Finances « dégradées » à l’ASVEL et modèle économique « pas viable dans la durée » : le rapport sévère de la Chambre régionale des comptes

Les comptes 2018/23 de l’ASVEL ont été passé au peigne fin par la CRC
Dans un rapport publié mardi 20 mai à propos de la période 2018-2023, la Chambre régionale des comptes (CRC) d’Auvergne-Rhône-Alpes souligne une situation financière « dégradée » et un modèle économique pas « viable dans la durée » pour le club de l’ASVEL.
Selon l’organe régional, le club présidé par Tony Parker vivrait au-dessus de ses moyens, notamment pour répondre à ses ambitions sportives européennes. Ainsi, le résultat net de l’ASVEL est « négatif pour trois exercices sur cinq » étudiés, et ce malgré les aides pour se sortir de la pandémie notamment.
Afin de payer son personnel et ses joueurs, l’ASVEL s’est donc tournée vers le parrainage, dont les recettes ont plus que doublé (de 2,9 à 6,1 M€) sur la période étudiée. Cependant, « aucune garantie n’est mise en place pour s’assurer des capacités financières des futurs parrains. La société s’est ainsi placée dans une situation financière risquée avec la défaillance successive de deux principaux parrains en 2023 et 2024” alerte la CRC.
« Le modèle économique et la pérennité de la société ne sont pas assurés dans la durée »
Les partenariats ont également été mal gérés. La CRC prend d’abord l’exemple du distributeur de boissons Smart Good Things, qui s’était engagé à verser 2,4 millions d’euros en 2022, avant de ramener la somme à 2,1 millions, sur la base de difficultés financières pourtant connues « avant même la signature du contrat avec l’ASVEL.
Celui du diffuseur Skweek est le plus pénalisant. Détenu par le président de l’AS Monaco, Aleksej Fedorychev, la plateforme de FEDCOM Média devait soutenir l’ASVEL à hauteur de 7 millions d’euros par saison, avant que la somme ne soit réduite à 2,9 par un avenant. Sauf qu’en mars dernier, l’ASVEL devait encore récupérer 1,2 million pour la saison 2023/24 et n’avait pas été payée pour l’actuelle. « Le contexte géopolitique aurait pu être pris en compte pour déterminer la solidité financière » de ce dernier, juge la chambre. Tony Parker et le club ont mis Skweek en demeure avant d’intenter une action judiciaire.
Dans une structure club déficitaire par essence, l’ASVEL est le club de Betclic Elite avec « le résultat net le plus négatif » de tous. Les actionnaires doivent donc réinjecter de leurs poches pour équilibrer les comptes courants « qu’ils abandonnent par la suite” décrit la CRC.
« En maintenant une société déficitaire, ceux-ci espèrent que l’entrée en EuroLeague augmentera la valeur de la SAS ASVEL Basket et leur permettra un retour sur investissement lors de la vente de leur part. Ce raisonnement occulte le fait que le modèle économique et, dès lors la pérennité de la société, ne sont pas assurés dans la durée sans leur soutien financier constant », pointe le rapport.
D’autant plus urgent que Tony Parker a déjà promis qu’il ne réinjecterait pas lui-même les fonds nécessaires. « Ce n’est pas viable non plus que je remette au pot tous les ans. Ça, c’est fini. Maintenant, il faudra faire autrement », promettait-il à L’Équipe en décembre.
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