joueur de la faiblarde troisième division allemande. Alors, le club bourguignon avait assuré le coup : le contrat de l’ancien étudiant de Central Missouri avait été assorti d’une période d’essai jusqu’au 15 septembre. Mais dès le premier tournoi amical, l’Ain Star Game de Bourg-en-Bresse, l’Élan a compris qu’il avait mis la main sur une pépite : 18 points, 5 rebonds et 6 passes décisives contre l’ASVEL en demi-finale puis rebelote le lendemain : 19 pions face au Mans, le titre de MVP du week-end en prime. Signé pour une bouchée de pain, le Texan avait été aussitôt revalorisé et Chalon s’était empressé de prolonger sur bail sur trois saisons.

Onze ans après, Zack Wright est tout sauf un inconnu. Depuis l’anonymat de Braunschweig, il a hissé son nom vers les plus hautes sphères du basket européen. Le natif d’Austin a évolué un peu partout : sept pays et quinze équipes différentes pour 13 sélections officielles avec la Bosnie-Herzégovine, 22 matchs d’EuroLeague, deux sacres nationaux (avec le Cibona Zagreb en 2012 et avec le Panathinaïkos Athènes en 2014), des trophées secondaires en France (Leaders Cup 2017 avec Monaco et Coupe de France 2018 avec Strasbourg) et des floppées de distinctions individuelles, autrement plus significatives que la coupette de MVP de l’Ain Star Game. De quoi surtout se créer un joli carnet de souvenirs, que Zack Wright a accepté de feuilleter en notre compagnie.

Son parcours :

  • 2007/08 : SUM Braunschweig (Allemagne, D3)
  • 2008/09 : Élan Chalon 
  • 2009/10 : Le Mans
  • 2010/11 : Limoges CSP 
  • 2011/12 : AGO Rethymno (Grèce)
  • 2012 : Cibona Zagreb (Croatie)
  • 2012/13 : Spartak Saint-Pétersbourg (Russie)
  • 2013/14 : Brose Baskets Bamberg (Allemagne)
  • 2014 : Panathinaïkos Athènes (Grèce)
  • 2014/15 : Istanbul BSB (Turquie)
  • 2015/16 : Olimpija Ljubljana (Slovénie)
  • 2016 : Avtodor Saratov (Russie)
  • 2016/17 : AS Monaco
  • 2017/18 : Strasbourg
  • 2018/21 : JL Bourg

Partie 1 :
Zack Wright, du vécu et des opinions


Zack Wright, une multitude de maillots en France… et ailleurs

Club par club…

Chalon (2008/09), la découverte

« Je suis satisfait de cette saison. Notre objectif était le maintien mais nous sommes allés jusqu’en playoffs, perdant en quart de finale contre Orléans. Mes performances étaient plutôt bonnes. J’ai même fait le All-Star Game, où j’aurais d’ailleurs dû être titulaire. J’ai terminé meilleur intercepteur du championnat, et j’aurais dû en faire de même avec les passes décisives si Kareem Reid n’était pas arrivé tard dans la saison à Vichy. Mais c’était évidemment une année positive. »

Le Mans (2009/10), les montagnes russes

« Notre équipe était très forte sur le papier : Dee Spencer, J.P. Batista, Marc Salyers, Maleye Ndoye, Antoine Diot, Thierry Rupert, Guillaume Yango, moi… On a très bien commencé la saison (en tête jusqu’à la 26e journée, ndlr), moi aussi, mais ensuite, personne ne sait vraiment d’où les problèmes sont nés. J’étais jeune, je faisais trop la fête et aux alentours de Noël, cela m’a valu des ennuis au sein de l’équipe. J’ai commencé à fréquemment me disputer avec le coach (J.D. Jackson), qui m’a ensuite remplacé par Antoine dans le cinq de départ. Je ne jouais plus trop, c’était une période compliquée. Puis je suis revenu en playoffs après la blessure d’Antoine et j’ai conduit cette équipe jusqu’en finale (21,7 points à 63%, 7 rebonds et 7 passes décisives pour 30,7 d’évaluation en demi-finale contre Roanne, ndlr). C’était bon de pouvoir montrer que j’étais en mesure d’avoir cet impact. Mais la finale était trop difficile, nous étions très diminués et Cholet avait une équipe extrêmement forte. »


