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[Interview] Petr Cornelie à propos de sa découverte du basket américain : « Je suis sur le chemin de la NBA mais… »

Invité surprise à Tokyo où il a décroché une médaille d’argent avec les Bleus, Petr Cornelie (2,13 m, 26 ans) a fait ses premiers pas en NBA avec les Denvers Nuggets, en début de saison. Sans avoir réellement l’opportunité de s’exprimer dans la grande ligue. S’il redoutait d’aller en G-League, la ligue de développement de la NBA, l’ancien ailier-fort de l’Élan Béarnais s’épanouit avec les Grand Rapids Gold (15,6 points à 43,5 % de réussite aux tirs, 12,2 rebonds et 3,1 passes pour 21,9 d’évaluation en 31 minutes).

Dans ce riche entretien, le Manceau de formation revient sur sa découverte du basket américain et ses spécificités. À Denver ou ailleurs, il aimerait bien décrocher un nouveau contrat NBA. Avec l’équipe de France, c’est d’ailleurs sa priorité. Comme sa soeur Jodie Cornelie, il reste attacher à ses routines matinales. L’un des clefs du succès, façon Petr Cornelie. Entretien.

 
-interview--petr-cornelie-a-propos-de-sa-decouverte-du-basket-americain-----xx--1645109714.jpegUne saison XXL en Jeep ÉLITE avec l’Élan Béarnais, une expérence olympique, un intermède de 13 matchs NBA et la découverte de la G-League : Petr Cornelie a vécu des derniers mois intenses.
(photo : Gran Rapids Gold)
 

Votre expérience NBA a été courte avec un faible temps de jeu comme Axel Toupane ou encore William Howard mais vous avez eu des responsabilités offensivement. Comment vous êtes-vous senti ?

J’ai quand même fait pas mal de matchs avec les Nuggets (13 matches pour 3 minutes de moyenne). Je n’ai jamais eu de vrai temps de jeu. Je n’ai pas eu de réelles opportunités de me faire ma place, malheureusement. C’est le jeu. J’ai tout fait pour, je n’ai pas de regret. Les Nuggets sont contents de ce que j’ai fait. On avait beaucoup de blessés, il y a eu le Covid-19… Au final, ils voulaient me garder et ne pas m’envoyer en G-League donc je ne jouais avec aucune des deux équipes.

 
« Ça m’a ouvert les yeux »

Maintenant, je suis avec le Grand Rapids Gold. J’ai fait le choix de rester en G-League car j’ai une carte à jouer aux États-Unis, ça m’a ouvert les yeux. Je suis sur le chemin de la NBA mais il ne faut pas abandonner, pas s’arrêter à quelques déceptions.

Physiquement où en êtes-vous ?

Je suis plutôt resté stable, je fais 110 kg pour 2,13 m. Le but n’était pas de prendre de la masse mais de faire en sorte que mon corps soit prêt à accepter beaucoup de matches. Par semaine, on a 3, 4 matches minimum en NBA. En G-League, on en a un peu moins mais le rythme reste plus soutenu qu’en France. C’est hyper intense. 

Qu’avez-vous appris de votre passage en NBA ?

Jouer avec de gros joueurs comme (Nikola) Jokic. J’ai aussi appris sur tout ce qu’il y a autour : comment les mecs s’entraînent, les déplacements etc. Il n’y a presque pas d’entraînements car il n’y a tout simplement pas le temps… Quand vous ne jouez pas, vous vous reposez pour le prochain match. Quand on arrive de France, ça fait bizarre au début. L’an dernier, je ne jouais pas de Coupe d’Europe avec l’Élan Béarnais donc j’avais vraiment le temps de me créer une routine. Là, c’est très différent.

 

 
 
 
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Avez-vous l’espoir d’être rappelé par les Nuggets ?

L’objectif aujourd’hui n’est pas forcément d’être rappelé par les Nuggets mais d’être rappelé dans une équipe NBA, qui aurait besoin de moi. Aux Nuggets, il y avait vraiment beaucoup d’intérieurs donc c’était compliqué de jouer. Avant je voulais une opportunité d’avoir un contrat alors que maintenant, je veux une opportunité pour jouer et montrer de quoi je suis capable de faire.

« J’avais de grosses inquiétudes en arrivant en G-League »
 

Votre adaptation en G-League s’est faite naturellement, comment jugez-vous vos prestations ?

