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Entre urgence financière et guerres internes : l’Élan Béarnais peut-il être sauvé ?

L'Élan Béarnais restera-t-il un bastion du basket français à la rentrée ? Alors que la DNCCG a une nouvelle fois refusé son engagement en LNB, le club palois est maintenant de plus en plus menacé d'une disparition. À Pau, tous les acteurs plaident que les solutions existent mais aucun ne travaille dans le même sens. Or, le temps s'écoule et joue en la défaveur de l'EBPLO. Tour d'horizon de la situation en compagnie de David Otto, le propriétaire américain du club, patron du groupe CSG.
Entre urgence financière et guerres internes : l’Élan Béarnais peut-il être sauvé ?
Crédit photo : Guillaume Poumarède

La deuxième déflagration a eu l’effet d’une bombe. Trois semaines après la première onde de choc, en forme de sursis, avec le premier refus d’engagement de l’Élan Béarnais en LNB, la Direction Nationale de Conseil et du Contrôle de Gestion (DNCCG) a été contrainte d’actionner le même levier et de maintenir les sanctions exprimées en première instance : Pau-Lacq-Orthez est rétrogradé en Nationale 1, avec la menace de plus en plus réaliste d’un dépôt de bilan ou d’une liquidation judiciaire, obligeant à repartir en Nationale 3 avec les droits de Pau-Nord-Est. Soit la fin redoutée de l’une des plus glorieuses histoires du basket français, dont les premières pages se sont écrites dans un marché couvert d’Orthez, accueillant le Real Madrid et d’autres géants dans une forte odeur de volaille, prémisses d’une formidable aventure avec neuf trophées nationaux et une coupe européenne (Korac 1984).

Comment ne pas envisager réellement une telle issue malheureuse lorsque l’on constate à quel point les positions des différents acteurs majeurs sont inconciliables ? Comment penser, en l’état, que l’Élan Béarnais pourrait être sauvé, avec CSG à sa tête ? Actionnaire majoritaire de l’Élan Béarnais depuis juin 2021, le groupe américain (Counterpointe Sports Group, un fonds d’investissement basé à Seattle) semble avoir le plus grand mal à appréhender le cadre légal et règlementaire français. Le consortium clame avoir les moyens d’épurer les pertes nées de la saison 2021/22, certes incroyablement réjouissante sur un strict plan sportif, mais qui laisse un trou de trésorerie de l’ordre de deux millions d’euros. Problème : David Otto, le patron de CSG, refuse catégoriquement de transférer les fonds sur les comptes de l’Élan Béarnais, pourtant un prérequis exigé par la DNCCG pour un sauvetage du club. Pour ne rien arranger, le club pyrénéen est fracturé par une guerre interne entre le propriétaire américain et le président français, David Bonnemason-Carrère. Comment imaginer qu’un redressement puisse être possible dans un contexte aussi bancal qu’explosif ?

Si CSG persiste dans son refus de créditer la trésorerie paloise des deux millions d’euros séquestrés aux États-Unis, la seule solution viable serait la concrétisation d’un plan de reprise. David Bonnemason-Carrère assure travailler au quotidien dessus. « Un repreneur fait partie des solutions, vous en saurez davantage dans les jours qui viennent », indique le président palois. Sauf que le temps presse. Cela devient même « urgentissime », selon Philippe Ausseur, le président de la DNCCG. Dix jours ouvrables pour éviter le pire, avec un appel possible devant la chambre fédérale. Mais CSG sera-t-il enclin à abandonner son statut d’actionnaire majoritaire dans les temps ? David Otto certifie être ouvert à la négociation (comme avec Sébastien Ménard, PDG biarrot de Eat 4 Good, qui se dit prêt dans l’édition du jour de Sud Ouest à accompagner un projet de reprise ?) mais l’environnement béarnais doute fort de la disposition de CSG à passer la main. « Je reste aussi persuadé que David Otto ne fera rien pour que les choses avancent favorablement, il ne se laissera pas faire comme ça », prédisait ainsi le Prési Pierre Seillant dans les colonnes de La République des Pyrénées. « Dans ma carrière de président, j’ai souvent eu à faire à des avocats américains, et ces gens-là sont souvent épouvantables. Et Otto est avocat. Il va se montrer retors et ne devrait pas en rester là, il est vexé et ne lâchera pas le morceau. Avant qu’il le lâche, il va se passer du temps, le temps qu’il manquera pour monter un nouveau projet. »