Une saison régulière en demi-teinte avant des playoffs avec le MSB
(photo : Olivier Fusy)

Limoges (2010/11), coup d’arrêt

(il souffle) « Nous étions tellement nuls… Je ne sais pas combien de joueurs sont passés à Limoges au cours de cette saison. Je crois que Chris Massie et moi sommes les seuls à être restés tout du long. Même le coach a changé en cours de route (Zare Markovski a remplacé Éric Girard, ndlr). On ne se faisait pas marcher dessus par les autres équipes car on perdait toujours de peu mais quand tu commences à accumuler les défaites, c’est dur de renverser la vapeur. Surtout, tu ne peux pas gagner avec une telle instabilité dans l’équipe. C’est dommage car le CSP sortait d’une belle saison et venait de monter en Pro A. Personnellement, je n’ai pas eu de problèmes avec les supporters. Je jouais dur lors de tous les matchs et Beaublanc respecte cela. Si tu enfiles le maillot de Limoges, tu dois mourir sur le terrain. Les supporters ne te pardonneront pas de jouer en dilettantes, de ne pas te battre sur le parquet. J’aurais aimé que l’on se maintienne mais je n’ai pas de regrets. »


Le CSP, le point noir du CV : une dernière place et une relégation au bout
(photo : Sébastien Grasset)

Monaco (2016/17), regrets éternels ?

« Déjà, j’y ai trouvé des amis pour la vie avec Dee Bost et Jamal Shuler. Jusqu’à maintenant, on se parle encore tous les jours. La saison des opportunités manquées ? Un peu, oui… Bon, il est certain que j’aurais aimé disputer la finale en Champions League mais terminer troisième de la compétition était quand même satisfaisant. En revanche, en Jeep ÉLITE, on n’a perdu que quatre matchs sur toute la saison régulière et tous les gens au club se sont tendus dès que l’on a appris que l’on devait affronter l’ASVEL en playoffs. Tout ça parce que Villeurbanne avait sorti Monaco l’année précédente. Par conséquent, tout le monde avait peur et je n’ai pas du tout aimé cela. Pourquoi s’être inquiété comme cela alors que nous étions la meilleure équipe de la saison ? Mais voilà, on n’a pas bien joué et même malgré cela, on n’a perdu que de très peu. À mon avis, l’ASVEL est la seule équipe qui pouvait nous battre. Toutes les autres confrontations nous étaient favorables. Si on avait battu l’ASVEL, on aurait remporté le titre. Facile ! C’était une déception énorme car on avait vraiment une bonne équipe. »


Comme avec Gravelines en 2012, le titre de Chalon a éclipsé la formidable saison régulière de la Roca Team
(photo : Sébastien Grasset)

Strasbourg (2017/18), fichue nervosité…

« L’histoire est un peu similaire avec Monaco mais nous étions diminués en playoffs, sans Louis (Labeyrie) notamment. En plus, Vincent Collet ne fait jouer que les joueurs en qui il a confiance. Je tire mon chapeau au Mans : le MSB avait une bonne équipe mais personne ne les voyait aller au bout. Et pourtant, ils ont été impressionnants en playoffs, en nous éliminant en demi-finale puis en battant Monaco. Ils ont mérité ce titre. C’est dommage pour nous d’avoir terminé comme cela. On avait gagné la Coupe de France un peu avant, c’est mieux que rien. Au moins, notre année était bonne avec le Top 3 à la fin. À part la Leaders Cup, la SIG sort d’une saison catastrophique maintenant ! C’est difficile de jouer pour Vincent Collet, beaucoup vous le diront. C’est un bon entraîneur mais il ne donne pas assez de confiance à ses joueurs. Je ne parle pas pour moi car je m’entends bien avec lui et j’ai apprécié de jouer pour lui mais dans l’ensemble, il rend souvent son équipe nerveuse. Regardez ce qui s’est passé cette saison lors de nombreux matchs… Sans oublier que le jeu qu’il essaye de mettre en place est difficilement compatible avec la Jeep ÉLITE. Collet serait plus adapté en EuroLeague. Il devrait donner un peu de liberté à ses joueurs. Cela prend du temps pour comprendre sa philosophie, pour vraiment être en mesure de jouer pour lui.  En vrai, dès que tu comprends ce qu’il veut de toi, tout devient facile. Mais beaucoup de joueurs ne le comprennent jamais. »


