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« Une Formule 1 en Pro B » : Tom Digbeu, un décollage immédiat ?

Invité surprise à Gries-Souffel, Tom Digbeu espère lancer sa carrière en Alsace. Le fils d’Alain Digbeu, entre blessures et manque de temps de jeu, n’a pas connu l’ascension qui lui était promise mais a déjà mis tout le monde d’accord pour ses débuts en Pro B. Le Franco-Espagnol de 21 ans veut se servir de cette expérience comme rampe de lancement. Membre de la talentueuse génération 2001, il dit également privilégier la sélection espagnole à la sélection française. Ce mardi (20 h), il tentera d'offrir un premier succès à l'ASA en 2023 contre Boulazac.
« Une Formule 1 en Pro B » : Tom Digbeu, un décollage immédiat ?
Crédit photo : Basile Ertaud 

Texte : Théo Quintard / Photo : Basile Ertaud  / Infographie : Théo Quintard.

Le tatouage « LIke Mike » que Tom Digbeu s’est fait sur la jambe gauche ( photo : DR).

« Like Mike », vous connaissez ? Ce film américain, sorti au début des années 2000, raconte l’histoire de Calvin Cambridge. Ce dernier, orphelin alors âgé de 13 ans, veut devenir une star du ballon orange mais n’est franchement pas pré-disposé pour faire carrière du haut de son mètre quarante et un. Un peu par hasard, il trouve des chaussures magiques et roule sur la NBA avec les Los Angeles Knights. Ce film, qu’il regarde en boucle avec sa famille depuis qu’il est tout petit, Tom Digbeu a voulu l’immortaliser sur sa jambe gauche lors de son séjour à Los Angeles. « Cette histoire m’a marqué », résume-t-il sobrement. Pourtant, presque tout oppose Calvin Cambridge et Tom Digbeu. Le fils d’Alain Digbeu a longtemps été attendu comme l’un des meilleurs joueurs de la génération 2001 mais sa carrière a connu quelques contre-temps et peine à décoller.

Peut-être que la fusée Digbeu s’envolera-t-elle de l’ASA Basket. En Alsace, Tom Digbeu n’a pas mis bien longtemps pour convaincre (voir la vidéo). Arrivé fin novembre suite à la blessure de Dovydas Redikas, l’ailier franco-espagnol de 21 ans réalise des débuts tonitruants en Pro B et pointe en tête du classement des meilleurs marqueurs de la division après six matchs (21,2 points de moyenne). « Ce que je fais, c’est plutôt naturel », explique-t-il posément. « Disons que c’est un retour en arrière pour mieux me relancer mais je n’ai pas pris de retard par rapport à mes objectifs. » Julien Espinosa, son coach à Gries-Souffel, vante sa faculté d’adaptation express et le compare volontiers à une Formule 1. « Il cherche à se définir sur le terrain car il n’a pas eu beaucoup d’opportunités jusqu’à présent pour vraiment asseoir ses compétences dans une équipe car il est impressionnant », souligne le technicien azuréen de 38 ans. « Il fait les choses étape par étape et dans un rythme assez soutenu et plutôt spectaculaire. » Depuis le début de sa carrière, Tom Digbeu était davantage en mode diesel. Voilà l’heure de libérer les chevaux…

« Tom est dans les starting-blocks depuis trois ans »

Les longues discussions avec son père à Istanbul au sortir de sa récente expérience infructueuse en G-League avec le Motor City Cruise ont, elles, porté leurs fruits. « Je lui ai dit que le monde des bisounours, c’était fini », tonne Alain Digbeu, ancien international français aux 92 sélections et aujourd’hui scout et consultant pour la plateforme Skweek. « Il fallait vraiment qu’il soit plus dur avec lui-même, qu’il devienne un vrai pro et qu’il commence à prendre en main sa carrière. Mentalement, il est beaucoup plus fort aujourd’hui. »

Suffisant pour aller en NBA ? Bien malin qui pourra répondre à la question. Bientôt arrivé à maturité physiquement (2 m pour 86 kg), l’ailier franco-espagnol devra probablement faire une croix sur la Draft NBA. Pas question, pour autant, de revoir ses objectifs à la baisse. Il dit « ne pas penser à [son] avenir » et « se concentrer sur le moment présent » mais arpenter les parquets de l’Association, et donc accomplir les rêves de son père, reste dans un coin de sa tête. « La NBA est la raison pour laquelle j’ai commencé à jouer au basket », rappelle-t-il. « C’est quelque chose que je vise et que je viserai toujours. On verra bien ce qu’il adviendra en fin de saison mais je ne pense pas que signer à l’ASA est une prise de risque par rapport à la NBA. »

Formé en Espagne, passé par la Lituanie, l’Australie et la G-League, Tom Digbeu s’éclate en Pro B (photo : Basile Ertaud).