Alors l’Élan Béarnais peut-il vraiment être sauvé ? « Oui, je pense », répond Philippe Ausseur, le gendarme financier du basket français. « Mais il faudra a minima résoudre l’un des deux problèmes : soit la trésorerie, soit la gouvernance. Il faut sortir du déni de réalité et regarder les faits en face, il y a un risque de cessation de paiement à très court terme. Cela nécessite une trésorerie qui soit dans le club. Je n’ai aucun problème, je vois bien les fonds qui sont aux États-Unis mais de façon très triviale, je vois surtout qu’ils sont aux États-Unis et pas en France. Pour résoudre les problèmes de fond, il faut également une gouvernance plus harmonieuse. Le détail de nos motivations va arriver à l’Élan Béarnais. Maintenant, il faut sortir de la politique du bouc émissaire et travailler à des solutions rapides et concrètes. »

Critiqué de toutes parts, le co-propriétaire américain David Otto est longuement revenu sur la situation de l’Élan Béarnais. L’occasion de voir que l’avocat, qui retourne à Seattle ce mercredi, ne déviera pas de sa ligne de conduite, aussi incompatible puisse-t-elle être avec les exigences de la DNCCG.

Entretien avec David Otto :
« Incroyablement injuste »

David, cela fait maintenant deux jours que vous avez eu le temps de digérer la décision de la DNCCG (entretien réalisé mercredi matin, ndlr). Dans quel état d’esprit êtes-vous ?

Je travaille avec mes conseillers. Nous étudions la possibilité de faire appel, même si nous n’avons pas encore pris une décision. J’ai toujours le sentiment que tout cette procédure a été incroyablement injuste.

David Otto, le propriétaire américain de l’Élan Béarnais

Pourquoi ?

Eh bien, au moment de leur première décision, ils avaient identifié plusieurs problèmes. Nous avons répondu à toutes leurs interrogations, de manière complète et satisfaisante. Lors de notre réunion de lundi, la liste des problèmes avait totalement changé. Là où je ne suis pas content, c’est qu’ils auraient pu me prévenir de l’existence de ces nouveaux points d’inquiétude afin de me donner une chance d’y répondre, au lieu d’ignorer nos retours sur la première réunion afin d’emprunter un chemin complètement différent. Surtout en s’appuyant sur des choses qui sont fausses, comme l’obligation de garder un budget de 7 millions d’euros, ou non vérifiées, tel le refus de la municipalité de Pau de nous accorder une subvention, tout en nous interrogeant sur les relations entre CSG et la ville. Aucun de ces problèmes n’avait été soulevé auparavant… Alors les mettre sur la table en plein milieu de la réunion et s’en servir comme prétexte, sans me donner une chance de répondre, je trouve cela extrêmement injuste. On a même montré des garanties financières bien supérieures par rapport à nos engagements de janvier. À l’époque, tout leur semblait bon. Et maintenant, ce n’est plus suffisant. Suite à notre courrier de janvier, nous n’avons rien reçu disant que cela n’allait pas, qu’il fallait procéder différemment. Rien ne nous a été dit. Il n’y a pas de courrier, pas d’email, rien du tout. Ce n’était pas problématique en janvier, ce n’était pas non plus problématique après nos réponses, alors pourquoi amène-t-on désormais de nouveaux soucis ? Là est l’injustice fondamentale.

Vous indiquez que vous n’avez toujours pas décidé si vous alliez faire appel ou non auprès de la chambre fédérale. Existe-t-il vraiment une possibilité où vous n’interjetez pas appel ?

Non, les chances qu’on ne fasse pas appel sont très, très minces. On devrait faire appel.

Comment la DNCCG a-t-elle motivé sa décision de vous refuser l’engagement ?