La précision tactique de Vincent Collet, pas adaptée à tous les joueurs ?
(photo : Sébastien Grasset)

Bourg-en-Bresse (2018/19), et si ?

« J’ai la conviction que si je ne m’étais pas blessé, nous aurions atteint les playoffs. C’est sûr (il le répète). Mais il faut remettre les choses dans leur contexte : pour une équipe comme Bourg, gagner 19 matchs, c’est une bonne saison ! La saison dernière, on aurait terminé dans le Top 6 avec le même bilan. Et il nous aurait fallu un panier de plus en finale de la Leaders Cup… On a fait la course en tête tout le match, on aurait dû battre Strasbourg mais c’est dur d’enchaîner avec 6 ou 7 gars à 35 minutes face à toutes ces équipes de dix joueurs. Cependant, tout le monde est content de notre saison à Bourg. La JL veut faire les playoffs mais ça viendra l’année prochaine. Je suis heureux ici, je veux les aider à atteindre ce but. J’essaye de convaincre pas mal de joueurs de venir : je leur dis que c’est un endroit sympa pour jouer, que les installations du club sont parmi les plus belles que j’ai vu dans ma carrière. Avec un peu plus de joueurs d’expérience, on pourrait faire de belles choses. »

 
Après avoir été opéré d’une hernie discale, Wright a passé toute la deuxième partie de saison en civil
(photo : Jacques Cormareche)

Souvenirs divers…

Zack, dans toute votre carrière, qui ont été vos coéquipiers favoris ?

Dee (Bost) et Jamal (Shuler) bien sûr ! À la fois en tant qu’amis et en tant que coéquipiers. Je citerais aussi Zack (Peacock), j’aime jouer avec lui et on a une bonne relation. Au final, dans une carrière, tu joues avec énormément de mecs mais tu ne deviens proche qu’avec peu d’entre eux. Je parle encore à tous ceux qui sont devenus des amis. Parmi eux, Dee et Jamal sont les seuls à qui je parle tous les jours.


Wright, Bost et Shuler : un trio de potes sacré à Disney avec Monaco en 2017

Votre coéquipier le plus fort ?

Ah, quand je suis associé avec Dee (Bost), ça donne quelque chose de sympa (il sourit) ! C’est difficile pour l’équipe adverse car nous avons des caractéristiques similaires : on défend, on joue vite, on créé pour les autres. Je me rappelle d’une période à Monaco où Jamal et Yakuba (Ouattara) étaient blessés. Tout reposait sur nous deux et on tournait vraiment fort. Je vois beaucoup d’équipes qui s’appuient dorénavant sur une telle association : le Fenerbahçe, le CSKA Moscou, Monaco encore… Mettre beaucoup de meneurs-arrières sur le terrain, ça va devenir la nouvelle mode du basket européen.

Votre coéquipier le plus talentueux ?

