Des nouvelles d’Aaron Cel, devenu directeur sportif à succès en Pologne : « C’est sorti de nulle part ! »
Un an après son dernier match en tant que joueur, Aaron Cel est déjà devenu un dirigeant respecté en Pologne, champion en tant que directeur sportif avec le Legia Varsovie. À la veille de Pologne - France, il nous conte sa nouvelle vie.
Directeur sportif du Legia Varsovie, Aaron Cel a été sacré champion de Pologne au terme de sa première saison
Crédit photo : Legia Warsaw
Est-ce que ça ne le démange pas ? Quand il voit la folle ambiance de l’Arena Spodek pour les matchs de la Pologne, et le formidable parcours des locaux jusque-là, Aaron Cel n’a-t-il pas quelques fourmis dans les jambes ? Pas un petit regret d’avoir arrêté sa carrière un an trop tôt ?
« Non, non », jure-t-il. « J’ai terminé mon parcours international sur une quatrième place à l’EuroBasket 2022, qui était totalement inespérée. Même en club, j’ai connu une fin magnifique à Torun, où l’on a retiré mon maillot. Ma carrière n’était pas destinée à être réussie à ce point-là. »
À 38 ans, Aaron Cel a d’autant moins de remords que sa nouvelle vie a très bien démarré. Reconverti directeur sportif, le natif d’Orléans a remporté le titre de champion de Pologne avec le Legia Varsovie sur un Match 7 à l’extérieur du côté de Lublin (92-82). Le premier trophée du club de la capitale depuis 1969 ! « Quand j’y repense, j’en ai des frissons », souffle-t-il.
Une opportunité arrivée par surprise, alors qu’il était encore joueur avec Torun. « Je me préparais à la base à être agent », raconte-t-il. « J’avais fait les paperasses nécessaires pour devenir directeur sportif au cas où mais je me disais que ça n’allait pas être le cas. Il y en a très peu en Pologne. En février 2024, le président du Legia Varsovie m’a contacté. Il avait réussi à monter un bon budget mais il lui manquait une vision long terme. Je suis le chanceux qu’il a choisi pour devenir son premier directeur sportif. Je ne m’attendais pas à cette offre, c’est sorti de nulle part mais j’en suis très content. »
Il a dû virer son ancien coach !
En quelques mois, Aaron Cel a dû apprivoiser l’envers du décor, celui où la vie ne se résume pas à entraînement – musculation – vidéo – récupération. « C’est infiniment plus stressant », admet-il. « Il y a beaucoup plus de problèmes à résoudre, pas simplement ton pourcentage au shoot mais des sujets humains au quotidien. » À Varsovie, ses missions sont multiples : préparation du recrutement (avec le gros coup Kameron McGusty, MVP du championnat), rapports au président, aider les joueurs… Et décider, surtout.
Aaron Cel est passé de l’autre côté de la barrière (photo : Legia Varsovie)
C’est d’ailleurs comme cela qu’il a compris qu’il était réellement passé de l’autre côté de la barrière. En février, l’ancien intérieur de l’Étendard de Brest s’est résolu à se séparer de son coach, Ivica Skelin, qui avait pourtant été son entraîneur à Torun en 2021/22. « Je n’espérais pas le faire, d’autant plus avec lui. Mais j’ai senti que ce groupe avait besoin de cela. Devenir décisionnaire, cela change tout. C’est un autre monde, il faut être prêt pour ça, mettre ses émotions de côté, ne penser qu’au club, ce n’est jamais simple à annoncer. »
Bientôt en Basketball Champions League
Un choix qui a finalement porté ses fruits : son remplaçant, Heiko Rannula (sélectionneur de l’Estonie), a métamorphosé l’équipe, qui s’est envolée vers le titre de champion. Un trophée synonyme de ticket pour la BCL, où Aaron Cel a espéré, en vain, retrouver son club formateur, Le Mans, piloté par l’un de ses « mentors » dans le milieu, Vincent Loriot. « Avant de prendre le job, j’ai appelé beaucoup de monde pour apprendre au plus vite. Vincent Loriot m’a donné de bons conseils. J’espère ne jamais être le genre de personne qui pense avoir la science infuse, et sait tout sur tout. Particulièrement dans ce boulot, où il faut savoir accepter l’erreur, partager son ressenti, demander plein d’avis, car on ne peut jamais être sûr à 100%. » Même si pour l’instant, son taux de réussite est plutôt élevé…
Son avis sur Pologne – France
« Ce sera un match intéressant. La France sera grande favorite, évidemment, comme toujours face à la Pologne. Ils font, selon moi, des favorites pour chiper une médaille à l’EuroBasket. Il y a une stat intéressante selon moi : la France est l’équipe la plus jeune et la Pologne la plus âgée. C’est intéressant pour la Pologne, qui a naturellement plus d’expérience, de roublardise, qui est naturellement plus physique aussi. Plus tu es âgé, mieux tu sais utiliser ton corps.
Dans les points positifs, il y a aussi évidemment la salle, avec l’ambiance qui monte suite aux premières victoires. La Pologne a à cœur de briller à Katowice. Le match contre les Bleus est la cerise sur le gâteau pour les Polonais.
En compétition officielle, la France n’a plus perdu contre la Pologne depuis 1985 (photo : FIBA)
Ce sera un beau match entre deux équipes totalement différentes. La Pologne y croit, n’a jamais été aussi prête de pouvoir battre la France. Il y a plein de facteurs X qui entrent en compte, comme la présence d’Alexandre Sarr pour les Bleus.
On espère que notre duel Loyd – Ponitka continuera à briller comme ça. Ponitka est incroyable avec le maillot de la Pologne. Les journalistes et les fans s’amusent à dire que Ponitka est un joueur NBA quand il joue pour la sélection et j’ai pas honte de dire que je suis d’accord avec ça. Il est monstrueux et exemplaire. Il a le comportement idéal d’un capitaine qui montre la voie. Même avec un Jordan Loyd en deça de ses stats actuelles, la Pologne peut y croire si elle joue physique. »
Alexandre Lacoste est arrivé sur BeBasket en 2011, lorsque le site se prénommait encore Catch & Shoot. Amateur de portraits et de reportages, généralement au plus près des équipes de France lors des compétitions internationales, il aime chercher des angles originaux et des sujets qui vont au-delà du simple résultat sportif.
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