Ils ont surtout posé des questions. Premièrement, cela concernait l’obligation d’avoir un budget plus élevé, j’ai répondu que nous n’y étions contractuellement pas obligé. Deuxièmement, ils nous ont dit que vu que la ville avait refusé de nous accorder une subvention, nous ne pouvions pas inclure cette ressource dans nos projections. Ce qui veut dire qu’il nous manquait 1,2 million d’euros. Cela me semble complètement inapproprié parce que selon les termes du contrat d’achat, la ville de Pau ne peut pas retirer sa subvention. Et pourtant, la LNB s’est appuyée sur ce point pour justifier sa décision de nous rétrograder, en disant qu’il y avait un trou dans le budget et qu’il nous fallait plus d’argent. Nous leur avons montré que nous avions 1,9 million d’euros à disposition pour le club, mais ils ont décidé que ça ne marcherait pas. Honnêtement, de ce que j’en perçois, rien n’était très clair de leur côté. De plus, les fondements de leur décision de nous refuser l’engagement en LNB ne sont pas clarifiées (un courrier recommandé est en cours d’acheminement vers David Bonnemason-Carrère, ndlr).

« Pas de réponse de Monsieur Bayrou »

La municipalité de Pau refuserait alors de vous accorder la subvention prévue…

(il coupe) C’est ce que j’ai cru comprendre. Mais je ne suis pas sûr que ce soit définitif. Je n’ai reçu aucune information émanant de la ville.

D’un autre côté, l’Agglomération de Pau attend toujours les 800 000 euros prévus au moment du rachat du club…

C’est quelque chose que la presse continue de ne pas comprendre, je ne sais pas pourquoi, mais je suis heureux de vous l’expliquer. Nous sommes tombés d’accord sur une vente à 800 000 euros. Cependant, si des éléments de passif inconnus lors de la transaction se révèlent après l’acquisition, nous avons le droit de contester les termes du contrat et d’ajuster le prix d’achat. Or, les dossiers remontés à la surface sont assez conséquents. Je ne dis pas que des choses nous ont été cachées, du moins pas pour le moment. Nous avons découvert tout cela après l’achat. J’ai eu une seule discussion à ce propos avec le maire, Monsieur Bayrou, depuis. Cela a entraîné une réduction du prix d’achat de 800 000 à 600 000 euros. Mais il y a encore d’autres dettes, donc notre conversation n’est pas terminée. Toutefois, il est compliqué de négocier lorsque vos interlocuteurs, la mairie en l’occurrence, refusent de communiquer avec vous. J’ai tenté de joindre Monsieur Bayrou, je n’ai pas eu de réponse. Le président du club, David Bonnemason-Carrère, continue de jouer les intermédiaires entre le CSG et le bureau du maire, sans grand résultat concret non plus.

L’indemnité de départ de Nicolas de Jong coûte plus d’un demi-million d’euros à l’Élan Béarnais (photo : Jacques Cormarèche)

De quels éléments de passif parlez-vous exactement ?

Ceux qui me viennent immédiatement en tête sont les litiges relatifs à Nicolas de Jong et Sadio Doucouré. Ils sont nés à cause du mauvais management et des décisions de David Bonnemason-Carrère et Dominique Loueilh (l’ancien GM, ndlr). Il y en a plus mais rien que ces deux-là représentent approximativement une enveloppe supplémentaire de 700 000 euros, uniquement par la faute des deux personnes citées.

« On nous dit qu’il faut mettre plus d’argent dans le club ?
Non non, ça ne va pas se passer comme ça »

Pendant la réunion, vous avez montré des preuves que vous disposiez des fonds nécessaires aux États-Unis : 981 258 euros sur un compte bancaire à Seattle, 948 214 euros en cryptomonnaie. Mais tout l’enjeu désormais n’est-il pas de voir cet argent arriver sur les comptes de l’Élan Béarnais ?

Non non. Si vous lisez le courrier de janvier, celui sur lequel la LNB s’est appuyée lors de notre première convocation, nous disons que nous aurons l’équivalent de 2 millions d’euros sur les comptes de CSG et que ces fonds seront disponibles de temps à autre, selon les besoins, pour l’Élan Béarnais. C’est exactement ce que nous avons fait. Cela ne leur posait aucun problème en janvier. On leur a dit ce que nous allions faire, on l’a fait et à l’époque, ils ne trouvaient rien à y redire.

