ITW David Holston : « J’ai déjà revu trois fois la finale de la Leaders Cup depuis le début du confinement »
Quel changement de décor en un mois pour la JDA Dijon ! Mi-février, le club bourguignon était en lévitation, transporté par la joie d’avoir décroché son premier trophée depuis la Coupe de France 2006. Après s’être adjugé de manière autoritaire la Leaders Cup en s’amusant de la JL Bourg (104-79) puis en montrant les muscles contre Monaco (83-81) et l’ASVEL (77-69), on se demandait à ce moment-là si l’équipe de Laurent Legname pouvait faire mieux que titiller les deux mastodontes de Jeep ÉLITE pour le titre final.
Mais depuis, l’épidémie du coronavirus est passée par là. La terrible situation sanitaire a mis les rêves de côté et pourrait mettre un terme à la saison de Jeep ÉLITE. Ses ambitions confinées avec lui dans son appartement dijonnais, David Holston (1,68 m, 34 ans) s’occupe comme il le peut. Et entre deux séances d’entraînement en escaliers, revoir les images de son premier titre collectif est finalement l’une des activités les plus agréables qui soient. Au huitième jour du confinement, il a également profité de ses 24 heures de libre pour discuter quelques minutes avec nous…
David, la vraie question importante du moment, comment allez-vous ?
Je vais bien. Je profite de cette période pour me reposer un peu. Il n’y a pas grand chose à faire, juste essayer de rester en forme quand même au cas où la saison reprenne. Mais ça va !
Êtes-vous resté à Dijon ou déjà reparti aux États-Unis ?
Non non, je suis encore à Dijon. Le club nous avait laissé la possibilité de rentrer à la maison mais il y avait beaucoup de facteurs dans cette équation. Dans l’éventualité où l’on se remette à jouer, j’ai pensé que c’était mieux de rester sur place. Le choix était difficile, il l’est encore car personne ne sait ce qui va se passer. Peut-être que je retournerai aux États-Unis cette semaine, ça dépendra des annonces qui seront faites.
Du coup, comment faites-vous pour rester occupé et en forme ?
Je monte et je descends les escaliers de mon immeuble en courant, je fais des pompes et des abdos tous les jours. C’est un peu tout ce que je peux faire de toute façon. Ah si, je suis allé aussi courir dehors ces derniers jours. Les possibilités sont assez limitées mais la moindre petite activité reste utile.
Est-ce que la JDA vous communique les dernières évolutions ou est-ce que vous essayez de vous tenir informé des annonces du gouvernement par vous-même ?
Le club me tient au courant de ce qui se passe. Je parle au coach pratiquement tous les jours, il me donne les dernières informations.
« J’espère que l’on reprendra la saison »
La vie d’un basketteur à l’étranger n’est pas toujours facile dès que l’on sort du parquet mais là, être seul en confinement dans un autre pays, c’est sûrement encore un autre niveau…
Oui, évidemment, mais la plupart d’entre nous jouons à l’étranger depuis longtemps. Je suis habitué au fait d’être seul. Il n’y a pas vraiment de différence, juste que l’on perd notre principale source d’oocupation, le basket.
Pour parler basket, la situation était totalement différente il y a un mois : la JDA Dijon remportait la Leaders Cup à Disney. Avec du recul, qu’est-ce que cela vous évoque désormais ?
Ça reste un grand moment ! Je continue à regarder la finale de temps en temps. Je crois que je l’ai déjà vu trois fois depuis le début du confinement (il rit). Et surtout, c’est toujours le même plaisir que de revoir ce match !
Ce trophée, c’est forcément un aboutissement pour ces cinq années à Dijon et ce projet de construction sur le long-terme avec Jean-Louis Borg, Laurent Legname, Axel Julien…
Oui, c’était un grand accomplissement, l’un des plus grands de ma carrière. Les titres, c’est que l’on cherche tous en passant des saisons complètes à jouer. Cela me rend extrêmement heureux. En plus, je voulais vraiment offrir quelque chose à la ville de Dijon, aux supporters de la JDA. Cela a rendu tellement de gens heureux que cette Leaders Cup a une grande signification pour moi.
Vous avez déjà été All-Star et MVP mais cette Leaders Cup constitue votre premier trophée collectif. Est-ce un soulagement, à 34 ans, de gagner quelque chose ?
Tout à fait, ça l’est. J’ai couru après pendant toute ma carrière et j’ai enfin un titre. On l’a fait ! En plus, qui sait ce qui va se passer maintenant cette saison ?
