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[DOSSIER] La BCL va-t-elle rattraper l’EuroCup ? Partie 2

Depuis plus de quatre ans, la Basketball Champion’s League (BCL) tente de devenir une vraie alternative à l’EuroLeague pour les clubs de basketball masculins professionnels européens. Grâce à un gros investissement, financier notamment, la compétition gérée par la FIBA s’approche de plus en plus du niveau de l’EuroCup, qui est en quelque sorte la deuxième division de l’EuroLeague. Après la première partie, intitulée « La BCL a fait une partie de son retard », voici la deuxième partie de notre dossier.

PARTIE 2 : Une rivalité qui affecte le basket européen ?

EuroCup ou BCL, BCL ou EuroCup. Que leur équipe soit engagée dans l’un ou l’autre compétition, les joueurs, staffs et dirigeants se prennent au jeu et semblent se satisfaire de cette compétition de haut-niveau. « Les deux compétitions sont bien  », assurait l’arrière/ailier du Limoges CSP Nicolas Lang, qui a joué deux saisons en BCL et deux autres en EuroCup. Le produit reste également appréciable pour le public.

« Les habillages et la production des compétitions est très qualitative à tous les niveaux, pour François Lamy, conseiller du président à l’ASVEL. Même s’il est regrettable qu’il y ait ce litige qui dessert l’image du basket dans le grand public, on ne peut que se féliciter d’avoir du basket bien produit et bien présenté et bien commenté quasiment tous les jours de la semaine. »

Un nom à plus fort potentiel pour la BCL ?

L’utilisation du terme “Champions League” très connu car utilisé pour nommer la plus célèbre des compétitions de club de football masculin n’est cependant pas un levier permettant d’augmenter l’aura de la BCL selon l’ancien agent.

« Je ne pense pas que l’on soit proches de pouvoir attirer ce fameux grand public après lequel on court depuis des années en France. Cette question se poserait plus si nous étions en position d’impacter ce grand public, et du coup une forme de confusion pourrait servir les intérêts de la BCL basée sur la forme et non le fond. Le basket concernant majoritairement les initiés, ils connaissent l’EuroLeague et la valorisent, et il ne serait de toute façon pas sain de construire une image sur une confusion. Mais encore une fois l’avenir florissant du basket en Europe reposera sur une cohésion d’ensemble de l’offre de compétitions internationales d’Elite, et quand nous y parviendrons, l’ensemble des ces organisations pourront proposer des cadres d’expression valorisants pour les clubs et le public, et faire avancer la cause du basket. »

Car là reste le principal problème, cette compétition entre EuroCup et BCL sert-elle ou dessert-elle le basketball européen ? Si cette rude concurrence pousse les organisateurs à proposer un meilleur produit aux clubs pour les attirer (meilleure compétitivité sportive, meilleure adaptation à leurs contraintes, meilleures dotations financières, meilleure visibilité médiatique…) il est également possible que les fans soient perdus et les capitaux divisés.

« Plus qu’un rééquilibrage des forces, je vois une compétition entre les compétitions, et il est à espérer que les investisseurs et les clubs y retrouvent leur compte au final, se questionne François Lamy. Une compétition ne fera sens que lorsqu’elle aura réussi à établir un modèle pérenne, que ce soit sur le plan économique ou idéologique. Ici on voit une compétition entre deux entités commerciales, et il n’est pas rare qu’au bout du compte ce soit le consommateur qui trinque lorsque cette compétition ne s’inscrit pas dans un cadre global économiquement viable, et dans une cohérence dogmatique. Il faut être clair qu’il s’agit d’entreprises commerciales qui tombent sous les règles du libre arbitre et de la libre concurrence, la prise d’otage du concept d’intérêt général au sens du bien commun qu’est le basket n’a pas lieu d’être, puisque le point d’équilibre d’intérêt général de ces compétitions se situe bien dans la satisfaction des clubs qui les disputent, et de l’opinion publique qui s’y intéresse, en respectant les règles et une forme de sens moral lié à la spécificité du sport, qui se doit d’exister en tant que curseurs des valeurs qui guident l’action de ces institutions. Mais l’intérêt général du basket est tout autant entre les mains des U11 de Pornic ou du coach des baby basket de Ljubljana, c’est la flamme de tous les pratiquants et afficionados de notre sport qui construit cette notion d’intérêt général en tant que concept essentiel, et elle tout autant alimentée par les highlights d’EuroLeague ou de NBA que par les programmes des instances qui animent la base, il existe une interdépendance qui peut être constructive si elle est bien pensée. Ce n’est pas l’apanage de l’un plus que l’autre que d’être garant de l’intérêt général du basket, à condition que ses valeurs ne soient pas là-aussi prises en otage. »

La FIBA va-t-elle garantir un système « méritrocratique » ?

