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[Analyse] Pourquoi l’équipe de France s’est plantée et comment peut-elle rebondir ?

Équipe de France - L'équipe de France a vécu un fiasco monumental lors de la Coupe du monde 2023, à moins de 11 mois des Jeux olympiques de Paris. Quelles sont les raisons de ces échecs ? Comment peut-elle revenir bien plus forte à Lille fin juillet 2024 ? Voici quelques éléments de réponse.
[Analyse] Pourquoi l’équipe de France s’est plantée et comment peut-elle rebondir ?
Crédit photo : FIBA

Alors que huit équipes démarrent les phases finales de la Coupe du monde à Manille ce mardi et mercredi, l’équipe de France a quitté l’Asie et Jakarta ce dimanche. Les Bleus se sont faits éliminer dès le premier tour d’une compétition très ouverte, au sein d’un groupe des plus compétitifs. Forts de leur statut de triple médaillé sur les trois dernières campagnes internationales (Mondial 2019, Jeux olympiques 2021 et Euro 2022), les hommes de Vincent Collet étaient arrivés en Indonésie avec une seule ambition : ramener l’or à Paris le mardi 12 septembre. Au final, ils ont terminé à la 18e place après avoir assuré le minimum sur les deux matches de classement. Présents durant ces 11 jours à Jakarta, nous livrons notre analyse du fiasco français et partageons notre avis quant aux perspectives d’avenir.

Le bilan individuel des Bleus : Cordinier et Lessort ont marqué des points, des leaders en souffrance

Une formule de compétition qui ne pardonne pas les échecs d’entrée

Qu’on se le dise, la difficulté du calendrier de l’équipe de France sur le début de compétition n’est en aucun cas une excuse. Pour être champion du monde, il faut être en mesure de battre tout le monde. Mais il ne serait pas honnête intellectuellement de rappeler que le groupe K est le seul à avoir compté deux équipes qui ont ensuite réussi à atteindre le top 8 de la compétition : le Canada et la Lettonie.

Les Bleus se sont retrouvés d’entrée face à une jeune sélection canadienne qui avait envie de prouver sa valeur. Qui plus est, celle-ci est arrivée en pleine possession de ses moyens alors qu’avec sa rotation réduite – seuls sept joueurs sont réellement utilisés -, la pression défensive du groupe de Jordi Fernandez a semblé décliné – ou du moins être moins régulière – au fil des matches. Victimes d’un uppercut lors du troisième quart-temps de ce premier match, les Français n’ont pas su se relever pour terminer avec une cuisante défaite de 30 points. Deux jours plus tard, les Bleus auraient du trouver les moyens de rebondir. Ils n’étaient pas si loin de tuer le match dans le troisième quart-temps. Mais à cause de multiples erreurs successives – un switch défensif oublié, une faute loin du panier alors qu’on est dans la pénalité, etc. -, ils ont laissé les Lettons dans la rencontre. Leur formidable allant collectif, portés par un soutien de la part de nombreux fans venus à Jakarta, a permis au groupe de Luca Banchi de rester en vie et de saisir l’occasion de prendre ce match suite à l’exclusion de Nando De Colo. Malgré tout, les Bleus se sont retrouvés à quelques centimètres d’atteindre le deuxième tour, avec le 3-points manqué de peu par Sylvain Francisco. C’était passé en 2022 contre la Turquie puis l’Italie dans des circonstances similaires. La chance a tourné pour cette fois-ci. Dans de multiples groupes moins relevés, les Français, malgré leurs nombreux défauts de cette année, seraient passés au deuxième tour. Et qui sait, avec de l’élan et la confiance engrangée lors de victoires, ils auraient pu monter en puissance et faire un tout autre résultat.

Des joueurs pas au mieux dans leur carrière

Après une bonne entame, Nando De Colo a souffert physiquement face au Canada sur le premier match (photo : FIBA).

