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ITW Laurent Legname : « Je n’ai pas de revanche personnelle à prendre »

Sept mois après été remercié prématurément par la JL Bourg, Laurent Legname a retrouvé un banc de touche fin novembre à Gravelines, signant des premiers résultats convaincants avec le BCM pour l'instant : deux victoires en deux matchs. À quelques heures d'un retour scruté à Ékinox samedi soir, le technicien varois s'est confié sur son retour au jeu et son rebond personnel après une expérience délicate dans l'Ain.
ITW Laurent Legname : « Je n’ai pas de revanche personnelle à prendre »
Crédit photo : Julie Dumélié - BCM

Le mercredi 23 novembre, pendant que le BCM Gravelines-Dunkerque coulait en Coupe de France contre Roanne (76-86), Laurent Legname sillonnait les travées de l’Astroballe en tant que consultant pour Skweek, du plateau d’avant-match, dans les coursives, jusqu’à l’interview de Charles Kahudi, sur le parquet, pour analyser la défaite crève-cœur de l’ASVEL face au Bayern Munich (74-75). À peine une demi-journée plus tard, le Hyérois s’est retrouvé téléporté à 800 kilomètres de là, troquant le costume bleu marine pour un survêtement jogging, dirigeant sa première séance d’entraînement à Sportica. 209 jours après avoir été écarté par la JL Bourg, Laurent Legname était redevenu coach.

D’une équipe en dilettante, où quatre cadres avaient lâché J.D. Jackson (« Regardez Seeley, Robinson, Johnson et Morency : d‘habitude, je protège mes joueurs mais je suis dégoûté sur leur intensité, leur engagement »), l’ancien technicien de la JDA Dijon a transformé le BCM en une armada défensive, du moins le temps d’un match : alors qu’il caracolait à plus de 80 points marqués depuis cinq rencontres, le CSP n’en a inscrit que 50 vendredi dernier dans le Nord, de très loin le plus faible total de la saison en Betclic ÉLITE (derrière les 59 de l’Élan Béarnais à Levallois fin septembre). « Il faudra confirmer sur la durée », prévient l’ex-shooteur du HTV, qui peut s’appuyer sur un exemple très récent pour prouver que des débuts réussis ne sont pas toujours synonymes d’une expérience concluante. L’an dernier, sa JL Bourg n’avait encaissé que 54 points lors de la 2e journée à Limoges, puis 57 trois jours plus tard face à Strasbourg. Au bout d’un exercice éprouvant, il se faisait virer huit mois plus tard. Avec un timing qui avait surpris tout le monde : à quatre matchs de la fin d’une saison dont les deux parties avaient fini par se résoudre depuis des semaines qu’elle serait la seule de leur collaboration.

« Ironie du sort », de son propre aveu, Laurent Legname (45 ans) vivra son premier déplacement avec l’équipe maritime du côté d’Ékinox. Des retrouvailles anticipées, au milieu d’une procédure prud’homale, dont la JL Bourg se serait sûrement bien passée, elle qui refuse explicitement de communiquer sur la venue de son ex-entraîneur, contrairement à celui d’Alen Omic quatre jours plus tard, présent sur tous les visuels présentant la rencontre JL – Ljubljana. Au-delà d’un retour, finalement anecdotique, il sera surtout intéressant d’observer à plus long-terme la capacité de rebond d’un entraîneur au prestige détérioré depuis la saison dernière. En 2021, fort d’un ratio exceptionnel de sept saisons réussies sur huit, le vainqueur de la Leaders Cup 2020 était l’un des noms en vogue dans le coaching français, l’un des rares à susciter des convoitises dans des championnats étrangers majeurs (avec deux possibilités en Espagne et en Allemagne). Un an plus tard, le voici au BCM Gravelines-Dunkerque, club abonné aux places anonymes du championnat depuis tant d’années, privé de Coupe d’Europe depuis 2014. L’endroit idéal pour renouer avec le fil d’une trajectoire auparavant sans fausse note ? Le principal intéressé affirme ne pas raisonner comme cela : seul lui importe le bonheur du retour au jeu.

Depuis l’arrivée de Legname, le BCM Gravelines-Dunkerque a retrouvé un peu de joie (photo : Julie Dumélié – BCM)

Laurent, Gravelines n’a encaissé que 50 points vendredi soir contre Limoges. Est-ce que cela veut dire que Laurent Legname est vraiment de retour dans le championnat ?