Cette guerre commerciale remonte sur le marché européen ouvert a démarré a BCL suite à une forte mésentente grandissante entre les Ligues nationales et Euroleague Commercial Assets (ECA). Petit à petit, ECA pris des décisions qui sont allées à leur encontre, comme les matchs programmés le vendredi soir avec l’espérance de basculer à terme le week-end. Lorsque ECA a annoncé son intention de continuer à programmer des rencontres d’EuroLeague lorsque les fenêtres internationales seraient de retour (à partir de la saison 2017-2018), alors la FIBA a décidé d’investir sur une compétition respectant le planning international et les intérêts des Ligues Nationales avec des qualifications dites “méritocratiques”. Néanmoins, les récents accords de trois à cinq ans avec certains clubs ont affecté cette image, bien que la BCL assure que ces clubs devront se qualifier sportivement sur la scène nationale. Il s’agit juste d’un engagement entre des institutions.

« Pour clarifier, oui nous offrons des contrats longue durée à des clubs, mais ils sont basés sur les résultats dans leurs ligues nationales, martèle le directeur général de la BCL, Patrick Comninos, au sujet de ces accords. Nous ce qu’on leur offre, c’est le fait que tant qu’ils sont compétitifs dans leur championnat national, ils auront toujours une place en BCL. Pour ce critère de compétitivité, ça dépend du championnat. Il y en a où il suffit de faire les playoffs (comme la Jeep ELITE), d’autres où il faut être dans le top 4 car le championnat est disons moins compétitif, etc. Cela permet donc aux clubs de pouvoir planifier et d’avoir de la certitude de pouvoir jouer une coupe européenne si ils ont les résultats adéquats dans leur ligue nationale, alors qu’avant la création de la BCL cette certitude ne concernait plus que 11 clubs en Europe.Cela permet aussi de mettre en avant le travail fait avec les ligues nationales qui sont une part importante de la BCL, en valorisant les résultats en leur sein. »

La possibilité du recours aux wild-cards vient néanmoins entachés ce modèle.

« Je pense que 2 (équipes qualifiées via une wild-card, NDLR) sur 32 reste un chiffre assez bas, mais la BCL comme toutes les compétitions a besoin de cette petite balance. Et soyons clairs, ces invitations ne sont pas données à des clubs qui n’ont rien fait dans leur championnat. Il y a 2 ans, on a vu le champion de 2e division turque accéder directement à l’EuroCup. Nous on ne fait pas ce genre de choix extrêmes, on essaye de prendre des clubs qui ont par exemple déjà participer aux qualifications en BCL pour leur donner un élan. L’AEK Athènes par exemple, aurait du jouer le tour préliminaire la saison dernière, mais en tant qu’ancien vainqueur de la BCL nous les avons qualifié directement. Pour les wild card, nous essayons de prendre toujours des clubs avec de bons résultats dans leur ligue nationale, qui apportent une valeur ajoutée à la BCL. Alors oui ce n’est peut-être pas à 100% méritocratique sur le principe, mais ça ne remet pas en cause les 30 équipes sur 32 qualifiées sur une base méritocratique. »

Cette guerre entre ECA et la FIBA durera-t-elle encore longtemps ? Sans doute jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé, suite à l’effondrement de l’une ou l’autres des compétitions. Pour y parvenir, la FIBA, qui a les reins plus solides, va-t-elle continuer à investir financièrement ? Pour résister, ECA réfléchit à des actions innovantes, notamment en faisant grandir la place des joueurs au centre du projet.

« L’ECA se sait à un virage, et la volonté de mettre en place une Convention Collective, d’impliquer les joueurs dans les prises de décision, de réduire la part d’apport à perte des investisseurs, d’accompagner les clubs dans des politiques de génération de revenus, tout en appuyant sur la qualité du produit et la satisfaction du consommateur sont des éléments vertueux d’une volonté d’aller vers un fonctionnement plus en phase avec une réalité économique vertueuse par essence », avance François Lamy, dont le club (l’ASVEL) espère obtenir une licence A en EuroLeague (un engagement de 10 ans).

La saison 2020-2021 en cours, très dangeureuse pour la survie des modèles, va peut-être accélérer tous ces processus afin de survivre à cette guerre en convaincant clubs et investisseurs ? Quoi qu’il en soit, les fans de basketball ont suivi au cours de la semaine passée des matchs d’EuroLeague ainsi que des matchs de compétitions internationales sans joueurs NBA ni EuroLeague. Les fans inconditionnels, qui se gavent habituellement d’EuroLeague, EuroCup et BCL (jusqu’à 46 matchs par semaine hors pandémie !), y ont peut-être trouvé leur compte. Quant au grand public, il a semblé s’en désintéressé totalement, bien aidé par des médias qui n’ont que très peu (voire pas du tout) parlé du double succès des Bleus contre la Grande-Bretagne et l’Allemagne.

Dossier réalisé par Maxime Jambois et Gabriel Pantel-Jouve.

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