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La gestion économique d’un club à l’heure de la COVID-19 : l’exemple de la JL Bourg

La JL Bourg fait partie des clubs modèles du basketball français. Sur un bassin de population restreint, le club a structuré son club à tous les niveaux. Si le secteur professionnel s’est hissé (ou plutôt est retourné) en première division, figure désormais régulièrement parmi le top 8 du championnat, que son centre de formation a cumulé les titres mais a aussi permis à des jeunes joueurs d’émerger, son secteur administratif et financier est également cité en exemple. Avec une salle moderne, l’Ekinox, un taux de remplissage de quasiment 100% sur les saisons précédentes, une salle annexe pour pouvoir s’entraîner 24h/24, un espace de loisir (le 1055) attenant, des événements qui font le plein (« Les rencontres du leadership ») et un club d’affaires (BB+) qui compte plus de 300 partenaires, le club possède un des plus gros budgets du basketball français. Mais la période est complexe et, alors que son équipe continue la compétition avec l’EuroCup, les services administratifs du club fonctionnent au ralenti. C’est ce que nous a décrit le directeur de la JL Bourg, Fabrice Paquelet, qui est revenu avec nous sur cette période morose.
 
Malgré la fin de la saison 2019/20 prématurée, vous avez réussi à avoir un budget en hausse pour la saison 2020/21. Comment avez-vous fait ?
On a considéré dès la saison dernière que les prestations non rendues, on les devait à nos partenaires. Les quatre matchs (de Jeep ELITE à domicile) que l’on n’a pas joué la saison passée, on allait les dédommager sur cette saison. C’est comptable, il y a des recettes perçues sur la saison dernière qui ont été recomptées sur cette saison. C’est ce qui fait qu’il y a cet écart important par rapport à d’autres clubs.
 
Comment se sont déroulées les tractations avec les partenaires et abonnés ? Y a-t-il eu besoin de plus de dialogue pour les convaincre de s’engager de nouveau ?
On n’a pas vraiment ressenti de difficulté différente que d’habitude. On a un nombre de partenaires importants mais un nombre de partenaires très fidèles. La fidélité est valable dans les bons moments mais aussi dans les mauvais moments. Les partenaires ont vraiment apprécié notre démarche d’expliquer qu’on tiendrait nos engagements et qu’on les dédommageraient. Et ce dès le début du confinement. Le partenariat et l’engagement marchent dans les deux sens, la solidarité c’est les partenaires vis à vis du club et le club vis à vis de ses partenaires.
 
« Ce qui est délicat, c’est la prospection »
 
Après on a une forte dilution du risque. On a un grand nombre de partenaires. Notre cercle intime avec dix partenaires majeures et notre club affaire, BB+, avec 308 partenaires. Dans les situations délicates, comme c’est le cas actuellement, on a certains partenaires qui n’ont pas continuer à nous, ils sont rares, mais globalement on a vraiment un taux de renouvellement qui est identique aux saisons précédentes. Ce qui est plus délicat, c’est la prospection…
 
Oui, car actuellement il semble impossible de chercher de nouveaux partenaires, non ?
On avait le levier de dire cet été, le club franchit une nouvelle marche en étant qualifié pour la première fois de son histoire en EuroCup donc il y avait des matchs en plus. On avait une palette qui nous permettait d’avoir des offres pour nos partenaires. Avec le même budget que l’année d’avant, les partenaires ont accès à la Jeep ELITE et à la Coupe d’Europe grâce au dédommagement. On avait une attractivité forte avec cette première expérience en EuroCup. C’est quand même un événement pour le club et notre territoire.
 
Pour la prospection, toutes les incertitudes qui pèsent pour les entreprises dans leurs propres activités et sur la capacité des différents sports finalement à évoluer dans un contexte normal et donc à rendre les prestations fait que oui c’est compliqué de prospecter. Il y a beaucoup d’aléas et d’incertitudes. On s’est adapté avec des offres flexibles, des conditions de paiement en plusieurs fois… On essaye d’apporter des solutions mais cela reste délicat.
 
Vous avez réfléchi à d’autres prestations pour rester actif et attractif auprès de vos partenaires actuels, mais aussi de nouveaux éventuels ?
 
On réfléchit à ce qu’on pourrait proposer de différents pour continuer à animer notre réseau de partenaires malgré le confinement et le fait qu’on ne peut pas les réunir comme on avait l’habitude de le faire. On va plutôt essayer de travailler sur des dossiers où la prise de décision est plutôt sur du moyen terme. On se dit qu’on va essayer de rencontrer des partenaires susceptibles de nous rejoindre pour la saison 2021/22.
 

Les événements comme les rencontres du Leadership ne peuvent se tenir et le 1055 (prononcez « dix cinquante-cinq ») est fermé. Ce sont des pertes importantes pour votre structure non ?

