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ITW Vincent Lavandier, coach de l’année en Grande-Bretagne : « La BBL a été une vraie richesse au quotidien »

Après une longue expérience à Angers puis une plus courte à Tarbes-Lourdes, Vincent Lavandier a rejoint un club étranger début 2019. Le technicien français a signé pour les Glasgow Rocks où il a prolongé par la suite pour deux saisons. Coach de l’exercice 2019/20 en British Basketball League (BBL), il a cependant décidé de revenir dans le championnat de France en acceptant la proposition de l’US Avignon Le Pontet Basket (USAP). Il revient avec nous sur son expérience britannique et son choix de revenir en France.

Bonjour Vincent, vous sortez d’une belle expérience dans le championnat britannique avec le club de Glasgow. Tout d’abord, pouvez-vous nous expliquer comment vous êtes arrivé là-bas ?

Depuis longtemps, je connaissais leur ancien GM Daniel Bajwoluk. En 2017, le propriétaire actuel Duncan Smillie a racheté les Rocks, et nous avions déjà discuté pour une collaboration sans trouver d’accord. En mars 2019, il m’appelé pour reprendre l’équipe qui était alors classée 11e sur 12. J’ai accepté et en 2 mois (et 15 matchs !) nous sommes revenus à la 4e place et nous avons joué les playoffs.

Vous avez connu de nombreuses divisions en France, chez les hommes comme les femmes, en coach principal ou en tant qu’assistant. Si on devait comparer la BBL avec le basketball français, à quel niveau correspondrait-il sur plusieurs plans : le niveau de jeu / les structures / le professionnalisme / la médiatisation… ?

Alors concernant le niveau de la BBL, il reste très méconnu, voire décrié. Pourtant des joueurs comme Ricardo Greer (ex-SIG), Ovie Soko (ex-ACB, néo- Le Mans) Justin Robinson (Saint-Quentin), Ashley Halmington (ex-ACB) Demond Watt ou Richie Gordon viennent de la BBL. Le top 4 est de niveau Pro B, le reste NM1. Le niveau a augmenté suite aux retours au pays de joueurs internationaux britanniques mais aussi avec une ouverture plus grande sur de très bons rookies. Avec 5 étrangers dont 4 US l’année prochaine, la BBL offre un jeu très américanisé avec beaucoup de up-tempo. Les structures sont des franchises privées sans aide des collectivités ni subventions. Ce sont toutes des sociétés, elles doivent payer très cher les infrastructures d’entrainements et de compétitions. Sur Glasgow hors match cela représente 120 000 livres GB la saison. Sauf pour 3 équipes qui sont propriétaires de leurs salles : Newcastle, Leicester et Worcester. Mais les clubs, dans leur quasi-totalité, sont professionnels même si les budgets sont vraiment très en-dessous de ce qu’on trouve ailleurs en Europe. Toutefois, la mentalité est différente. C’est très proche des États-Unis. Les clubs s’appuient sur les jeunes étudiants en master pour leur communication par exemple. Ils sont d’ailleurs très présents sur les réseaux sociaux et font preuve d’une grande créativité. Au Royaume-Uni, il y a un vrai engouement pour le basket. C’est le 2e sport pratiqué derrière le football. Lors des finales (Cup, Trophy, playoffs), on peut jouer devant 10 000 à 20 000 personnes. Tous les matchs sont accessibles gratuitement sur la chaine youtube de la BBL. Et la BBC retransmet aussi des matchs en direct, notamment les finales.

« Il n’y a quasiment aucune aide gouvernementale pour le basket »

Quelles sont les choses qui vous ont le plus surpris lors de votre expérience sur place ?

Le plus surprenant reste l’engagement et le dévouement des joueurs au quotidien et lors des matchs. Ils n’ont pas les mêmes avantages et salaires qu’en Europe mais ils ont une passion extraordinaire pour faire leur métier dans des conditions qui feraient fuir certains joueurs français. Ensuite, ce qui change, ce sont les enchainements des matchs, on joue des back-to-back en moins de 20h en déplacement. On peut aussi jouer 6 matchs en 13 jours. Mais aucun joueur ou coach ne se plaint. C’est une véritable passion pour le jeu. Enfin ce qui est impressionnant, c’est la proximité avec les fans qui se fait dans une ambiance très familiale. Sur Glasgow, c’est véritablement exceptionnel ils sont très présents mais sans être envahissants. Ils ont un véritable amour pour les Rocks. Ils viennent d’ailleurs de créer une page Facebook pour supporter l’USAP Basket et suivre leur anciens joueurs (Pryor, Fraser, Djo Ebala) et moi-même.