Sa cote de l’autre côté des Pyrénées est en tout cas restée intacte. Enfant du FC Barcelone, il a suscité l’intérêt de quelques formations de LEB Oro, dont Lérida et Andorre. Murcie, une formation de Liga Endesa, est également venue aux renseignements mais c’est Gries-Souffel qui a retenu l’attention de la famille Digbeu. « La Pro B n’était pas prévue au script mais parfois, il faut être capable de relativiser et de prendre du recul », relève « Air Digbeu ». « Si seulement il avait eu une vraie opportunité ces trois dernières années, la situation serait différente à l’heure d’aujourd’hui car Tom est dans les starting-blocks depuis trois ans. »

« On le comparait souvent à Thierry Henry… »

Avec Tom Digbeu, Gries-Souffel a redressé la barre (photo : Basile Ertaud).

Même s’il n’est venu au basket qu’à ses 12 ans après le foot, le tennis et la natation, Tom Digbeu est depuis toujours pré-disposé pour le haut niveau. « Je ne lui ai pas mis la pression par rapport au basket », relève sa mère Nathalie Champion, réceptionniste chez Hogan Lovells, un cabinet d’avocats international, à Alicante. « Quand il jouait au foot, on le comparait souvent à Thierry Henry car il était grand, fin et long. » Avant d’ajouter avec une pointe de nostalgie et d’admiration, aussi, : « Il mettait de beaux buts. »

Hormis un court intermède au Pôle Espoirs de Lyon sous la houlette de Jean-Pierre Morateur et Marc Berjoan, Tom Digbeu a baigné dans la culture espagnole. C’est d’ailleurs lors du tournoi de Teruel avec Alicante qu’il tape dans l’œil des recruteurs du FC Barcelone. Sous le regard avisé de Sergio Scariolo, il épate son monde et rejoindra La Masia quelques mois plus tard. « Quand Tom était au Barça, il était l’un des meilleurs joueurs de l’Espagne et probablement d’Europe », rembobine Marc Calderon, l’un des coachs à Barcelone, presque considéré comme « son deuxième père ». Et pour cause, Tom Digbeu crève l’écran dès sa première saison catalane. Auteur de 27 points contre le Real Madrid en finale du championnat, il se montre rapidement à son avantage avec plusieurs actions d’éclat révélant ses qualités athlétiques, dont un poster dunk mémorable sur Usman Garuba.

« Tom est un joueur spécial avec une grosse personnalité »

« Tom est un joueur spécial avec une grosse personnalité », reprend Marc Calderon, aujourd’hui coach des U16 de Badalone. « Il est vaillant, il n’a pas peur, il a un peu la même mentalité qu’on retrouve en streetball. En tout cas, il a plus de potentiel que ces dernières années peuvent le laisser penser mais maintenant, c’est le moment (de percer). »

Invité au Jordan Brand Classic, à l’Eurocamp, au Basketball Without Borders Europe ou encore au camp de Derrick Rose, Tom Digbeu coche toutes les cases du joueur programmé très vite pour le très haut niveau. Sa saison 2018-2019 avec l’équipe B du Barça en LEB Oro laisse d’ailleurs entrevoir son potentiel. Il joue 12 minutes en deuxième division espagnole, à tout juste 18 ans. Face à la pléthore de talents qui peuplent les rangs de l’équipe professionnelle, il décide alors de quitter la Catalogne pour lancer sa carrière en Lituanie. « Le tournant, avance son père, c’est la sortie du centre de formation de Barcelone où il aurait peut-être fallu rester et jouer davantage en LEB Oro. Ça lui aurait peut-être servi d’avoir une saison pleine pour pouvoir rebondir dans une équipe de Liga Endesa de milieu ou fin de tableau. »

Tom Digbeu renaît à l’ASA (photo : Tom Roeckel / ASA Basket, infographie : Théo Quintard).

