Sommeil, lunettes et arbitres : comment Jeremiah Hill (Chalon) s’est métamorphosé

Jeremiah Hill, prince 2025 du Colisée
Avec son sourire permanent figé sur le visage, Jeremiah Hill a l’air de blaguer mais ce n’est pas du tout le cas. Quand on lui demande les raisons de sa métamorphose, le leader offensif de l’Élan Chalon avance trois raisons. « Déjà, mon bébé a grandi (Jeremiah Junior, né le 11 août) a grandi et je dors plus. Ensuite, pour la première fois de ma vie, j’ai des lunettes donc je peux vraiment voir les choses sur le terrain. Enfin, j’ai de bonnes relations avec les arbitres et c’est cool : je n’ai jamais eu autant de lancers-francs ! »
Sur un siège éjectable à l’automne
C’est donc visiblement si simple de bien jouer… Mais quiconque aura vu évoluer Jeremiah Hill l’automne dernier pour le retrouver maintenant ne le reconnaîtrait pas. En début de saison, l’Américano-Camerounais semblait si mal dans sa peau, incompris, errant comme une âme en peine, quasiment assimilé à un boulet défensif. À tel point qu’il avait été expressément cité par l’ex-manager Julien Espinosa parmi les trois joueurs sur un siège éjectable avec Jamel Morris et Nemanja Nenadic.

Les deux autres sont partis. Lui est le moteur de l’Élan Chalon en playoffs (24 points, 4,3 rebonds et 4,3 passes décisives). « Ce n’est pas moi qui lui ai donné du talent », se défend le coach, Elric Delord. Mais le technicien arrivé en novembre a tout de même compris la psychologie de l’ancien champion du Kazakhstan. « Il n’avait pas été bon sur son premier passage en France à Gravelines (en 2021/22), pas été bon sur la première partie de saison avec nous. Mais là, il évolue à un très haut niveau et est un joueur clef pour nous. Il a beaucoup de qualités mais il a besoin d’un cadre. Il a besoin qu’on lui dise quand il déconne, besoin qu’on lui explique les choses. Il est aussi instinctif sur le terrain qu’à l’écoute en dehors. Il faut qu’on lui mette des rails et il peut en sortir quand il estime qu’on ira plus vite comme ça. »
« Je peux enfin être moi-même »
Pas forcément à l’aise dans le système de Savo Vucevic au début de saison, ce qui n’aidait pas un joueur qui était réveillé plusieurs fois par nuit et ne voyait pas grand chose, Jeremiah Hill acquiesce aux propos de son entraîneur. « Mon niveau est aussi dû à la liberté que me donne le coach. Il m’autorise à faire des erreurs. Dans ma carrière, je jouais parfois avec la pression d’être remplacé à la moindre erreur. Ici, si je sors, c’est pour raisons tactiques ! Je peux enfin être moi-même. »

Cela donne parfois des actions de génie, parfois aussi des cagades, mais la balance est beaucoup plus souvent positive dorénavant. Surtout, l’artiste bourguignon joue beaucoup plus souvent avec le sourire, ce qui correspond parfaitement à sa personnalité. Une plénitude personnelle et professionnelle qui aurait pu valoir une place dans les deux équipes idéales de la saison de Betclic ÉLITE, où il aurait certainement figuré s’il n’avait pas attendu le tiers de l’exercice pour se mettre en route. « Je m’en fiche un peu », évacue-t-il. « Ça aurait alourdi mes valises pour le vol retour ! Le simple fait que des gens considèrent que j’aurais pu en faire partie suffit à me rendre heureux. Je peux rentrer chez moi avec le sourire et je peux jouer avec mon fils. » Et dormir aussi, visiblement.
Quel avenir pour Jeremiah Hill ?
Le mois dernier, Elric Delord ne cherchait pas à entretenir le moindre suspens concernant l’avenir de son leader offensif. « Je voulais le prolonger à tout prix. Maintenant, à part vendre la cathédrale, on ne va jamais pouvoir le conserver », clamait-il au micro du JSL.
Message entendu par les fans de l’Élan Chalon ! Dès le lendemain, la cathédrale de Chalon-sur-Saône s’est retrouvée en vente sur Le Bon Coin pour la modique somme de 5 millions d’euros. « La vente de ce bien unique et merveilleux servira à financer un autre monument unique et merveilleux prénommé Jeremiah Hill aux couleurs de l’Elan Chalon », était-il écrit sur l’annonce.
« J’ai trouvé ça génial que la cathédrale se retrouve en vente sur Internet », en rigolait encore le coach quelques semaines après. « On essaye encore de le garder, on y travaille. On essaye de proposer des choses pour garder la cathédrale et trouver une solution ! Je ne sais pas si on va y arriver mais on s’en occupe. » Face à la bascule financière que pourrait faire Hill, alors qu’il aura 30 ans en septembre, l’affaire semble encore toutefois bien utopique…
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