Alors que la Grande-Bretagne a une population très urbaine, cosmopolite, un intérêt certain pour la culture US… le basketball peine à y passer un cap, que ce soit au niveau du championnat national ou de l’équipe nationale. Seules les filles, malgré des conditions difficiles, ont réussi à aller loin dans les compétitions internationales dernièrement. Comment l’expliquez-vous ?

C’est très simple : l’argent !! Il n’y quasiment aucune aide gouvernementale pour le basket. Après je pense aussi que le fonctionnement organisationnel reste complexe avec trois Fédérations (Angleterre, Ecosse, Pays de Galles) qui doivent se retrouver dans GB team puis il y a aussi British Basketball. Et pour moi, le fait de ne pas assez impliquer leurs anciens joueurs ou grandes figures du basket dans l’organisation et le développement du basket est une hérésie. Vous avez des anciens joueurs NBA, d’ Euroleague qui sont mis de côté dans leur propre pays alors qu’ils ont des rôles importants en NBA ou G-League. De plus, certains très bons joueurs refusent de venir en équipe nationale justement en raison du manque de moyen qui complique l’organisation de GB team. Cependant, il y a de gros potentiels, beaucoup de très bons jeunes partent en NCAA. Si les structures, les moyens financiers et de gouvernances progressent, la GB team aura de très belles années devant elle. La GB team qui jouera contre la France a battu l’Allemagne en février. Je pense que l’on pourrait être surpris par cette équipe. Et les clubs progressent ; Leicester, Newcastle, London sont de très bons programmes qui pourraient bien figurer en coupe d’Europe. Et lorsque l’on voit la future Arena privé du club de Bristol… Il y a une vraie dynamique positive. La seule difficulté est de voir comment le Royaume-Uni va se relever du Brexit et du Covid, cela va être très compliqué dans les années futures pour certaines équipes.

Qu’en est-il du système de formation ? On voit que la plupart des meilleurs potentiels se tournent vers la formation outre-Atlantique.

La formation manque de moyen tout simplement. Ils doivent faire sans budget pour les jeunes et la formation des entraineurs doit se développer aussi. Mais pour cela je le répète il faut des moyens financiers. Toutefois, le potentiel est extraordinaire. Tout comme les jeunes français, il y a des départs en NCAA. Mais aussi, les clubs espagnols viennent recruter les jeunes anglais : Valence, Madrid, Barcelone… Au Royaume-Uni, les jeunes jouent déjà à 16-18 ans en première division anglaise ou écossaise. Et ils peuvent en même temps jouer dans un club de BBL. L’an dernier, j’ai recruté deux jeunes de 16 ans et 17 ans qui jouaient avec moi en BBL. Grâce à une double licence, ils jouaient aussi dans leurs clubs d’origine. Mon jeune de 16 ans Callum Mortimer (plus jeune joueur ayant joué en BBL de l’histoire) participait à 3 championnats : BBL, 1ère division écossaise et U18. Personnellement, j’adore ce fonctionnement. J’ai toujours apprécié intégrer des jeunes dans mon groupe comme je vais encore le faire avec Avignon Le Pontet. Les jeunes peuvent se confronter au monde pro tous en continuant cette relation avec leur club d’origine. Cela renforce les partenariats entre clubs, mais surtout leur permet de jouer beaucoup de matchs.

Votre expérience a semble-t-elle été très riche, avec un titre de coach de la saison à la clé. Malgré cela, vous rentrez en France pour rejoindre l’USAP Avignon avec comme objectif de jouer le maintien en Nationale 1. Aller en BBL ne semble pas être un vrai tremplin dans une carrière.

Que veut dire tremplin ? J’ai refusé des propositions de top team en BBL, de 1ère division finlandaise ou hongroise, des équipes qui jouent en Coupe d’Europe. Est-ce que cela aurait été un tremplin si j’avais accepté ? Sans covid-19, certaines équipes en Pro B ou de N1 seraient en division supérieure et moi je jouerai surement avec Glasgow une coupe d’Europe dans notre propre Arena. La BBL a développé mon management, renforcé mon réseau international grâce à cette proximité avec les Etats-Unis, et m’a fait découvrir une culture. Et puis, un coach français à l’étranger qui réussit c’est aussi une belle image pour notre basket comme nous le montre Pierre Vincent (coach de Schio, en Italie, NDLR). Enfin, la BBL a été une vraie richesse au quotidien. Je pense qu’elle a diversifié ma vision de Head Coach. Et elle a été un tremplin pour mon concept personnel, sur la façon de bâtir un projet en tant que Head Coach et Directeur des opérations basket. Alors est-ce une faute de goût pour ma carrière ? Non, j’aime les rencontres. J’aime développer des joueurs pour le haut-niveau, un modèle de jeu, un programme pour reprendre un concept américain. Et puis, la bonne nouvelle est que ma carrière ne fait que commencer (rires). J’ai encore beaucoup d’idée pour bâtir des projets.