(il rit) Non, non. Enfin, je suis de retour, oui, mais il faudra voir sur la durée de la saison. Cela fait seulement trois semaines que je suis arrivé. J’essaye au fur et à mesure de mettre en place ma philosophie offensive et défensive. C’est vrai que depuis deux matchs, on encaisse moins de points. C’est surtout dû en premier lieu aux efforts des joueurs, ce n’est pas moi qui joue. Ce sont eux qui sont à féliciter pour leur investissement et leur écoute. L’attaque, ça prend un peu plus de temps car on essaye de rebâtir de nouveaux systèmes. Défensivement, cela doit partir des efforts individuels de chacun donc je suis très content de voir que les joueurs sont récompensés de leurs efforts. Contre Le Mans, ce n’était déjà pas trop mal mais on a manqué de constance. Face à Limoges, c’était beaucoup mieux dans la régularité sur 40 minutes, il y a eu peu d’erreurs dans ce qui était demandé. Maintenant, il faut continuer. On sait que l’être humain a tendance à se relâcher donc il faut poursuivre, garder cet investissement et cet état d’esprit, mais aussi travailler offensivement où l’on est loin d’être parfait. Après, laisser une équipe de Limoges qui était en pleine bourre à 50 points, c’est très bien. Cela montre aussi aux joueurs que les efforts qu’ils font à l’entraînement se matérialisent par des victoires donc c’est toujours plus facile.

Le BCM a encaissé plus de 100 points pendant deux matchs d’affilée début novembre, en prenait 95 de moyenne sur les quatre dernières rencontres du mandat de J.D. Jackson. Vous avez réussi à diviser cela par deux, au moins le temps d’un match. Quelles en ont été les recettes, outre le fait d’insister sur les efforts individuels ?

C’est ce que je fais depuis 10 ans en tant que coach. Je savais que c’était une équipe qui prenait beaucoup de points mais je me suis attaché à ne pas regarder ce qu’ils avaient fait avant. J’ai un regard nouveau sur les joueurs, que je ne connaissais pas, mis à part certains comme adversaires. Je leur ai simplement dit que si l’on veut renouer avec les victoires, ça passera par l’intensité et l’agressivité, aussi en attaque. Bien sûr que j’ai des principes sur différentes défenses mais si eux ne sont pas assez intenses, ça ne servira à rien. J’ai insisté sur ça et ensuite, bien sûr, j’ai posé ma philosophie défensive et les joueurs ont adhéré. Maintenant, la question est de savoir s’ils vont garder cet état d’esprit qui est très bon. Est-ce que ce sera sur la durée ou pas ? Pour l’instant, on a beaucoup travaillé et les joueurs ont répondu présents. Je pense qu’ils étaient conscients de la situation dans laquelle ils étaient, ce sont des professionnels. Comme tous, ils ont envie de gagner.

« Très heureux de retravailler »

Comment vivez-vous ce retour au jeu depuis trois semaines ?

Je suis très content d’avoir de nouveau un travail, c’est la base. En tant que passionné, je suis ravi d’avoir un job. Je remercie le BCM dans son ensemble d’avoir pensé à moi. Ça s’est fait très vite, je commençais à m’installer dans ma vie de consultant, en attendant un nouveau projet. J’y ai pris beaucoup de plaisir, c’était très intéressant. Ça m’a permis de rester au contact du haut-niveau, de voir plein de matchs, c’était super. Et puis quand l’opportunité s’est présentée, j’étais vraiment très heureux. Heureux, c’est le mot, heureux de retravailler après ce premier licenciement de ma carrière. Je suis très content de retrouver un staff, des joueurs, un banc de touche, l’adrénaline, la préparation, le travail, etc. Pleinement heureux.

Les automatismes sont vite revenus ?

Oui oui, c’est comme le vélo, ça ne se perd pas (il rit). Ce n’est pas comme si je n’avais pas coaché pendant 10 ans. Tout est revenu très vite.

Au final, vous n’avez passé que six mois loin des parquets. À l’échelle d’une carrière, c’est très court mais est-ce que vous a semblé long dans le moment ?