À la suite de la défaite contre la Lettonie synonyme d’élimination dès le premier tour, Vincent Collet a eu à se présenter six fois devant la presse. À chaque fois, le sélectionneur de l’équipe de France est revenu sur l’élimination. Une phrase, prononcée à une seule reprise, a retenu notre attention. Pour le technicien normand, le fait d’annoncer avant la compétition que l’objectif unique était le titre était peut-être démesuré, eu égard des saisons sur lesquelles les joueurs cadres de l’équipe restaient. En effet, dans le cinq majeur, la plupart des carrières de ses membres sont sur la courbe descendante. Dans un bon soir, Nando De Colo reste un top joueur d’EuroLeague mais il a connu moults pépins physiques en 2022-2023. Evan Fournier n’a que très peu joué avec New York sur l’ensemble de la saison. Nicolas Batum occupe un rôle de vétéran très utile chez les Clippers mais son impact dans le jeu décroit. Rudy Gobert reste productif malgré son transfert à Minnesota mais il a perdu son statut de All-Star et n’arrive pas à faire gagner ses équipes. Guerschon Yabusele, le seul non trentenaire du cinq, a lui conservé une influence stable au Real Madrid. En relais du cinq, peu de joueurs émergent au plus haut-niveau. Élie Okobo et Mathias Lessort sont sans doute ceux qui ont désormais le plus gros statut, au sortir d’une belle saison en EuroLeague. Ils étaient ainsi attendus comme les premières rotations sur la ligne arrière et à l’intérieur. Si le second, après une préparation écourtée à cause d’une blessure, a réussi son entrée contre le Canada, et apporté une vraie complémentarité aux intérieurs titulaires, les deux premières sorties d’Okobo ont en revanche été cauchemardesques. À l’image de son début de quart de finale de playoffs d’EuroLeague contre le Maccabi Tel-Aviv, le Bordelais a souffert en défense et peu apporté en attaque, entre maladresse et pertes de balle. Après un Euro 2022 mitigé, l’arrière de l’AS Monaco peine à s’affirmer au niveau international. Pour le reste du groupe, seul Moustapha Fall a un statut important à très haut-niveau (pivot titulaire de l’Olympiakos, finaliste de l’EuroLeague). Mais la présence de Rudy Gobert ainsi que l’émergence de Mathias Lessort, et surtout les oppositions directes – il devait défendre sur des pivots fuyants et mobiles face au Canada et à la Lettonie – ne lui ont pas permis de pouvoir s’exprimer. Il repart frustré d’Indonésie et son avenir international est déjà remis en question, à 31 ans.

Quant aux absents, on aurait tort de croire qu’ils étaient en mesure de considérablement améliorer l’équipe de France, si ce n’est Victor Wembanyama, qui a lui même pris la décision de ne pas venir. À part que l’équipe a manqué d’au moins un stoppeur sur la ligne arrière (le forfait de Frank Ntilikina a fait du mal), qu’aucun vrai jeune (personne n’avait en-dessous de 26 ans) n’était à Jakarta et que l’équipe a manqué de profondeur de banc et surtout de complémentarité.

Une sélection mal conçue dès l’origine

Isaïa Cordinier semble être le joueur le mieux placé pour épouser le rôle de l’energizer dans les ailes (photo : FIBA).

Avant que Victor Wembanyama n’appelle Vincent Collet, le samedi 24 juin, pour lui faire part de sa décision de ne pas participer à la Coupe du monde, le groupe potentiel des Bleus semblait nettement plus équilibré avec la future star des Spurs en son sein. En effet, le jeune intérieur serait venu occuper les postes 4 et 5, aurait considérablement réduit les difficultés au rebond, présenté une deuxième force de dissuasion, amené de la nouveauté et donc de la fraîcheur et bien d’autres choses encore. De plus, Nicolas Batum n’aurait pas eu à jouer les rotations au poste 4 et aurait ainsi partagé le poste 3 avec un autre joueur (Terry Tarpey, Yakuba Ouattara ou Isaïa Cordinier) plus petit certes mais capable d’amener une intensité, dureté et énergie essentielles en sortie de banc. Dès lors que le staff a du décaler Nicolas Batum en 4 – ce qui est devenu son poste de prédilection en NBA -, la taille moyenne des lignes extérieures était très petite. De quoi poser encore plus problème pour tenir le rebond.

