L’immense désillusion des Bleues, sorties en demi-finale de l’EuroBasket par l’Espagne

Iliana Rupert vient de rater son lancer-franc à 0,8 seconde du buzzer final, et comprend que la France s’est de nouveau inclinée en demi-finale de l’Euro
Et toute la tristesse du monde s’est abattue sur les épaules de la pauvre Iliana Rupert, la tête enfouie dans son maillot puis accroupie, les deux mains posées sur le parquet, vainement consolée par certaines de ses coéquipières… L’intérieure de Mersin avait le lancer-franc de la prolongation au bout des doigts mais sa deuxième tentative a échoué en fond de cercle, précipitant les Bleues vers une déprimante petite finale dimanche.
Peut-être envahie par un sentiment de culpabilité, quand bien même la détresse du jour ne peut reposer que sur son ultime échec, l’ancienne berruyère s’est ensuite exonérée du regroupement final en fonçant seule vers les vestiaires, le visage blême, le regard plein de colère en traversant la zone mixte. Pour une deuxième fois d’affilée, la France ne disputera pas la finale de l’EuroBasket. La malédiction, qui s’étend depuis le sacre de Riga 2009, se poursuivra au moins deux ans de plus…
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— FIBA Women's EuroBasket (@EuroBasketWomen) June 27, 2025
Car oui, au final, c’est fou comme un petit point peut faire toute la différence. Parce que l’équipe de France a perdu contre un adversaire moins fort qu’elle sur le papier, même si on a payé pour apprendre au fil des ans qu’il ne fallait jamais sous-estimer l’Espagne, cet EuroBasket 2025 ne pourra pas être considéré comme une réussite. Une simple présence en finale aurait pourtant déjà amené un certain éclat à son bilan.
Privées d’adversité depuis une semaine avec des balades contre la Grèce (92-56), la Suisse (111-37) et la Lituanie (83-61), les Bleues se sont cassées les dents sur leur premier véritable test de la dizaine grecque. Et malheureusement, il n’y a pas vraiment d’autre coupable dans l’affaire que l’équipe de France.
Coupable ?
Coupable de s’être arrêtée de jouer au cœur du troisième quart-temps, alors que tout semblait aller pour le mieux (43-33, 23e minute). Coupable de s’être enfermée dans un jeu d’attaque stéréotypé, sans mouvement ni circulation de balle. Coupable de ne pas avoir su rechercher l’alternance en creusant sa tombe par une déprimante maladresse longue distance (5/30), quitte à refuser des accès ouverts vers le cercle dans le money-time. Coupable d’avoir donné trop de munitions à la Roja, qui a marqué 21 points sur les 13 balles perdues tricolores, certaines bien trop bêtement.
Coupable, enfin, de ne pas avoir tenté grand chose stratégiquement, y compris pour enrayer la prodige Awa Fam, qui s’est régalée face aux intérieures bleues, Iliana Rupert en premier lieu. La prodige de Valence est devenue la première joueuse de moins de 20 ans à planter plus de 20 points en demi-finale d’un Euro depuis… 1989 (21 points à 9/13 et 9 rebonds pour 31 d’évaluation). Jean-Aimé Toupane a eu beau s’agacer sur un temps-mort choc en fin de première mi-temps, demandant à ses joueuses si « elles voulaient perdre le match », on n’a pas perçu la moindre révolte venue du banc, que ce soit par des entrées incisives ou des coups tactiques du sélectionneur.

Une léthargie qui interroge, surtout quand l’Espagne s’est présentée, elle, avec une zone match-up qui a progressivement fait dérailler les Bleues. « Elles arrivent à cacher leur faiblesse grâce à une vraie organisation collective et on n’a pas su répondre », regrette la capitaine Valériane Ayayi, qui reflète bien le double visage français, injouable en première mi-temps (13 points à 6/11), bien plus en difficulté par la suite (6 points à 2/7 en deuxième mi-temps.
Quand même une neuvième médaille d’affilée à aller chercher
Alors oui, il manquait des joueuses. Oui, Dominique Malonga aurait peut-être eu le profil pour s’opposer à Awa Fam. Oui, Marine Johannès aurait peut-être pu réveiller l’attaque tricolore d’un éclair dont elle a le secret. Oui, Marine Fauthoux aurait peut-être réussi à stabiliser l’ensemble. Oui, Gabby Williams aurait peut-être eu le caractère nécessaire pour réveiller un groupe qui n’arrivait plus à répondre à la grinta espagnole. Mais la vérité est que cette équipe de France là avait tout à fait les moyens intrinsèques de faire mieux, d’aller chercher au moins une marche plus haut, quitte à tomber contre une Belgique infiniment plus outillée que l’Espagne en finale.

Il faudra désormais vite oublier, temporairement au moins, pour se recentrer vers une petite finale que personne n’avait envie de disputer dimanche à 16h30 contre l’Italie, héroïque face aux Belgian Cats dans le money-time (de 43-57 à 64-66). Ce n’était pas l’affiche espérée, ni le métal désiré, mais il conviendra tout de même de ne pas banaliser l’affaire. Au bout du compte, il peut y avoir une neuvième médaille européenne d’affilée, une culture à entretenir. « C’est important de finir sur le podium », martèle Jean-Aimé Toupane. Et ensuite, enfin, il sera temps de ranger Le Pirée 2025 au rayon des pires crève-cœurs de l’histoire récente, aux côtés d’Orchies 2013, Valence 2021 ou Paris 2024…
Au Pirée,







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