Ça se passe très bien passé. J’ai un staff qui me fait confiance et qui a envie de me donner la balle sur pas mal de systèmes. J’ai eu plus de mal à m’adapter sur le tir à 3-points. L’adresse commence à être de mieux en mieux mais j’ai démarré la saison en étant en difficulté dans ce domaine.

La G-League est un championnat décrié en France mais ça semble évoluer. Partagez-vous cet avis ?

La G-League reste d’un niveau inférieur à la NBA et différent de la France. C’est une division où il y a beaucoup d’extérieurs très forts et des intérieurs plus petits qu’en Betclic ÉLITE ou en NBA. Par rapport à ce que j’ai l’habitude de faire, c’est parfois déroutant. On pourrait se dire que jouer contre un peu plus petit, c’est plus facile. Oui mais… Défendre contre un petit, ce n’est pas simple. Je rencontre des difficultés autres.

Sur le plan technico-tactique, que vaut la G-League ?

J’avais déjà joué la Summer League et franchement, c’est le pire basket qu’on peut voir. C’est presque un basket de playground, il y a beaucoup de joueurs qui veulent se montrer, les gars gardent beaucoup la balle. J’avais de grosses inquiétudes en arrivant en G-League mais j’ai été agréablement surpris. De plus en plus, les gars comprennent qu’ils ne vont pas être pris par une équipe pour marquer 30 points. Ce n’est pas ce qui va les amener au niveau du dessus. Être adroit à 3-points, être adroit aux lancers francs, bien défendre, être un bon joueur d’équipe, faire l’effort supplémentaire et être capable de comprendre les systèmes… C’est ça qui peut leur ouvrir les portes de la NBA. Car le plus souvent, le gars qui débarque de G-League ne va pas devenir directement titulaire. Il va intégrer un collectif où il y a déjà des leaders. Et beaucoup de coachs en G-League insistent sur cet aspect-là. En G-League comme en NBA, les joueurs sont plus forts individuellement et moins forts collectivement. Sincèrement, ça joue plutôt bien en G-League mais ce n’est pas aussi poussé qu’en Europe.

-interview--petr-cornelie-a-propos-de-sa-decouverte-du-basket-americain-----je-suis-sur-le-chemin-de-la-nba-mais-----1645111022.jpegÉpanoui en G-League, Petr Cornelie avait un peu d’appréhension sur le niveau de cette division.
(photo : Gran Rapids Gold)

Et concernant le niveau intrinsèque des joueurs ?

C’est plutôt un bon niveau, il y a des grosses différences en G-League. Certains ont clairement le niveau de NBA alors que pour d’autres, on sait que ça ne passera pas au niveau du dessus. Il y a des gros écarts entre les joueurs, les profils sont aussi différents.

Dans le championnat Espoirs, on peut avoir de tops joueurs mais on sait très bien qu’ils ne joueront pas en NBA car ils n’ont pas le profil. Ça me fait penser à Axel Bouteille, il pouvait performer partout en Espoirs mais les scouts ne se sont jamais intéressés à lui alors que c’était un très bon joueur de notre génération. On savait qu’il allait faire une belle carrière en France ou en Europe mais pas en NBA, car il n’avait pas ce profil-là. Me concernant, j’étais moins performant dans le championnat Espoirs mais j’avais plus le profil pour la NBA.

« En NBA, j’ai été déçu parce que je n’ai pas eu le temps de travailler »

En G-League, ils essayent beaucoup de créer des systèmes de jeu où les joueurs sont mis dans des positions où ils vont jouer sur leurs points forts. Par exemple, si un joueur est très fort en pénétration, l’objectif est de l’isoler sur un quart de terrain pour qu’il puisse jouer son un contre un. Me concernant, on cherche à me donner la balle sur le post-up. En Europe, ça peut être le cas mais il y a quand même beaucoup de systèmes où on cherche le panier facile pour dégager un shooteur ou jouer un pick and roll.

C’est à double tranchant car parfois, on ne profite pas de la qualité des joueurs. La règle des trois secondes en défense, une ligne à 3-points à 7,25 m, un terrain un peu plus grand… Ça change beaucoup de choses car on ne peut pas être autant dans les aides. Je m’en suis rendu compte cet été quand j’étais aux Jeux olympiques. Vincent Collet avait mis une défense en place pour qu’il y ait zéro espace contre les Américains. Sur le premier match, ça a marché car ils ont été très perturbés par cette défense et on gagne au final. Pas la finale, malheureusement.