Que Victor Wembanayama ait déclaré forfait a amené un véritable déséquilibre. Mais ce déséquilibre s’est accentué avec les différents choix du staff sur la sélection initiale : Yakuba Ouattara et Terry Tarpey possèdent le même profil d’ailier de petite taille réputé pour leur engagement sur le terrain. Le premier a été pris pour jouer le même rôle qu’à Monaco : à savoir mettre une pression défensive de dingue sur un meneur/arrière adverse, souvent pour démarrer le match. Mais finalement, dans un contexte de très haut-niveau international, Vincent Collet n’a pas osé vraiment l’utiliser.

La sélection s’est encore plus déséquilibrée avec le forfait de Frank Ntilikina. Ce dernier a été remplacé par un autre joueur avec le même profil que Yakuba Ouattara et Terry Tarpey, Isaïa Cordinier. Il était déjà difficile d’intégrer deux de ces postes 3/2 dans la rotation derrière Nicolas Batum et Evan Fournier, le problème s’est encore amplifié avec ce choix. À l’avenir, il faudra choisir entre l’un des trois, pas plus, et le dernier venu (Isaïa Cordinier) a peut-être le meilleur profil au haut-niveau, même si Terry Tarpey et Yakuba Ouattara sont irréprochables.

En remplaçant un 1/2 par un 3/2, le staff s’est privé d’options au poste 1, alors qu’il était déjà compliqué de gérer les rotations au poste 4. Sur l’ensemble de la compétition, il a été très difficile de faire sortir Guerschon Yabusele – tantôt remplacé par Nicolas Batum, tantôt par Mathias Lessort dans un cinq à deux pivots – et les Bleus ont manqué d’options à la mène. Aucun des joueurs présents dans les 12 ne semblait réellement s’en sortir an poste 1. Évacuons le cas Thomas Heurtel – l’éthique nous amène à ne plus le considérer pour l’équipe nationale, malgré les revendications caricaturales de plusieurs joueurs -, les coaches de l’équipe de France ont voulu amener plus de création sur les lignes arrières alors que celle-ci avait manqué à l’Euro 2022, et particulièrement en finale contre l’Espagne. Ainsi, Andrew Albicy en a fait les frais. Mais sans lui ni Frank Ntilikina, la pointe de l’épée de la défense tricolore n’était plus là. Et l’agresseur habituel est devenu l’agressé… Faire venir Sylvain Francisco, pour amener du talent offensif et préparer l’avenir, reste une bonne idée, mais il manquait clairement un stoppeur à ses côtés. Pour en finir sur la ligne arrière, la présence cumulée de Nando De Colo et Elie Okobo se révèle être complexe. A très haut-niveau, ces deux joueurs sont un poil sous dimensionnés physiquement sur le poste 2 – leur poste de prédilection – comme on l’a vu contre le Canada. Leur complémentarité dans un groupe de 12 n’est pas si évidente, encore moins quand un autre arrière scoreur parfois décrié en défense, Evan Fournier, prend 25 minutes sur le poste 2.

Mais où est la nouvelle génération ?

Le basket français a un problème : les multiples potentiels qui nous font fantasmer chaque année en catégories jeunes, au point d’être drafté haut en NBA chaque année, ne parviennent pas à s’installer à très haut-niveau. Dans ces conditions, il est difficile pour le staff de sélectionner des joueurs ne présentant aucune garantie (sur le niveau de jeu et parfois l’état d’esprit) tout en faisant sauter des éléments plus rassurant, mais dont le plafond est sans doute plus bas. L’expérience Théo Maledon à l’Euro 2022 n’a pas aidé.

Guerschon Yabusele est le seul joueur de moins de 30 ans dans le cinq majeur des Bleus (photo : FIBA).