Mais justement, maintenant que la situation a drastiquement changé, qu’il y a un besoin urgent de liquidités, le problème semble être que cet argent ne soit toujours pas à Pau…

Oui, et ce n’était pas clair. Ils ont posé exactement la même question lors de la réunion : « Pourquoi cet argent n’est-il toujours pas sur un compte français » ? J’ai répondu : « Parce qu’on vous a expliqué en janvier comment nous allions procéder et vous n’y voyiez aucun inconvénient à l’époque. » Jusque-là, ça a toujours marché : quand le club avait besoin d’argent, on donnait de l’argent. C’est tout. Le plus gros problème est le contrôle financier des clubs. Au passage, c’est une autre raison qui me pousse à ne pas vouloir déposer 1 million d’euros sur un compte de l’Élan Béarnais. Comment être sûr que ce capital sera correctement géré ? Il faut que l’on s’en occupe nous-mêmes. Cela n’a pas été très bien géré au cours des dernières années, et cela nous a menés dans cette situation. Et du coup, maintenant, on nous dit qu’il faut qu’on mette plus d’argent dans le club et laisser les opérateurs internes prendre les décisions ? (il rit) Non non, ça ne va pas se passer comme ça.

Les doutes concernent également la cryptomonnaie : votre relevé de comptes indiquant 948 214 euros date du 31 mai. Or, les cours ont baissé depuis. La somme n’est sûrement plus la même en ce jour de mi-juillet…

La cryptomonnaie est en baisse, les marchés sont en baisse, l’Euro est en baisse. Oui, la dynamique économique est un peu au ralenti maintenant. Ça ne concerne pas que notre compte, mais bien toute la globalité du système. Toutefois, de la même façon que les cours ont baissé, ils pourraient très bien reprendre de la valeur aussi facilement dans quelques temps. Concrètement, il n’y a pas eu de diminution matérielle entre la fin mai et la fin juin. S’il y a une baisse de 10%, ce serait déjà élevé. Mais premièrement, ils ne comprennent pas vraiment la valeur des actifs. Deuxièmement, le véritable enjeu n’est pas de savoir combien il y a dans les comptes, mais il concerne les liquidités. Nous leur avons montré une preuve que nous avions pu récupérer des liquidités entre mai et juin : le compte était approximativement crédité de 1,2 million à la fin mai, 900 000 à la fin juin. Nous avons pu retirer 25% du compte en liquidités, en seulement un mois. Je leur ai expliqué les raisons, mais ils ne semblaient pas comprendre.

Le Climate Technology Park, le projet immobilier autour du Palais des Sports

Votre business model ne souffrirait-il pas d’un manque de lisibilité, et donc de compréhension externe ?

Je crois que c’est la réalité. À 100%. Mais je crois aussi que beaucoup de gens ne veulent pas comprendre, ou ne veulent pas prendre le temps. Car au final, ce n’est pas si compliqué. Vraiment pas. Les tokens représentent des bénéfices, qui donnent accès à une part d’actionnariat et à la gouvernance du club. Les autres éléments électroniques, ou digitaux, requièrent des certificats papiers. L’autre aspect était l’activation d’un écosystème avec un ensemble immobilier à côté du Palais, destiné à créer un environnement dynamique, une ambiance attractive, afin d’attirer les gens par là-bas. Quelques villes aux États-Unis l’ont fait, comme Sacramento récemment. Cela aide la communauté locale, mais aussi le club, puisque cela permet de susciter un engouement supérieur autour de l’équipe.

« SNCF will survive ? Ce n’est pas du cynisme »

Les comptes de CSG suggèrent également que le club est proche d’une cessation de paiement. On voit que des dizaines de fournisseurs attendent encore d’être payés. Par exemple, un hôtel de Gravelines attend encore la moitié de ce qui lui est dû, soit plus de 2 000 euros. Le déplacement date du mois de décembre, il y a sept mois. Comment une situation est-elle possible ?

Je ne vois pas le cas particulier dont vous parlez. Mais oui, il y a une liste de créanciers et d’autres dettes à éponger. Que ces paiements prennent du temps, qu’ils soient étirés sur la durée, ou qu’on ait un accord pour les repousser, c’est assez typique. Du moins dans les business où je suis impliqué. Des dizaines de fournisseurs attendent encore ? OK, c’est la réalité. Mais les facturations seront renégociées ou honorées selon les cas. S’il y a des ajustements à faire, nous les ferons. Mais avoir une liste de personnes à payer, et les payer au bout du compte, cela ressemble à des affaires classiques pour moi.