Bon, j’ai joué avec Dimitris Diamantidis hein… L’un des meilleurs joueurs de tous les temps en Europe : il a gagné tous les trophées individuels possibles sur le continent, il est triple champion d’Europe, il a été MVP de l’EuroLeague, a probablement remporté 1000 Coupe de Grèce. On pourrait penser qu’il est arrogant mais c’est vraiment quelqu’un de bien. Un gars de l’ancienne école, qui ne sait même pas utiliser un iPhone (il rit) Sinon, qui d’autre ? (Il réfléchit) Oh, j’allais oublier Dee Spencer ! On discute encore à l’occasion. Il était tellement smooth, tellement facile, l’un des meilleurs shooteurs que je n’ai vu. Il aurait dû faire une bien meilleure carrière que cela, il aurait pu être un grand joueur d’EuroLeague mais son attitude l’a détruit. Le dopage aussi (il rit). J’aimerais le voir revenir en France, comme Marc Salyers avait pu le faire. C’était un sacré talent lui aussi : Le Mans n’avait pas su l’utiliser à notre époque… Ce n’est pas un joueur de système, il faut le laisser faire ce qu’il veut sur le terrain. Comme lorsqu’il était à Roanne : 40 points contre le Fenerbahçe, woaw ! Et pour moi, Dee Bost est un vrai talent aussi. Je lui répète qu’il devrait jouer en EuroLeague, qu’il est trop fort pour rester ici. Mais dès qu’il est en EuroLeague, il veut s’en aller. Et il se plait en France (entretien réalisé avant sa prolongation de contrat avec Monaco, ndlr).


Au MSB, Wright a été associé avec l’un des plus gros talents jamais vus en France : Dee Spencer
(photo : Olivier Fusy)

Le meilleur joueur que vous ayez affronté ?

Celui qui m’a donné le plus de fil à retordre, c’est John Linehan. Ce mec était complètement dingue défensivement, il est de loin celui que j’ai eu le plus de mal à affronter. Donc c’était le duel le plus compliqué, mais l’adversaire le plus fort… (il hésite longuement) Je dirais Patrick Beverley (l’actuel meneur des Los Angeles Clippers, ndlr). Ce gars ne se fatigue jamais, il joue tellement dur. Et en plus, on a joué ensemble à Saint-Pétersbourg donc je devais me le coltiner tous les jours à l’entraînement.

Le coéquipier qui a eu le plus d’influence sur vous ?

Stéphane Risacher essayait de beaucoup me parler lorsque nous étions à Chalon mais j’étais jeune, je n’écoutais pas grand chose (il rit). Donc je ferais mieux de choisir quelqu’un d’autre. Encore une fois, je citerais Patrick Beverley.

La meilleure ambiance que vous ayez connue ?

Le Panathinaïkos a les meilleurs supporters… En France, ce qui est bien, c’est que pratiquement toutes les salles sont remplies. On ressent toujours l’avantage de jouer à domicile. Il y a de belles ambiances partout : j’ai aimé le Rhénus à Strasbourg, Limoges bien sûr, Chalon… Même les matchs de l’ASVEL sont à guichets fermés maintenant. Ici, à Bourg, Ékinox l’est presque tout le temps.

Quel est le meilleur souvenir de votre carrière ?

Je ne saurais pas choisir entre le titre gagné en Croatie ou celui avec le Panathinaïkos. C’était vraiment spécial avec le Cibona Zagreb, puisqu’il s’agissait de mon premier trophée. Cela voulait dire beaucoup pour moi car j’avais toujours voulu gagner quelque chose. Mais c’était incroyable avec le Panathinaïkos : l’Olympiakos menait 2-1 et le Match 4 se jouait au Pirée. 400 supporters sont venus nous soutenir à l’entraînement… Surtout, on restait à l’hôtel avant les matchs. Et je ne mens pas, il y avait 3 ou 4 000 supporters du Panathinaïkos qui nous attendaient devant. Tu sors de l’hôtel, tu marches au milieu, ils te tapent tous. Donc on égalise la série à 2-2 sur le terrain de l’Olympiakos et plus on remontait vers le nord d’Athènes, vers le fief du Panathinaïkos, plus les rues étaient pleines. En voiture ou en moto, les gens nous ont suivi. La finale n’était même pas encore gagnée ! Mais ils savaient déjà que ça allait le faire…


Croatie 2012 et Grèce 2014 : les deux titres de Zack Wright

Et le pire souvenir ?