Alors que les leaders des générations françaises de 1993 à 97, qui n’ont ramené que très peu de médailles en compétitions internationales – l’argent en U16 pour les 96, le bronze en U20 pour les 97 – se révèlent au mieux être de bons joueurs EuroLeague – ce qui, individuellement, reste en dessous du vrai niveau NBA, comme l’a prouvé le match contre le Canada -, la relève n’arrive pas non plus à s’affirmer. Les leaders historiques de la génération 98, désormais âgés de 25 ans, que sont Frank Ntilikina et Killian Tillie, ont connu de nombreuses difficultés, entre absence de temps de jeu et responsabilités (pour le premier) et les blessures (pour le second). Ceux de la génération 99 (Jaylen Hoard, Yves Pons, Olivier Sarr, Sofiane Briki) ont pris des chemins de traverse et restent pour le moment loin du haut-niveau international. Alors qu’il faisait saliver tout le monde de 15 à 19 ans, Sekou Doumbouya (génération 2000), qui était imaginé comme le successeur de Nicolas Batum sur le poste 3/4, s’est perdu et plus personne ne croit en lui à ce jour. Joël Ayayi (génération 2000) repointe le bout de son nez mais redémarre son parcours en Betclic ELITE, sans Coupe d’Europe, et a donc besoin de temps même s’il pourrait marquer des points en cas de sélection en équipe de France en février prochain. Surtout, la génération 2001, championne d’Europe U16 puis vice-champione du monde U17, galère plus qu’on ne l’aurait imaginé. Car les meneurs du futur, Théo Maledon et Killian Hayes, semblaient en être issus. Le premier n’y arrive pas en NBA et s’est presque grillé en Bleus à l’été 2022, après avoir laissé de si bons souvenirs en 2019 à la sortir de sa première campagne professionnelle à l’ASVEL. Le deuxième était en mesure de gagner sa place sportivement en décembre et janvier avec une montée en puissance en NBA, avant que le soufflet ne retombe suite à son match à Paris complètement raté. Son intérêt pour les Bleus reste à démontrer malgré ses déclarations positives en ce sens en début d’année civile.

La faute au covid, à une blessure en 2021 puis sa Draft en 2022, Ousmane Dieng n’a joué qu’une compétition internationale jeune en équipe de France, à l’Euro U16 2019 à Udine (photo : FIBA).

L’un des gros regrets de Vincent Collet est le fait de ne pas avoir pu tester Ousmane Dieng (génération 2003). Celui qu’il avait côtoyé au Pôle France en 2020-2021 était prévu parmi les partenaires d’entraînement pour cette campagne 2023 mais il n’a pas pu tenir sa place, la faute à une blessure. Formé en tant qu’arrière, il est désormais utilisé en point-foward, voire à l’ intérieur, à OKC, alors qu’il a désormais passé les 2,10 m sous la toise. Le Lot-et-Garonnais aurait pu bénéficier de la préparation pour montrer où se situait son niveau actuel, avant de profiter du forfait de Frank Ntilikina pour intégrer les 12 et vivre en Asie une expérience enrichissante en vue des Jeux olympiques de Paris. Et qui sait, peut-être aurait-il pu apporter déjà de très bonnes minutes sur les postes 3 et 4 ?

Plus généralement, le lien semble très limité – voire inexistant – entre les potentiels futurs joueurs des Bleus et le staff entre leur carrière internationale jeune et le moment où ils semblent avoir atteint le niveau requis pour intégrer l’équipe de France A. Dans un sport globalisé, la Direction Technique Nationale (DTN) de la Fédération française de basketball (FFBB) doit s’adapter et créer un programme permettant aux potentiels futurs Bleus évoluant à l’étranger de rester en contact avec l’équipe nationale pour qui ils ont souvent déjà joué plus jeunes. Ainsi, il serait judicieux d’établir / maintenir un lien réel avec Alexandre Sarr en Australie cette saison, Sidy Cissoko à San Antonio, Maxime Raynaud à Stanford et bien d’autres encore. De quoi les considérer et maintenir leur intérêt pour leur carrière internationale. Mieux, un vrai camp de développement pourrait être organisé à l’INSEP – vers mai/juin, quand les saisons américaines sont terminées – permettant à ces derniers d’être observés par le staff des Bleus et d’interragir avec ses membres.

