Comment s’entraîner seul à partir du 11 mai ? Julien Zoa nous donne quelques clés
Non les salles de basket ne rouvrent pas ce lundi 11 mai, avec la fin du confinement. Mais oui vous pouvez prendre votre ballon et aller tirer sur le panier de votre quartier ou de votre village. De quoi reprendre des sensations et petit à petit augmenter la charge de travail, afin de vous préparer à une reprise avec des l’opposition et ensuite à la compétition.
Julien Zoa, assistant-coach à Gries-Oberhoffen en Pro B, est réputé pour son travail avec les joueurs sur le travail individuel. De plus en plus sollicité par les joueurs professionnels français, il devrait avoir du pain sur la planche dans les semaines à venir pour remettre des athlètes en forme. Dans un premier temps, il nous explique le parcours qui l’a mené jusque là :
De la DM3 à la Pro B, un parcours peu commun
Très vite, je me suis découvert une passion pour l’entraînement. En 2006, avec Mamadou Camara (dit Coach Mam’s) mon acolyte et mentor, nous avons créé l’association «Dernier Quart». Celle-ci regroupait des joueurs hors du système « classique » des clubs en compétition. Attachés aux valeurs de transmission et de partage, l’objectif était de leur proposer un suivi personnalisé, des entraînements individuels et collectifs pour les aider à évoluer dans leur projets pros. En 2010, j’ai été recruté par le BSMBC (le club de Bry-sur-Mane) en tant que Directeur Sportif, club dans lequel j’ai continué à développer mes compétences d’entraîneur. En seulement 6 ans j’y ai mené l’équipe séniors du niveau DM3 jusqu’au niveau Régionale 2. Puis en 2018, j’ai été sollicité par Ludovic Pouillart pour rejoindre le club de Gries, nouvellement promue en Pro B. J’y arrive initialement en tant que assistant sur l’équipe pro et responsable de la formation jeune (U18 et NM3). La même année, dans le cadre de ma formation DEJEPS, j’ai piloté le projet de la création du premier centre de formation à Gries.
En parallèle, et toujours aux côtés de Coach Mam’s Carter, nous avons lancés les BIGWORK SESSION, des séances de coaching personnel à l’attention de joueurs pros ou de jeunes aspirants pro. A ce jour de nombreux joueurs internationaux tels que Louis Labeyrie, Vincent Poirier, Olivia Epoupa, Axel Toupane ou encore Lahaou Konaté nous ont fait confiance.
Un des nouveaux spécialistes du travail individuel
C’est parti de rien, d’une discussion un soir entre amis, avec Louis Labeyrie notamment. Louis et moi sommes allés faire une séance de travail spécifique dans la foulée. Je me suis rendu compte qu’en tant qu’entraîneurs, nous n’accordions pas assez de temps au travail individualisé du joueur pendant la saison. C’est surtout pour cela que j’ai décidé de développer cette spécificité. Mon objectif avant tout c’est d’avoir des résultats sur le terrain et j’ai pu déjà en observer les premiers résultats concrets avec les joueurs de hauts niveaux que nous entraînons dans ce cadre l’été.
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Julien Zoa nous a également livré quelques conseils pour la reprise de l’entraînement des joueurs, dans les conditions fixées par les autorités.
Après deux mois d’inactivité, par quoi serait-il judicieux de commencer ?
Il est difficile de faire une généralité pour tous les basketteurs, mais il faudra évidemment un programme adapté à la reprise de chacun. Pour se faire, un état des lieux est primordial et pour moi il faut s’entourer de spécialistes (préparateur physique, coach mental, personal trainer) pour réussir une reprise optimale. Il va également s’agir de leur redonner confiance car on ne pourra pas reprendre comme si rien ne s’était passé. Il va falloir rééduquer nos athlètes dans un sens et puis reprendre les bases dans l’autre. Ensuite, forcément, la décision de la LNB nous aiguillera dans les programmes personnalisés à mettre en place.
Comment faire en sorte que la réalité du travail individuel soit le plus proche de l’activité incertaine et intense que représente le basketball ?
En tant qu’entraîneur, mon rôle est de savoir proposer un travail adapté et représentatif des situations de matchs aussi bien collectivement qu’individuellement. Par exemple, en Pro B, on rencontre énormément de situations de pick and roll à haute intensité où le joueur doit être capable de prendre LA bonne décision par rapport à la défense adverse. Il peut s’agir d’une passe, d’un tir, d’une pénétration au panier… qui devra être réalisé sur un très court instant pour avoir l’opportunité de réussir son action. Lors du coaching individuel, je vais recréer les conditions d’une situation réelle de match et faire en sorte que le joueur puisse se sentir à l’aise sur le terrain, peu importe ce que la défense propose. Il faut avoir le coup d’avance et voir le jeu au ralenti. C’est ça le secret. Le coaching personnel est un travail complémentaire que je propose aux top athlètes désireux de progresser autrement. Ce que j’aime par-dessus tout lors de nos BIGWORKSESSIONS, c’est qu’il n’y a ni agent, ni stats, ni code LNB : c’est donc un moment privilégié où je peux être authentique et mettre toute l’étendue de ma vision du basket et compétences au service des joueurs, sans règles prédéfinies ni contraintes, ce qui permet d’être plus créatif et intense. Pour en savoir plus, je t’invite à nous suivre lors d’un de nos prochains camps.
Le basketball est une activité intense. C’est une chose de prendre des tir sans pression et sans fatigue mais en match cela ne se déroule pas comme cela. Comment arriver à faire monter le cardio ?
Le meilleur moyen de faire monter le cardio c’est d’augmenter progressivement selon son niveau le nombre de répétition d’un exercice. Je conseillerais à chacun de se créer une routine adaptée à des objectifs précis et définis en amont, en travaillant sur un maximum de skills, ce qui s’avère habituellement difficile pendant la saison : travail d’appuis (corde à sauter, échelle de rythme, proprioception), renforcement musculaire (chevilles, ischios, hanches… TOUT !), dextérité et adresse. Et pour l’incertitude, il faut laisser place à l’imagination du joueur pour créer des situations de matchs réalistes : pick and roll ou buzzer beater à une seconde de la fin.
Admettons que l’opposition, avec encore des conditions précises (3×3 en extérieur ?), soit autorisée à partir du 15 juin. Quelle serait la progressivité de la charge et du programme d’entraînement d’ici là ?
Dans cette hypothèse, nous intégrerons l’opposition d’abord à l’entraînement de manière progressive, après un travail individuel préalable. Je pense qu’allier un travail de course en utilisant le ballon mais aussi très vite revenir dans le tir avec les répétitions aidera à retrouver les automatismes. Puis on pourra passer à des situations à 3 contre 0 tout terrain où il sera plus facile d’évaluer si on peut progresser sur des phases de surnombre (3 contre 1, 3 contre 2). Et après tout ça seulement, on décidera d’intégrer le 3 contre 3 voire plus si cela s’y prête.

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