En raison de la COVID-19, l’État continue d’empêcher le retour des spectateurs dans les salles pour assister aux rencontres de basketball. Une situation qui met en difficulté financièrement de nombreux clubs de Jeep ÉLITE et de Pro B, dépendants des recettes liées à l’organisation de matches à domicile. Ainsi, certains préfèrent ne pas jouer tant que la situation n’évoluera pas alors que d’autres privilégient le fait de disputer deux rencontres (dont une à domicile pour chaque équipe) d’ici début mars, afin de ne pas couper la saison en deux.
Le mardi 19 janvier se tiendra une nouvelle Assemblée Générale de la Ligue Nationale de Basket (LNB). Déjà convoquée en mai 2020 puis en novembre, elle devra ainsi décider si la Jeep ÉLITE et la Pro B se mettent en pause de fin janvier à début mars ou non. On récapitule pourquoi certains veulent jouer et pourquoi d’autres non.
Pourquoi veulent-ils jouer ?
Parce que c’est leur métier et souvent leur passion. Alors que les sportifs de haut-niveau et toutes les professions liées sont autorisées à poursuivre leur activité, au contraire des amateurs, il semble incongru de ne pas disputer la moindre rencontre officielle pendant quasiment six semaines. S’entraîner sans jouer, sans pouvoir se projeter sur plusieurs semaines, est plus difficile qu’il n’y paraît. Qui veut d’une saison décousue – même si c’est déjà le cas – avec une pause au milieu ? Les équipes auront-elles le droit de s’entraîner durant cet arrêt ? Si non, sans doute afin d’avoir accès à une plus large part du chômage partiel, les joueurs pourront-ils ne serait-ce qu’accéder à la salle pour se maintenir en forme ? S’arrêter paraît ubuesque surtout que l’État va en toute logique prolonger l’exonération des cotisations sociales. Ce qui n’a malheureusement pas encore été annoncé et amène certains votants à la prudence, comme le président du Mans Sarthe Basket Christophe Le Bouille dans Le Maine Libre.
« On refuse toujours de jouer à huis clos, car notre modèle économique ne le supporte pas. C’est une mort à petit feu sinon. On est dans un mode de survie économique. Mais si, comme à la fin de l’année 2020, l’État nous soutient avec des exonérations de charges patronales notamment, alors il faut qu’on joue notre rôle en disputant des matchs. A priori, même si je préfère rester prudent, on bénéficierait encore d’aides jusqu’à fin février, a minima. L’objet de ma semaine sera d’avoir une certitude. Clairement, ça va déterminer mon vote lors de l’assemblée générale de ce mardi. »
De nouvelles exonérations – avant des compensations de billetterie, plus tard ? – devraient pouvoir couvrir une partie de la perte d’une rencontre disputée à huis clos.
De son côté, la LNB (qui dispose de voix dans le vote de l’AG) veut continuer son activité ne serait-ce que pour continuer d’exister médiatiquement. En effet, n’ayant pas reçu d’offres satisfaisantes d’un point de vue financier, elle a tenté le pari de la diffusion en clair. Et pour l’instant, cela marche. Disparaître des radars pendant de longues semaines serait un message catastrophique envoyé aux diffuseurs actuels et futurs, alors que les autres sports continuent leur championnat.
De plus s’arrêter mettrait encore plus hors rythme les équipes disputant la Coupe d’Europe (au nombre de neuf, jusqu’à fin janvier), qui font actuellement face à des formations mieux organisées qu’elles parce qu’elles disputent chaque semaine d’autres rencontres à enjeu. Cela abaisserait l’attractivité du championnat de France, qui montait ces dernières années.
Va-t-on continuer de jouer à huis clos, comme ici à Monaco ? (photo : Sébastien Grasset)
Pourquoi préfèrent-il arrêter ?
S’ils n’ont pas l’assurance qu’il sera possible d’accueillir du public – ne serait-ce que les abonnés et/ou partenaires – en mars, ils savent d’ores et déjà que ce ne sera pas possible en janvier et sûrement en février. Pour eux, disputer 26 rencontres de début mars à fin juin est possible, en programmant une rencontre tous les 4 ou 5 jours et en supprimant (ou en réduisant) les playoffs. Si cela reste possible, pourquoi ne pas attendre se disent-ils, sachant qu’il sera toujours temps de pouvoir terminer la saison ?
Accueillir partenaires et/ou abonnés sur un maximum de rencontres leur permettrait ainsi de ne pas avoir à rembourser une bonne partie des prestations à ces derniers, ce que rappelle le directeur de l’Élan Chalon Rémy Delpon dans le Journal de Saône-et-Loire.
« Certains ont joué la Coupe de France et la Coupe d’Europe et veulent enchaîner. Pour d’autres, comme nous, ce match (contre l’ASVEL ce dimanche 17 janvier) se retrouve tout seul au beau milieu de ce mois de janvier, avec la fenêtre FIBA qui arrive en février… Ça n’a pas de sens. On n’a toujours pas changé de position. Au minimum, on veut jouer devant nos abonnés et nos VIP même si, sans réceptifs derrière, c’est un peu la catastrophe… Si on ne joue pas jusqu’en mars, cela nous ferait une douzaine de matchs à rattraper. Sur trois mois, c’est jouable. Maintenant, les scénarios, on les connaît. Soit on continue à huis clos, mais il faut des aides en face. Soit on joue ce week-end, puis on suspend le championnat. Soit on s’arrête dès aujourd’hui jusqu’au retour possible du public, ce que l’on souhaiterait, mais j’ai peu d’espoir… Le problème, c’est que les clubs européens veulent jouer. »
Même son de cloche pour le directeur général de la Chorale de Roanne, Nicolas Reveret, interrogé par Le Progrès.
« On reste fidèle à notre ligne directrice. Un troisième match à huis clos porterait nos pertes en remboursant nos partenaires à 450 000 euros. Ajoutez la double peine de nos deux matches à huis clos en Coupe de France… Les aides (sont) hypothétiques pour janvier et février. En décembre d’accord, cela a été décidé. Mais si l’on fait un troisième match à huis clos, on sera grandement dans le rouge sans les aides escomptées. On veut bien participer à l’effort lié à la pandémie, mais avec des aides qui permettront de tenir le choc. »
Ce que personne ne veut
Après la défaite de Nanterre contre Monaco mercredi soir en EuroCup, son entraîneur Pascal Donnadieu a précisé sa position, que nous avions relayée ici mais qu’il estime incomplète. Il n’affirme pas vouloir continuer ou s’arrêter : il veut un choix qui soit fixe et ne change pas toutes les semaines, avec souvent un délai qui laisse staff et joueurs longtemps dans l’inconnu.
« Ce n’est pas qu’on veuille spécialement arrêter jusqu’à fin mars. Je crois qu’on est le seul championnat en Europe où on ne sait pas de quoi sera fait le lendemain. Ou on décide de s’arrêter et on s’arrête, ou on décide de jouer mais on joue. Mais là on est entre les deux et on n’a pas de visibilité sur le calendrier. C’est ça que je trouve compliqué. Je ne dis pas qu’il faut jouer ou ne pas jouer, il ne faut pas qu’on nous prévienne à la petite semaine. Et cela n’explique pas notre mauvais match de ce (mercredi) soir, il faut qu’on ait un truc plus clair. »
Alors décider jusqu’en mars, c’est bien. Mais après ? La question va là-aussi vite se poser, mais une nouvelle fois le basket français attendra le dernier moment pour y répondre.
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