Déjà deux victoires avec Laurent Legname pour le BCM (photo : Julie Dumélié – BCM)

Avec du recul, finalement, c’est vrai que ça a été rapide. En plus, comme je n’avais pas eu de job pendant la présaison, on savait très bien que ce ne serait pas possible de reprendre au moins avant octobre. Donc au final, oui, j’ai retrouvé assez vite, voire très vite, un boulot. Après le sentiment d’injustice et de colère des premiers temps, j’ai travaillé sur moi, j’ai pris du recul pour voir les bonnes choses qui ont été faites et ce qui n’a pas marché. J’ai fait mon autocritique, j’ai discuté avec d’autres coachs qui ont vécu ça, dans le basket ou d’autres disciplines. Ça m’a permis de passer à ce stade-là, où j’étais plutôt bien. Je prenais beaucoup de plaisir à être consultant, à regarder et analyser beaucoup de matchs comme si j’étais un peu coach, mais sans la pression et le stress des résultats. Franchement, je l’ai bien vécu.

Skweek vous a presque permis de découvrir le basket depuis le point de vue des journalistes…

Oui oui, c’est vrai, c’était intéressant ! Voir comment on prépare les sujets, pourquoi on choisit ces sujets-là et puis les interviews surtout. Quand tu es coach, être interviewé fait partie du travail. Mais quand tu es de l’autre côté, c’est toi qui doit poser les questions, qui doit analyser. Il faut apporter son regard sur un temps court, essayer de ne pas être trop technique ou tactique pour que le grand public puisse comprendre ce qu’on dit. C’est une gymnastique à trouver rapidement. C’était effectivement un rôle complètement différent mais j’ai essayé de faire au mieux.

« Je ne prétends pas être le coach providentiel qui va ramener le BCM au sommet »

À Gravelines, c’est la première fois que vous travaillez avec une équipe que vous n’avez pas construite, avec des joueurs que vous n’auriez certainement pas embauché si vous aviez fait le recrutement. C’est une découverte, et sûrement une difficulté supplémentaire ?

C’est nouveau, en effet. J’en avais un peu parlé cet été avec mon ami Thomas Andrieux, qui a repris Champagne Basket en toute fin de saison dernière. Il m’avait dit que c’était complètement différent. Je me suis rappelé de notre discussion quand je suis arrivé et c’est totalement vrai. Tu n’as pas de présaison, tu ne peux pas préparer la saison avec tes principes, tout est accéléré car on n’a pas le temps. Les joueurs sont déjà en place, avec une forme de travail qui était là avant, donc il faut faire avec ça. Être viré, c’était une première expérience. Prendre une équipe en cours de saison, aussi. C’est enrichissant, cela permet de travailler sur soi, d’avoir une approche différente.

Dans ces cas-là, est-ce au coach de s’adapter à l’équipe présente ou est-ce aux joueurs ?

Je pense que c’est un peu un mix des deux. C’est à la fois moi qui dois m’adapter aux joueurs qui sont déjà en place mais c’est aussi à eux de faire la démarche de s’ajuster à un nouveau coach, une nouvelle philosophie, de nouvelles règles. Chacun doit faire un chemin vers l’autre. Ça passe par beaucoup d’entretiens, à la fois individuels et collectifs, mais aussi un diagnostic qui n’est pas encore terminé pour essayer de trouver le plus rapidement possible là où on veut aller.

L’équipe va-t-elle rester en l’état ?

Dans un monde où Laurent Legname aurait construit son équipe, Justin Robinson n’en aurait jamais été le meneur. Mais l’ancien chalonnais donne satisfaction pour l’instant (photo : Julie Dumélié – BCM)

Pour l’instant, oui. On reste avec les 11 joueurs, en comptant Fabien Damase qui revient de blessure. On va voir au fil des matchs et des semaines ce que ça donne mais le groupe a été réceptif jusque-là. Il y a un bon état d’esprit qui émerge donc on reste comme ça. C’est évidemment perfectible mais il faut faire avec ce qu’on a et je suis plutôt content de l’investissement fourni.

Gravelines est un club à l’arrêt depuis presque une décennie, avec seulement une participation aux playoffs depuis la saison 2013/14. Le BCM est presque un cimetière de coachs aussi. Est-ce un élément qui refroidit ou, au contraire, un élément de motivation en plus ?

