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De la départementale à la finale de NM1 : Loon-Plage, Cendrillon frustré

NM1 - Tout juste promu en Nationale 1, l'AS Loon-Plage affrontera Poitiers en finale des playoffs à partir de ce vendredi. Une formidable récompense pour le club nordiste, parti du niveau départemental en 2010. Mais un aboutissement teinté d'une pointe de frustration puisque l'ASLP ne pourra pas monter, quelque soit le résultat de sa finale.
De la départementale à la finale de NM1 : Loon-Plage, Cendrillon frustré
Crédit photo : AS Loon-Plage Basket

Mai 2010. Tout juste promu en Pro A, Poitiers affronte le futur champion Cholet en quart de finale des playoffs de Pro A. Au même moment, Loon-Plage (prononcez « Lonne »), son adversaire en finale des playoffs de Nationale 1 (match aller ce vendredi), se retrouve relégué au niveau… départemental. C’est dire l’invraisemblable ascension entamé vers les sommets depuis plus d’une décennie. Alors quel est le secret ? « C’est difficile à dire », répond le président Laurent Loquet, au club depuis sa création en 1977, dirigeant depuis 1999. « On a toujours eu cette bonne ambiance, avec un groupe de copains, qui se battent les uns pour les autres. On a toujours cherché à prendre des jeunes du coin, qui ont généralement plus la gnac pour défendre le maillot. »

« Les grands spécialistes pensaient qu’on aurait du mal à se maintenir »

En réalité, pour commencer sa marche forcée vers les sommets, l’AS Loon-Plage a profité d’une subtilité administrative : la création d’une équipe Espoirs France en 2013, pour gagner directement sa place en Régionale 3. Ensuite, c’est l’irrationnel d’un club qui prend de l’envergure saison après saison. « Hormis la période Covid, on n’a jamais fait plus de deux ans dans la même division alors qu’à la base, on a juste pris cette passerelle là car on avait de bons U20. » Dont il reste un survivant dans l’effectif professionnel, Clément Peinte, énergique ailier de 25 ans, qui a intégré l’équipe seniors alors qu’elle végétait en excellence régionale. « Je n’ai pas eu cette chance de pouvoir côtoyer les centres de formation alors il y a beaucoup de fierté à avoir réussi à gravir les échelons avec Loon-Plage », savoure-t-il, en fier représentant de « l’identité du Nord si importante pour le club et le président. Ça fait 10 ans que je vois les mêmes têtes, 10 ans que je côtoie les mêmes bénévoles. Vivre une telle aventure avec mon club de cœur, je n’arrive pas à réaliser. » 

Clément Peinte, le local de l’étape, passé de l’excellence régionale à la finale de NM1 avec Loon Plage (photo : Gérard Héloise)

Commune de 6 200 habitants, limitrophe de Gravelines, Loon-Plage a découvert le grand monde cette saison, avec une montée validée grâce à son statut de demi-finaliste de NM2. On lui promettait évidemment l’enfer… « Les grands spécialistes pensaient qu’on aurait du mal à se maintenir », se délecte Laurent Loquet. Mais l’ASLP a vite vu quelques signaux positifs : sa stabilité dans l’effectif, une première victoire en amical de 19 points contre Le Havre, « même si on se disait qu’il ne nous avait peut-être pas pris au sérieux » glisse Clément Peinte, puis un autre succès contre Denain, pensionnaire de Pro B. « Là, on a compris qu’il y avait peut-être moyen de faire quelque chose. » Avec son petit million de budget, le club nordiste ne visait rien d’autre que le maintien. Depuis la fin de l’été, il vit un rêve éveillé, en s’étant immiscé parmi les gros bras de NM1, avec un bilan global de 30 victoires et 14 défaites sur la saison. « En janvier – février, on a réalisé qu’on avait une équipe tellement incroyable qu’on s’est dit qu’on ne voulait pas que ça s’arrête. »

Pas de dossier d’accession en Pro B 

Alors, Loon-Plage ne s’est pas arrêté. Certains ont dû rester sur le bas-côté, leur contrat s’arrêtant au 30 mai en pleine série contre Caen (Fodié Cissoko et Kevin Cantinol), mais les Toons d’abattre un à un tous les obstacles, jusqu’à la finale des playoffs de Nationale 1. « C’est tout à fait incroyable, c’est historique », souffle Laurent Loquet, presque à court de mots. Mais face au PB86, ce sera une finale pour du beurre puisqu’il n’y aura titre, déjà attribué à Rouen, ni montée au bout pour la petite entité nordiste. Pour espérer accéder à la Pro B, il faut déposer un dossier d’accession avant le début de la saison, ce que seuls 50% des clubs de NM1 font généralement. Et évidemment pas l’ASLP qui était à mille lieux de s’imaginer à pareille fête en juillet dernier… « On s’est rapidement posé la question en début de saison mais on s’est dit : attendez, on vient juste de monter en NM1, on ne va quand même pas faire un dossier Pro B ! On ne savait déjà pas à quelle sauce on allait être mangé en Nationale 1. C’est dommage de ne pas pouvoir le faire en cours de saison. L’été dernier, on avait autre chose à penser. » Surtout que ce dossier n’est pas qu’une simple formalité, avec des contraintes structurelles, administratives et financières à tenir. « Notre but est de faire en sorte que le futur promu ne se heurte pas à une marche trop haute en Pro B », explique Alain Salmon, vice-président de la fédération en charge de la NM1. « Il y a un cahier des charges qui doit être respecté dès la première journée du championnat. » 