Avant votre départ pour les États-Unis vous disiez « même si je devais passer une saison entière en G-League, j’aurais quand même les moyens de travailler à fond pour progresser. » Est-ce le cas ?

Il y a plus de personnes dans le staff de G-League qu’à Pau. Il y a plus d’assistants coaches car les équipes sont affiliées à des franchises NBA mais ça reste très différent. En NBA, j’ai été déçu parce que je n’ai pas eu le temps de travailler. On est tout le temps en déplacement… Quand on est en repos et qu’on voudrait aller à la salle, les assistants coaches ne sont pas forcément disponibles car ils ont aussi une vie privée. Ils ont envie de passer un minimum de temps avec leur famille, c’est normal.

En G-League, le rythme est moins soutenu mais les déplacements sont un peu plus compliqués. Il n’y a pas d’avion privé donc on perd beaucoup plus de temps dans les déplacements. C’est très différent qu’à Pau où on avait le temps d’installer une routine de travail. Mentalement, ça vous en demande plus mais il y a toujours des moyens de réussir à travailler plus.

-interview--petr-cornelie-a-propos-de-sa-decouverte-du-basket-americain-----je-suis-sur-le-chemin-de-la-nba-mais-----1645111060.jpegPetr Cornelie garde espoir de retrouver un contrat NBA.
(photo : Grand Rapids Gold)

 
« Si j’arrive à avoir un contrat NBA quelque part… »
 

La saison de G-League finit assez tôt, envisagez-vous de retourner en Europe une fois qu’elle sera terminée ?

Sincèrement, je ne sais pas car ça dépend de ce qu’il se passera. Si j’arrive à avoir un contrat quelque part… Je n’ai pas de visu sur ce que je peux faire dans un mois. Dans deux semaines, je serai peut-être parti.

Si vous n’avez pas de contrat en NBA, seriez-vous tenté par l’EuroLeague ?

C’est pareil, je ne sais pas. Ça dépend de beaucoup de choses. Quand je me suis fait couper par Denver, il y a eu des intérêts de pas mal d’équipes européennes.

Vous étiez partenaire d’entraînement l’été dernière avec les Bleus mais vous avez finalement disputé les JO. On imagine que la préparation pour l’EuroBasket est l’objectif minimum ?

C’est un objectif. On verra ce que je peux faire.  

Depuis votre arrivée aux États-Unis, dans quels domaines avez-vous passé un cap ?

J’ai passé un cap sur ma force de travail. Il faut que je continue de progresser physiquement, techniquement, d’être plus adroit et encore plus efficace. Je n’ai pas besoin de changer quelque chose dans mon tir à 3-points, il faut que je m’adapte à la distance NBA. Je me sens de mieux en mieux là-dessus, mon pourcentage remonte tranquillement.  

Comme votre soeur Jodie (UF Angers, LFB) qui a lu Miracle Morning de Hal Elrod, avez-vous mis en place des routines matinales ?

Oui, j’ai un peu la même routine qu’elle. J’écris, je fais de la méditation et j’essaye de lire. Je me réveille plus tôt pour écrire mes objectifs afin de les garder en tête et ne jamais avoir de baisse. J’ai mis en place cette routine la saison dernière mais c’est plus compliqué de s’y tenir aux États-Unis car il y a beaucoup de déplacements et surtout quatre fuseaux horaires différents. Ça a clairement contribué à ma bonne saison 2020-2021.

Je lis un peu de tout, des livres de joueurs, de coachs, de personnes du monde du basket ou du sport professionnel. Et même des livres sur la finance. Là, je viens de finir Winning de Tim Grover, qui était le préparateur physique de Kobe et de Jordan et j’attaque un livre sur le système bancaire américain. Mon livre préféré reste celui de David Goggins, intitulé « Can’t Hurt me ». 

-interview--petr-cornelie-a-propos-de-sa-decouverte-du-basket-americain-----je-suis-sur-le-chemin-de-la-nba-mais-----1645110886.jpegDe l’aventure olympique à Tokyo, Petr Cornlie ne serait pas contre l’ide de prolonger son bail avec les Bleus…
(photo : FIBA)

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