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[DOSSIER] La BCL va-t-elle rattraper l’EuroCup ? Partie 1

Depuis plus de quatre ans, la Basketball Champion’s League (BCL) tente de devenir une vraie alternative à l’EuroLeague pour les clubs de basketball masculins professionnels européens. Grâce à un gros investissement, financier notamment, la compétition gérée par la FIBA s’approche du niveau de l’EuroCup, ce qui est en quelque sorte la deuxième division de l’EuroLeague. Dossier.

 

PARTIE 1 : La BCL A FAIT UNE PARTIE DE SON RETARD

Quelle est la meilleure compétition entre l’EuroCup et la BCL ? Depuis plusieurs mois, utile ou pas, le débat fait rage. Si sportivement, l’EuroCup – la deuxième compétition européenne masculine gérée par la société Euroleague Commercial Assets S.A. (ECA) – semblait être supérieure à la BCL (pour « Basketball Champion’s League », soit Ligue des Champions en français, qui est la meilleure compétition européenne masculine organisée par la FIBA) depuis la création de cette dernière en 2016, son avance s’est réduite en cette année 2020, particulière pour le monde entier en cette période de pandémie mondiale.

Avant le début de saison et l’annonce de la BCL de réduire le nombre de ses matchs (de 14 à 6 en phase de poule) afin de disposer de nombreuses dates disponibles pour jouer les matchs reportés pour cas de COVID-19 – l’EuroCup elle, est restée campée sur son programme initial et a simplement repoussé le Top 16 et des playoffs -, nous avons interrogé différents acteurs (joueurs, dirigeants de club et des compétitions, agents) afin de pouvoir réaliser une comparaison plus documentée. Ces acteurs ont tous constaté la montée en puissance de la BCL.

« Je pense que la BCL a gagné sa crédibilité depuis 4 ans et qu’elle offre de la certitude, une opportunité dans le futur de planifier, et de la sécurité car ne l’oublions pas, c’est une compétition sous l’égide la FIBA et dans un moment comme nous sommes en train de vivre avec la COVID-19, ça offre une certaine sécurité », nous expliquait en juin le directeur général de la compétition Patrick Comninos.

Cette sécurité et une dotation financière plus importante ont convaincu plusieurs grosses cylindrées de préférer la BCL à l’EuroCup. Historiquement attaché à l’EuroLeague, le Limoges CSP a par exemple décidé de quitter l’EuroCup pour s’engager avec la BCL sur les prochaines années (si son classement national le permet).

« Limoges avait été lié à l’EuroLeague depuis les titres, notamment de par l’engagement de Frédéric Forté vis à vis de cet entité, nous a rappelé Crawford Palmer, le directeur sportif du club. Le CSP est un club unique et Fred n’avait pas peur de faire des choix qui peuvent faire parler.  Je crois que maintenant on peut parler d’un début de bascule pour les coupes européennes. Tout d’abord, on est dans une année 2020 atypique et j’espère unique. La BCL a commencé je pense à mieux se structurer en trouvant une organisation financière solide qui donne quelques garanties sur long terme. »

Des dotations financières supérieures pour la BCL

Pour le CSP, prendre part au modèle actuel de l’EuroLeague semble utopique. Il s’avère ainsi plus intéressant de participer à la BCL qu’à l’EuroCup, qui fait figure de deuxième division de l’EuroLeague.

« Tous les gros clubs qui ont les moyens de jouer l’EuroLeague cherchent à la jouer, comme c’est le cas de l’ASVEL donc on peut les comprendre, poursuit le médaillé d’argent de Sydney. Mais ces clubs là, comme Barcelone, Madrid, Fenerbahce, ils n’ont pas besoin d’assise financière pour survivre et ils sont d’ailleurs déficitaires. Mais ces clubs sont financés par des clubs de foot qui font vivre la section basket et Tony à l’ASVEL a sûrement dans l’idée de faire un peu ça entre l’ASVEL et l’OL en foot. »


Le Darussafaka Istanbul fait partie des clubs qui ont rejoint la BCL cette année (photo : FIBA)

D’autres clubs renommés, Rytas Vilnius, le Darussafaka Istanbul et Bilbao, ont fait de même. Pour François Lamy, ancien agent désormais conseiller du président à l’ASVEL, les difficultés économiques ne sont pas neutres dans le choix pris par ces différentes institutions.

«  Le contexte crise COVID-19, qui intervient après la signature de la BCL avec un consortium américain qui garantit un certain niveau d’investissement, permet en effet à la BCL de passer un cap financièrement et de se situer sur un terrain concurrentiel pour attirer des clubs de renom. Ce sont par contre des clubs qui ont souffert ces dernières années, Darussafaka passant de 30 millions à 5 millions d’euros de budget en quelques années, et Rytas de 8-10 à 2,5 ou 3 pour cette saison 2020-2021. »

Par le passé, d’autres clubs ont suivi le même chemin.

