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Un trophée pour la JDA Dijon : la juste récompense d’un club modèle

« Révolution de palais » titrait Le Bien Public le 18 mai 2015. La veille, lors de la Soirée des Trophées LNB, Jean-Louis Borg annonçait sur scène qu’il prenait du recul par rapport à sa carrière et laissait le flambeau à son ancien joueur, Laurent Legname. La JDA Dijon se dotait enfin d’un patron du sportif puisque l’ancien coach de la JA Vichy devenait manager général en CDI tandis que le président historique Michel Renault avait déjà prévu de passer le relais à Thierry Degorce à la fin du mois. Presque cinq ans plus tard, les bienfaits de la révolution sont enfin visibles aux yeux de tous. « Vision + projet + compétences + continuité = chapeau la JDA Dijon », a joliment résumé Arnaud Marius, l’ancien GM de Gravelines-Dunkerque.

Ce week-end, au sein de la Disney Events Arena, cette équipe de Dijon a conquis le cœur du public et le club a gagné le respect du basket français. Les résultats de l’époque Jean-Louis Borg étaient déjà remarquables avec notamment une demi-finale de Pro A mémorable contre Limoges en 2014 – à l’époque des Campbell, Dobbins, Harris et autres Zach Moss -, mais la JDA était une équipe aux caractéristiques excessivement défensives et besogneuses pour séduire le grand public. Pourtant, il s’agissait bien du premier pas entrepris sur le chemin du retour vers les sommets puisque JLB avait récupéré un club traumatisé par sa descente en Pro B en 2010. Sauf que depuis l’arrivée de Laurent Legname, l’identité de jeu a considérablement évolué : l’efficacité défensive a certes été préservé, mais la force de frappe offensive s’est incroyablement développée. Au-delà de la variété des formes de jeu, les chiffres ne mentent pas : Dijon est la deuxième meilleure attaque du championnat avec 85,3 points marqués par match, première équipe à l’évaluation, première aux passes décisives… Sevrée de trophée depuis la Coupe de France 2006 où T.J. Lux avait marché sur Orléans (Pro B) en finale, la JDA a donc su revenir dans le camp des vainqueurs.

Une équipe construite sur la durée

La récompense logique d’un projet lancé en 2015. Le premier terme qui le caractérise est celui de stabilité. Axel Julien est arrivé dans les valises de Laurent Legname depuis Hyères-Toulon pour seconder un autre meneur inconnu et quasi trentenaire de 1,67 m : David Holston. Les premiers pas du natif de Pontiac en Pro A ont été délicats (6,5 points à 35% et 3,9 passes décisives pour 7,5 d’évaluation sur l’ensemble de l’année 2015) mais il a su progressivement monter en puissance, jusqu’à décrocher le prestigieux trophée de MVP de Jeep ÉLITE l’année dernière. La paire de meneurs qu’il forme avec Axel Julien est aujourd’hui la meilleure du championnat. L’autre mot qui représente le projet dijonnais est l’audace dans le recrutement : outre le coach Laurent Legname et Axel Julien, la Pro B est le terrain privilégié du recrutement bourguignon. Au fil des années, des joueurs comme Jacques Alingue, Valentin Bigote et Obi Emegano ont fait le grand saut vers l’élite avec la JDA. De même, peu se sont battus en 2018 pour aller débaucher Alexandre Chassang, en souffrance après une saison cauchemardesque à Hyères-Toulon. L’ancien intérieur de l’ASVEL est désormais international français et All-Star. Avec un budget limité, le douzième de Jeep ÉLITE, Dijon a (presque) toujours réussi à effectuer des recrutements intelligents en misant sur des joueurs revanchards, en quête de relance.


En 2015, comme ici le 6 novembre à Antibes, Holston et Legname avaient mis du temps pour se comprendre véritablement. Désormais, leur union symbolise la réussite de la JDA Dijon
(photo : Sébastien Grasset)

Presque toujours ? Oui, les choix de Laurent Legname n’ont pas toujours été opportuns et c’est aussi ce qui a contribué à ce sacre à Disneyland. Pas plus tard que cette saison, Michael Young a été poussé vers la sortie en raison de son état d’esprit douteux. Mais ce n’est pas l’ancien Choletais qui a bouleversé la philosophie de recrutement du technicien varois. Le probable futur entraîneur de l’année a été vacciné par les passages des rookies J.J. Frazier et Steve Taylor Jr en 2017/18, les deux manquant cruellement de culture de jeu selon lui. Depuis, le Hyérois ne fait venir venir que des étrangers connaissant déjà la Jeep ÉLITE. Hormis Saulius Kulvietis – que l’on ne peut pas taxer de méconnaissance du jeu européen -, c’est ainsi que LaMonte Ulmer, Rasheed Sulaimon et Richard Solomon ont posé leurs valises dans la Cité des Ducs l’été dernier.

Et maintenant, la JDA peut-elle encore faire mieux ?