Les rencontres du Leadership que l’on n’a pas pu faire en avril 2020, on les a organisé début septembre. Ça a très bien fonctionné. On a fait notre présentation officielle d’équipe à ce moment-là. On réfléchit à des événements sur le deuxième trimestre de 2021 avec tous les aléas qui existent donc ce n’est pas très évident de se projeter.
 
Fabrice Pacquelet (à droite) aux côtés d’Arafat Gorrab, speaker et intendant de la JL Bourg (photo : JL Bourg)
Concernant le 1055, le club est actionnaire. On a ouvert le 6 décembre 2019 donc on va arriver à la fin de la première année qui aura été amputée de 4 mois d’exploitation. Oui c’est pénalisant. Après un lancement très réussi de décembre 2019 jusqu’au 15 mars, on a été fermé trois mois. C’était la douche froide et après il a fallu relancer la machine. En juin, on a redémarré la machine, juillet et août c’était mieux, septembre/octobre étaient très bien et là de nouveau on nous coupe l’élan en plein milieu des vacances scolaires, sur la semaine d’Halloween. On a une perte de business très importante. C’est frustrant de ne pas pouvoir aller au bout de ce qu’on avait prévu de faire pour Halloween puis pour les un an du 1055.
 
« C’est insoutenable de devoir une saison à huis clos sans compensations financières »
 
Vous pouvez tout de même recourir à l’activité partielle hors du secteur sportif (qui continue à être actif) pour le 1055.
Tout l’établissement est fermé, les jeux ont été fermés le 24 octobre puis la brasserie par le décret ensuite. Donc tout le monde est au chômage. Il y a une partie des frais fixes qu’on a pu décaler grâce aux possibilités offertes par le gouvernement. Comme beaucoup de gens du secteur, on a eu recours d’un prêt garantie par l’Etat pour nous permettre d’absorber cette période difficile. Charge à nous de faire du bon boulot quand la reprise sera là.
 
Avez-vous les fonds propres pour pouvoir traverser une saison comme celle en cours ?
Il y a forcément toujours un risque en fonction de la durée de cette situation. On a des fonds propres solides, on va recourir à un prêt garanti par l’État, pour l’instant la trésorerie est très saine… La difficulté va être croissante avec la durée du confinement, de huis clos. Aujourd’hui on joue des matchs d’EuroCup à huis clos, parce qu’on n’a pas d’autres choix, on va tout faire pour que sportivement on se qualifie pour le Top 16. En souhaitant que la situation sanitaire évolue et que ça nous permette d’honorer sur le top 16 les prestations qu’on n’aura pas honoré pendant le premier tour. Pour autant, ça veut dire qu’on aura des coûts d’organisation de match et de déplacement et que c’est difficile de se dire qu’on aura des recettes supplémentaires. C’est plus du décalage mais on va tout faire pour ne pas être en situation d’être redevable vis à vis de nos partenaires et abonnés. On est totalement dépendant de la durée de cette situation. Si on doit aussi jouer des matchs de Jeep ELITE à huis clos, c’est sûr que le modèle dans la durée ne tient pas. 80% de notre budget, ce sont des recettes privés, les sponsors privés ou recettes de matchs (billetterie, buvettes, merchandising). Quand on joue à huis clos, on se prive de tout ça. Je ne sais pas quelles seront les positions de nos partenaires publics mais économiquement c’est insoutenable de devoir jouer une saison à huis clos si on n’a pas de compensations financières.
 
Est-ce que c’était prudent de construire un effectif aussi pléthorique (11 joueurs professionnels plus Théo Rey) malgré les craintes sur la saison ?
On a construit notre équipe et notre budget de manière prudente et saine, comme on l’a toujours fait à la JL Bourg. C’est vrai qu’aujourd’hui on a des informations que l’on n’avait pas il y a deux ou trois mois en arrière. Peut-être que je suis d’un optimisme démesuré mais je n’imaginais pas qu’on se trouve dans une situation aussi dure d’un point de vue sanitaire. Quand on participe à des compétitions, on le fait pour être compétitif. L’EuroCup continue de se disputer. On construit un effectif pour être compétitif avec des ambitions sportifs élevés, tout en respectant les moyens du club. On a fait dans le cadre de nos ressources réelles. On a pris en compte la situation par rapport aux problématiques de jauges. On a calculé notre budget avec un taux de remplissage inférieur à ce qu’on avait l’habitude de faire sur ces dernières saisons. En temps normal, on aurait considéré qu’on jouait toute la saison à guichets fermés. Ce n’est pas de cette manière là qu’on a constitué notre budget cette saison. On a essayé d’être raisonnable mais il y a des choses qui nous échappent. Si ça doit perdurer trois ou quatre mois… on a une vraie équation à résoudre pour l’ensemble du basket et même un certain nombre de sports.

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