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ITW Marc Judith : « Je donne tout pour redevenir au plus vite un joueur de haut niveau »

Bonjour Marc, comment vous vous sentez aujourd’hui ?

Je me sens en pleine forme et j’ai envie de finir ma carrière sur une bonne note. Je ne suis pas en train de me dire que je vais faire une deuxième carrière à 33 ans, mais j’ai encore des choses à faire partager. Jacques (Alingue) m’a fait découvrir l’académie de Vincent MBASSI du côté de Bordeaux. Grâce à Vincent, j’ai travaillé très dur, j’ai retrouvé des sensations, un rythme qui m’a fait du bien et cela m’a permis de retrouver le sourire. Ce sont des sensations extraordinaires avec des méthodes d’entraînement alliant le meilleur des pratiques tant sur le plan physique que basket. Vincent a le savoir-faire et la connaissance pour te dire si tu peux encore être utile sur un terrain de basket. Je pense que j’ai encore assez de volonté et de rage pour jouer au basket. Je suis un joueur différent qu’à un certain moment de ma vie, avec plus d’expérience à faire partager. Quand tu as 20 ans ou 33 ans tu n’es plus le même joueur mais mon envie est intacte. Je n’ai pas eu les moyens de m’exprimer quand je me suis blessé. Et dans ce genre de situation, il y a deux solutions : soit je me plains et je me laisse aller ou alors je me rebelle et je donne tout pour redevenir au plus vite un joueur de haut niveau.

Il y a eu l’an dernier une opération assez complexe au niveau de votre genou ?

Oui une opération lourde sur mon genou. Ce n’était pas les ligaments croisés comme tout le monde a l’habitude d’avoir mais c’est quand même une opération difficile et revenir en forme prend énormément de temps. Ce n’est pas l’opération la plus dure, c’est la suite. J’ai pu reprendre l’entraînement avec Rueil et Nanterre puis il y a eu le confinement, pas facile pour se remettre en forme.

Trouver un club malgré la crise sanitaire est votre objectif ?

J’aimerais trouver un projet où je retrouve de bonnes sensations et un équilibre basket. Je m’entraîne dur et je pense avoir récupéré un niveau physique correct. Le rythme basket c’est autre chose, il faut que je sois dans un club, dans une équipe. Mais aujourd’hui le plus important, c’est que je n’ai peur de rien et je suis prêt à relever n’importe quel défi, quelque soit le niveau. Il ne faut pas se mentir, aujourd’hui, on m’a oublié. Ce que je souhaiterais maintenant c’est que l’on me teste, que l’on me redonne ma chance. Aujourd’hui, on me ne me propose pas ça et on me juge aux dires des autres.

Vous avez l’impression que l’on vous juge par rapport à votre dernière saison ?

Cette saison à Orléans, j’ai joué blessé. Je me suis blessé dès le premier match de préparation. Personne ne le sait. Je me fais mal au ménisque et c’est une blessure traitre. Cela veut dire que quand tu l’as, tu peux jouer et te battre mais, être performant, c’est impossible. La douleur est forte et c’est compliqué d’être productif sur le terrain. Comme toujours, j’ai tout donné pour essayer d’aider le club en Pro B mais parfois, tu ne peux rien faire. Je m’étais bien préparé et j’avais énormément d’ambition. Mais cette blessure a été dure à encaisser. Maintenant c’est du passé… Et aujourd’hui je suis en pleine forme.

« Trouver un projet où je retrouve des sensations »

Voir que plus personne ne pense à vous, c’est peut-être ça le plus dur à encaisser ?

Cela me montre la réalité de la vie. Le sport, c’est éphémère. Le jour où tu es bon, tout le monde est présent, mais quand tu es dans la difficulté, tu te retrouves seul rapidement. J’avais déjà vu ce genre de situations avec des proches mais quand cela te concerne c’est encore plus dur. On n’essaye même pas de me tester, les dernières personnes qui m’ont eu en tant que joueur, ce sont elles qui ont été contactées par d’autres clubs ou d’autres coachs. Il n’y a pas de discussion ni d’échange. Personne ne sait ce que je vaux aujourd’hui hormis certains joueurs avec qui je me prépare comme Jacques Alingue, Benjamin Sene ou Yannis Morin. Quand je m’entraîne avec ces joueurs, des mecs forts de Jeep Elite, je ne me sens pas ridicule et quand je leur demande, ils me disent « Marc bien sûr que tu peux jouer ». Il ne faut pas me juger sur mes deux dernières saisons à Orléans car je pense pouvoir m’exprimer dans une équipe. Si ce n’est pas le cas alors je veux m’en rendre compte et être maître de mon destin. 

Avez-vous peur de rien trouver ?

Oui un peu. Je n’ai pas d’unité de mesure. J’aurais fait une vraie saison l’an passé j’aurais pu dire : « regardez la saison que je viens de faire ». Là, je suis dans l’inconnu. Mais ce qui n’a pas changé, c’est ma mentalité. J’ai toujours faim. Je vais et je peux me battre sur le terrain comme je l’ai toujours fait. Quand j’ai commencé le basket, je pensais que je ne jouerais qu’en NM2 ou en NM1. À aucun moment je n’ai pensé que j’allais être champion de Pro A et que j’allais jouer en EuroLeague. J’ai travaillé pour y arriver. Moi je m’entraîne, je donne tout et on fait les comptes à la fin, tout simplement.

