[Interview] Épanoui en Turquie, Rodrigue Beaubois ne pense plus à l’équipe de France
« J’ai vu ses matchs, en EuroLeague notamment, et j’étais ravi de le voir à ce niveau-là. La blessure de Shane Larkin lui a donné des responsabilités accrues à l’Efes Istanbul. » Vincent Collet, le sélectionneur de l’équipe de France, ne s’y trompe pas : l’arrière guadeloupéen réalisé un très bon début de saison.
Légèrement blessé depuis son coup de coude reçu en dessous de l’œil au Panathinaikos, l’enfant du New Star de Pointe-à-Pitre a retrouvé les terrains jeudi dernier contre Baskonia (défaite 77-59). « On joue de mieux en mieux, c’est positif pour la suite, lâchait-il avant le faux pas de son équipe en EuroLeague. Ce qu’on l’on produit actuellement est très encourageant et intéressant pour la suite. Collectivement, on n’a pas commencé comme on l’aurait souhaité mais avec la COVID-19, cette saison sera différente des autres. »
« On veut clairement gagner l’EuroLeague »
Malgré un mauvais départ collectif en EuroLeague (9e, 6 victoires – 5 défaites), l’objectif reste le même : engranger un maximum de succès pour achever le travail entrepris en 2019-2020. Car avant l’interruption brutale de l’EuroLeague, l’Anadolu caracolait seul en tête, avec 24 victoires en 28 journées.
« On veut clairement gagner le titre de l’EuroLeague, avoue le champion NBA 2011 avec Dallas. On a un groupe très intéressant, on peut écrire quelque chose de spécial. C’est pourquoi il faut vraiment mettre toutes les chances de notre côté pour y parvenir. C’est vraiment ce qui est dans la tête de tout le monde. Ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de faire partie d’un groupe aussi qualitatif. »
Prolongé de deux ans l’été dernier, l’ancien pensionnaire du centre de formation de Cholet, qui espère faire le doublé NBA – EuroLeague comme Manu Ginóbili, Toni Kukoč ou encore Bob McAdoo, a su profiter de la blessure de Shane Larkin pour avoir encore davantage de responsabilités. Notamment face au Maccabi Tel-Aviv, juste avant d’être arrêté, où il a pris la rencontre à son compte. Auteur de 23 points pour 36 d’évaluation, l’arrière stambouliote a réalisé une incroyable fin de match, panier décisif et contre de la victoire, pour l’emporter sur le fil (91-89).
« Je n’y prête pas trop attention. Car ce qui compte, c’est d’aider l’équipe au maximum car on veut aller loin. Shane Larkin est un joueur très important de notre équipe et quand n’importe quel joueur important se blesse ou est absent, c’est au reste de l’équipe de faire en sorte de couvrir cette absence mais maintenant, il est de retour. »
« Quand les décisions récentes vous font comprendre que vous n’êtes pas dans les plans… »
Un retour, ou plutôt faire ses débuts en équipe de France, « Roddy » Beaubois n’y songe plus. « Ce n’est clairement pas dans ma tête, indique-t-il à propos des Jeux olympiques. Quand les décisions récentes vous font comprendre que vous n’êtes pas dans les plans, vous commencez à ne plus spécialement y penser. Forcément, en tant que compétiteur, vous continuez à travailler dur et à faire ce que vous pouvez mais vu ce qu’on m’a montré ces dernières années… Je l’accepte, je continue avec l’Efes et voilà. Ce sont des choix d’entraîneur, son boulot (à Vincent Collet) est de faire une équipe compétitive. Et je ne suis pas dans les plans, c’est la vie. »
Vincent Collet l’avoue : « avec Rodrigue, il y a souvent eu des ratés malencontreux. C’est de la malchance. D’autres fois, on s’est raté de peu… » (photo : Julien Bacot / FFBB)
Diamant brut mais réputé fragile, l’ancien NBAer n’a jamais pu réellement saisir sa chance. La faute notamment à des blessures récurrentes. Dès la fin de l’EuroBasket 2009, Vincent Collet faisait part de son intérêt pour son potentiel. Mais, l’été suivant, après quelques jours de préparation, il a vu ses rêves de Coupe du Monde 2010 s’envoler. « Il s’est cassé le pied à Pau en traversant le terrain, raconte Vincent Collet. Je m’en souviens encore comme si c’était hier. » Rebelote deux ans plus tard : les Mavericks ne veulent pas entendre parler des Jeux olympiques 2012. En 2014, une blessure au genou lui barre la route du Mondial en Espagne. » Avec Rodrigue, il y a souvent eu des ratés malencontreux. C’est de la malchance. D’autres fois, on s’est raté de peu », poursuit Vincent Collet.
Vincent Collet : « Pour les JO, il fait partie de la réflexion »
« Pour les JO, il fait partie de la réflexion, ajoute le technicien normand. Même s’il y avait des joueurs très forts sur son poste à la dernière Coupe du Monde. Pour l’équipe de France, plus il y a de joueurs performants à très haut niveau, mieux c’est. »
De son côté, Rodrigue Beaubois regrette un manque de communication, se faisant presque à l’idée qu’il terminera sa carrière sans la moindre sélection en équipe de France. « Si j’avais été contacté et qu’on m’avait expliqué des choses, j’aurais peut-être pu essayer de rester concentré sur l’équipe de France. Mais quand on est mis de côté… J’accepte le fait que je ne suis pas dans les plans, j’accepte la situation. Et comme tous les Français je serai derrière l’équipe de France. »
Rodrigue Beaubois, quelques jours avant France – Tunisie du 7 août 2010, ce qui aurait dû être son premier match en Bleus (photo : FFBB)
Commentaires