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La remarquable saga de Saint-Quentin : le SQBB peut-il aller au bout ?

Malgré des finances étriquées (11e budget de Pro B), Saint-Quentin caracole en tête de l'antichambre, une longueur devant l'ogre chalonnais. À tel point que le SQBB devient un prétendant très sérieux à la montée en Betclic ÉLITE. Nous étions dans l'Aisne mardi soir lors de la victoire contre Orléans (92-68) pour comprendre le phénomène picard.
La remarquable saga de Saint-Quentin : le SQBB peut-il aller au bout ?
Crédit photo : Grégory Portelette / www.com1declic.net

« Avec le président pas loin de vous, attention quand vous dites qu’on n’est pas censé être en tête du classement », s’esclaffe Julien Mahé dans les entrailles du Palais des Sports Pierre Ratte, lorsqu’on lui fait remarquer la distorsion entre la réalité financière et le classement sportif. Chalon-sur-Saône a le plus gros budget de Pro B avec 4 900 000 €, Saint-Quentin n’en a même pas la moitié avec « seulement » 2 100 000 €. Idem pour la masse salariale avec 1 363 000 euros pour l’Élan, et 700 000 pour le SQBB. Or, les Bourguignons ne réalisent pas une mauvaise saison, loin de là, mais ils n’arrivent pas à se débarrasser d’un caillou dans leur chaussure, caillou nommé Saint-Quentin. À douze journées de la fin du championnat, l’équipe picarde est seule en tête de la Pro B, avec 17 victoires en 22 matchs. « Alors qu’on a zéro pression », sourit le dernier arrivé, Javier Beiran. « Des équipes récemment reléguées comme Orléans ou Chalon-sur-Saône doivent impérativement remonter en Betclic ÉLITE. Pas nous ! Nous, on n’a que le 11e budget. »

Le titre dans le viseur ?

Toujours invaincu à la maison, le SQBB a vécu une soirée parfaite mardi, bonifiant son succès probant décroché samedi à Vichy (93-85) par un tour de force contre Orléans (94-68), pendant que l’Élan se ratait à Évreux (60-67). Longtemps accrochés par l’OLB (36-38, 18e minute), les hommes de Julien Mahé ont livré une véritable démonstration en deuxième période, surpassant l’équipe du Loiret dans tous les secteurs du jeu. « On a vu du très bon basket », acquiesce l’ancien technicien de la Prénationale de… l’Élan Chalon. « On a allié une défense de qualité avec une attaque très intelligente et de l’adresse. » À tel point que Saint-Quentin joue comme un premier, mérite de l’être et commence à ambitionner de le rester. « La première place devient clairement un objectif », approuve Loic Schwartz, brillant face à son ancien club orléanais (15 d’évaluation). « On fait du basket pour engranger des victoires et des titres, un sportif de haut niveau n’est pas là juste pour bien figurer. Tout le monde veut garder cette première place jusqu’à la fin de la saison. »

Benoit Gillet, le capitaine du SQBB, au club depuis la NM1 en 2017 (photo : Laurent Staskiewicz)

Tout le monde, vraiment ? Il est très vraisemblable que oui. Mais ce n’est pas encore le discours officiel. Lorsque les micros sont allumés, Julien Mahé s’évertue à dédramatiser cette course au titre, répète depuis des semaines que le SQBB veut simplement rester un trouble-fête le plus longtemps possible. « Se concentrer sur les résultats de l’Élan Chalon, soit sur ce qu’on ne maîtrise pas, serait une erreur. On a moins de pression qu’eux, c’est une évidence. Mais il ne faut surtout pas qu’on s’en mette ! Il ne peut rien nous arriver de mal aujourd’hui. Il ne faut pas nous mettre de la pression et il ne faudra pas nous en vouloir si l’on fait des erreurs. Le classement est ce qu’il est : aujourd’hui, c’est remarquable mais cela ne sert à rien d’avoir une vision plus lointaine que le déplacement de samedi à Saint-Vallier. » Autrement dit : il ne faut pas encore songer à la finale éventuelle du Colisée le 11 avril prochain (victoire 93-86 après prolongation à l’aller).

« On est une vraie équipe »

Saint-Quentin en tête de Pro B après 22 journées, c’est la récompense de l’un des plus beaux collectifs du championnat. Si deux individualités sont au-dessus du lot (Mathis Dossou-Yovo, candidat n°1 au trophée de MVP, et Terrell Gomez, débarrassé de l’ombre de David Holston), les Axonais développent un jeu admirable, avec la notion de partage placée au cœur des choses. « Même si Mathis marche sur tout le monde, on est une vraie équipe », souligne Javier Beiran, dont l’arrivée, en remplacement de Jérémy Nzeulie (en froid avec le coach), a fait énormément de bien dans ce domaine. « On a confiance en chacun et on se passe très bien le ballon. » Ce qui permet à tout le monde de se distinguer lot à tour de rôle : à Vichy, c’était Benoit Gillet et Brandon Horvath ; contre Orléans, Melvin Ajinça et William Pfister ont pris le relais. Derrière les deux incontournables Dossou-Yovo et Gomez, cinq joueurs tournent entre 6 et 9 points de moyenne. Une densité particulièrement rare. « Le danger vient de partout », confirme Julien Mahé. « Cela se reflète à la fois sur la feuille de statistiques et sur le terrain, c’est ce qui fait notre richesse »