Quitter la Guadeloupe pour venir en France et vivre du basket était un défi de taille. Celui de retrouver un club est-il du même acabit ?

C’est différent. Aujourd’hui, je ne veux pas arrêter le basket parce qu’il y a deux ou trois personnes qui pensent que je n’ai plus les compétences. Si tout le monde me dit que c’est fini, alors je devrais l’accepter et je ferais autre chose. J’ai d’autres projets, j’ai eu le temps de construire pas mal de choses. Mais j’ai encore de l’énergie et de l’envie. Je ne suis pas prêt à tourner la page, bien au contraire. Je sais que mon registre peut aider plein d’équipes. Je ne vais pas changer ma façon de jouer. Je suis un joueur collectif qui aime aider les autres à être meilleurs.

Vous avez construit votre carrière sur un rôle défensif…

Oui c’est ma manière de jouer au basket, et je pense que je suis encore capable d’apporter ça. J’ai besoin d’une vraie préparation pour être à 100% et aider une équipe à gagner, c’est mon seul but.

Vous avez explosé à Nanterre et le titre de champion en 2013 ?

J’ai explosé l’année d’avant. D’ailleurs, j’ai réalisé ma meilleure saison au niveau des stats cette année-là, lors de notre première saison en Pro A. Mais je me blesse et je finis la saison sur une jambe. L’année du titre, je la commence avec la douleur puis je vais voir Pascal et je lui dis que je ne peux pas continuer comme ça. Avec son accord, je me fais opérer du pied. J’avais une fracture du cinquième métatarse et j’ai joué avec pendant cinq mois. Je me suis donné car j’aimais le club et l’équipe. Nanterre, c’est plus que du basket, c’est une famille. Je vais être honnête, c’est grâce à Pascal Donnadieu que j’ai cette carrière. Il m’a toujours fait confiance. Et donc pour lui j’ai tout donné pour revenir le plus vite possible. Je reviens, il reste quatre ou cinq matchs de saison régulière puis les playoffs et on connaît la suite. On termine champion de France après le match 4 de la finale où Pascal nous fait confiance avec Jeremy (Nzeulie).

« À Nanterre nous étions une famille »

Avec Nanterre vous avez connu de très belles victoires dont l’EuroChalenge en 2015 !

Oui, j’ai été champion d’Europe en Turquie. Mais, nous étions devenus une vraie machine de guerre. Le départ, c’est le titre de champion de France Pro B. Ce dernier nous a permis de prendre conscience que nous pouvions réaliser de grandes choses. C’était la même équipe : Johan Passave-Ducteil, Jerémy Nzeulie, Mikal Riley ou moi, nous étions les pionniers. On a grandi avec ce club et on a juste continué à faire ce qu’on savait faire, c’est-à-dire gagner.

Justement, quand on a connu autant de gloire avec un club et qu’on se retrouve aujourd’hui dans l’anonymat, comment le vit-on ?

Je ne suis pas une personne qui aime me mettre en avant. Je pense que l’humilité est ma plus grande qualité d’homme mais elle me fait défaut en tant que sportif. Moi on ne me reconnait pas dans la rue. D’ailleurs j’ai donné très peu d’interview. Je suis le gars qui pense collectif, je veux évoluer dans un groupe et aider à gagner tous les matchs. Et si c’est possible, je veux que le groupe arrive à gagner un titre afin de le savourer tous ensemble. Moi c’est mon but et c’est le seul. Me mettre en avant, je ne sais pas faire.

Vous n’avez pas peur que les coachs ou présidents pensent que Marc Judith ne peut réussir que dans le collectif Pascal Donnadieu ?

Non je n’ai pas peur, car si on est cohérent, je ne jouais pas trois minutes par match. Je n’ai jamais mis 25 points par match, mais j’ai toujours donné tout ce que je pouvais sur un terrain. Après, tout dépend de ce que tu veux voir sur un terrain. Des dunks, des tirs à 3 points, ce n’est pas moi. Par contre, si tu veux un joueur qui se bat sur tous les ballons, qui défend fort et qui donne tout pour ses coéquipiers alors, je peux être là. C’est mon jeu. Je ne suis pas le plus talentueux, mais je sais que je peux être important. A Orléans, je n’étais pas le vrai Marc Judith. Je suis même déçu pour Germain Castano qui m’a donné les clefs et je n’ai pas pu répondre présent. J’ai mis du temps à revenir en forme, je n’avais pas d’impact, j’étais très déçu de moi. C’est pour ça que la deuxième année, je suis arrivé très en forme avant la blessure.

Qu’aimerez-vous dire à un coach s’il lit cette interview ?

Je suis un soldat, j’ai toujours été un soldat et jusqu’à la fin de ma vie, je le serais. J’ai encore beaucoup de chose à prouver et à montrer sur un terrain. Donc donnez-moi une chance. Je sais que c’est dur, mais je ne vais pas baisser les bras. Quand la vie te donne des coups, alors tu te relèves. Je sais que je peux encore aider une équipe à gagner. Il y a une citation que j’aime partager avec « Emma et le Sed », une petite guerrière qui se bat sans relâche contre une maladie génétique rare que je suis fier de parrainer : « La rivière perce le rocher non pas par sa force mais par sa persévérance ».

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