Ainsi, avec cette savante combinaison d’expérience et de continuité (cinq joueurs conservés par rapport à l’an dernier, plus le retour de Rasheed Sulaimon), la JDA Dijon a effectué une première partie de saison canon en ne galvaudant aucune compétition : leader ex-aequo de Jeep ÉLITE avec seulement trois défaites au compteur, qualifiée pour les quarts de finale de la Coupe de France, seule équipe tricolore encore en lice en Champions League à l’orée des huitièmes de finale et même dans le Top 4 du championnat Espoirs. Ce groupe joue bien mais vit bien aussi, Abdoulaye Loum nous confiait après la finale que les joueurs forment une vraie bande de copains. Il n’est pas obligé de s’aimer pour gagner des matchs mais cela aide. Jérémy Leloup avait tenu des mots forts à cet égard dans Le Progrès du 2 février : « La raison principale de mon départ de la SIG est que j’avais perdu le plaisir de jouer. J’ai toujours été dans un rôle, qui a évolué. Mais ma dernière année à Strasbourg a été compliquée. J’ai été blessé et l’ambiance n’était pas super-sympa. Personne n’avait envie de jouer pour les autres. J’ai retrouvé ça à Dijon. »

Outre la qualité de jeu développée, c’est la diversité de la force de frappe qui marque les esprits lorsque l’on observe la JDA. N’importe quel joueur peut porter l’estocade : Abdoulaye Loum puis Saulius Kulvietis furent par exemple les facteurs X des récentes oppositions contre Bourg-en-Bresse et Roanne. Plus tôt dans la saison, le coup de mou du MVP David Holston est aussi passé presque totalement inaperçu : Dijon avait suffisamment d’autres leaders offensifs pour le masquer et se permettre de rester invaincu sur le sol français depuis le 26 novembre. Mais si gagner des matchs est une chose, remporter des trophées en est une autre. La Jeanne d’Arc a bénéficié de quelques éléments irrationnels telle que l’adresse à trois points de Richard Solomon. Jusque-là, en Jeep ÉLITE, le héros de la demi-finale avait shooté à 7/19 à trois points. Il termine la Leaders Cup avec un joli 8/11 au compteur. Couplée à l’intensité, la hargne, l’alchimie collective, l’abnégation défensive, la domination athlétique (avec les quatre avions de chasse que sont Ulmer, Loum et Solomon) et évidemment la formidable dynamique du moment, cette adresse phénoménale (39/79 à trois points) fut l’un des facteurs majeurs du triomphe dijonnais.

En dehors du sportif, ça se structure !

Le gain de cette Leaders Cup vient donc récompenser l’activité de tout un club et évitera à la JDA d’être classée dans la catégorie de ceux ayant performé sur la durée sans ne jamais avoir rien gagné. L’émotion ressentie par les joueurs et le staff témoigne de la valeur de ce trophée, quand bien même il ne s’agisse « que » de la Leaders Cup. « Cela nous donne des idées », avouait, gourmand, Abdoulaye Loum. Un discours totalement différent de celui tenu au cœur de l’automne, quand Dijon avait buté sur l’ASVEL et Monaco, laissant sous-entendre l’idée d’un plafond de verre :  » Il faut rester les pieds sur terre, il y a deux Championnats, comme l’an dernier, et nous on est bien placés dans la deuxième », disait Laurent Legname à L’Équipe fin décembre. En ce milieu de mois de février, la JDA Dijon est bien la meilleure équipe française du moment. Le sera-t-elle toujours à la fin du printemps, avec des séries en cinq manches et son effectif de neuf professionnels ? C’est une autre histoire, mais celle de ce week-end nous suggère de ne pas en écarter la possibilité.


Alex Chassang et les Dijonnais pourront-ils résister durablement aux gros bras de Jeep ÉLITE ?
(photo : GPJ)

Quoiqu’il arrive en fin de saison, qu’elle soit couronnée d’autres succès encore plus marquants ou que cette escapade à Disneyland Paris en reste le point culminant, Dijon semble armé pour durer dans le haut du tableau. Le savoir-faire de son staff sportif est une assurance tous risques, tandis que le club, après avoir longuement travaillé à épurer le déficit, peut désormais se tourner vers des projets d’avenir, à l’image de sa nouvelle salle. Évoquée depuis de longues années afin de remplacer le vieillissant Palais des Sports (inauguré en 1977), la future arena est de plus en plus concrète. Elle devrait pouvoir accueillir près de 6 000 personnes, au sein d’un terrain de plusieurs hectares – le village JDA, un projet immobilier – regroupant le centre de formation, des entreprises, une brasserie et de l’animation autour du sport. Afin de financer intégralement la construction de la salle qui ne devrait pas dépasser les 15 millions d’euros, le président Degorce a esquissé les contours d’un club omnisports en achetant 85% des parts du CDB Hand (club de handball féminin), devenu JDA Dijon Handball, et s’est grandement rapproché du CSL Dijon Basket, un club féminin dont l’équipe fanion évolue en NF2. À terme, tout ce beau monde s’installera dans la nouvelle salle. Un partenariat avait même été initié dès 2016 avec le Besançon Basket Club. La JDA Dijon fête ses 140 ans cette année mais elle n’a jamais paru aussi jeune !

À Marne-la-Vallée,

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