Une phrase est devenue le symbole de votre refus d’engagement, et n’a d’ailleurs certainement pas joué en votre faveur lundi : « SNCF will survive », en commentaire d’une dette à honorer de 58 200 euros pour « SNCF Voyageurs ». Oui, ils survivront certainement mais cela ne montre-t-il pas de la légèreté dans le meilleur des cas, du cynisme dans le pire ?

Non, non… Je ne sais pas qui a interprété cela de cette façon, je ne sais même pas qui a ajouté ce commentaire. Ce n’est pas du cynisme de notre part. Je ne sais pas d’où vient ce commentaire, mais c’est un petit commentaire. Cela ne veut pas dire que nous n’avons pas l’intention de payer. Franchement, à mes yeux, c’est insignifiant. C’est très loin d’être le cœur du problème. Voir que la presse s’attarde là-dessus ressemble à une simple distraction pour moi.

L’Élan Béarnais a certes connu quelques problèmes dans un passé récent mais vous avez trouvé une situation nette positive lors de votre arrivée. Comment expliquez-vous qu’un an plus tard, le club se retrouve dans une telle spirale, avec des pertes estimées à deux millions d’euros sur la saison ?

Quand nous avons acheté le club, il me semble que la trésorerie positive était de 1,2 millions d’euros. Nous avons utilisé cette trésorerie tout au long de la saison. Cet argent a été injecté dans des opérations où il était nécessaire, ou alors où il était jugé nécessaire. En complément, CSG a versé entre 800 000 et 900 000 euros. Cela donne donc deux millions d’euros, mais ce ne sont pas des dettes, c’est un capital versé. Ce sont des fonds supplémentaires que nous avons utilisé pour le bien du club. Alors oui, cela ressemble à une perte de deux millions d’euros. Mais nous avons les ressources nécessaires pour combler cela. Maintenant, est-ce que l’on veut continuer comme cela dans le futur ? Bien sûr que non. Évidemment que l’on veut que nos revenus soient au moins au même niveau que nos dépenses, si ce n’est plus haut. J’entendais des échos d’un trou de trois millions, il faut expliquer les choses sérieusement. Le million supplémentaire, il s’agit du passif, que nous devons payer au bout d’un moment.

Pour 2022/23, vos prévisions font état d’un exercice net positif de 4 000 euros…

Tout à fait. La LNB avait initialement jugé notre budget trop agressif. Ils n’y croyaient pas. On s’est donc remis au travail et fourni un budget que nous pensons plus conservateur. Ce n’est pas un tour de magie de CSG, mais bien ce que les gens sur le terrain, dans les bureaux, pensent qu’ils peuvent faire.

« David Bonnemason-Carrère a sapé les efforts de réussite de CSG »

De plus, l’Élan Béarnais semble empêtré dans des luttes intestines : France Bleu Béarn Bigorre indique que votre ancien DG Tom Huston souhaite porter plainte contre le club et CSG, la rupture est également prononcée entre vous et le président Bonnemason-Carrère…

Non non, Tom Huston ne veut pas porter plainte contre CSG. Je suis sûr que c’est encore Bonnemason qui a tout faux. Huston a envoyé un document au club, il exige une compensation de l’Élan Béarnais, pas de CSG. CSG ne l’a pas embauché ou n’a eu aucun contact avec lui. Après en effet, malheureusement, CSG comptait sur lui et ce n’était pas judicieux. Je n’ai pas la lettre de Huston sous les yeux, je ne peux pas vous dire ce qu’il réclame exactement. Et honnêtement, sa démarche n’est pas très appropriée non plus…

Quid du président David Bonnemason-Carrère ? Vos désaccords ne sont désormais plus un secret. Comment pouvez-vous continuer à travailler ensemble dans ces conditions ?