Je n’ai pas raisonné comme ça. Ce que vous dites est vrai, les statistiques le prouvent : pas de playoffs depuis longtemps (depuis 2016, ndlr), quatre coachs virés en cinq ans (Julien Mahé, Éric Bartecheky, Serge Crevecoeur et J.D. Jackson, ndlr). Mais je voyais surtout un nouveau projet qui s’offrait à moi, dans un club historique du championnat. Je ne prétends pas être le coach providentiel qui va changer le BCM et le faire revenir au sommet. Car à mon avis, les entraîneurs qui étaient là avant ont tous essayé et cela n’a pas marché. J’ai pris ça comme une mission pour les sept prochains mois, je bosse dur et je ne me pose pas toutes ces questions.

« Ce n’est pas Legname contre la JL Bourg »

Le GM du club, Olivier Bourgain, est l’un de vos amis. Cela a dû faciliter votre signature à Gravelines ?

Je sais que les gens peuvent le penser mais ce serait à la fois mal connaître Olivier et moi-même. Olivier est assez intelligent pour ne pas simplement embaucher un ami, il a un regard plus lucide sur la situation. Si le BCM a pris la décision de changer d’entraîneur, ce n’était pas pour mettre un ami. Par rapport à moi, c’est aussi injuste de dire ça. Depuis dix ans, j’ai quand même une bonne philosophie, ce n’est pas comme si j’étais novice dans le métier. Après, au quotidien, ça aide de se connaître, dans la capacité de se dire clairement les choses. Quand on n’est pas d’accord, il faut avoir la faculté de se le dire en tête à tête, ce qui est plus facile quand on se connait. Autrement, ce qui m’aide aussi est le fait d’avoir déjà joué une saison à Boulogne-sur-Mer (en 2008/09, ndlr). Je connais la région, je connais un peu les gens d’ici, c’est une certitude que cela facilite mon intégration.

Avez-vous une visibilité sur ce que peut réellement ambitionner le BCM cette saison ? Finalement, on voit que vous n’êtes qu’à une longueur de la Leaders Cup par exemple…

Mais on n’est pas loin de la dernière place aussi (il rit) ! On connait le championnat. Si on enlève Monaco, et sûrement Villeurbanne qui risque de remonter progressivement, toutes les équipes peuvent autant ambitionner les playoffs qu’être en danger pour la relégation. À l’heure où l’on se parle, nous sommes six équipes ex-æquo, à cinq victoires et sept défaites. Le 8e est à six victoires, le dernier est à trois. Ça peut aller très vite. Je vais juste dire que l’on prend match par match, surtout que je n’ai pas encore fini d’évaluer complètement l’équipe, les points forts et faibles de chacun, là où le groupe est performant et moins performant… Il faut encore que je peaufine le diagnostic de l’équipe pour voir jusqu’où on peut aller. On fera un premier point après la phase aller. Pour l’instant, je m’attache à prendre match après match, concentré sur le prochain et ça me suffit amplement.

Puisque vous évoquez le prochain match, il sera à Bourg-en-Bresse, face au club qui vous a licencié en mai dernier. C’est sûrement un peu particulier ?

En 2021/22, Laurent Legname a coaché 49 matchs officiels avec la JL Bourg, pour 21 victoires et 28 défaites (photo : Sébastien Grasset)

Pour les gens, bien sûr. Mais pour moi, non, c’est un match comme un autre. J’espère le gagner, cela reste simplement un match de championnat entre deux équipes. Ce n’est pas Legname contre la JL Bourg, c’est la JL Bourg contre le BCM Gravelines-Dunkerque. Je suis franchement très serein par rapport à ça et je sais faire la part des choses entre ce match-là et ce qui s’est passé avant.

Un match comme un autre, on a du mal à vous croire…

Peut-être mais honnêtement, c’est la vérité… D’un côté, il y a une procédure en cours entre la JL Bourg et Laurent Legname, c’est à part. Maintenant, il y a JL – BCM, avec moi à la tête du BCM, et j’y vais pour jouer un match de basket, rien d’autre. Même si juridiquement ce n’est pas réglé, c’est du passé. On connait le business, on sait que ça peut arriver. Après, vu que c’est encore frais, effectivement… Ironie du sort, mon premier match à l’extérieur tombe à Bourg donc ça fait parler les gens. Mais de mon point de vue, non, ce n’est pas particulier.

« Mon passage à Bourg n’est pas un échec pour moi »

Vu de l’extérieur, si l’on excepte une saison 2016/17 très délicate avec la JDA Dijon, ce passage à la JL Bourg représente le premier vrai échec de votre carrière, après neuf ans dans le milieu. Voyez-vous cela aussi comme un échec ?