Dans une idée similaire, la DTN a mis en place une « select team » cette année. Alors que l’on savait que Vincent Collet allait choisir ses 12 joueurs pour le Mondial dès la fin juin, on pensait que de potentiels internationaux allaient y être testés en vue de la sélection de la Coupe du monde 2023 et, dans la suite logique, des Jeux olympiques 2024. Mais hormis peut-être Nadir Hifi, Ismaël Kamagaté et Joël Ayayi, il s’agissait plutôt de joueurs amenés à passer dans un premier temps en équipe nationale par les fenêtres internationales.

Un groupe « qui vit bien » mais semble peu en phase émotionnellement

Si l’ADN du « Team France Basket » semble perdurer grâce à l’ancienne génération, le groupe a peut-être manqué d’une étincelle en 2023, à un an des JO. Le contraste a été saisissant sur les deux seuls matches qui ont compté, avec une équipe du Canada morte de faim, et surtout avec la fraîcheur et l’enthousiasme amené par la Lettonie. « Le groupe vit bien » ont assuré plusieurs joueurs dans les jours qui ont suivi, à commencer par le capitaine Nicolas Batum, même si une distance s’est ressentie avec Rudy Gobert lorsqu’il a fait le choix de ne pas jouer contre le Liban. Toutefois, les Bleus étaient-ils en phase émotionnellement sur cette campagne, de Nando De Colo (36 ans) à Sylvain Francisco (26), en passant par le staff ? Pas suffisamment à notre goût, ce que nous avions parfois constaté l’été dernier – des tensions au sujet de Théo Maledon puis entre Moustapha Fall et Timothé Luwawu-Cabarrot, avaient été dévoilées. Pour se dépasser et renverser des montagnes comme ils ont su le faire par le passé, les Bleus devront avoir un esprit de corps et surtout ce supplément d’âme essentiel dans tout mécanisme de performance.

Le staff peut-il être remanié ?

À moins d’un an des JO, le staff est rentré en France avec beaucoup de questions en tête. Tout d’abord, Vincent Collet va attendre d’être conforté dans sa position pour une vivre dernière campagne internationale, probablement la plus importante de son parcours en sélection.

Parmi ses responsabilités dans cet échec, l’ex-coach des Metropolitans s’est manqué sur la composition de la sélection. Puis il n’a pas su faire face aux divers éléments sur les deux derniers matches – comme l’exclusion de Nando De Colo – pour limiter la casse avec une qualification au deuxième tour. Enfin, le jeu plus direct des Bleus, avec moins de systèmes en mouvement (comme « jersey », que l’on a revu contre l’Iran), a semblé moins efficace. Mais soyons clairs, un problème persiste dans le basketball français : aucun coach français ne s’est rendu légitime à ce jour par ses résultats au plus haut-niveau. Ainsi, en parallèle des entretiens passés avec des entraîneurs français, la DTN et le management de l’équipe de France devront sérieusement étudier la piste étrangère pour l’après 2024. A moins d’un parcours exceptionnel de la part d’un coach français en 2023-2024, cette solution semble d’ailleurs la meilleure.

Le tort du management des Bleus aura été, comme pour les joueurs, de ne pas avoir suffisamment préparé l’avenir en intégrant des techniciens français d’avenir dans le staff. L’idée en 2016 était certainement d’incorporer Pascal Donnadieu pour qu’il prenne la suite de Vincent Collet lors du départ de ce dernier. Mais le train est passé pour la légende de Nanterre, qui va prendre sa retraite en 2024 après les JO. Aux côtés de coaches d’expérience, comme Ruddy Nelhomme et Laurent Foirest, il serait essentiel d’amener des profils similaires à celui de Bryan George, analyste vidéo désormais passé assistant. Avec pourquoi pas des profils travaillant au très haut-niveau, en NBA (Max Lefebvre, James Wade ?), en EuroLeague et d’autres ayant coaché les jeunes potentiels français (Lamine Kebe ?).