Il ne va plus travailler avec CSG. Je trouve qu’il représente un problème pour le club et pour CSG. Sa loyauté envers l’Élan Béarnais ou envers les actionnaires est très suspecte. Je ne crois pas qu’il ait accompli le travail qu’il aurait dû faire. En réalité, je pense qu’il a sapé les efforts de réussite de CSG. Il est engagé dans une campagne pour compromettre CSG. Tout a commencé quand nous avons remercié son ami Dominique (Loueilh). Ils ont lancé une grande entreprise de critiques et de négativité à l’encontre de CSG.

François Bayrou entouré par l’équipe CSG : l’ex-DG Tom Huston devant, Greg Heuss au second rang et David Otto au fond (photo : CSG)

En juin, vous diffusiez volontiers un message d’optimisme quant à l’avenir de l’Élan Béarnais. Qu’en est-il maintenant ? Pensez-vous toujours que le club peut être sauvé ?

Oui, je pense que c’est réparable. Ou peut être sauvé, pour reprendre vos termes. On parle d’une poignée de problèmes autour d’une équipe de basket. Cela commence par trois acteurs majeurs : les supporters, les sponsors et la ville. S’il n’y a pas le soutien des trois, tout l’argent du monde ne pourra pas corriger cela. Si les supporters, les sponsors et la ville décident qu’ils ne veulent plus travailler avec CSG, cela va devenir beaucoup plus compliqué.

Effectivement, le climat d’hostilité à l’égard de CSG atteint des sommets. Dans un tel contexte de défiance, combien de temps pouvez-vous rester à la tête du club ?

C’est l’une des plus grandes questions, vous avez raison. Va-t-on pouvoir continuer ou non ? Mais soyons clair : il y a des gens à Pau qui nous apprécient, qui nous respectent, qui veulent travailler avec nous, qui veulent investir avec nous. J’en rencontre deux d’ailleurs aujourd’hui (mercredi). Il n’y a pas que de la détestation. Il y a clairement eu une campagne médiatique destinée à nous conférer une image négative, moi en particulier, toute une série d’articles en ce sens. Vous savez, moi, je suis un avocat de profession : je n’étais pas censé tenir le poste de Tom Huston, je n’étais pas un GM ou autre. J’essaye de solutionner le problème. Je pense qu’il est réparable, mais CSG ne pourra pas tout faire tout seul. Cela nécessitera une pluralité d’acteurs.

« S’il y a des acheteurs crédibles, nous leur parlerons »

Que vous soyez responsable ou non, cet épisode est terrible pour CSG en terme de crédibilité. Au moment de votre arrivée à l’Élan Béarnais, vous disiez que votre ambition était d’appliquer votre modèle à une franchise NBA, que la NBA avait apprécié et vous avait suggéré de vous rendre en Europe afin de valider votre stratégie. Les résultats sont assez dévastateurs au final… Au-delà de Pau-Lacq-Orthez, cela devient extrêmement problématique pour CSG également ?

Alors la NBA n’avait pas exactement dit qu’elle appréciait l’idée mais qu’elle était intéressante, qu’il fallait la tester d’abord pour voir si cela pouvait marcher là-bas. Les dommages collatéraux causés à CSG sont conséquents en effet. Si l’initiative Pau ne se révélait pas être un succès, il faudrait alors se demander pourquoi et qui a causé ce préjudice. Car de ce que je vois maintenant, nous avons pris nos responsabilités en indiquant que nous avions l’argent pour aider le club. Or, la principale inquiétude de la LNB était d’abord de savoir combien de capital il y a à disposition afin de pérenniser le club. Pourtant, lors de la dernière réunion, cela ne semblait plus être le problème. On dirait qu’il y a quelque chose de plus problématique ici que la capacité de CSG à assumer ses responsabilités vis-à-vis de l’Élan Béarnais. Quoi donc ? Je ne sais pas. Mais il est indéniable que la réputation de CSG a été détériorée par toute une série d’évènements. Cela ne fait aucun doute (il le répète).

Il se murmure que de repreneurs se tiennent prêt à formuler une offre pour racheter l’Élan Béarnais. Êtes-vous vendeur ?

S’il y a des acheteurs crédibles intéressés, nous leur parlerons. Mais je n’ai absolument pas été contacté jusque-là.

En cas de mauvais scénario, serait-il possible de vous rester à la tête de l’Élan Béarnais en Nationale 1 ou Nationale 3 ?