J’ai aimé le public là-bas mais Limoges, probablement. On n’a gagné que cinq matchs sur la saison, je ne m’étais jamais autant fait botter les fesses. Et je n’ai pas aimé mon passage à Bamberg. Je suis arrivé blessé après l’EuroBasket, j’ai bien démarré avant de m’enliser et je me suis mis à vraiment mal jouer. J’ai vraiment traversé une sale période à Bamberg. Mon transfert au Panathinaïkos a constitué un nouveau départ car je n’étais pas heureux du tout là-bas.

Quel est le moment où vous vous êtes senti le plus fort sur un terrain ?

Peut-être bien à Monaco. C’est l’une de mes meilleures saisons : j’étais en bonne santé, je jouais bien, je me sentais bien. Ah non ! C’était lors de ma première saison en Grèce. Si je n’étais pas parti en mars pour le Cibona Zagreb, j’aurais été désigné MVP du championnat. Je jouais à un niveau incroyable, j’étais le meilleur passeur et intercepteur du championnat, j’ai été plusieurs fois MVP de la journée… Après ma saison à Limoges, c’était une vraie cure de jouvence ! Tout le monde me disait : « Ne pars pas, tu vas être élu MVP ! » Mais nous n’avions aucune chance de gagner le titre avec Rethymno, ce qui était mon objectif prioritaire. Je me fiche d’être MVP s’il n’y a pas le championnat au bout ! Et du coup, je suis parti pour le Cibona : on a gagné 19 matchs de rang, on en a lâché un en finale mais on a battu le Cedevita 3-1.

Et inversement, quel est le moment où vous avez eu envie de vous cacher sur un terrain ?

Je me souviens d’un match avec la sélection bosnienne lors de l’EuroBasket 2013. On avait démarré la compétition par une défaite contre la Lettonie mais j’avais plutôt bien joué (12 points à 5/11, 8 rebonds et 2 passes décisives) et on affronte la Serbie lors de la deuxième rencontre. Vous imaginez un peu ce que veut dire un match contre la Serbie pour la Bosnie-Herzégovine… Cela signifie que tout le pays regardait ! Et j’ai tout raté : des shoots, des lay-ups… C’était l’un de ces matchs où rien n’allait dans mon sens. Je n’en croyais pas mes yeux, j’allais au lay-up tout seul et ça ressortait. Je crois que j’ai terminé à 0/12 (0/7 en réalité, pour -6 d’évaluation en 14 minutes). Les supporters bosniens m’apprécient beaucoup mais je recevais des tonnes de messages après le match, du style : « Mais qu’est ce que tu as foutu ce soir ? À quoi est-ce que tu pensais ?! Tu as joué comme de la merde ! ». Contre la Serbie en plus… Ils étaient énervés mais d’un côté, ils avaient un peu de compassion pour moi car ils voyaient bien que je mouillais le maillot. Et je crois qu’ils ont un peu oublié après coup car on a remporté les trois matchs suivants, contre le Monténégro, la Macédoine et la Lituanie.

Quel fut le meilleur match de votre carrière ?