Vers un changement dans les rôles de chacun en 2024 ?

Rudy Gobert
Toujours en difficulté pour s’imposer à l’intérieur, Rudy Gobert n’a pu tenter qu’un tir contre la Lettonie (photo : FIBA).

Le cinq qui a fait le succès français aux JO 2021, en plus d’un banc d’impact (Thomas Heurtel, TLC, Moustapha Fall), n’a cette fois pas fonctionné. L’agressivité défensive de la paire arrière De Colo – Fournier est trop limitée pour permettre aux Bleus d’enchaîner les stops et, dans la foulée, s’exprimer sur du jeu rapide. Le retour d’un stoppeur en pointe (Frank Ntilikina ? Andrew Albicy ?), comme en 2019, semble primordial. Nando De Colo pourrait sortir du banc, en 1 ou en 2 selon les circonstances, comme il l’avait fait avec succès en Chine. Par ailleurs, Rudy Gobert n’a jamais semblé aussi permissif en défense. Très bas comme en NBA sur la défense des pick and rolls, il a encaissé bien plus de lay-ups et floaters que par le passé. Face à lui, les attaquants semblent avoir désormais confiance. La Lettonie a ainsi réussi 18 de ses 26 tirs à 2-points contre l’équipe de France. En attaque, son impact reste problématique. Contrairement à ce qu’il peut produire dans le jeu NBA, avec la règle des 3 secondes de la raquette en défense et le spacing plus important, le Picard ne peut que très rarement s’exprimer sur des deep rolls (rouler vite vers le cercle jusqu’au panier) pour aller inscrire des paniers à un contre zéro. Les lacunes techniques de l’ancien Choletais, qui n’est pas à l’aise sur les short rolls ou sur le jeu dos au panier, le rendent ainsi que trop peu efficace sur demi-terrain.

Reste à savoir également à quel point il peut devenir complémentaire de Victor Wembanyama et si la lutte des égos ne va pas l’amener à refuser un rôle moindre dans le futur groupe France. Car à l’image du jeu des Metropolitans 92 en 2022-2023, le jeune prodige pourrait être aligné au poste 5 aux côtés de Guerschon Yabusele dans le cinq des Bleus. A moins que Joël Embiid ne vienne changer les plans… De quoi réduire la motivation du pivot des Wolves, qui a vécu en marge du groupe sur la deuxième semaine à Jakarta ?

Pour le reste du groupe, si Evan Fournier semble indéboulonnable du cinq majeur d’ici un an, malgré les questions entourant sa capacité à ne pas s’enfermer dans des numéros de soliste, il reste l’interrogation autour du rôle de Nicolas Batum. Sa présence à Paris est indispensable eu égard de son expérience. Lui même envisage de sortir du banc au poste 4, comme il l’a fait sur les deux derniers matches de classement. Un aspect est déterminant pour savoir s’il peut définitivement basculer sur ce rôle : est-ce qu’un autre poste 3 français va exploser cette saison ? Vincent Collet rêve d’avoir à disposition un Dillon Brooks ou Luguentz Dort, les deux « 3 and D » du Canada. À défaut de trouver un joueur de ce profil, il devra espérer qu’une jeune (Ousmane Dieng, Bilal Coulibaly, Sidy Cissoko) prenne du volume et de la consistance dans les mois à venir. À moins que TLC ne reprenne de l’élan à l’ASVEL… Sinon, l’option d’un petit poste 3 agressif et énergique (Isaïa Cordinier en option n°1 à ce stade) agressif reviendra, avec dans l’équation la présence de Frank Ntilikina (1,96 m) et d’Evan Fournier (1,98 m) sur la ligne extérieure, sans oublier Victor Wembanyama (2,24 m) dans son dos. Bref, autant de questions aujourd’hui sans réponse d’ici Paris 2024…

À Jakarta,

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