Non. Je connais les raisons expliquant que notre saison fut moins bonne que prévue, mais je ne peux pas les expliciter. Je tiens à dire que ce n’était pas catastrophique. Si tout le monde est objectif, je maintiens que notre poule d’EuroCup était très relevée avec deux équipes qui sont maintenant en EuroLeague, Valence et la Virtus Bologne, Ulm et Ljubljana, aussi, qui n’ont pas du tout le même effectif que cette année, Gran Canaria, Podgorica (et même le finaliste Bursaspor, ndlr). Effectivement, en résultat brut, on ne se qualifie pas et on fait partie des deux équipes éliminées sur dix. Mais sur les contenus des matchs, on n’a jamais été ridicules, sauf lors du déplacement à Gran Canaria. En championnat, lorsque je me fais virer, il reste quatre matchs, on est 10e à une victoire des playoffs et on avait encore l’opportunité d’y aller puisque l’on jouait les trois derniers sur les trois derniers matchs. Donc oui, c’était moins bon que prévu mais ce n’était pas catastrophique non plus. La réalité est qu’il nous restait une chance d’aller en playoffs. Pour moi, ce n’est pas un échec. Maintenant, je suis passé à autre chose, il le fallait. J’ai fait mon auto-analyse, notamment des éventuelles erreurs commises de mon côté. Comme je l’ai dit en début de saison dernière, il y avait le recrutement mais ça peut arriver à n’importe quel coach. Quand le recrutement est loupé, on sait que la saison sera moins bonne.

Oui, l’équipe était mal construite, presque dysfonctionnelle, mais on avait tout de même l’impression que le problème entre le club et vous était bien plus profond que cela…

(il réfléchit) C’est vous qui le dites. Ça ne sert à rien de développer, de ressasser le passé. Moi, je sais. Eux savent aussi. Ça ne regarde personne d’autre. Je suis très serein par rapport à ça et je n’ai aucun problème, aussi avec les gens que j’ai connu là-bas.

Quand vous dites que vous avez ressenti ce licenciement comme une injustice, était-ce seulement par rapport au timing ?

Laurent Legname va retrouver Ékinox et de nombreux anciens joueurs samedi (photo : Christelle Gouttefarde)

Par rapport à l’investissement, aussi. Avec mon staff, avec Fred (Wiscart-Goetz) et Gérald (Simon), je n’ai jamais cessé de travailler. L’EuroCup s’était terminée quinze jours auparavant donc on avait plus de temps pour préparer les matchs de championnat, on était vraiment focus dessus. Pas plus tard que la veille de mon licenciement, j’avais vu tous mes joueurs pour les remobiliser en vue des quatre dernières rencontres de Betclic ÉLITE. Quand on est à fond dedans, on a, comme tous les coachs, ce sentiment d’injustice qui est humain. Ça passe avec le temps et j’étais très bien après. Comme tout le monde, j’ai des défauts mais on ne pourra pas m’attribuer celui de ne pas travailler.

Il paraît que l’on devient vraiment coach lorsqu’on se fait virer pour la première fois…

C’est ce que l’on m’a dit aussi ! « Maintenant, tu es un vrai coach, tu t’es fait virer ! » Je l’ai pris en rigolant, même si ça ne fait jamais plaisir. J’aurais bien sûr préféré que cela n’arrive pas mais je suis obligé de croire les gens maintenant (il rit). C’est comme ça, ça fait partie d’une carrière. Je l’ai pris comme une expérience qui peut m’enrichir, me faire progresser, ne pas me faire reproduire les erreurs commises – pas au point de me faire virer bien sûr – et me permettre de continuer de m’améliorer, car on peut vraiment devenir meilleur à tout âge.

« La valeur d’un coach n’est pas uniquement déterminée par les résultats bruts »

Outre le recrutement raté, quelles ont été les conclusions de votre retour d’expérience, de votre remise en question ? Quelles erreurs avez-vous identifié de votre côté ?

Il faut prendre en compte un peu tout. Il faut être capable de plus observer, d’avoir un regard plus global sur la situation, l’équipe, le club, plein de choses… Quand on est coach, on est parfois trop focus sur le terrain et on oublie parfois un peu tout le reste. Sûrement aussi être un peu plus patient sur le recrutement, je me suis peut-être précipité.