L’émotion d’Antoine Rojewski, Christopher Dauby et Ibrahim Dansoko après la victoire en demi-finale contre Caen (photo : AS Loon Plage)

Certainement un mal pour un bien, puisque Loon-Plage n’est pas prêt à monter en LNB. Sa salle Léo-Lagrange ne fait que 445 places (contre les 5 200 de Poitiers, son adversaire final, au Futuroscope), le club n’a qu’une seule salariée hors basket (une secrétaire), la Communauté Urbaine de Dunkerque soutient uniquement le BCM, etc. « Je ne pense pas qu’on puisse raisonnablement jouer en Pro B », admet Laurent Loquet.  Toujours est-il qu’il est doux-amer pour Loon-Plage de bouter un par un hors des playoffs tous les prétendants à l’accession (Tours, Le Havre, Caen), sans ne rien pouvoir espérer en retour. « C’est clair que c’est frustrant pour tout le monde », acquiesce le président. « Oui, frustrant, ça l’est un peu car sur le terrain, on prouve qu’on mérite la Pro B », renchérit Clément Peinte. Alors pour ne plus revivre cela, l’ASLP a déjà pris la décision de déposer un dossier pour l’année prochaine, même si son incroyable équipe risque d’être quasiment intégralement démantelée cet été. « Cela va nous obliger à progresser, à tendre vers l’excellence », explique le président Loquet. Après, le train repassera-t-il deux fois ? Il est largement permis d’en douter. « On se demande si on pourra revivre cela », soupire l’ailier nordiste. Mais on ne parierait pas non plus contre un club parti du niveau départemental il y a dix ans…

Faut-il modifier la formule des playoffs de NM1 ? 

La présence de Loon Plage en finale pousse au questionnement : quel est l’intérêt des playoffs d’accession, si l’on ne peut même pas accéder à la Pro B ? « Le règlement est comme ça, on joue et c’est tout », évacue Laurent Loquet. Le problème est que l’ASLP n’est pas un cas isolé : sur les 16 clubs qualifiés pour les phases finales, seulement 9 avaient déposé un dossier. Ce qui rend assez probable, finalement, le cas de figure d’une finale sans intérêt comme ce Loon-Plage – Poitiers. Dans le microcosme de la Nationale 1, le débat a ressurgi. « Il y a plein de clubs qui voudraient une refonte des playoffs », glisse un président. Et plus globalement d’une formule inintelligible pour le grand public avec 28 équipes, deux poules géographiques et trois phases.

Cette équipe de Loon Plage va-t-elle précipiter une réforme des playoffs de NM1 ? (photo : Gérard Héloise)

Dès lors, que faut-il faire ? Devrait-on réserver les playoffs aux seuls clubs susceptibles de monter ? Ou alors peut-être faudrait-il reprendre la formule de Pro B de l’époque, avec le titre de champion de France attribué au bout des playoffs ? Dans ce cas-là, un club comme Loon-Plage aurait un vrai intérêt à gagner la finale. Le premier de la saison régulière monterait tout de même en Pro B, mais devrait aller chercher le trophée au bout de la phase finale, ce qui pose le risque de la démobilisation, comme cela était le cas dans l’antichambre…

Plutôt non mais…

Une réflexion est en cours à la FFBB mais sans vraiment que cela soit concret pour le moment. « On s’est posé la question (de la formule) mais ce serait bloquer les choses« , répond Alain Salmon, vice-président de la FFBB en charge de la NM1. « De toute façon, il y a toujours le cas de figure où le promu peut être recalé par la commission de contrôle de gestion. Cette formule existe depuis cinq ans. Je ne dis pas qu’elle est figée dans le marbre, on verra à terme. Nos compétitions sont faites pour évoluer. Je ne sais pas si la meilleure solution existe. » Le changement le plus probable à prévoir dans un futur proche pourrait être celui de l’avantage du terrain : en Nationale 1, le club le moins bien classé reçoit le premier match, et se déplace lors des deux suivants. Un vrai inconvénient pour l’équipe la mieux classée. Un questionnaire a été envoyé aux clubs de NM1 à ce sujet.

 

 

 

 

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