« Bamberg a fait un choix affirmé, mais semble rentrer dans le rang en Allemagne, Hapoel Jerusalem a fait le même, et reste un club très performant en Israël, avec des investisseurs solides. »


Le Limoges CSP de Phil Scrubb et l’Hapeol Jérusalem de Tamir Blatt ont choisi d’évoluer en BCL plutôt qu’en EuroCup (photo : FIBA)

Une formation qualifiée au tour principal de la BCL engrangeait ces deux dernières saisons 50 000 euros, contre 20 000 euros pour l’EuroCup. Le vainqueur lui remportait 1 millions d’euros, contre 450 000 euros pour le champion de l’EuroCup.

« La BCL a une distribution financière globalement plus élevée, tandis que l’EuroCup distribue des revenus plus élevés en moyenne par club, nous a répondu ECA. Nous comprenons que la répartition économique est un facteur pour les clubs lors de l’évaluation de la participation aux compétitions de clubs européens, mais notre philosophie reste de travailler avec les revenus générés par le marché, ainsi que de fournir un soutien en marketing, communication, affaires, etc. »

Cette stratégie de « prize money » vient d’un investissement important de la part de la FIBA.

« La FIBA a fait de gros investissements depuis des années pour pouvoir répondre aux besoins exprimés par les ligues pendant plusieurs saisons, explique Patrick Comninos. Le moment où les ligues font leur business, c’est essentiellement le week-end, quand les familles vont voir les matchs, notamment avec les enfants, et donc il fallait défendre ces créneaux du week-end. Un moment, ces créneaux pouvaient être mis à mal par l’Euroleague et ses 11 clubs en licence A, donc les ligues ont eu des craintes pour leurs matchs du week-end. La FIBA a donc investi pour soutenir les ligues et pour mettre en place la BCL qui se joue en semaine et qui garantit les créneaux du week-end aux ligues. De plus, les équipes qui participent et avancent en BCL gagnent des sommes attractives et attrayantes, qu’on essaye toujours d’augmenter afin d’aider les clubs qui accèdent à la compétition grâce à leurs résultats sportifs dans leurs ligues nationales. »

Un très bon rapport entre la BCL et ses clubs

Par ailleurs, la BCL affiche plus d’abonnés supérieurs sur les réseaux sociaux que sa ligue concurrente, le fruit d’un fort dynamisme sur toutes les plateformes :

« Donner de la visibilité aux clubs sur les réseaux sociaux a donc été une de nos priorités car nous savons qu’ils apprécient cela et que c’est positif pour eux et leurs partenaires. Nous avons donc embauché une personne pour gérer cela (Fabio Franceschi, NDLR) et toute une équipe autour de lui, pour permettre aux clubs d’avoir une grande visibilité sur les réseaux sociaux. »

La gestion de la compétition semble répondre aux attentes des club engagés. Directeur sportif de la SIG Strasbourg, Nicola Alberani a travaillé avec la BCL à partir de 2016 à Avellino en Italie avant de retrouver la compétition en Alsace.

« En Italie comme en France, beaucoup de gens pensent que la BCL est la meilleure compétition. La BCL a été intelligente, elle a trouvé l’appellation parfaite. L’EuroCup à la limite du fait que la compétition est bonne, mais qu’il y a une autre compétition au-dessus d’elle provenant de la même entité. La BCL est intelligente et te traite comme un client 5 étoiles, mais l’Eurocup de peut pas faire cela car elle place le traitement 5 étoiles dans une autre compétition (l’EuroLeague). C’est un peu comme en hôtellerie avec la chaine Holiday Inn. Les Holiday Inn sont beaux, mais pas tant que ça non plus car dans la même entité il y les hôtels Grand Plaza et Intercontinental qui sont encore plus beaux », nous décrit cet ancien manager d’hôtel.

Un confort d’organisation que confirme Crawford Palmer.

« Même si les relations entre le CSP et la ligue Française n’ont pas toujours été simples, c’est beaucoup plus simple avec la FIBA pour la programmation des matchs, surtout que nous aurons des problèmes de salle cette année (à cause du partage de Beaublanc avec le handball). Le cahier des charges en EuroCup est aussi beaucoup plus lourd et contraignant. Il y a tout un tas de contraintes au niveau marketing, protocole arbitrage, avec les OTM (officiels de table de marque) etc. Ca a aussi consolidé notre choix d’aller vers la compétition de la FIBA car tout cela y est moins contraignant. »

L’EuroCup comme porte d’entrée pour l’EuroLeague

Cependant, l’EuroCup conserve une force : celle d’aspirer tous les clubs souhaitant à court ou moyen terme rejoindre l’EuroLeague. C’est dans cette logique que l’ASVEL a quitté la BCL pour l’EuroCup en 2017 et que la très ambitieuse Virtus Bologne – qui vient d’engager Marco Belinelli – a fait de même en 2019.