C’est possible, oui. Je n’ai pas vraiment envisagé cette éventualité. Enfin si, j’y ai évidemment pensé de manière générale, mais pas en nous incluant dans la réflexion. Mais oui, c’est une possibilité.

Regrettez-vous d’être venu à l’Élan Béarnais ?

Non, pas du tout ! Il est évident, déjà, que j’ai beaucoup appris (il rit). Je suis toujours convaincu que cette opération pourrait réussir. Il est malheureux de voir qu’il n’y a pas une meilleure compréhension de ce qui est requis pour réussir. C’est la première année de notre présence à Pau, à essayer de renverser la situation d’un club qui ne gagnait plus d’argent, qui était dépendant des subventions. On essaye de transformer l’Élan Béarnais en une entreprise privée : nous avons un accord avec la ville stipulant que les subventions disparaîtront dans quatre ans. Il en revient à nous de faire que ce club devienne une entreprise saine. Pas seulement pour l’Élan Béarnais, mais pour la LNB en général. Il y a une façon de le faire, il y a un modèle. Voilà ce qu’on essaye de faire : nous sommes au début d’une période de transition. Parfois, même si on espère que ce sera rapide, cela peut durer plus longtemps qu’une année. Une transition implique du changement, cela requiert une communication claire, de l’exécution et de l’engagement. On ne pouvait pas arriver avec une baguette magique et hop, voilà, tout est fait ! Donc je ne regrette pas d’être venu à Pau, je crois juste qu’il pourrait y avoir une meilleure compréhension de ce que l’on essaye de faire. Mais pour être honnête, cette histoire avec la LNB nous a causés énormément de tort. Comme je l’ai dit, je crois que l’ensemble de la procédure est défectueuse, de tous les côtés. De tous les côtés.

« Tellement de forces négatives qui s’abattent contre nous que ça en devient écrasant »

Vous semblez remettre en cause l’impartialité de la DNCCG : il semble particulièrement difficile d’imaginer la LNB vouloir rayer de la carte l’un de ses bastions, sa plus grande salle accessoirement. Croyez-vous vraiment en cela, en un verdict couru d’avance ?

Leur neutralité vis-à-vis de l’Élan Béarnais est une chose. Mais leur neutralité vis-à-vis de CSG, un groupe américain, en est une autre. Or, je ne crois pas qu’ils soient impartiaux à notre égard. Greg Heuss peut témoigner : lors de la première réunion avec la LNB, il y a eu un commentaire du type : « Oui, on sait qui vous êtes, vous les Américains ». C’était très péjoratif ! J’ai demandé des excuses, que je n’ai jamais obtenues. Donc je doute vraiment de leur impartialité vis-à-vis des Américains. Qu’elle soit biaisée ou non, cette procédure n’est pas transparente. Il n’y a aucun protocole stipulant que la DNCCG va identifier des problèmes, qu’il faudra les solutionner et qu’on aura une réponse. Non, ça ne marche vraiment pas comme ça. On a répondu à toutes les interrogations de la première réunion et du coup, on nous a ensuite présenté un tout autre panel de problèmes. C’est ça la réalité de cette procédure : elle est imprévisible, obscure et au final, leur opinion ne se base sur rien. On nous a juste dit : « On ne va pas vous laisser jouer en Betclic ÉLITE ou en Pro B ». Tout cela devrait être juste, cela devrait donner l’opportunité de poser des fondations, de rationaliser les choses, de traiter ce qui ne va pas. En réalité, rien de tout cela n’existe.

L’enjeu est désormais d’éviter une liquidation judiciaire, d’effacer 50 ans d’une glorieuse histoire en un claquement de doigt. Réalisez-vous à quel point une telle conclusion serait dramatique, tant localement à Pau que dans l’ensemble du basket français ?