Aujourd’hui encore, il est en quête d’une saison pleine. En Lituanie, il a été confronté à une cascade d’imprévus. Prêté par le Zalgiris Kaunas à Prienai – où un certain Lamelo Ball était en couveuse, il connait une saison blanche à cause d’un décollement de cartilage consécutif à son ostéochondrite survenue au Pôle Espoirs. « Il a connu un gros coup de blues », reconnaît sa mère, Nathalie Champion, qui l’a longtemps accompagné deux fois par jour à l’hôpital.

Cet exemple parmi tant d’autres, entre blessures et manque de responsabilités, est un peu représentatif du début de carrière poussif de Tom Digbeu. Ses échecs, aussi durs que formateurs, le Franco-Espagnol de 21 ans les explique essentiellement par le manque de confiance accordée par ses coachs : « J’ai toujours eu un temps de jeu inconstant. Je n’avais pas les minutes dont j’avais besoin pour montrer ce que je savais faire. »

« Je ne regrette rien »

Tom Digbeu arrivera-t-il à aller en NBA un jour ? (photo : Basile Ertaud)

Pionnier du programme Next Star de la NBL, il débarque à Brisbane avec une confiance retrouvée et la ferme intention de se servir de tremplin pour la Draft NBA. « Avec ma blessure, l’âge, je me suis rendu compte qu’il fallait que je donne tout », confiait-il à « BeBasket » en novembre 2020 au cœur d’une saison difficile mais riche d’apprentissage avec Prienai. En Australie, Tom Digbeu peine à s’exprimer (12 minutes pour 4,7 d’évaluation) et décider de rejoindre la G-League, bien que son père n’y était pas forcément favorable. Au Motor City Cruise, la franchise affiliée aux Détroit Pistons, il doit faire face à un concours de circonstances défavorables et est dans l’ombre de Ryan Turell, appelé à devenir le premier juif orthodoxe à jouer en NBA.

« Je ne regrette rien », clame Tom Digbeu, qui n’a jamais songé à revenir en France jusqu’à cette opportunité à Gries-Souffel. « Jouer à l’étranger depuis tout petit m’a beaucoup apporté sur le plan humain. J’ai grandi peut-être plus vite que les autres d’autant qu’avec les difficultés que j’ai eues, j’ai gagné en maturité. Ça m’a été bénéfique et ça le sera pour le futur. » Forcément perturbé par le divorce de ses parents à 6 ans et éloigné de son père qui a, depuis, refait sa vie à Istanbul, Tom Digbeu s’est forgé une carapace. « C’est vrai qu’il peut dégager une certaine froideur », valide sa mère. « Mais quand vous le connaissez et qu’il a confiance, c’est une toute autre personne. »

Gries-Souffel où il a « retrouvé le plaisir de jouer » et « veut redevenir le joueur [qu’il] était», semble avoir réussi à l’apprivoiser. C’est peut-être en Alsace, loin des projecteurs, qu’il pourrait voir sa carrière décollée. « On n’a pas l’habitude d’avoir un joueur qui attire autant l’attention », dit Tom Roeckel, le responsable communication du club. Avant de s’esclaffer en pointant du doigt l’intérieur serbe : « Strahinja Gavrilovic est un candidat sérieux pour le trophée du short le plus court de LNB. » Pour le titre de MVP de Pro B, en revanche, Tom Digbeu, s’il continue à cette cadence infernale, reste dans les temps de passage. Avec l’expérimentée Jamar Diggs, il a réussi à bonifier l’ASA. Lanterne rouge hier et désormais candidate sérieuse aux playoffs aujourd’hui. Tom Digbeu n’a pas de chaussures magiques mais métamorphoser une équipe de Pro B est déjà un sacré pouvoir en soi.

 

Tom Digbeu a choisi la sélection espagnole et renonce aux Bleus

Cette fois, il semble avoir arrêté son choix ! Pré-sélectionné pour la Coupe du monde U17 en 2018 sans jamais connaître de compétition internationale avec les Bleuets, Tom Digbeu a décidé de privilégier la sélection espagnole. La Roja lui a déjà fait les yeux doux par le passé mais Tom Digbeu y était resté insensible. « Je me sens beaucoup plus Espagnol que Français parce que je suis né là-bas et que j’y ai grandi donc c’est un choix naturel », explique l’intéressé. « L’étranger, c’est la France, ce n’est pas l’Espagne. »

Après une mûre réflexion avec ses proches, il a estimé qu’il avait un peu plus de chance de jouer avec la sélection espagnole compte tenu de la densité du réservoir français sur les lignes extérieures. « C’est sa décision », rappelle Alain Digbeu. « Je suis 100 % derrière lui car c’est mon fils. »

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