Pensez-vous que la BBL parvienne un jour à devenir une compétition respectée, au moins au même titre que des championnats tels que l’EuroMillions Basketball League (Belgique) ?

Très honnêtement, intrinsèquement cela semble possible mais il faudra un vrai changement dans la gouvernance, et des investisseurs comme le nouveau propriétaire des London Lions qui viennent d’être rachetés, et qui joueront les phases préliminaires de la BCL. Les projets d’Arenas privées se développent, ce qui permettra de libérer les franchises de contraintes financières et organisationnelles importantes. En ce qui concerne la qualité des joueurs, ce n’est pas un problème. Mais si les joueurs restent, pour la plupart, des semi-professionnels cela ne sera pas réalisable. Donc le potentiel est là pour devenir une ligue du niveau de la Belgique.

« Avignon ? Le challenge est grand après trois belles saisons »

Pour revenir à l’actualité, vous avez signé à Avignon. Pourquoi ce club ?

L’USAP sort de trois très belles saisons. Je fonctionne au feeling. Et la rencontre avec Patrick Chêne et Jean-Yves Capo, a été décisive. J’ai senti cette volonté de stabiliser un club, de construire un nouveau modèle. Je suis un bâtisseur de projet comme Greg Beugnot ou Michel Veyronnet me l’ont appris. La problématique est qu’il faut du temps pour bâtir, des moyens humains, et savoir renforcer la structure financière de ses projets. Ce club a une histoire avec le basket de haut-niveau. Alors c’est vrai que le challenge est grand après trois belles saisons. Mais j’ai senti les présidents conscients qu’il fallait stabiliser le club. Leurs discours étaient très lucides sur la complexité de réussir cette étape. Lorsque l’on finit un cycle positif, on a cette faiblesse humaine de comparer le présent avec le passé. Mais la problématique reste le futur. Et avoir une vision très précise avec humilité et lucidité n’est pas simple. Alors, j’ai accepté Avignon Le Pontet pour une phrase : ça ne sera pas simple mais on travaillera pour !

Vous avez fait venir des joueurs que vous avez côtoyé à Angers, Tarbes et Glasgow. C’est important pour vous d’avoir une base de joueurs qui connaissent votre fonctionnement ?

Lorsque vous signez dans un nouveau club, lorsque vous devez reconstruire un effectif, je trouve intéressant de pouvoir faire venir des joueurs connaissant mon modèle de jeu. Ce n’était pas mon habitude mais certaines expériences passées ont renforcé cette idée dans la construction de mon groupe. Mais surtout ce sont de bons joueurs. Greg Pryor connait N1 ou il a montré son niveau avec moi depuis trois ans. Et j’ai besoin de cette relation avec mon meneur. C’était le cas pendant cinq ans avec Hugo Suhard. Ali Fraser est extrêmement apprécié en BBL pour son niveau de jeu. C’est un joueur intérieur avec un fort QI basket qui correspond parfaitement à mon jeu doté de qualités techniques au-dessus de la moyenne. Et enfin Maxime Djo Ebala mon combattant qui a vraiment progressé en BBL avec qui je partage une vraie complicité. On peut aussi rajouter Andrien Henocq que j’ai coaché deux ans de suite au camp LNB. D’ailleurs je voulais le faire venir sur Glasgow la saison prochaine. Mon modèle de jeu est simple mais la simplicité peut être complexe. Le partage, l’engagement et le QI basket sont déterminants pour moi. Toutefois, ces joueurs connaissent mon fonctionnement et savent déjà qu’ils devront gagner leur place grâce à leur travail et leur implication.

Un mot sur les effectifs de NM1 qui se sont constitués ces derniers mois. On voit beaucoup d’effectifs très alléchants (Tours, Boulogne, Angers, Saint-Vallier, Chartres et j’en passe…) ?

La NM1 se densifie s’est exact avec des recrutements de grande qualité. Mais au-delà des effectifs alléchants ce sont surtout des budgets très importants pour la division qui feraient rougir certains clubs de Pro B. Toutefois je n’ai pas pour habitude de parler des autres. Je préfère rester concentré sur mon club, mes joueurs et travailler pour stabiliser Avignon Le Pontet. Je dois voir mon équipe sur le terrain pour évaluer notre potentiel collectif, l’alchimie et la synergie entre mes joueurs. Mais de toute façon, le championnat sera très intense, long et compliqué mais c’est ça qui est intéressant !

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