Mathis Dossou-Yovo prétend au trophée de MVP de Pro B, mais l’équipe picarde va bien au-delà de lui (photo : Laurent Staskiewicz)

Une alchimie qui se ressent des deux côtés du parquet puisque Saint-Quentin est de loin la meilleure défense du championnat, et même de LNB, avec 70,7 points encaissés par match (98,6 au defensive rating). « Notre force est de défendre ensemble », lance l’entraîneur rennais, qui n’a de cesse de louer la mentalité de son équipe. « Prenez Lucas Boucaud par exemple, il est blessé avec des douleurs au dos qui datent d’avant Vichy. J’en connais beaucoup qui n’auraient pas joué mais lui se donne pour l’équipe, ça symbolise l’état d’esprit. Les joueurs sont à l’écoute, travaillent bien, jouent les uns pour les autres et cette osmose se voit sur le terrain. » Et puis, il y a cette salle, l’une des plus chaudes de France, magnifique pour un mardi soir, à guichets fermés, avec deux kops qui se font écho. Une vraie forteresse imprenable avec 12 victoires sur 12 à Pierre Ratte. « C’est une ambiance impressionnante », souffle Javier Beiran. « Être invaincu à la maison est déterminant pour nous. Ça nous donne de l’énergie et la certitude qu’on va revenir quand on est derrière. »

Trois saisons sur un nuage

Bastion du basket français, aperçu dans l’élite de 1988 à 1993 avec même une victoire de prestige contre le Panathinaïkos Athènes lors de la Coupe Korac 1991, le SQBB n’a pas connu que des heures faciles depuis cette époque. Mais une rétrogradation jusqu’en Nationale 4 pour des difficultés financières et plusieurs allers-retours entre la Pro B et la Nationale 1 n’ont jamais éteint la passion locale. Sauf que depuis février 2020, tout a changé, la fierté est revenue. Quand Julien Mahé est arrivé, la situation était alarmante. L’escouade picarde était larguée, à trois longueurs du premier non-relégable, Fos-sur-Mer. Trois victoires en cinq matchs avaient déjà commencé à modifier la donne mais c’est le confinement qui a définitivement sauvé le club. Puis en 2020, ce fut la pêche miraculeuse : un duo Hugo Besson – Parker Jackson-Cartwright pour tenir la première place pendant une majeure partie de la saison avant de se faire griller sur le fil par Fos-Provence et Paris. Un simple coup de chance dû à un excellent recrutement ? Sûrement, se disait-on alors, d’autant plus lorsque Saint-Quentin s’est retrouvé relégable en janvier 2022, après 12 journées… Mais le club a fini en trombe, enchaînant 18 victoires en 22 rencontres, pour terminer sur le podium. « La manière dont on a su réagir pour revenir sur le devant de la scène après un début de saison aussi compliqué, c’était très beau », saluait William Pfister en juin 2022. Et puis, cette année, pour l’opus 3 de l’ère Mahé, le SQBB – qui doit encore se professionnaliser dans certains domaines, comme la gestion du quotidien des joueurs – continue de faire mentir les pronostics.

Julien Mahé, le pilier des bons résultats du SQBB ? (photo : Grégory Portelette / www.com1declic.net)

« C’est une très belle histoire », savoure le Breton, qui a prolongé son contrat jusqu’en 2024 l’an dernier, alors qu’il avait notamment été approché par Bourg-en-Bresse. « On travaille en osmose avec le président et on avance chaque année. Par exemple, lors de mes deux premières saisons, on n’avait pas de centre de formation agréé et j’étais dans l’obligation de disposer de quatre joueurs de moins de 23 ans dans mon effectif. Or, on veut mettre des jeunes sur le parquet, mais sans être gêné par un règlement. Surtout, on a su instaurer une identité, une envie. Je pense qu’on commence à être reconnu dans le milieu pour le travail que l’on fait. Quand je suis arrivé, il n’y avait pas grand monde qui avait envie de venir. Désormais, on arrive à recruter un joueur comme Javier Beiran (champion du monde en titre, ndlr) car quand il se renseigne, les gens lui disent que ça joue bien chez nous et qu’il peut venir. Il n’y a pas spécialement de secret à nos résultats, il faut juste travailler confiance et rester humble. Si l’on commence à se prendre pour d’autres, c’est là qu’on tombera. » Car n’en déplaise au président Prache, oui, le SQBB n’est absolument pas censé être en haut du classement. Mais à force, cela n’est vraiment plus une surprise…

À Saint-Quentin,

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