Où évoluera l’EBPLO d’Éric Bartecheky à la rentrée ? (photo : Sébastien Grasset)

Je ne suis pas sûr que l’Élan Béarnais va disparaître. Si je comprends bien, une procédure de faillite est une restructuration. Rien ne disparaîtra. Une faillite vous donne la possibilité de réorganiser vos finances, votre structure du capital, votre équilibre.  Je peux apprécier le soutien, l’intérêt porté au club, le désir de voir l’Élan Béarnais réussir. Nous sommes dans le même bateau. De mon point de vue d’investisseur privé, CSG a mis plus d’argent dans ce club que n’importe qui d’autre en 50 ans d’histoire. D’un point de vue financier, nous avons fait ce que nous avions promis. D’un point de vue opérationnel, l’Élan Béarnais était miné par une série de problèmes quand nous l’avons acheté, et nous continuons d’en découvrir. On essaye d’avancer quand même, de solutionner tous ces problèmes. Au milieu de tout cela, cet épisode avec la LNB nous fait très mal. De plus, le retrait par la ville de sa subvention a été utilisé contre nous par la LNB. Le timing est très étrange : pourquoi devaient-ils faire cela maintenant, juste avant notre seconde réunion, pour que ce soit retenu contre nous ? Cela me semble injuste. Rien de tout cela ne nous aide, en terme de capacité à changer les choses et de crédibilité. Je comprends très bien ce qui est en train de se passer. Je ne comprends juste pas entièrement les motivations. Je ne sais pas pourquoi la ville de Pau ferait cela par exemple, je ne comprends pas pourquoi la LNB utiliserait cela contre nous. Ils ne se sont pas embêtés à aller voir le contrat pour voir si la mairie avait le droit de faire cela. La vraie question aurait été : « Pensez-vous que c’est approprié, la ville peut-elle faire cela ? » Plutôt que : « On vous a retiré la subvention, vous ne pouvez pas la mettre dans votre budget prévisionnel. » Prenez une minute pour y réfléchir : l’analyse n’est ni correcte ni appropriée. Et pourtant, c’est ce qui a nous a été reprochés. Mais est-ce que je comprends l’inquiétude ? Bien sûr. Est-ce que je comprends les supporters et l’entourage du club ? Bien sûr. Mais tout cela peut être résolu. Sauf que je ressens tellement de forces négatives qui s’abattent contre nous qu’à un moment, cela devient écrasant.

L’avis du président David Bonnemason-Carrère :
« CSG est clairement dans un déni de la situation »

David Bonnemason-Carrère est en poste depuis mars 2021 (photo : EBPLO)

« On travaille au quotidien pour trouver des solutions. Nous sommes passés trois fois devant la DNCGG (4 avril, 14 juin et 11 juillet, ndlr) et la réponse a toujours été la même : un refus d’engagement. Il y a clairement un manquement contractuel de la part de CSG à ses obligations depuis le début. De façon très sincère aussi, ils ont voulu imposer un modèle économique et une méthode managériale qui ne fonctionnent pas en France. On a pu le voir ailleurs dans le sport avec d’autres fonds américains (les Girondins de Bordeaux, ndlr). Il y a une divergence de cultures. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir fait preuve de bienveillance, de les avoir accueillis comme il faut, que ce soit la ville de Pau, François Bayrou ou ses entités. Il y a un schisme qui s’est créé au fur et à mesure, avec l’absence de vouloir écouter, de vouloir entendre les membres français du conseil d’administration. Ce n’est pas faute non plus d’avoir aidé, prévenu, encadré, essayé de trouver des solutions. Aujourd’hui, ils sont clairement dans un espèce de déni de la situation. Ils ont manqué à leurs obligations : la communauté d’Agglo n’est pas payée, la communauté des communes de Lacq-Orthez n’est pas payée non plus de ses actions. Les faits sont têtus et malheureusement, au bout d’un an, ils sont là. La situation en est là et mon rôle est de travailler au quotidien pour trouver une solution pour le club. Un repreneur ? Oui, cela fait partie des solutions. Vous en saurez davantage dans les jours qui viennent. L’Élan Béarnais peut-il être sauvé ? Oui, bien sûr.

On est toujours en train de trouver des boucs-émissaires. C’est la faute de la ligue, de la communauté des communes de Pau, de François Bayrou, de David Bonnemason-Carrère. C’est jamais de la faute de CSG. Je pense qu’ils fuient leurs responsabilités et qu’ils ne veulent pas reconnaître que ce qu’ils ont mis en place est un échec, tout simplement. Encore une fois, toutes les entités citées ont été bienveillantes et ont tenté d’aider au maximum CSG, moi le premier. On ne peut pas accepter ce type de critique. »

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