Plus de flexibilité aussi ?

Avec Gravelines, Laurent Legname a entamé sa 10e saison de coach professionnel (photo : Julie Dumélié – BCM)

Non non, ça non franchement. Ceux qui me connaissent à Toulon, Dijon et maintenant Gravelines, même à Bourg d’ailleurs, savent que je suis quelqu’un qui parle beaucoup, qui échange, qui discute. Ce n’est vraiment pas ça. Je me remets en question chaque jour et je suis véritablement quelqu’un qui échange et qui demande aux autres, ce n’est pas du tout ça.

La saison dernière, quand vous arrivez à Bourg-en-Bresse, vous êtes pratiquement considéré comme le meilleur entraîneur français du championnat. Quoiqu’on en dise, signer au BCM reste un pas de recul et votre prestige a souffert de votre passage dans l’Ain. Au-delà des résultats collectifs, y-a-t-il aussi une volonté individuelle de redorer votre blason individuel ?

Non, je ne vois pas les choses comme ça non. La vraie question est : suis-je moins bon que l’année dernière, au moment de ma signature à Bourg ? La réponse est non. Non, je ne suis pas devenu moins bon. Après l’expérience à Bourg, suis-je du même niveau ou meilleur qu’avant ? Comme je vous l’ai dit, je pense que je suis meilleur, parce que j’ai appris. Avec les victoires ou les défaites, avec les bons ou mauvais moments, on progresse. Les résultats dépendent de tellement de choses, comme les blessures. La saison dernière, on ne peut pas nier qu’on n’a pas eu de poste 5 tout au long de la saison, après l’arrêt d’Eric Mika qui n’a jamais été remplacé. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres… Ça dépend de tellement plus de facteurs comme le contexte global, les mentalités globales, le groupe à ma disposition, les personnalités de chacun, les joueurs, un peu de chance aussi parfois. La valeur d’un coach n’est pas uniquement déterminée par les résultats bruts. Je m’attache au contenu personnellement, à ce que l’on propose défensivement et offensivement par rapport à ce qui se rapproche du très-haut niveau, soit l’EuroLeague. Pour avoir échangé cet été, notamment pendant la Summer League de Las Vegas, avec plein de monde, des GM et des coachs européens, ils trouvaient tous le contenu très intéressant. Je n’ai pas de revanche personnelle à prendre, pas de vengeance, je ne tiens pas spécialement à redorer mon blason. Je suis simplement animé par le bonheur de retravailler, et bien sûr par le fait de gagner, comme tous les entraîneurs.

« Affronter Axel (Julien), un moment sympa à vivre »

Le scouting risque d’être facilité pour samedi, avec notamment la présence d’un certain Axel Julien en face…

Bien sûr ! Déjà, ça me fait plaisir de voir qu’Axel retrouve son niveau. Après, il y a Chass (Alexandre Chassang) aussi. Mais tous leurs Ricains, je ne les connais pas. Il y a juste Palmer que j’avais vu à Las Vegas et que j’avais trouvé très bon, donc il confirme. Floyd est un très fort scoreur, Mike est très performant sur le poste 4. On connait les qualités des autres joueurs. Leurs résultats prouvent que c’est une très bonne équipe, c’est une certitude que cela va être très difficile de gagner là-bas.

Concernant Axel Julien, vos carrières étaient indissociables. Cela fait bizarre de vous voir vous affronter…

Des Espoirs du HTV en 2011 (avec un trophée de MVP en 2013 pour Axel Julien) jusqu’à la JL Bourg en 2022, Laurent Legname n’avait jamais connu un autre meneur qu’Axel Julien. Ils ont même été coéquipiers en 2010/11 (photo : Sébastien Grasset)

Ah oui, complètement ! Bien sûr que c’est étrange, je suis totalement d’accord. Ça, ça va être particulier. Mais je le connais et il me connait. Pendant 40 minutes, je vais vouloir gagner et il va vouloir gagner. On fera la part des choses le temps d’un match (il rit). Et avec Chass aussi.

Au moins vous savez comment les arrêter…

Oui mais ils savent aussi… S’il y en a bien un qui sait quelle est ma philosophie, c’est bien Axel (il rit). Donc oui, je sais mais il sait aussi. Il n’y aura pas d’avantage. Affronter Axel, ça va être un nouveau moment sympa à vivre. C’est pour cela que l’on fait ce métier.

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