Ah oui, si le championnat ne reprend pas, ça risque de donner encore plus de valeur à ce trophée…
Bien sûr ! On en a déjà discuté entre nous, ce sera probablement le cas si jamais on ne rejoue pas.
16 février 2020 : professionnel depuis 2009, Holston soulève le premier trophée de sa carrière à Disney
(photo : GPJ)
Cette demi-finale épique contre l’AS Monaco, était-ce l’un des matchs les plus fous de votre carrière ?
Oui. Mais on en a parlé depuis et je crois qu’on s’est compliqué inutilement la tâche ce soir-là. Contre l’une des meilleures équipes du championnat, avec tous les regards tournés vers cette rencontre et les attentes qui en découlaient, c’était vraiment un match super à jouer. Mais cette demi-finale, contrairement à la finale, je ne l’ai encore jamais revu.
L’essentiel n’est pas là bien sur, au cœur de la crise sanitaire que nous vivons. Mais n’est-ce pas un peu frustrant pour la JDA d’être coupée dans un si bel élan ? Vous aviez la meilleure dynamique du championnat, la meilleure équipe de Jeep ÉLITE à l’instant T.
C’est extrêmement frustrant. Car même si on finit par reprendre le jeu, cela n’aura sûrement plus la même saveur. Ce sera compliqué de retrouver ce sentiment que l’on avait, de pouvoir réenclencher cette dynamique. Mais je ne sais pas. J’essayerai de me contenter de ce que l’on a accompli, je suis heureux de la saison que nous avons réalisé jusqu’à l’interruption et je suis surtout ravi que l’on ait pu gagner un trophée malgré tout. Rien n’arrive par hasard, maintenant il faut juste patienter pour savoir ce que l’on nous dit de faire.
Vous personnellement, qu’est-ce que vous espérez ? Vous voulez reprendre la saison ?
Ah moi, je veux toujours jouer ! Je me rapproche de la fin de ma carrière donc je veux jouer autant que possible. Surtout que l’on réalisait une si belle saison. Alors j’espère que l’on reprendra. Mais si ce n’est pas le cas, j’attendrai déjà avec impatience la saison prochaine pour essayer de faire encore mieux.
Une reprise semble de plus en plus improbable chaque jour…
Effectivement, cela semble de plus en plus difficile. D’autant plus qu’en restant à la maison en permanence, ça sera extrêmement compliqué de se remettre rapidement dans un état de forme suffisant pour rejouer des matchs.
Si cette saison ne reprend pas, j’imagine que vous aurez un sentiment que l’on peut qualifier de « Et si ? » ? Et si l’on avait terminé, qu’est-ce qui ce serait passé, etc ?
C’est tout à fait vrai, il y aura beaucoup de « Et si ? »… Nous étions sur la même ligne que l’ASVEL et Monaco, c’était un plaisir que d’être à ce niveau. Qui sait ce qui aurait pu se passer au cours des playoffs si l’on avait accroché l’avantage du terrain ? Peut-être que l’on ne saura jamais…
Il lie son destin à celui de Laurent Legname…
Si vous deviez choisir un MVP pour vous succéder, qui choisiriez-vous ?
(il réfléchit) Je ne sais pas… Qui sont les favoris ?
Norris Cole, Vitalis Chikoko, Chris Horton…
(il semble dubitatif)
Axel Julien aussi, pourquoi pas…
Ah ben évidemment que je le choisirai lui ! (il rit)
Vous avez encore un an de contrat avec Dijon. Savez-vous déjà si ce sera votre dernière saison ou si vous allez continuer après 2021 ?
Je vais continuer, c’est sûr ! Après, quant à savoir où… Une grande partie de la réponse est dans les mains du coach, ça dépendra de ce qu’il fait. Si Laurent Legname décide de rester, j’aurais sûrement envie de prolonger moi aussi. S’il s’en va, il faudra attendre pour voir où il va. Mais une chose est certaine, ce ne sera pas la retraite ! Je pense que j’ai encore peut-être trois bonnes saisons devant moi.
[Question envoyée via WhatsApp] Qu’est-ce que vous évoque l’association de ces deux photos ? La première a été prise le 6 novembre 2015 à Antibes lors d’un de vos premiers matchs avec la JDA. Et bien évidemment, vous reconnaissez la deuxième.
(photos : Sébastien Grasset & JDA Dijon)
Wow ! Pour moi, cela veut dire que nous avons tout traversé ensemble pour en arriver là où nous sommes.
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