(il réfléchit) Peut-être bien la saison dernière avec Strasbourg en Champions League contre l’AEK Athènes de Mike Green (26 points à 10/15, 6 rebonds et 3 passes décisives). Il y a eu aussi quelques performances sympathiques avec Monaco, comme contre Nymburk où j’avais dû approcher les 30 points (26 points à 9/16, 6 rebonds et 4 passes décisives en 28 minutes). Je me rappelle également d’un match avec Saint-Pétersbourg, juste après le départ de Patrick Beverley. Je jouais contre un meneur serbe, à l’époque avec le Lietuvos Rytas, qui a ensuité joué en NBA et maintenant à Milan (Nemanja Nedovic, 24 apparitions avec les Warriors, ndlr), et j’avais été vraiment bon (23 points à 9/12, 7 rebonds et 7 passes décisives pour 38 d’évaluation). Autrement, avec la sélection bosnienne, on jouait un tournoi amical en Slovénie. Il y avait notamment un match contre la Serbie : je sors un triple-double contre Milos Teodosic (19 points, 8 rebonds et 12 passes décisives, ndlr) et plein d’équipes m’appellent. Ce qu’elles ne savaient pas, c’est que je venais de signer deux jours plus tôt le plus gros contrat de ma carrière en Russie. J’ai gagné 110 000 dollars sur la saison à Limoges puis le lock-out est arrivé et je me suis retrouvé avec 8 000 dollars par mois en Grèce. Je suis monté à 15 000 par mois lors de mon passage au Cibona avant de signer un contrat de deux ans avec le Spartak Saint-Pétersbourg pour 820 000 dollars, 370 000 la première saison et 450 000 la deuxième. Mais voilà, après ce match contre la Serbie, tous ces clubs voulaient m’offrir la même somme sur une seule saison. J’étais dégoûté (il rit). Mais bon, je me rappelais que j’étais retourné aux États-Unis sans aucune économie au terme de ma première année. C’est l’histoire que je raconte à tout le monde : je suis passé de 800 euros en Allemagne à 800 000 dollars en Russie.


Le Spartak Saint-Pétersbourg, un contrat en or… mais trop précipité ?
(photo : Sport Express)

Qui est le coach que vous avez le plus apprécié ?

Il y en a deux : mon entraîneur à Rethymno (Stergios Koufos) et Zvezdan Mitrovic. Avoir quitté Monaco pour aller à Strasbourg est l’un de mes regrets, surtout que le club voulait me garder. On sortait d’une saison incroyable et ils ne m’ont proposé qu’une revalorisation de 10 000 euros. Je ne demandais pas 50 000 de plus mais je ne suis pas senti assez estimé à ma juste valeur. C’est une erreur, j’aurais dû continuer à jouer pour Mitrovic. Il tire le meilleur de ses joueurs, les fait travailler dur et il correspond à mon style de jeu : défendre dur et courir. C’est marrant : avant que je ne signe à Bourg, j’étais en contact avec Monaco et l’ASVEL. Le GM et le président de Monaco voulaient me faire venir mais Saso Filipovski a dit non. Pour Villeurbanne, j’ai discuté avec Yohann Sangaré quand le club a envisagé de se séparer de DeMarcus Nelson quand Mitrovic était avec la sélection monténégrine. Sauf que lui ne voulait pas prendre une telle décision en n’étant pas sur place et surtout, il connaissait la valeur de DeMarcus puisqu’il l’avait déjà entraîné. Et pendant la Leaders Cup, Mitrovic me dit : « DeMarcus joue vraiment très bien cette saison. » Et je lui ai répondu : « Mais bien sûr, coach ! Tu sais comment tirer le meilleur de tes troupes. » Beaucoup de joueurs pensent qu’il est dur avec eux mais il les fait jouer bien surtout ! Regardez le niveau de Théo Maledon cette saison…

Et inversement, celui que vous n’avez ps aimé pour terminer ?

Mon entraîneur à Bamberg, Chris Fleming, l’actuel sélectionneur allemand. J’étais habitué aux entraîneurs yougoslaves : ils te font bosser dur à l’entraînement mais ils te laissent vivre ta vie en dehors. Mais lui était trop Américain, il voulait tout savoir, voulait nous voir en dehors. Dès que je sors de l’entraînement, laisse moi tout seul ! En France, j’ai eu un peu de mal avec J.D. Jackson, je le trouvais plus bizarre qu’autre chose. Sinon, je n’ai pas apprécié Zare Markovski à Limoges, surtout que j’aimais bien Éric Girard avant : c’est un bon entraîneur, il sait pousser ses joueurs et il aime développer un beau jeu collectif.

À lire la première partie de l’interview

Zack Wright, du vécu et des opinions :
« En France, on n’apprend pas aux jeunes à jouer correctement »

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