« L’EuroCup a trois objectifs principaux, énumère le représentant de l’ECA. Premièrement, offrir une compétition stable, compétitive et de qualité supérieure aux meilleurs clubs européens; être la principale voie d’accès pour participer à l’EuroLeague; servir de terrain d’entraînement aux clubs qui aspirent à participer à l’EuroLeague à moyen / long terme, nous a répondu l’EuroCup. Ce dernier point est fondamental pour nous car notre compétition de haut niveau est très exigeante non seulement sur le terrain mais dans certains cas encore plus en dehors du terrain. Les clubs doivent avoir une structure très solide avec des projets à long terme et tous ne sont pas préparés à relever ce défi. L’EuroCup fournit l’environnement de préparation pour évaluer à une échelle mineure les besoins et les ajustements d’un jour avoir la chance de concourir dans l’EuroLeague. »

Cette idée que l’EuroCup restait sportivement plus relevée restait importante sur le marché des transferts, avec des joueurs souvent plus attirés vers l’EuroCup plutôt que la BCL.

« L’année dernière c’est vrai que ça a beaucoup joué pour certains joueurs comme Semaj Christon et d’autres autour qui avaient envie de cette visibilité là, se rappelle Crawford Palmer. Pour certains cas, ça s’est confirmé cette année avec quelques joueurs qui ont souhaité attendre une offre d’Eurocup, mais il y en d’autres qui perçoivent la BCL comme une vraie exposition. Pour les agents c’est pareil. Les joueurs qui attendaient 300 ou 350 000 euros la saison, ils ont eu raison d’attendre que des clubs d’Eurocup viennent les chercher et on ne pouvait pas concurrencer ces clubs. Mais pour ceux qui ont le niveau en-dessous, on reste compétitifs en jouant la BCL par rapport aux clubs qui jouent l’Eurocup avec des masses salariales plus ou moins similaires. »

L’EuroCup était jusqu’ici beaucoup plus attractive pour les joueurs

Un constat qui est partagé par l’arrière/ailier Nicolas Lang, qui n’a cessé d’évoluer dans les deux compétitions depuis 2016 (BCL avec l’ASVEL, Strasbourg et Limoges en 2016-2017, 2018-2019 et donc 2020-2021, l’EuroCup avec l’ASVEL et Limoges en 2017-2018 puis 2019-2020).

« (A salaire égal) jusqu’à cet été j’aurais pris l’EuroCup tous les jours. J’ai toujours trouvé que le niveau était meilleur, que c’était plus attractif, plus prestigieux, avec des clubs avec des meilleures salles etc. L’an dernier on a joué le Partizan c’est une grande salle, on a joué chez Rytas, c’est une grande salle, on a joué Tofas, c’est une grande salle. En BCL tu vas toujours te retrouver (en poules) avec des petits clubs. D’ailleurs je me souviens que lors de la 1ère année de la BCL avec ASVEL, on s’est retrouvé dans un gymnase en Pologne ou des trucs comme ça (contre Rosa Radom, NDLR), c’était fou. Il y a encore une ou deux équipes (par poule) qui font que le niveau de la BCL est plus disparate et que c’est encore en-dessous de l’EuroCup. En EuroCup, t’as pas vraiment de petit poucet on va dire. »


Nicolas Lang sur le parquet de Rosa Radom le 22 novembre 2016 (photo : FIBA)

Car en phase de poule, la BCL compte 32 équipes contre 24 pour l’EuroCup. Forcément, le niveau moyen peut baisser à cause de certaines petites cylindrées.

« Le niveau était assez homogène en phase de groupes, avec peut-être une faiblesse sur les 7 et 8e équipes en BCL, mais liée au format, confirme François Lamy. Par contre en top 8 final, il y avait un niveau supérieur en EuroCup, mais là également lié au format, puisque les équipes phare d’Eurocup aspirent à passer au niveau supérieur de l’EuroLeague, exigeante financièrement, donc les effectifs et niveaux d’expérience en EuroCup en Top 8 étaient supérieurs, sans qu’il y ait un gouffre. En 2019-2020, je pense que 5 équipes d’EuroCup auraient pu remporter la BCL (Partizan, Bologne, Monaco, Unics Kazan, Malaga), par contre je ne pense pas qu’en BCL il y aurait eu d’équipe suffisamment armée pour remporter l’EuroCup, même si Turk Telekom, Hapoel Jerusalem, l’AEK, et peut-être Ténérife auraient été prétendants légitimes au Top 8 d’Eurocup. »

Quoi qu’il en soit, participer à l’une de ses deux compétitions reste attractif pour les joueurs. « Les deux compétitions sont biens, on ne compare pas l’EuroCup à la FIBA Europe Cup là », confirme Nicolas Lang qui a notamment joué la FIBA EuroCup en 2015-2016 avec l’ASVEL et atteint le finale de l’EuroChallenge (son ancien nom) à l’Elan Chalon en 2012.

PARTIE 2 : Disponible vendredi matin

Dossier réalisé par Maxime Jambois et Gabriel Pantel-Jouve.

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